Les recommandations résumées de l'Agence concluent à la possibilité d'explorer un nodule clinique (>
10 mm) par l'une quelconque des trois modalités, "à la phase initiale" : cytologie, échographie ou
scintigraphie première. Comme l'écrit L. Hegedus dans une parution récente d'Endocrine Reviews sur le
nodule thyroïdien : "Randomized studies are scarce, and the side effects of nonsurgical therapy are
coming into focus. Therefore, the use of the optimum option in the individual patient cannot at present
be based on evidence" [Endocr Rev 2003 24(1):102
-
132.]
Les travaux publiés depuis les recommandations de l'ANDEM sont de niveau 3 ou 4 et ne sont pas de
nature à modifier ces conclusions.
De nombreux points majeurs dans l'exploration thyroïdienne sont acquis et n'ont pas été
significativement modifiés depuis 1995. Ainsi:
L'inventaire nodulaire est supérieur avec l'imagerie comparé à la clinique [grade A].
A la main on trouve des valeurs de 3,2% à 6,4 % , avec une différence pour le sexe (1,5% pour
l'homme, 6,4% pour la femme, dans l'étude de Framingham), mais les valeurs de reproductibilité inter
observateurs (kappa) sont mauvaises (proches de 0).
L'échographie est très sensible parce que très résolue (2 mm) et la prévalence des nodules dépend de la
taille retenue et de la fréquence du transducteur. A 7,5 MHz on trouve des chiffres de 30 à 50%,
fonction des répartitions géographiques et du statut iodé. A 10 MHz, la fréquence observée peut
atteindre 70%. On peut toutefois s'interroger sur la terminologie usitée, le terme de "nodule" étant sans
doute abusif pour des images millimétriques. La reproductibilité dépend de la taille, du caractère du
nodule et bien sur de l'opérateur.
La scintigraphie est moins sensible (résolue à 6
-
7 mm) mais très reproductible. La reproductibilité des
nodules chauds est plus élevée que celle des nodules froids. Enfin, si la majorité des anomalies de
contraste sont des nodules (environ 90%), certaines dissociations (trouble focal du contraste sans
nodule) peuvent exister (auto immunité surtout).
Les indices décisionnels de la cytologie dans le domaine du cancer varient de 84
-
97% (Se), 51 à 88%
(Sp), 37 à 76% (VPP), 93 à 98% (VPN), 2 à 19% (FN) [grade A].
Toutefois ces indices correspondent aux seuls nodules identifiés et prélevés, d'où l'intérêt de l'imagerie
pour optimiser l'inventaire.
Enfin, certains auteurs poolent sans vergogne les frottis intermédiaires tantôt avec les bénins (pour
doper la Se) tantôt avec les malins (pour doper la Sp) conduisant à des indices décisionnels fallacieux,
supérieurs à 95%.
Le taux de frottis non contributifs (inadéquats) qui devrait théoriquement rester sous 10%, varie en fait
entre 5 et 20%, voire plus dans certaines séries, même récentes. Moins connu, la tendance est que le
nombre de frottis adéquats est inférieure pour la cytologie échoguidée (68%
-
88% de frottis adéquats),
mais le volume nodulaire est en moyenne plus bas avec cette dernière technique.
Les recommandations de la RP118 dans sa traduction approximative en langue française, attribuent un
niveau de preuve [B] et [A] aux items B1 et L5 respectivement concernant l'exploration diagnostique du
nodule thyroïdien par les US et la MN.
La tendance actuelle de la littérature est d'utiliser la cytologie seule ou en association à l'échographie,
notamment pour la réalisation d'un prélèvement échoguidé, lors l'exploration "initiale" du nodule
thyroïdien, en présence d'une TSH normale.
Toutefois:
L'inventaire nodulaire est toujours amélioré par l'imagerie (échographie, scintigraphie)
Le repérage (ou le guidage) pour la cytologie impose le recours à l'imagerie chaque fois que le nodule
n'est pas palpable ou accessible.
A l'inverse, le recours systématique à l'échoguidage alourdit la procédure et n'a pas fait la preuve de son
efficacité médico
-
économique, notamment pour les atteintes pauci
-
nodulaires palpables, de loin les plus
fréquentes.
Le problème de la surveillance nodulaire n'est pas abordée par les stratégies, alors qu'elle génère la
majorité des indications de l'imagerie thyroïdienne.
Le pronostic du cancer est toujours considéré à priori comme plus sévère que celui de l'autonomie de
fonction, alors ques les données épidémiologiques récentes montrent plutôt une tendance inverse:
relative innocuité des microcarcinomes (la classification T1 concerne maintenant les lésions de 20 mm)
et morbidité significative dans le domaine des TSH normale
-
basses(≤0,5mU/L).
De nombreuses recommandations récentes d'auteurs réputés et les analyses de pratique incluent
toujours la scintigraphie dans l'exploration, initiale ou de seconde intention du nodule thyroïdien, y
compris en présence d'une euthyroïdie. De même, nombre de publications sur le nodule thyroïdien
présupposent la connaissance de la sémiologie scintigraphique (par exemple : Eur J Endocrinol. 2000
Mar;142(3):224
-
30.Thyroid structure and size and two
-
year follow
-
up of solitary
cold
thyroid nodules in
an unselected population with borderline iodine deficiency
-
Horm Res. 1999;52(1):19
-
24. Power Doppler
improves the diagnostic accuracy of color Doppler ultrasonography in
cold
thyroid nodules: follow
-
up
results...)
Les arguments scientifiques, la méthodologie des publications récentes et les pré
-
supposés
stratégiques et économiques sur la prise en charge du nodule thyroïdien ne sont pas de nature à
recommander l'élimination de l'imagerie dans l'exploration du nodule thyroïdien.
Les nouvelles recommandations proposées et validées par le groupe 11 ont finalement pris en
compte les faits suivants :
1. Les recommandations doivent s'adresser à un large public médical au sein du quel les pratiques, la
disponibilité ou la qualité des examens et la prévalence des pathologies peut varier considérablement.
Le nodule thyroïdien est une pathologie de masse et il convient que les recommandations concernant
l'imagerie et issues des publications soient applicables en pratique de routine.
En effet il n'est pas acceptable de considérer que les résultats correspondant à des pratiques ultra
spécialisées soient applicables sans restriction en pratique de routine : "efficay is nor effectiveness",
particulièrement pour une pathologie fréquente vue par des médecins à pratique polyvalente. Ce point