La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 5 - mai 2007
Actualités oncosciences
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oncosciences
Coordonné par S. Faivre (hôpital Beaujon, Clichy)
et C. Tournigand (hôpital Saint-Antoine, Paris)
fient pas significativement le mode
de liaison du récepteur à l’AMP-PNP,
ni son affinité vis-à-vis de l’ATP ou de
son substrat et ce, bien que l’activité
catalytique des récepteurs L858R et
G719S soit augmentée respective-
ment de 50 et 10 fois par rapport
à l’activité du récepteur sauvage.
De même, lorsque l’on compare
les modes de liaisons de ces trois
récepteurs au gefitinib, à l’AEE788
et à l’AFN941, peu de changements
interviennent. Les seuls changements
notables sont l’apparition, pour le
récepteur L858R, d’une configura-
tion alternative du mode de liaison
au gefitinib, en plus de la configu-
ration observée pour le récepteur
non muté, et une modification du
mode de liaison du récepteur G719S
à l’AFN941. Ainsi, il semblerait que
l’effet inhibiteur préférentiel de
ces molécules vis-à-vis des formes
mutantes de l’EGFR s’explique non
pas par un changement drastique
de leur mode de liaison, mais plus
vraisemblablement par un change-
ment de l’équilibre entre les formes
actives et inactives de l’EGFR. Ces
molécules, s’accommodant diffici-
lement dans la structure inactive
du récepteur, l’EGFR non muté, en
raison d’une structure inactive favo-
risée mais aussi d’une capacité plus
grande à passer de la forme active
vers la forme inactive, se révèle être
ainsi moins sensible.
Cet article soulève donc deux points
majeurs concernant les personnes
qui développent ce type d’inhibi-
teurs. Tout d’abord, les inhibiteurs
qui ciblent la forme active de l’en-
zyme présentent un meilleur poten-
tiel pour cibler les tumeurs porteuses
de mutations somatiques qui condui-
sent à l’activation du récepteur. À
l’inverse, les inhibiteurs qui ciblent
sa forme inactive sont potentielle-
ment plus intéressants pour lutter
contre les tumeurs dont l’activa-
tion de l’EGFR résulte non pas de
mutations ponctuelles mais de son
amplification. De plus, l’utilisation
de molécules ciblant la forme inac-
tive de l’EGFR est vraisemblablement
un gage de spécificité accrue, car,
contrairement à leur configuration
active, la configuration inactive des
protéines kinases présente un plus
large éventail de structures. Enfin,
les quelques changements observés
par les auteurs dans les modes de
liaison des récepteurs mutés vis-
à-vis du gefinitib ou de l’AFN941
suggèrent la possibilité de créer des
inhibiteurs qui répondent spécifi-
quement à un type de mutation de
l’EGFR, et donc celle d’accroître la
spécificité des traitements proposés
aux patients. ■
A. Escargueil,
Hôpital Saint-Antoine, Paris
>
Yun CH, Boggon TJ, Woo MS et al. Structures
of lung cancer-derived EGFR mutants and inhibi-
tor complexes: mechanism of activation and insi-
ghts into differential inhibitor sensitivity. Cancer
Cell 2007;11(3):217-27.
Lorsque la pression in ue
sur l’adhésion des cellules
du cancer du côlon
via la voie PI3K/Akt
Traditionnellement, on s’imagine
que l’adhésion des cellules cancé-
reuses au sein d’un tissu se produit
“aléatoirement”. Or, si nous le mécon-
naissons, ce processus joue cepen-
dant un rôle crucial, notamment lors
de l’invasion métastatique de tissus
distants. Dans de précédents travaux,
l’équipe de M.D. Basson, de l’univer-
sité de Détroit (Michigan) a montré
que l’établissement d’un stimulus
mécanique tel que l’accroissement de
la pression extracellulaire augmen-
tait l’adhésion intégrine-dépendante
de colonocytes malins à la matrice
extracellulaire (1). Ce phénomène
mécanique ne semble d’ailleurs
pas se limiter aux seules cellules de
cancer du côlon (2). Or, il est peut-
être d’une importance sous-estimée
puisque les cellules cancéreuses sont
continuellement soumises à de telles
forces mécaniques lors, notamment,
de leur transit vasculaire ou lympha-
tique ou au cours de manipulations
chirurgicales. Dans de telles condi-
tions de stress, il a été montré que
l’accroissement de l’adhésion inté-
grine-dépendante se faisait via l’ac-
tivation des protéines FAK et Src,
mais les mécanismes moléculaires
sous-jacents restent inconnus.
Dans cet article, fondé sur l’utilisation
de la lignée cellulaire humaine SW620
et de colonocytes humains malins
primaires, les auteurs décortiquent
la séquence d’événements impliqués
dans cette réponse. Ils montrent, dans
un premier temps, que l’inhibition de
la PI 3-kinase (PI3K) par le LY294002
ou la wortmannine bloque l’accrois-
sement de l’adhésion, observée en
réponse à une augmentation de la
pression de 15 mmHg. De plus, son
activité catalytique est augmentée
en réponse à un tel accroissement,
entraînant la phosphorylation et la
translocation vers la membrane plas-
mique de sa sous-unité régulatrice
(p85). Son activation conduit aussi à
la phosphorylation, l’activation et la
translocation d’Akt vers la membrane
plasmique, phénomènes qui, lors-
qu’ils sont inhibés, bloquent à leur
tour l’accroissement de l’adhésion,
en réponse à une augmentation de
la pression. Néanmoins, l’utilisation
…/…