266 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 4 - avril 2011
Cancers gynécologiques
OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT
PROFESSIONNEL CONTINU
La combinaison du bévacizumab avec des traitements de chimio-
thérapie a également été évaluée, en raison de la synergie
potentielle des agents. Le cyclophosphamide administré de
façon métronomique inhibe la croissance tumorale, peut-être
en interférant avec l’angiogenèse (23). Dans une étude de phase II
incluant 70 patientes avec carcinome ovarien en progression après
au moins une ligne de traitement à base de sels de platine, avec
l’association du bévacizumab (à la dose de 10 mg/kg tous les
14 jours) avec le cyclophosphamide administré de façon métro-
nomique, un taux de réponse de 24 % est obtenu ainsi qu’un
taux de non-progression à 6 mois de 56 % et une médiane de
SSP de 7,2 mois (24). L’incidence des événements indésirables
de grade 3-4 était de 63 %, ceux-ci étant dominés par des
toxicités hématologiques et vasculaires (hypertension artérielle et
accidents thromboemboliques). Quatre épisodes de perforation
intestinale furent observés dans cette étude. Les perforations
intestinales sont donc apparues comme le principal obstacle au
développement du bévacizumab dans cette population et ont, à
l’époque, conduit à l’interruption prématurée de plusieurs études.
Ce type d’événements paraissant particulièrement fréquent chez
les patientes lourdement traitées au préalable, il a été suggéré que
l’utilisation précoce du traitement dans l’histoire de la maladie
pourrait réduire le risque de perforation (25). Une étude de
phase II a évalué l’association du bévacizumab (15 mg/kg tous les
21 jours) avec le traitement de référence carboplatine-paclitaxel
en première ligne thérapeutique, suivis après 6 à 8 cycles par un
traitement d’entretien par bévacizumab en mono thérapie (26).
Le taux de réponse atteignait alors 75 % (la moitié étaient des
RC), et le taux de non-progression à 36 mois était de 58 %. Seules
deux perforations intestinales furent observées au cours de la
phase d’induction, et il n’y en eut aucune durant le traitement
d’entretien.
Les résultats préliminaires de la première étude de phase III
menée par le GOG et utilisant le bévacizumab dans les carci-
nomes ovariens et péritonéaux primitifs ont été publiés lors de la
session 2010 de l’ASCO (27). Cet essai clinique en double aveugle
a inclus 1 873 patientes atteintes de cancer ovarien de stade III
ou IV, qui ont été randomisées entre trois bras pour recevoir le
traitement de référence (carboplatine-paclitaxel), le traitement
de référence en association avec le bévacizumab (15 mg/kg tous
les 21 jours), ou l’association carboplatine-paclitaxel-bévacizumab
suivie d’un traitement d’entretien par bévacizumab (15 mg/kg tous
les 21 jours) jusqu’à progression. Les résultats étaient significatifs
quant au critère principal, la SSP, qui était augmentée de 3,8 mois
dans le groupe avec bévacizumab et traitement d’entretien
(14,1 versus 10,3 mois ; HR = 0,717 ; p < 0,0001). L’augmentation
de la SSP était indépendante de l’indice de performance, de l’âge
et du stade de la maladie. Le seul événement indésirable signifi-
cativement plus élevé avec le bévacizumab a été l’hypertension
artérielle. Les perforations intestinales ont été peu fréquentes
dans tous les bras (2,7 % avec le bévacizumab et 1,2 % dans le
groupe contrôle), ainsi que les complications hémorragiques.
Les résultats de cette étude en termes de SG ne sont pas encore
connus, non plus que le bénéfice éventuel du traitement sur la
qualité de vie.
Le bévacizumab est donc récemment devenu un médicament
majeur dans la prise en charge des carcinomes ovariens avancés.
Les résultats définitifs de l’étude de phase III du GOG ne sont pas
encore disponibles, ni ceux d’une autre étude de phase III, ICON7,
qui évalue à l’intérêt du bévacizumab dans une population incluant
également des stades précoces. Ces résultats seront déterminants
pour mieux caractériser la place future du traitement par bévaci-
zumab et la population la plus à même d’en bénéficier.
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