E Chirurgie ambulatoire en proctologie : l’expérience italienne de Mestre-Venise

Fenêtre sur...
Le Courrier de colo-proctologie (IV) - n° 1 - janv - fév - mars 2003
26
n 1993, une unité de chirurgie
ambulatoire a été inaugurée à l’hô-
pital de Mestre-Venise, dotée de 4 lits et
d’un personnel infirmier exclusivement
réservé au fonctionnement de cette unité.
Depuis, 12320 interventions ont pu être
effectuées ; elles étaient réparties de la
façon suivante :
La figure 1 compare le nombre d’actes
effectués en ambulatoire (avec sortie au
maximum 6 heures après l’intervention)
aux actes effectués en hospitalisation clas-
sique (une ou plusieurs nuits passées à
l’hôpital).
Il est important de souligner que ce qui
relevait primitivement d’un choix person-
nel est devenu, au 1er octobre 2002, une
obligation légale. En Italie, en fait, depuis
cette date sont devenus opérationnels les
“niveaux élémentaires d’assistance”, qui
définissent les actes devant être traités
exclusivement en chirurgie ambulatoire à
l’exclusion d’un faible pourcentage
d’actes qui, pour des raisons diverses (par
exemple, sujets ASA 3 ou ASA 4), pour-
Chirurgie ambulatoire en proctologie :
l’expérience italienne de Mestre-Venise
V. Pezzangora, R. Lion, C. Gasparini*
* Paris.
E
Hernies : 4 825 soit 40 %
Proctologie : 3 018 soit 24 %
Phlébologie : 2 623 soit 21 %
Autres : 1 854 soit 15 %
Hospitalisation
classique (40,2 %)
Chirurgie
ambulatoire (59,8 %)
Figure 1. Répartition de l’activité chirurgi-
cale ambulatoire et traditionnelle.
0200 400 600 800 1 000 1 200
Autres*
*Autres : marisques, papilles hypertrophiées, thrombectomies, polypes, etc.
Rectocèles
Fistules anales
Hémorroïdectomies
(751)
(72)
(295)
(1 088)
Figure 2. Principales affections proctologiques traitées chirurgicalement en ambulatoire entre
janvier 1993 et septembre 2002 (n = 3018).
ront être traités en hospitalisation classique
avec plusieurs nuits passées à l’hôpital.
Les interventions de proctologie effectuées
à l’hôpital de Mestre-Venise en unité de
chirurgie ambulatoire, entre le 1er janvier
1993 et le 30 septembre 2002, au nombre
de 3018 sont rapportées dans la figure 2.
L’anesthésie utilisée a toujours été locale ou
locorégionale. Pour l’hémorroïdectomie, un
bloc périnéal était fait selon la technique de
M.C. Marti à l’aide de xylocaïne à 1% tam-
ponnée par du bicarbonate de sodium.
En préopératoire
Un interrogatoire tres minutieux, en particu-
lier des antécédents médicaux et des traite-
ments en cours, et un examen clinique com-
plet et précis sont indispensables. En revanche,
les examens paracliniques ne sont demandés
qu’en fonction des besoins cliniques.
On remet ensuite au patient, qui le signe,
un document d’information le plus com-
plet possible dans lequel est décrit le geste
chirurgical conseillé, les détails de la
période postopératoire et les traitements
adaptés qui seront éventuellement propo-
sés, les complications possibles et les
moyens de joindre à tout moment les opé-
rateurs de l’unité de chirurgie ambulatoire.
Le jour de l’intervention
Le patient entre à l’hôpital environ une
heure avant l’heure prévue de l’intervention.
Il est à nouveau revu et informé sur les
modalités, du traitement puis signe le for-
mulaire de consentement et celui préparé
pour l’intervention elle-même.
Une fois l’intervention exécutée, le patient
retourne à pied et non en chariot dans un
fauteuil de l’unité de chirurgie ambulatoire
(pour ces patients, le repos au lit n’est pas
nécessaire). Il attendra d’être revu par le
chirurgien avant d’être libéré, au maximum
deux heures plus tard.
L’utilisation du bistouri radiofréquence
dans le cadre de l’hémorroïdectomie per-
met de répondre à ce besoin de facilité,
rapidité et sécurité.
Critères de choix de l’intervention
À qualité égale de résultats, on devra pri-
vilégier les interventions répondant aux
CP/MARS 03 31/03/03 10:38 Page 26
Fenêtre sur...
Le Courrier de colo-proctologie (IV) - n° 1 - janv - fév - mars 2003
27
critères nécessaires pour la réalisation des
interventions en ambulatoire :
– facilité ;
– rapidité ;
– sécurité (critère prioritaire) ;
– bonne acceptation.
