que Dr. Barrette promet, mais c'est plutôt ce qui nous effraie. Ces médecins, travaillant donc
sous pression de performance, diminueraient la qualité de leurs soins par, entre autres, par:
1. Une diminution du temps alloué pour les visites par souci de pouvoir assurer le
quota de patients, menant éventuellement à une perte d'efficacité des soins de ce
dernier et donc une fréquence de visites plus grande en clinique;
2. Plus de consultations, et ce, parfois inappropriées aux spécialistes, dû à un
manque de temps pour établir le bon diagnostic lors des visites, causant par le fait
même une décentralisation problématique des soins d'un patient. Le meilleur
exemple consiste en un patient ayant des douleurs à la poitrine qu'il craint être de
cause cardiaque. Si la durée de sa visite est trop courte, le patient ne pourra pas
établir la relation de confiance requise pour que son médecin découvre qu'il
souffre d'anxiété, qui est en fait la cause de ses douleurs. Le médecin pourrait
croire qu'il faut alors le référer pour des évaluations chez un cardiologue alors
qu'il avait en fait besoin de psychothérapie;
3. La crainte de prendre en charge de patients vulnérables ou complexes par
soucis d'avoir un bon taux d'assiduité et être dit "efficaces", puisque ces patients
ont tendance à avoir des problèmes plus graves, les menant à consulter plus
souvent à l'urgence que des patients généralement en bonne santé;
4. Une augmentation des coûts pour le système de santé et une diminution de
l'accessibilité des soins, suite aux points ci-dessus.
Dans son allocution du 28 novembre, Dr. Barrette estime qu'un grand nombre de médecins de
famille (au moins 50%) refuseront de changer leur façon de travailler par les façons décrites
ci-haut et accepteront la baisse de la rémunération de 30%. Sur ce point, nous sommes
d'accord avec le ministre, mais pas pour les mêmes raisons. Nous affirmons que ces
médecins le feraient non pas pour demeurer paresseux, comme il le prétend, mais plutôt pour
conserver la qualité des services qu'ils fournissent actuellement. Or, en quoi est-ce sensé
d'augmenter le nombre de patients requis par médecin de famille si ce dernier se juge
incapable de le faire tout en assurant la même qualité des soins? Qu'est-ce qu’il y a d'éthique
dans le choix de pénaliser les médecins qui choisissent de rester fidèles à leurs patients et
continuer à les traiter de façon appropriée, économisant ainsi énormément de coûts en bout
de ligne pour le système et améliorant ainsi réellement l'accessibilité aux soins? Leur
approche ne devrait-elle pas être louangée, plutôt que discréditée?
Enfin, il ne faut pas oublier les conséquences à long terme que ce projet de loi entraînerait si
appliqué. En dévalorisant à ce point la médecine familiale et en exigeant aux médecins
d'atteindre des cibles d'inscription et des taux d'assiduité qui sont complètement irréalistes, il
ne pourra que causer un désintérêt des étudiants en médecine à choisir la médecine de
famille comme carrière. Alors que dans les dernières années les programmes de résidence de
médecine familiale ont eu des taux record d'admission, jusqu'à devoir faire le choix entre
certains candidats, il est clair qu'avec la loi 20 le travail des dix dernières années à valoriser
la profession sera complètement perdu, au détriment de la population et de façon
contreproductive aux objectifs de ce projet de loi.