
Interactions médico-chirurgicales et pneumologie :
la 8e Journée de pathologie thoracique de l’Hôtel-Dieu
98 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XIV - n° 3 - mai-juin 2011
CONGRÈS
RÉUNION
Le cancer du poumon est un cancer de mauvais
pronostic. Les taux de survie relative à 1 et à 5 ans
des patients diagnostiqués entre 1989 et 1997 sont
respectivement de 43 % et 14 %. La survie relative à
5 ans est légèrement supérieure chez la femme (18 %)
à celle chez l’homme (13 %). On constate un pronostic
moins favorable pour les patients de plus de 75 ans
(8 %) que pour les patients plus jeunes (20 % chez les
15-45 ans). Aucune amélioration de la survie n’a été
notée en France entre 1989-1991 et 1995-1997. Les
meilleurs taux de survie sont observés pour les stades
précoces. Selon les données américaines de l’étude
SEER, la survie relative à 5 ans des patients diagnos-
tiqués de 1999 à 2005 est estimée à 52,6 % pour le
stade local contre 3,5 % pour le stade métastatique.
Le cancer bronchopulmonaire constitue le quatrième
cancer le plus fréquent dans l’Union européenne,
avec un total de 288 100 nouveaux cas estimés
en 2008, mais il demeure le plus meurtrier avec
252 976 décès en 2008 (soit 20,5 % des décès par
cancer). Il existe de fortes disparités entre les pays
européens. En France, le taux d’incidence (47,7 cas
pour 100 000) est proche de la moyenne de l’Union
européenne (47,6) et du taux estimé des États-Unis
(49,5). Les taux de mortalité montrent les mêmes
écarts. Le taux estimé en France est proche (38,9) de
ceux de l’Union européenne (40,3) et des États-Unis
(38,1). En France, cette mortalité décroît depuis 1995
à un rythme de 1 % par an, alors que la décroissance
aux États-Unis est de 1,9 % par an depuis 1991.
Lobectomies pour cancer bronchique
par chirurgie thoracique vidéo-assistée
ou sous thoracoscopie exclusive
(technique, indications et résultats)
D’après une communication de P. Magdeleinat et
A. Bobbio, service de chirurgie thoracique, Hôtel-
Dieu, Paris
La lobectomie (LB) associée à un curage ganglion-
naire est la résection minimale d’un cancer bron-
chique non à petites cellules (CBNPC) opérable
(recommandations 2007, de la Société francaise de
chirurgie thoracique et cardio-vasculaire [SFCTCV] et
de l’American College of Chest Physician [ACCP] (2)).
Les LB représentent actuellement 70 % des exérèses
pour cancer et s’accompagnent d’une mortalité
opératoire moyenne de 3 % et d’une morbidité
postopératoire dominée par les complications
cardiorespiratoires de 15 % à 47 % selon les séries
publiées. La thoracotomie postérolatérale (TPL) est
la voie d’abord standard des LB pour cancer. Elle
s’accompagne d’une morbidité propre à type de
douleurs et d’altération de la fonction respiratoire,
entraînant un syndrome restrictif indépendamment
de l’étendue de l’exérèse réalisée. Le retentissement
respiratoire induit par la TPL a conduit plusieurs
équipes à développer des thoracotomies d’épargne
musculaire (TEM), en réduisant la taille de la thora-
cotomie ou en réalisant des thoracotomies sans
section des muscles de la paroi thoracique. Six essais
contrôlés comparant les 2 techniques ont mis en
évidence l’absence de bénéfice significatif démontré
des TEM par rapport aux TPL, ce qui a conduit au
développement de l’abord thoracoscopique pour
la réalisation de LB.
Deux grands types de technique sont actuellement
utilisés : la LB par chirurgie thoracique vidéo-assistée
(VATS) [technique mixte combinant une thoraco-
tomie à un abord thoracoscopique], dont l’intérêt est
de permettre la réduction maximale de la taille de la
thoracotomie, et la LB pratiquée sous thoracoscopie
exclusive (TE) [chirurgie purement endoscopique,
réalisée à thorax fermé].
Les indications des LB par VATS rapportées dans
les grandes études longitudinales prospectives ou
rétrospectives unicentriques concernent essentiel-
lement les cancers de stade I (3, 4). Dans toutes
ces séries, un curage ou un picking ganglionnaire
est réalisé. Les LB par VATS restent une interven-
tion marginale en France (1,9 % selon les bases de
données EPITHOR). La faisabilité des LB par VATS
varie selon les séries, avec un taux de conversion
en thoracotomie allant de 1,8 % à 11,2 %. Les résul-
tats postopératoires montrent une diminution de
la douleur postopératoire et, possiblement, un gain
en termes de fonction respiratoire (VEMS et CVF)
comparativement à la TEM. Les LB par VATS ont une
morbidité postopératoire probablement inférieure
à la thoracotomie, sans incidence sur la mortalité,
et ont des résultats oncologiques équivalents aux
lobectomies par thoracotomie.
Les séries de LB pour cancer effectuées sous TE sont
très rares. Ce sont toutes des séries unicentriques,
réalisées par quelques opérateurs entraînés. Elles
concernent quasi exclusivement les cancers de
stade I. Les séries publiées incluant un nombre signi-
ficatif de patients (56 à 170) rapportent un taux de
conversion en thoracotomie allant de 1 % à 10,7 %.
Dans toutes ces séries, le temps opératoire est élevé
(216 mn à 249 mn). Les complications postopé-
ratoires varient de 6 % à 23 %. La mortalité post-
opératoire varie de 0 % à 3 %. Elles posent certains
problèmes spécifiques susceptibles d’entraver leur
développement :