MISE AU POINT
234 La lettre du neurologue - n° 5 - vol. V - mai 2001
TRAITEMENT
Traitement préventif
Il est essentiel. Il consiste à prévenir la subluxation de l’épaule
et à protéger l’ensemble du membre supérieur de toute mani-
pulation intempestive, essentiellement les mouvements de trac-
tion, en utilisant une écharpe, coude au corps en flexion, pen-
dant la période de paralysie hypotonique, puis une gouttière
brachiale, soit une orthèse moulée de maintien brachial pou-
vant être fixée à l’accoudoir du fauteuil roulant lorsque la spas-
ticité apparaît. L’entourage et le personnel soignant seront édu-
qués et sensibilisés à ces problèmes.
L’électrostimulation par courants excito-moteurs de basses fré-
quences du muscle deltoïde plusieurs fois par jour, pour corri-
ger la subluxation de la tête humérale, est un traitement
préférentiel (5).
Associé à la lutte contre la spasticité par les moyens médica-
menteux et physiques habituels, ce traitement préventif est à
poursuivre en cas d’AND installée.
Traitement curatif
Aucun des traitements actuels n’a véritablement fait la preuve
scientifique de son efficacité. D’une façon générale, les pour-
centages de réussite ne dépassent pas 60 % dans les essais cli-
niques ouverts (1, 7). L’analyse de l’efficacité des traitements
dans les différentes études se heurte au fait que l’AND peut
avoir une évolution spontanément favorable.
L’objectif du traitement est l’obtention de l’indolence à la
phase de début. Son efficacité peut être appréciée dans les dix
premiers jours. De nombreux moyens thérapeutiques existent ;
nous proposons systématiquement une prise en charge à la fois
rééducative et médicamenteuse :
– la calcitonine, dont les différents types (de saumon, de porc,
humaine) peuvent être utilisés en parallèle à la rééducation,
s’emploie en injections sous-cutanées, initialement quoti-
diennes sur 15 jours, puis trois fois par semaine. La cure est
renouvelable si nécessaire. La calcitonine semble cependant
plus efficace dans l’AND post-traumatique (8) ;
– les vasodilatateurs sont choisis en deuxième intention après
échec de la calcitonine. Leur administration se fait de préféren-
ce localement par la réalisation de blocs intraveineux qui per-
mettent une action locale du produit à forte concentration avec
moins d’effets systémiques. Le bloc intraveineux au buflomé-
dil, technique très répandue en France, présente l’avantage, par
rapport à la guanéthidine, qui n’est actuellement plus utilisée,
d’avoir moins d’effets secondaires. Un traitement par buflomé-
dil par voie orale peut relayer les blocs et potentialise leurs
effets. Ils sont réalisés à raison d’un bloc tous les 2 à 3 jours,
4 à 6 fois, renouvelables si nécessaire. Ils sont utilisés dans les
AND prédominant au niveau de la main ; en effet, ils n’agis-
sent pas au niveau de l’épaule ;
– la corticothérapie a un effet bénéfique par voie locale, en
intra-articulaire au niveau de l’épaule (1). Certains auteurs
anglo-saxons l’utilisent par voie générale ;
- les diphosphonates intraveineux constituent un nouveau trai-
tement de l’AND rebelle. À ce jour, même s’ils semblent effi-
caces, leur supériorité n’a pas été prouvée du fait l’absence
d’études contrôlées indiscutables (9) ;
– les antalgiques de classe I et II de l’OMS sont systématiques
mais d’efficacité partielle. Il est parfois fait appel transitoire-
ment aux morphiniques ;
– les anti-inflammatoires ont peu ou pas d’efficacité ;
– les antidépresseurs tricycliques peuvent être associés à titre
antalgique. Selon Perrigot (1), la clomipramine en perfusion
intraveineuse se révèle efficace dans 75 % des cas sur la com-
posante algique ;
– les bêtabloquants et la griséofulvine auraient des effets com-
parables à ceux de la calcitonine (5).
Régulièrement, de nouvelles molécules sont essayées dans
l’AND mais, à ce jour, aucune n’a fait la preuve de sa supériorité.
La médecine physique tient une place primordiale, voire suffi-
sante pour certains, mais moins importante pour d’autres (1).
Réalisée par le kinésithérapeute, elle doit être contrôlée par le
médecin prescripteur. Elle associe un drainage vasculaire, des
massages, l’utilisation de techniques antalgiques et d’électro-
thérapie (ultrasons, ionisations calciques et/ou anti-inflamma-
toires, ondes centimétriques), de bains écossais (bains d’eau
chaude et froide alternativement), de bains de paraffine, de
mobilisations infradouloureuses précoces, en eau chaude de
préférence, et, si possible, en fonction de l’état clinique, la
mise en position surclive du membre atteint.
À la phase chaude, les objectifs sont de lutter contre la douleur
et les troubles vasomoteurs et de limiter l’enraidissement en
respectant la règle de la non-douleur : la kinébalnéothérapie est
d’une grande aide à ce stade. Si, dans les AND post-trauma-
tiques, le travail actif est indiqué à ce stade pour entretenir les
amplitudes articulaires et la trophicité musculaire, dans les
AND posthémiplégiques, ce travail actif soit n’est pas possible,
soit est réduit en raison du déficit neurologique. La mobilisa-
tion sera alors passive, extrêmement prudente, impérativement
infradouloureuse ou ne sera pas. Les postures peuvent complé-
ter cette prise en charge.
En phase froide, le problème est différent, l’objectif de réédu-
cation consistant à récupérer les amplitudes articulaires et à
restaurer la fonction tout en luttant contre les troubles tro-
phiques. La kinésithérapie fait appel à des techniques de postu-
re, manuelles et instrumentales, à des mobilisations passives,
douces, analytiques et globales de toutes les articulations
atteintes, auxquelles des manœuvres de décoaptations articu-
laires sont associées, par exemple, celles de Mennel ou de
Maitland (10). S’y associent des étirements et une mobilisation
active dans la mesure des possibilités du patient. Les orthèses
de posture ont une place privilégiée, en particulier à la main et
au poignet.
CONCLUSION
L’AND du membre supérieur chez le patient hémiplégique est
une affection particulièrement fréquente qu’il faut savoir