CP/MARS 03 31/03/03 10:38 Page 26 F e n ê t r e s u r . . . Chirurgie ambulatoire en proctologie : l’expérience italienne de Mestre-Venise ● V. Pezzangora, R. Lion, C. Gasparini* E n 1993, une unité de chirurgie ambulatoire a été inaugurée à l’hôpital de Mestre-Venise, dotée de 4 lits et d’un personnel infirmier exclusivement réservé au fonctionnement de cette unité. Depuis, 12 320 interventions ont pu être effectuées ; elles étaient réparties de la façon suivante : Hernies : Proctologie : Phlébologie : Autres : 4 825 soit 40 % 3 018 soit 24 % 2 623 soit 21 % 1 854 soit 15 % ront être traités en hospitalisation classique avec plusieurs nuits passées à l’hôpital. Les interventions de proctologie effectuées à l’hôpital de Mestre-Venise en unité de chirurgie ambulatoire, entre le 1er janvier 1993 et le 30 septembre 2002, au nombre de 3 018 sont rapportées dans la figure 2. L’anesthésie utilisée a toujours été locale ou locorégionale. Pour l’hémorroïdectomie, un bloc périnéal était fait selon la technique de M.C. Marti à l’aide de xylocaïne à 1% tamponnée par du bicarbonate de sodium. En préopératoire La figure 1 compare le nombre d’actes effectués en ambulatoire (avec sortie au maximum 6 heures après l’intervention) aux actes effectués en hospitalisation classique (une ou plusieurs nuits passées à l’hôpital). Hospitalisation classique (40,2 %) Un interrogatoire tres minutieux, en particulier des antécédents médicaux et des traitements en cours, et un examen clinique complet et précis sont indispensables. En revanche, les examens paracliniques ne sont demandés qu’en fonction des besoins cliniques. On remet ensuite au patient, qui le signe, un document d’information le plus complet possible dans lequel est décrit le geste chirurgical conseillé, les détails de la période postopératoire et les traitements adaptés qui seront éventuellement propo- sés, les complications possibles et les moyens de joindre à tout moment les opérateurs de l’unité de chirurgie ambulatoire. Le jour de l’intervention Le patient entre à l’hôpital environ une heure avant l’heure prévue de l’intervention. Il est à nouveau revu et informé sur les modalités, du traitement puis signe le formulaire de consentement et celui préparé pour l’intervention elle-même. Une fois l’intervention exécutée, le patient retourne à pied et non en chariot dans un fauteuil de l’unité de chirurgie ambulatoire (pour ces patients, le repos au lit n’est pas nécessaire). Il attendra d’être revu par le chirurgien avant d’être libéré, au maximum deux heures plus tard. L’utilisation du bistouri radiofréquence dans le cadre de l’hémorroïdectomie permet de répondre à ce besoin de facilité, rapidité et sécurité. Critères de choix de l’intervention À qualité égale de résultats, on devra privilégier les interventions répondant aux Chirurgie ambulatoire (59,8 %) Figure 1. Répartition de l’activité chirurgicale ambulatoire et traditionnelle. Il est important de souligner que ce qui relevait primitivement d’un choix personnel est devenu, au 1er octobre 2002, une obligation légale. En Italie, en fait, depuis cette date sont devenus opérationnels les “niveaux élémentaires d’assistance”, qui définissent les actes devant être traités exclusivement en chirurgie ambulatoire à l’exclusion d’un faible pourcentage d’actes qui, pour des raisons diverses (par exemple, sujets ASA 3 ou ASA 4), pour- Autres* (751) Rectocèles (72) Fistules anales (295) Hémorroïdectomies (1088) 0 200 400 600 800 1 000 1 200 *Autres : marisques, papilles hypertrophiées, thrombectomies, polypes, etc. * Paris. Figure 2. Principales affections proctologiques traitées chirurgicalement en ambulatoire entre janvier 1993 et septembre 2002 (n = 3018). 