10 ans, le bénéfice en termes de survie sans récidive et de survie
globale supplante de façon nette les effets secondaires du traite-
ment, en particulier chez les patientes les plus jeunes (Cole et al.,
2001). Une revue de synthèse des effets secondaires des traite-
ments adjuvants a été publiée dans le New England Journal of
Medicine cette année (Shapiro, Recht, 2001), ainsi qu’une autre
sur les effets à long terme (Burstein, Winer, 2001). Une étude par
densitométrie osseuse sur 49 patientes a montré qu’une baisse de
la densité osseuse est rapidement induite par la castration post-
chimiothérapie adjuvante (Shapiro et al., 2001). La venlafaxine
(Effexor®) a montré, dans un essai randomisé, un effet sur les
bouffées de chaleur mais au prix d’autres effets secondaires
(sécheresse de la bouche, nausées, constipation) (Loprinzi et al.,
2000). L’équipe de Milan a analysé les séquelles cardiaques des
anthracyclines données en adjuvant chez 637 patientes ayant un
suivi médian de 14 ans. Six cas seulement d’insuffisance car-
diaque ont été relevés soit 0,6 % des patientes, l’irradiation étant
un facteur de risque associé (Zambetti et al., 2001).
Indications de chimiothérapie adjuvante selon d’autres
facteurs pronostiques et prédictifs
Les indications de chimiothérapie adjuvante chez les patientes
sans atteinte ganglionnaire (N–) ont été déterminées, dans un
essai multicentrique allemand, en fonction de facteur d’invasi-
vité comme le taux d’uPA et de PAI1 (Janicke et al., 2001).
Les patientes ayant un taux bas, donc de bon pronostic, ont été
surveillées, les patientes ayant un taux élevé, de mauvais pro-
nostic, ont été randomisées entre surveillance et chimiothérapie
adjuvante par CMF. Le taux de récidive des patientes de bon
pronostic était de 6,7 % à 3 ans, celui des patientes de mauvais
pronostic de 14,7 %. La chimiothérapie chez les patientes de
mauvais pronostic a réduit le risque de récidive de 44 %.
Les marqueurs de prolifération semblent être des facteurs particu-
lièrement intéressants de prédiction d’efficacité de la chimiothéra-
pie adjuvante. Ainsi, la thymidine kinase (TK), enzyme impliquée
dans la synthèse de l’ADN, a été évaluée comme marqueur de
prolifération chez 1 692 cancers du sein. Un taux cytosolique de
TK élevé était un facteur pronostique défavorable en analyse mul-
tivariée. Chez les patientes sans envahissement ganglionnaire, un
taux élevé était prédictif d’un effet bénéfique de la chimiothérapie
adjuvante (Broet et al., 2001). La prolifération peut être détermi-
née par le TLI (Tumor Labelling Index), méthode radioactive.
Chez 248 patientes N- ayant un indice élevé, une randomisation a
comparé 6 cures de FEC adjuvant contre l’observation. La survie
sans récidive était plus élevée chez les patientes traitées (Paradiso
et al., 2001). La phase S déterminée par cytométrie en flux peut
également être utilisée. Sur une série de 633 petites tumeurs, c’est
un facteur pronostique majeur, particulièrement chez les patientes
N– (Chassevent et al., 2001).
Autres traitements adjuvants
Un essai finlandais qui comparait un traitement adjuvant par
clodronate (Clastoban®) par voie orale pendant 3 ans contre
aucun traitement chez 299 patientes N+ n’a pas trouvé de pré-
vention des métastases osseuses. Au contraire, il semblerait
même que la survie globale et la survie sans récidive soient
moindres dans le bras avec clodronate pour des raisons qui res-
tent à éclaircir (Saarto et al., 2001).
Radiothérapie
Après tumorectomie, un “boost” de 16 Gy ajouté à l’irradia-
tion standard de 50 Gy réduit significativement le risque de
récidive locale comme le montre l’essai de l’EORTC portant
sur plus de 5000 patientes (Bartelink et al., 2001).
INTENSIFICATION
L’augmentation de l’intensité de dose en utilisant de la
mitoxantrone (Novantrone®) chez 150 patientes ayant plus de
10 ganglions envahis n’a pas montré de supériorité par rapport
à une association de type AC classique (Fumoleau et al., 2001).
Augmentation de l’efficacité du traitement avec une aug-
mentation des doses d’épirubicine
Le French Adjuvant Study Group a comparé chez des patientes
ayant soit plus de 3 ganglions envahis ou au moins un ganglion
envahi et un SBR d’au moins 2 et des récepteurs hormonaux
négatifs, 6 cures de FEC50 à 6 cures de FEC100 (French Adju-
vant Study Group, 2001). Après un suivi médian de plus de
5ans, la survie globale à 5 ans est de 77,4 % pour le FEC100
contre 65,3 % pour le FEC50 (p = 0,007). Cette étude FASG 05,
présentée en 1998 par le Pr Bonneterre à l’ASCO, conclut donc
à la supériorité du FEC100 et au bénéfice de l’augmentation de
dose d’épirubicine. Martine Piccart a publié cette année un essai
à 3 bras comparant chez 777 patientes ayant au moins un gan-
glion atteint, âgées de moins de 70 ans, 6 cycles de CMF clas-
sique (Endoxan®per os sur 14 jours) à 8 cycles de EC60 (épiru-
bicine 60 mg/m2, Endoxan®500 mg/m2) ou à 8 cycles de EC
haute dose (épirubicine 100 mg/m2et Endoxan®830 mg/m2). Il
n’existait pas de différence en survie entre le bras CMF et le
bras EC haute dose. En revanche, le bras EC60 était significati-
vement inférieur aux deux autres (Piccart et al., 2001).
Les résultats de ces deux études montrent surtout qu’une chimio-
thérapie de type FEC50 ou FEC60 est vraisemblablement sous-
dosée et qu’il n’y a pas d’équivalence de doses avec un FAC50
ou un AC60. La chimiothérapie de référence actuellement chez
les patientes ayant une atteinte ganglionnaire est le FEC100.
Autogreffe
De nouvelles données sur les essais comparant une chimiothé-
rapie conventionnelle à une chimiothérapie intensifiée avec
autogreffe ne permettent toujours pas de démontrer le bénéfice
de l’intensification en adjuvant. Ainsi, trois essais importants
ont été présentés à l’ASCO cette année.
Un essai italien (Gianni, Bonadonna, 2001) avait pour but
d’évaluer l’impact sur la survie de la chimiothérapie à haute
dose (HD) avec autogreffe chez des patientes de moins de
60 ans ayant un envahissement axillaire de plus de 3 gan-
glions. Le bras de référence était l’association séquentielle
d’une monochimiothérapie par épirubicine 120 mg/m2toutes
les 3 semaines pendant 3 cycles suivi de 6 cures de CMF.
Avec un suivi de 5 ans, cette étude ne montre pas de bénéfice
en survie sans récidive ou en survie globale chez les patientes
ayant reçu la chimiothérapie intensifiée.
L’étude coopérative du CALGB-SWOG-NCIC, randomisée et
prospective, comparait deux associations d’alkylants en conso-
lidation (CPB haute dose + greffe ou CPB à dose intermé-
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La Lettre du Cancérologue - volume X - n° 6 - novembre-décembre 2001