chimiothérapie en phase métastatique chez 417 patientes
vierges d’anthracyclines. Les patientes étaient randomisées
entre 3 bras : soit 11 FEC 75, soit 4 FEC 100 suivi de 8 FEC
50, soit 4 FEC 100 puis arrêt jusqu’à progression et reprise
alors de 4 FEC 100. Un traitement prolongé donne une plus
longue survie sans progression. L’arrêt de la chimiothérapie
après 4 cycles et une reprise à la progression donnent cepen-
dant une survie équivalente (52).
La réponse objective à la chimiothérapie est associée à une
amélioration des symptômes dans le cancer du sein métasta-
tique dans une étude randomisée comportant 300 patientes
évaluées sur les toxicités enregistrées et les questionnaires de
qualité de vie. Les principaux symptômes améliorés étaient la
douleur, la dyspnée et la dépression (53).
Taxanes
L’essai de phase III de l’EORTC qui a comparé le paclitaxel
(175 mg/m2en perfusion de 3 heures) et l’adriamycine
(75 mg/m2) en première ligne métastatique a été publié dans
son intégralité, de même que l’étude de qualité de vie qui y
était associée (54). L’adriamycine entraîne un meilleur
contrôle de la maladie que le paclitaxel : taux de réponse 41 %
versus 25 % (p = 0,003) et temps jusqu’à progression 7,5 mois
versus 3,9 mois (p < 0,001). Le cross-over donne un taux de
réponse de 30 % pour l’adriamycine et de 16 % pour le pacli-
taxel. La survie médiane n’est pas statistiquement significative
dans les deux bras (18,3 mois pour l’adriamycine et 15,6 mois
pour le paclitaxel, p = 0,38). L’adriamycine est associée à une
toxicité plus grande, notamment digestive, mais cela est
contrebalancé par un meilleur contrôle de la maladie, avec
moins de douleurs osseuses (55).
Un autre essai de l’EORTC comparait les associations adriamy-
cine-paclitaxel (AT) et adriamycine-cyclophosphamide (AC)
en première ligne métastatique (56). Les patientes pouvaient
avoir reçu une chimiothérapie adjuvante sans anthracyclines si
l’intervalle libre était supérieur à 6 mois. L’adriamycine était
administrée à la dose de 60 mg/m2dans les 2 bras, le paclitaxel
à la dose de 175 mg/m2en perfusion de 3 heures (AT) et le
cyclophosphamide à la dose de 600 mg/m2(AT). En cas de
bonne tolérance dans le bras AP, la dose de paclitaxel pouvait
être augmentée à 200 mg/m2. À l’inverse, une réduction de
doses était programmée en cas de toxicité (paclitaxel 150 et
135 mg/m2). Le protocole AT ne montre pas de différence en
termes de réponse objective (58 versus 54, p = 0,51), de temps
jusqu’à progression (6 mois versus 5,9 mois, p = 0,69). Il y a
plus de neutropénies fébriles dans le bras AT (32 % versus
9%), ayant conduit à une réduction des doses plus importante.
La dose-intensité et la dose cumulée d’adriamycine ont été plus
basses dans le bras AT. Il n’y a pas eu d’augmentation de
l’incidence des cardiopathies (AT 3 % versus AC 1 %).
L’activité du docétaxel a été étudiée sur 825 patientes traitées
dans un cadre compassionnel. Le taux de réponse était de 23 %
et la survie globale de 10 mois. Dans cette série, la survie de
patientes ayant des métastases hépatiques sans perturbation du
bilan hépatique n’était pas inférieure à celle des autres (57).
Autres
La thalidomide n’a pas montré d’effet en phase II sur
28 patientes métastatiques (58).
Le pamidronate (Arédia®) en perfusion de 90 mg toutes les 3 à
4 semaines diminue significativement les complications
osseuses chez les patientes ayant des métastases ostéolytiques
avec un suivi à long terme de deux études randomisées de
751 patientes au total (59). Les recommandations de l’ASCO
concernant les bisphosphonates ont été données dans le Jour-
nal of Clinical Oncology (2000 ; 18 : 1378-91).
DIVERS
Les phytoestrogènes
Ils n’ont pas montré d’effet sur les bouffées de chaleur dans
une étude randomisée contre placebo chez 177 patientes (60).
De plus, l’utilisation à grande échelle des phytoestrogènes sans
contrôle dans des essais pose des problèmes sur l’évaluation de
leur éventuel impact dans la prévention ou, au contraire, le
développement de récidives chez des patientes antérieurement
traitées pour un cancer du sein (61).
Psycho-oncologie
Une étude sur la réponse psychologique au cancer a été réalisée
chez 578 patientes traitées pour un cancer du sein à un stade
précoce. Des échelles d’évaluation basées sur l’ajustement
mental au cancer, des scores de contrôle émotionnel, d’anxiété
et de dépression ont été utilisés. Les résultats de cette étude, qui
restent à interpréter avec précaution, ne montrent pas d’effet
bénéfique sur la survie d’une attitude combative face à la mala-
die. En revanche, une attitude d’abandon, de désespoir et des
scores élevés de dépression seraient associés à une augmenta-
tion légèrement significative des récidives (62). Cela pourrait
s’expliquer par une moins bonne adhésion des patientes dépri-
mées au protocole de chimiothérapie adjuvante recommandé
(51,3 %, contre 92,2 % chez les patientes non déprimées) (63).
Enfin, une étude aurait montré une diminution des fonctions
cognitives sous chimiothérapie adjuvante indépendamment des
troubles de l’humeur (64).
Femmes âgées
Le traitement du cancer du sein chez la femme âgée a fait l’objet
de plusieurs études. Ainsi, l’équipe de San Antonio a repris les
caractéristiques de 35 000 patientes âgées de plus de 55 ans de
sa base de données. Plus les patientes avancent en âge, plus elles
présentent des facteurs biologiques favorables, comme l’expres-
sion des récepteurs hormonaux, une prolifération faible, une
diploïdie, une p53 normale, l’absence d’expression d’EGF-
récepteur ou de c-erb B2. Sur la base de données de plus de
250 000 patientes suivies pour un cancer du sein du SEER (Sur-
veillance, Epidemiology and End Results), les patientes de plus
de 70 ans traitées pour une petite tumeur ou sans envahissement
ganglionnaire ont une survie comparable à celle de la population
générale du même âge (65). Les indications de traitement adju-
vant chez les patientes les plus âgées restent discutées, mais
celui-ci pourrait permettre une réduction de la récidive compa-
rable à celle des patientes plus jeunes d’après une méta-analyse
de la littérature (66). Chez les patientes de plus de 65 ans rece-
vant du CMF et du tamoxifène dans le cadre d’une étude de
l’IBCSG VII, la toxicité de grade 3 était plus élevée que chez les
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La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 6 - décembre 2000