26 Le Courrier de colo-proctologie (IV) - n° 1 - janv - fév - mars 2003 CP/MARS 03 31/03/03 10:38 Page 27 F e n ê t r e Hémorroïdectomie à la pince automatique 84 (24,3 %) Hémorroïdectomie Ligasure (radiofréquence) 345 (85,7 %) Figure 3. Proportions de malades opérés par une technique d’hémorroïdectomie classique et par méthode d’anopexie. critères nécessaires pour la réalisation des interventions en ambulatoire : – facilité ; – rapidité ; – sécurité (critère prioritaire) ; – bonne acceptation. Critères d’exclusion des interventions proctologiques en chirurgie ambulatoire Ils sont au nombre de quatre, mais il faut signaler que, depuis 1996, les deux derniers critères ne sont plus pour nous synonymes d’exclusion : – raisons psychiatriques ou refus d’un geste sous anesthésie locale ; – raisons médicales (ASA 4 et parfois ASA 3) ; – raisons familiales ; – problèmes logistiques (domicilié à plus de 100 km de l’hôpital ou à plus d’une heure de voiture). Quelques chiffres Du début de l’année 2000 à septembre 2002, nous avons effectué 817 interventions de chirurgie proctologique, soit 23,7 % des 3 445 interventions de l’unité de chirurgie ambulatoire. Les hémorroïdectomies représentent 52,5 % des interventions proctologiques, soit 429 interventions. Pour les cas de prolapsus muco-hémorroïdaire circulaire, nous avons utilisé l’hémorroïdopexie à la pince automatique, technique que nous préférons pratiquer en hospitalisation classique. Pour les autres s u r . . . Total des hémorroïdectomies 743 Total des hémorroïdectomies 345 Transferts en hospitalisation 40 (5,3 %) Transferts en hospitalisation 2 (0,6 %) Figure 4. L’incidence de transferts en chirurgie classique survenus au décours d’interventions proctologiques (hémorroïdectomies) entre 1993 et 1999. Figure 5. L’incidence de transferts en chirurgie classique survenus au décours d’interventions proctologiques (hémorroïdectomies) entre 2000 et 2002. cas, nous avons pratiqué une hémorroïdectomie type Milligan-Morgan, réalisée au bistouri radiofréquence. Les proportions de malades opérés par une technique d’hémorroïdectomie classique et par méthode d’anopexie sont rapportées dans la figure 3. Les figures 4 et 5 rapportent l’incidence de transferts en chirurgie classique, survenus au décours d’interventions proctologiques. Au cours de la dernière période (figure 5), nous avons utilisé des indicateurs de qualité et l’unique intervention adaptée pour l’ambulatoire dans le cadre de l’hémorroïdectomie est celle effectuée au bistouri radiofréquence. Les transferts de l’unité d’ambulatoire vers l’hospitalisation classique avec nécessité de passer au moins une nuit à l’hôpital sont toujours survenus, dans notre expérience, après intervention sur des hémorroïdes et étaient dus à un saignement. Certains saignements modérés ne nécessitaient pas de réintervention mais ont justifié l’hospitalisation pour une surveillance d’une nuit devant l’inquiétude du patient vivant loin d’un centre hospitalier. Le risque hémorragique a été pratiquement annulé par l’utilisation de la radiofréquence dans l’hémorroïdectomie, ce qui nous autorise aujourd’hui à laisser repartir ces patients chez eux sans souci. Dans 29 % des cas, les patients de notre service viennent d’autres régions d’Italie. Depuis l’introduction de cette technique, nous n’avons plus réhospitalisé de patients pour des problèmes hémorragiques. Les deux cas rapportés dans le deuxième tableau peuvent être imputés à la période d’apprentissage du Ligasure lorsque nous ne l’utilisions pas encore pour la section cutanée. Par ailleurs, la diminution des phénomènes douloureux, liée à l’absence de nécrose des tissus, en a fait notre intervention élective pour l’hémorroïdectomie. Le Courrier de colo-proctologie (IV) - n° 1 - janv - fév - mars 2003 27 Critères de qualité L’utilisation des indicateurs de qualité permet un contrôle constant du choix même et des risques de l’intervention la plus adaptée à la chirurgie ambulatoire. Les indicateurs que nous utilisons sont les suivants : – le pourcentage de réinterventions par rapport au nombre d’interventions, qui permet d’évaluer la qualité de l’intervention ; – le pourcentage de transferts en chirurgie classique pour la nuit par rapport au nombre d’interventions, qui évalue les complications ; – le pourcentage de sorties dans les 6 heures par rapport au nombre d’interventions, qui évalue aussi la qualité de l’intervention ; – le pourcentage d’appels téléphoniques postopératoires urgents par rapport au nombre d’interventions qui permet d’évaluer surtout la qualité des informations préalablement fournies ; – le pourcentage de réhospitalisations, qui évalue les complications tardives. Nous utilisons d’autres indicateurs de qualité qui concernent plus l’organisation de l’unité d’ambulatoire sous ses aspects plus administratifs que le domaine des interventions proctologiques. ■