Critères d’exclusion
des interventions proctologiques
en chirurgie ambulatoire
Ils sont au nombre de quatre, mais il faut
signaler que, depuis 1996, les deux der-
niers critères ne sont plus pour nous syno-
nymes d’exclusion :
– raisons psychiatriques ou refus d’un
geste sous anesthésie locale ;
– raisons médicales (ASA 4 et parfois
ASA3) ;
– raisons familiales ;
– problèmes logistiques (domicilié à plus
de 100 km de l’hôpital ou à plus d’une
heure de voiture).
Quelques chiffres
Du début de l’année 2000 à septembre
2002, nous avons effectué 817 interventions
de chirurgie proctologique, soit 23,7% des
3445 interventions de l’unité de chirurgie
ambulatoire. Les hémorroïdectomies repré-
sentent 52,5 % des interventions procto-
logiques, soit 429 interventions.
Pour les cas de prolapsus muco-hémorroï-
daire circulaire, nous avons utilisé l’hé-
morroïdopexie à la pince automatique,
technique que nous préférons pratiquer en
hospitalisation classique. Pour les autres
cas, nous avons pratiqué une hémorroïdec-
tomie type Milligan-Morgan, réalisée au
bistouri radiofréquence. Les proportions de
malades opérés par une technique
d’hémorroïdectomie classique et par
méthode d’anopexie sont rapportées dans
la figure3.
Lesfigures 4 et5rapportent l’incidence de
transferts en chirurgie classique, survenus
au décours d’interventions procto-
logiques. Au cours de la dernière période
(figure 5),nous avons utilisé des indica-
teurs de qualité et l’unique intervention
adaptée pour l’ambulatoire dans le cadre
de l’hémorroïdectomie est celle effectuée
au bistouri radiofréquence.
Les transferts de l’unité d’ambulatoire vers
l’hospitalisation classique avec nécessité
de passer au moins une nuit à l’hôpital sont
toujours survenus, dans notre expérience,
après intervention sur des hémorroïdes et
étaient dus à un saignement. Certains sai-
gnements modérés ne nécessitaient pas de
réintervention mais ont justifié l’hospitali-
sation pour une surveillance d’une nuit
devant l’inquiétude du patient vivant loin
d’un centre hospitalier.
Le risque hémorragique a été pratiquement
annulé par l’utilisation de la radio-
fréquence dans l’hémorroïdectomie, ce qui
nous autorise aujourd’hui à laisser repartir
ces patients chez eux sans souci.
Dans 29 % des cas, les patients de notre
service viennent d’autres régions d’Italie.
Depuis l’introduction de cette technique,
nous n’avons plus réhospitalisé de patients
pour des problèmes hémorragiques. Les
deux cas rapportés dans le deuxième
Hémorroïdectomie
à la pince
automatique 84 (24,3 %)
Hémorroïdectomie
Ligasure (radiofréquence)
345 (85,7 %)
Figure 3. Proportions de malades opérés par
une technique d’hémorroïdectomie clas-
sique et par méthode d’anopexie.
Total
des hémorroïdectomies 345
Transferts en
hospitalisation 2 (0,6 %)
Figure 5. L’incidence de transferts en chi-
rurgie classique survenus au décours d’in-
terventions proctologiques (hémorroïdecto-
mies) entre 2000 et 2002.
Total
des hémorroïdectomies 743
Transferts en
hospitalisation 40 (5,3 %)
Figure 4. L’incidence de transferts en chi-
rurgie classique survenus au décours d’in-
terventions proctologiques (hémorroïdecto-
mies) entre 1993 et 1999.
tableau peuvent être imputés à la période
d’apprentissage du Ligasure lorsque nous
ne l’utilisions pas encore pour la section
cutanée. Par ailleurs, la diminution des
phénomènes douloureux, liée à l’absence
de nécrose des tissus, en a fait notre inter-
vention élective pour l’hémorroïdectomie.
Critères de qualité
L’utilisation des indicateurs de qualité per-
met un contrôle constant du choix même et
des risques de l’intervention la plus adap-
tée à la chirurgie ambulatoire. Les indica-
teurs que nous utilisons sont les suivants :
– le pourcentage de réinterventions par rap-
port au nombre d’interventions, qui permet
d’évaluer la qualité de l’intervention ;
– le pourcentage de transferts en chirurgie
classique pour la nuit par rapport au
nombre d’interventions, qui évalue les
complications ;
– le pourcentage de sorties dans les
6heures par rapport au nombre d’inter-
ventions, qui évalue aussi la qualité de l’in-
tervention ;
– le pourcentage d’appels téléphoniques
postopératoires urgents par rapport au
nombre d’interventions qui permet d’éva-
luer surtout la qualité des informations
préalablement fournies ;
– le pourcentage de réhospitalisations, qui
évalue les complications tardives.
Nous utilisons d’autres indicateurs de qua-
lité qui concernent plus l’organisation de
l’unité d’ambulatoire sous ses aspects plus
administratifs que le domaine des inter-
ventions proctologiques.
CP/MARS 03 31/03/03 10:38 Page 27
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !