240
REVUE DE PRESSE
ris se développent normalement, et leur cer-
veau ne montre aucune altération neuropa-
thologique. Cette étude souligne la dépen-
dance du phénotype à l’accumulation du
produit anormal de l’expression du gène et
démontre la possibilité de sa réversibilité.
Commentaire. Le lien entre l’accumula-
tion cérébrale de l’huntingtine mutante et
de ses dérivés clivés et la pathologie neu-
ronale progressive semble démontré.
Bloquer l’expression du gène muté chez
les patients pourrait représenter une voie
thérapeutique majeure à l’avenir.
La dystonie dopa-sensible
entre parkine et GTP
Cyclohydrolase I
■Parmi les dystonies débutant au
cours de l’enfance ou de l’adoles-
cence, une faible proportion (5 % environ)
réagit remarquablement à l’administration
de lévodopa, ce qui impose la réalisation
d’un test thérapeutique systématique à
posologie efficace. La majorité de ces dys-
tonies dopa-sensibles sont de transmission
autosomique dominante, liée à une muta-
tion dans le gène de la GTP cyclohydrola-
se I (chromosome 14), enzyme limitant de
la synthèse de bioptérine, un cofacteur de
la tyrosine hydroxylase participant à la
synthèse de la dopamine. Toutefois,
comme pour le gène DYT1, la pénétrance
de la mutation est réduite (0,3 environ), ce
qui explique la présence de cas d’apparen-
ce sporadique au sein de certaines
familles. Dans ce contexte, la maladie de
Parkinson du sujet jeune, de transmission
autosomique récessive liée à la mutation
du gène parkine (chromosome 6), dont les
manifestations peuvent être également
dystoniques au début, peut représenter un
diagnostic différentiel possible, car la
dopa-sensibilité y est importante. Vingt-
deux familles présentant une dystonie
dopa-sensible ont participé à une étude
clinique et génétique. Parmi celles-ci, 12
(27 sujets) présentaient une mutation du
gène de la GTP cyclohydrolase I, et 3
(7 sujets) une mutation de la parkine. Les
débuts variaient de 5 à 57 ans dans le pre-
mier groupe de patients, et de 7 à 31 ans
dans le second. Dans le groupe parkine,
tout les patients présentaient une bradyki-
nésie associée aux phénomènes dysto-
niques, alors qu’un syndrome parkinso-
nien ou une bradykinésie n’étaient notés
que chez 3 des 27 patients GTP-CHI.
D’autre part, le développement de dyski-
nésies induites par la levodopa, quoique
possible dans le groupe GTP-CHI, était
plus fréquent dans le groupe parkine. Sur
le plan génétique, 11 mutations différentes
dans le gène GTP-CHI ont été mise en évi-
dence chez les familles étudiées.
Commentaire. Les deux phénotypes parki-
ne et GTP-CHI se recouvrent donc partiel-
lement. Un enfant ou un adolescent qui
débute une dystonie au niveau d’un membre
et pour lequel une réponse à la lévodopa est
obtenue doit faire l’objet d’une enquête cli-
nique (signes parkinsoniens) et généalo-
gique (antécédents de syndrome parkinso-
nien dans la famille, ou de pseudo-paraparé-
sie spastique), avant d’orienter la recherche
génétique. D’autre part, on relève la surve-
nue de dyskinésies provoquées par la lévo-
dopa dans le groupe de dystonie dopa-sen-
sible liée à la GTP-CHI, qui s’ajoutent à une
observation plus ancienne de dyskinésie tar-
dive, et fait la démonstration que la dystonie
dopa-sensible n’est pas épargnée par les
complications motrices des traitements
dopaminergiques.
Le gène de la dystonie
myoclonique
■La dystonie myoclonique familiale
de transmission autosomique domi-
nante occupe une place singulière au sein
du groupe des “dystonies plus”. Un effort
nosologique récent a consisté à rassembler
sous cette dénomination le syndrome
myoclonique héréditaire avec sensibilité à
l’alcool, au cours duquel des phénomènes
dystoniques étaient mis en évidence, et les
familles de dystoniques chez lesquels des
secousses en éclair (lightning jerks)
étaient retrouvées. L’étape suivante de
cette démarche uniciste consistait dans la
mise en évidence de mutations génétiques
communes à ces phénotypes un peu dispa-
rates. Une première piste semblait être
trouvée dans une famille, lorsqu’une liai-
son a été démontrée avec le gène du récep-
teur D2 de la dopamine sur le chromoso-
me 11q. Il s’agissait d’une découverte
séduisante, notamment au regard de l’ex-
pression importante de ce gène dans les
ganglions de la base, et de son implication
dans les phénomènes de récompense et les
mécanismes de l’addiction, en accord avec
l’implication physiopathologique de l’al-
cool. Toutefois, ce gène n’a pas été impli-
qué au sein d’autres familles testées par la
suite, et demeure un cas marginal. En
revanche, une étude récente (Klein et al.,
2000) démontre l’association chez
8 familles du phénotype avec une région
restreinte localisée sur le chromosome 7q.
Cette localisation chromosomique semble
donc liée à la grande majorité des familles
de dystonie myoclonique avec sensibilité à
l’alcool.
Commentaire. La confirmation de l’im-
portance de cette localisation, baptisée
DYT11, dans les familles de dystonie
myoclonique avec sensibilité à l’alcool,
contribue à la meilleure définition géné-
tique des dystonies. On peut attendre éga-
lement une amélioration dans la connais-
sance du phénotype, et peut-être des essais
thérapeutiques plus ciblés que ceux qui
étaient disponibles jusqu’à présent.
Un tour du monde
du syndrome de Gilles
de la Tourette (SGT)
■Soixante-cinq sites de 22 pays ont
participé à une collecte systéma-
tique d’informations concernant finale-
ment 3 500 sujets présentant un SGT dia-
gnostiqué d’après les critères modifiés en
1993 à partir du DSMIII-R (ceux du
DSM-IV, critiqués, n’ont pas été retenus).
Le consortium international piloté par
Freeman à Vancouver publie ses résultats,
qui brossent un tableau général du SGT :
93 % des sujets ont débuté le SGT avant
l’âge de 10 ans, 41 % avant 6 ans. Pour
16 % des sujets, le diagnostic n’avait pas
encore été porté à l’âge adulte. Le rapport
des sexes était en moyenne de 4,3 garçons
pour 1 fille. La comorbidité était égale-
ment différente entre les deux sexes :
davantage de garçons pour le trouble
hyperactivité-trouble de l’attention, les
TOC, les troubles spécifiques de l’appren-
tissage, les difficultés du contrôle de la
colère, le bégaiement, les problèmes
d’ajustement social, les troubles envahis-
sants du développement. En revanche,
plus de filles présentaient un tableau “pur”
✔
Yamamoto et al. Reversal of neuropathology
and motor dysfunction in a conditional model
of Huntington’s disease. Cell 2000 ; 101 : 57-66.
✔
Tassin et al. Levodopa-responsive dysto-
nia. GTP cyclohydrolase I or parkin mutation ?
Brain 2000 ; 123 :1112-21.
✔
Klein et al. A major locus for myoclonus-dys-
tonia maps to chromosome 7q in eight families.
Am J Hum Genet 2000 ; 67 : 1314-9.
La lettre du neurologue - n° 5 - vol. V - mai 2001