5144 SÉNAT – SÉANCE DU 6 JUILLET 2005
C'est ainsi que la part des travaux de contrôle, en séance
plénière, s'est accrue par rapport à la session précédente.
Ce résultat, encore perfectible, est imputable, en premier
lieu, au nombre de déclarations du Gouvernement – sept,
monsieur le ministre ! –, suivies, comme je l'ai souhaité,
d'un débat, voire conclues par un vote en application de
l'article 49, alinéa 4, de notre Constitution. Tel fut le cas de
la déclaration de politique générale, le 9 juin dernier.
Par ailleurs, nous avons organisé, autour de questions
orales, des débats sur des sujets qui se situent au cœur des
problèmes actuels de notre société.
En outre, cette session a été marquée, en matière de
contrôle, par des initiatives intéressantes. Tel fut le cas de
l'instauration d'un « service après rapport » sous la forme
de débats, dans l'hémicycle, à partir des travaux de contrôle
budgétaire menés par la commission des fi nances ou d'un
rapport sur la gestion des déchets nucléaires émanant de
l'Offi ce parlementaire des choix scientifi ques et technolo-
giques.
D'une manière générale, les commissions et les déléga-
tions jouent, de plus en plus, un rôle très fort de sentinelle
du Sénat.
M. Philippe Marini. Très bien !
M. le président. Par ailleurs, on a assisté à une amplifi ca-
tion de la collaboration entre, d'une part, nos commissions
– en particulier, la commission des fi nances et la commission
des aff aires sociales – et, d'autre part, la Cour des comptes.
Enfi n, je n'aurai garde d'oublier la naissance et la montée
en puissance de notre « petit dernier » : l'Observatoire de la
décentralisation.
Comme vous le savez, cette instance est chargée d'une
sorte de « service après vote » de l'acte II de la décentrali-
sation.
Elle a vocation, en eff et, à assurer le suivi et l'évaluation
de la compensation fi nancière des transferts de compé-
tences, à la lumière des garanties inscrites par le Sénat dans
notre Constitution. L'Observatoire a d'ores et déjà rendu
publics ses deux premiers rapports : un rapport du président
Michel Mercier sur la décentralisation du revenu minimum
d'insertion, un autre de notre collègue Roger Karoutchi
sur le fi nancement de la formation sanitaire et sociale. Ces
contrôles ont été eff ectués à l’échelon des régions et des
départements.
Les conclusions, les propositions et les préconisations de
cet observatoire auront d'autant plus d'écho que son collège
des élus, dont les sièges sont répartis, je le rappelle, à la
proportionnelle des groupes, sera au complet.
Il me semble pour le moins paradoxal, en eff et, de solli-
citer, au demeurant fort légitimement, une reconnaissance
accrue des droits de l'opposition et, dans le même temps, de
pratiquer la « politique de la chaise vide ». (Exclamations sur
les travées du groupe socialiste.)
Je le dis à nos collègues : la porte demeure ouverte, dans
le bon sens, celui de l'accueil cordial, celui du retour au
bercail.
D'autant plus que l'observatoire me semble constituer, à
l'instar de la délégation pour l'Union européenne, l'une de
ces instances où il est loisible d'expérimenter de nouveaux
modes de travail en commun entre sénateurs de la majorité
et sénateurs de l'opposition.
M. Michel Charasse. Ah !
M. le président. Je tiens à le préciser, la décentralisation
n'est ni de gauche ni de droite. Elle fait désormais partie
intégrante de notre patrimoine commun, c'est-à-dire de
notre patrimoine républicain. (Très bien ! sur les travées de
l’UMP.)
M. Michel Charasse. C’est l’enfer !
M. le président. Législateur avisé, contrôleur vigilant,
évaluateur effi cace, le Sénat a retrouvé sa place, toute sa
place, au sein de nos institutions.
Certes, mais quelle est la place de nos institutions dans une
société en proie à une crise de la démocratie représentative,
à une crise du politique, davantage que de la politique ?
Cette question ne peut être éludée, ni esquivée, car les
avertissements se multiplient, mes chers collègues : nous
devons contribuer ensemble à une refondation du lien
entre les institutions de notre pays et les citoyens. C'est une
urgente nécessité, c'est une ardente obligation !
Dans cette perspective, il nous faut résister à la tentation
de « vivre cachés » et prolonger résolument notre politique
d'ouverture destinée à mieux faire connaître le Sénat, afi n
de donner un écho accru à ses travaux. L'ouverture est un
moyen au service d'une fi n : la pérennité du Sénat.
Dans un monde en pleine mutation, ou plutôt en transi-
tion diffi cile vers une nouvelle donne, le Sénat doit faire
vivre sa vocation d'assemblée de proximité.
Le Sénat doit être, plus que jamais, à l'écoute permanente
de la société grâce à son assise constitutionnelle de représen-
tant des 37 000 collectivités territoriales et des 500 000 élus
locaux qui se trouvent au plus près des réalités du terrain et
des préoccupations de nos concitoyens.
Chambre de réfl exion, laboratoire d'idées, le Sénat doit
éclairer l'avenir des Françaises et des Français et contribuer à
l'indispensable modernisation de notre société.
Mais comment faire pour remettre l'hémicycle au cœur
du débat républicain alors que nous sommes accaparés, jour
et nuit, par une infl ation normative, une frénésie législative,
une boulimie textuelle ?
M. Alain Vasselle. Eh oui !
Mme Hélène Luc. Vous faites voter trop de lois !
M. le président. Le fl orilège est connu : « il y a trop de
lois, trop de lois tue la loi ».
Mme Hélène Luc. Vous approuvez !
M. le président. Ou encore : « La loi bavarde, la loi
tâtonne, la loi hésite, la loi bafouille. » Pauvre Parlement !
Ces critiques oublient ou font mine de passer sous silence
le fait que c'est le Gouvernement, ce sont les ministères
qui sont les auteurs principaux des lois qui sont soumises à
notre appréciation.
Quant aux amendements déposés par les parlementaires,
ils procèdent d'une demande de la société.
M. Jean-Pierre Michel. Voilà !
M. le président. D'une société en manque de références
ou de repères, qui se tourne de plus en plus vers la loi pour
fi xer les règles du pacte républicain, conforter « le vouloir
vivre ensemble » et obtenir des « rassurances ».
Les lois contiennent-elles trop de dispositions réglemen-
taires ?
M. Jacques Valade. Assurément !