SÉNAT – SÉANCE DU 21 JANVIER 2009 619
J’ai bien conscience que, avec ce collectif de début
d’année, nous suivons un calendrier parlementaire inédit.
Mais l’urgence de la situation nécessitait des mesures excep-
tionnelles et immédiates.
Tel est bien l’état d’esprit du Gouvernement, qui est inter-
venu à plusieurs reprises pour soutenir notre économie.
En effet, le plan de relance, qui mobilise 26 milliards
d’euros, fait partie d’un tout.
Près de 11 milliards d’euros seront consacrés à des inter-
ventions directes du budget de l’État. En outre, 11 milliards
d’euros seront injectés pour renfl ouer la trésorerie des
entreprises, via notamment le remboursement des créances
fi scales décidé dans le cadre de la loi de fi nances rectifi ca-
tive pour 2008. Enfi n, des investissements supplémen-
taires seront réalisés, à hauteur de 4 milliards d’euros, par
les grandes entreprises publiques, pour moderniser et
développer nos infrastructures ferroviaires et énergétiques,
ainsi que nos services postaux.
Ces actions complètent une série de mesures prises par
le Président de la République et le Gouvernement pour
stimuler notre économie et soutenir la croissance.
Ainsi, je citerai, entre autres, 10 milliards d’euros de
baisses d’impôts, en 2008 et 2009, afi n de soutenir l’acti-
vité et le pouvoir d’achat des ménages ; une somme de
10 milliards d’euros consacrée à la revalorisation des presta-
tions sociales et à la création du RSA, le revenu de solidarité
active, pour que la solidarité nationale joue à plein ; enfi n,
6 milliards d’euros au Fonds stratégique d’investissement,
pour soutenir et protéger nos entreprises.
Il faut enfi n mentionner les interventions du
Gouvernement pour assurer la stabilité du système bancaire
et fi nancier. Je pense, bien sûr, à la garantie apportée par
l’État pour le refi nancement des banques, à hauteur de
320 milliards d’euros, au renforcement des fonds propres
des grands établissements de crédit français, de plus de
11 milliards d’euros, ou encore au soutien du fi nance-
ment des PME, premier employeur des Français, pour un
montant de 22 milliards d’euros.
C’est en cohérence avec l’ensemble des mesures de
soutien à l’économie, et dans leur prolongement, que le
Gouvernement a défi ni ce plan, qui repose résolument sur
l’investissement.
Ce choix répond à une conviction profonde.
Investir est le meilleur moyen de stimuler les commandes
et, par conséquent, l’emploi, le revenu et, fi nalement,
la demande. Ce n’est pas de la dépense à perte. Bien au
contraire, ces investissements contribuent à préparer
l’avenir, à renforcer notre compétitivité et, donc, à protéger
nos emplois et à en créer de nouveaux.
Ce choix n’est d’ailleurs pas isolé, puisqu’il a été concerté
avec nos voisins européens. Les différents plans des États
membres se ressemblent et se complètent. La réponse étant
commune, les bénéfi ces attendus s’amplifi eront grâce aux
liens commerciaux. J’exclus bien sûr la position adoptée par
le Royaume-Uni, dont la consommation nationale s’était
effondrée et qui a misé sur une relance par la consommation
via une baisse de la TVA. Pour notre part, nous profi tons
d’un système social qui amortit les chocs et d’une consom-
mation qui se maintient.
L’Allemagne a fait des choix qui se rapprochent des
nôtres. Son plan de relance donne une place prépondérante
à l’investissement. Les autres mesures telles que les baisses
de cotisations sociales ou les hausses de prestations n’entre-
ront en vigueur qu’au 1er juillet 2009 ou graduellement, sur
les années 2009 et 2010.
Il y a donc cohérence dans nos décisions.
Je le redis, le choix de la France, c’est l’investissement. Il
s’agit d’un effort massif, l’investissement public jouant le
rôle d’accélérateur.
C’est pourquoi l’État investira directement 4 milliards
d’euros dans des domaines stratégiques. Il s’agit des infras-
tructures, du développement durable, du patrimoine,
de l’enseignement supérieur et la recherche, ainsi que des
industries de défense.
À l’évidence, les collectivités territoriales seront très
présentes, au travers, notamment, des plans de développe-
ment et de modernisation des itinéraires ou de l’accélération
dont bénéfi cieront les contrats de projets État-régions.
Mais surtout, les collectivités, qui réalisent près des trois
quarts des investissements civils publics, seront les princi-
paux vecteurs des efforts locaux d’équipement.
C’est tout le sens de la mesure de remboursement anticipé
de la TVA aux collectivités locales, dont le montant est
estimé à 2,5 milliards d’euros. Je dis bien « estimé », et
Éric Wœrth abondera certainement en ce sens. En effet, il
ne peut s’agir là que de crédits évaluatifs, qui varieront en
fonction de l’adhésion des collectivités locales au dispositif,
adhésion que nous souhaitons la plus importante possible.
La mesure sera pérenne pour les collectivités qui en
bénéfi cieront. En d’autres termes, le FCTVA, le Fonds de
compensation pour la TVA, ainsi versé par anticipation sera
une recette défi nitivement acquise de la section d’investis-
sement.
À cet égard, le Gouvernement a fait preuve de pragma-
tisme pour que les collectivités participent à l’effort de
relance : la hausse des investissements des collectivités qui
donnera droit au bénéfi ce de la mesure sera considérée
comme effective dès le premier euro investi au-delà du
niveau de la période de référence 2005-2007.
Dans ce contexte, je crois que notre objectif est clair : il
s’agit d’assurer la relance par l’investissement.
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des
fi nances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de
la nation. Très bien !
M. Patrick Devedjian, ministre. L’investissement est un
facteur durable de la vie économique. Il donne du travail,
partout où il se réalise.
Cela étant, plusieurs mesures du plan sont destinées au
soutien à l’emploi et à la solidarité.
Les ménages les plus vulnérables feront l’objet d’une
attention particulière, ce qui constitue le complément indis-
pensable à l’effort d’investissement.
Ainsi, le programme « Soutien exceptionnel à l’activité
économique et à l’emploi » bénéfi cie de près de 5 milliards
d’euros.
Il prévoit notamment des mesures en faveur du fi nance-
ment des PME via OSEO, l’établissement public chargé de
soutenir l’innovation et la croissance des PME, et la SIAGI,
la société de caution mutuelle de l’artisanat et des activités
de proximité, une aide à l’embauche dans les très petites
entreprises, à hauteur de 700 millions d’euros, une dotation
budgétaire supplémentaire de 500 millions d’euros pour