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Animation Fédérale • N°92 • Novembre 2007
rapports économiques internationaux,
en particulier en ce qui concerne la si-
tuation des pays moins avancés, aux-
quels ne peuvent pas être appliqués
des systèmes fi nanciers abusifs sinon
usuraires. Pour Jean-Paul II, ou bien
tous les pays du monde participent au
développement économique, ou bien
celui-ci ne sera pas authentique. (1)
D’autre part, les entrepreneurs et les
dirigeants ne peuvent pas tenir comp-
te exclusivement de l’objectif écono-
mique de l’entreprise, des critères d’ef-
fi cacité économique, des exigences
de l’entretien du « capital » comme
ensemble des moyens de production :
ils ont aussi le devoir précis de respec-
ter concrètement la dignité humaine
des travailleurs qui œuvrent
dans l’entreprise.
Rôle du marché libre
Un vrai marché concur-
rentiel est un instrument
efficace pour atteindre
d’importants objectifs de
justice : modérer les excès
de profi t des entreprises ;
répondre aux exigences
des consommateurs ; réa-
liser une meilleure utilisa-
tion et une économie des
ressources.
Mais le marché ne peut pas trouver
en lui-même le principe de sa propre
légitimation. Le profi t individuel de
l’agent économique, bien que légi-
time, ne doit jamais devenir l’unique
objectif. À côté de celui-ci, il en existe
un autre, tout aussi fondamental et
supérieur, celui de l’utilité sociale, qui
doit être réalisé non pas en opposi-
tion, mais en cohérence avec la logi-
que du marché.
On ne peut souscrire à l’idée de pou-
voir confi er au seul marché la fourni-
ture de toutes les catégories de biens,
car une telle idée est basée sur une vi-
sion réductrice de la personne et de la
société. (2)
L’action de l’État
Il faut que le marché et l’État agissent
de concert l’un avec l’autre et devien-
nent complémentaires. En vue du
bien commun, il faut poursuivre l’ob-
jectif d’un juste équilibre entre liberté
privée et action publique.
L’action de l’État doit se conformer au
principe de subsidiarité ; elle doit aussi
s’inspirer du principe de solidarité et
établir des limites à l’autonomie des
parties pour défendre les plus faibles.
L’intervention de l’État dans le domai-
ne économique ne doit être ni enva-
hissante, ni insuffi sante. Le devoir fon-
damental de l’État est de « sauvegarder
(...) les conditions premières d’une éco-
nomie libre, qui présuppose
une certaine égalité entre les
parties, d’une manière telle
que l’une d’elles ne soit pas
par rapport à l’autre puis-
sante au point de la réduire
pratiquement en esclava-
ge ». (2) L’Etat doit assurer
des services publics effi ca-
ces et traduire dans la pra-
tique le principe de redistri-
bution.
Les fi nances publiques doi-
vent être capables de se
proposer comme instru-
ment de développement et de soli-
darité. Des fi nances publiques équita-
bles et effi caces produisent des eff ets
vertueux sur l’économie, car elles par-
viennent à favoriser la croissance de
l’emploi, à soutenir les activités des
entreprises et les initiatives sans but
lucratif, et contribuent à accroître la
crédibilité de l’État comme garant des
systèmes de prévoyance et de protec-
tion sociales, destinés en particulier à
protéger les plus faibles.
Enfi n, pour l’Église, le paiement des
impôts est un devoir de solidarité. Q
A suivre...
Résumé : Paul Dufl ot
Les notes renvoient à 3
grandes encycliques qui
parlent d'économie :
(1) Jean-Paul II, Ency-
clique Sollicitudo rei
socialis (1988)
(2) Jean-Paul II, Ency-
clique Centesimus an-
nus (1991)
(3) Paul VI, Encyclique
Populorum progressio
(1967)
En vue du
bien commun,
il faut
poursuivre
l’objectif
d’un juste
équilibre entre
liberté privée
et action
publique.