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Fin de vie :
accompagner l’enfant et sa famille
La confrontation à la fin de vie
d’un enfant fait prendre
conscience aux soignants
de toute l’importance de relier le
professionnel et l’humain.
Si les émotions sont totalement
niées, la communication
avec l’enfant, sa famille ou entre
soignants est tronquée, car
l’empathie est insuffisante.
Un travail a été mené au sein d’une équipe
pluridisplinaire de réanimation pédiatrique(1)
afi n de réfl échir à la façon d’accompagner les
enfants dont le pronostic vital est engagé et
leur famille. La spécifi cité des maladies neuro-
musculaires amène à être régulièrement con-
fronté au décès d’enfants. Il en découle une
grande souffrance pour les familles mais aussi
pour le personnel soignant.
Annoncer et expliquer le pronostic est primor-
dial notamment pour adapter le comportement
et l’écoute de l’équipe vis-à-vis de l’enfant et
de sa famille. Le médecin qui effectue cette
démarche auprès des parents veille, pen-
dant ce moment, à être entièrement dispo-
nible et à prendre le temps de les écouter et
de les informer. En dialoguant avec la famille,
le médecin rassure et surtout s’engage sur la
poursuite de soins visant à ce que leur enfant
souffre le moins possible physiquement et
psychologiquement. Il est important que
chaque soignant soit en accord avec l’équipe
et avec lui-même. Chaque situation étant sin-
gulière, chaque enfant et chaque famille uni-
ques, à chaque fois un travail psychologique
est nécessaire, sur le plan personnel et profes-
sionnel, pour accepter la situation présente.
Dès l’annonce du pronostic létal jusqu’aux
derniers instants et même au-delà, la pro-
fondeur et la vérité du lien établi entre les
soignants, l’enfant et ses parents sont essen-
tielles. Il s’agit alors de ne pas fuir et au
contraire de montrer que l’on peut être dans
une relation soignante même si on ne se situe
pas dans la parole de guérison ou à visée
curative.
Trois conditions au moins sont nécessaires
pour que l’accompagnement des enfants en
fi n de vie et de leur famille se déroule le mieux
possible. La première touche l’équilibre psy-
chologique de chaque membre de l’équipe.
Le décès est une séparation irréversible qui
réactive toutes celles, personnelles et profes-
sionnelles, auxquelles chacun est confronté
et dont le travail de deuil est plus ou moins
élaboré.
La deuxième concerne l’équipe qui doit se
réunir pour analyser la situation de chaque
enfant et dire explicitement que le pronostic
vital est engagé. La façon de se situer dans
l’accompagnement est décidée ensemble ce
qui confère une cohérence aux propos tenus
et permet d’éviter les contradictions et les
faux espoirs. Il en découle la possibilité pour
chacun d’assumer son rôle et une plus grande
complémentarité.
La troisième a trait à l’organisation du travail.
Il est souhaitable de l’envisager à deux afi n de
diminuer la solitude, l’angoisse et la culpabilité
de chaque soignant et de favoriser leur soutien
mutuel. La possibilité de parler de ce qui a été
vécu permet de prendre de la distance et amé-
liore la qualité de l’accompagnement.
n
MF
(1) M. Derome, Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adoles-
cence, 2005, 53 : 166-75.
UNE EXPRESSION CONTRÔLÉE
A titre d’exemple, les mécanismes de régu-
lation de l’expression des gènes synaptiques
ont été récemment identifi és. Dans le muscle
adulte, les protéines ayant une fonction
synaptique (comme le récepteur à l’acé-
tylcholine) sont codées par des gènes
dits synaptiques. Ces gènes sont spécifi que-
ment exprimés par quelques noyaux situés
directement sous la terminaison nerveuse
(noyaux sous-neuraux). Ces mêmes gènes
ne sont pas exprimés dans les noyaux situés
plus loin de la jonction neuromusculaire
(noyaux extra-synaptiques). Ce phénomène
s’explique par l’action conjointe de deux
mécanismes régulateurs contrôlés par l’inner-
vation motrice.
D’une part, des facteurs neuraux (agrine
et neurégulines), stimulent localement (dans
les noyaux sous-neuraux) l’expression
des gènes synaptiques. D’autre part, cette
expression est réprimée par l’activité élec-
trique dans les régions extra-synaptiques de
la fi bre musculaire.
Les IIIe Journées Annuelles de
la Société Française de myologie
(SFM) se sont déroulées les
20 et 21 octobre derniers,
à l’Institut de Myologie à Paris.
Cette édition consacrée
à la « jonction neuromusculaire,
biologie et pathologie »
a, notamment, abordé les syndromes
myasthéniques congénitaux et la
myasthénie autoimmune.
IIIe JOURNÉES DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE MYOLOGIE
Compte Rendu
Comprendre et traiter les syndromes myas-
théniques congénitaux (SMC) et la myasthénie
autoimmune (MAI) nécessite de connaître le
fonctionnement de la jonction neuromuscu-
laire (JNM). Grâce à des progrès déterminants
dans les techniques d’imagerie et de micros-
copie, des avancées considérables dans la
compréhension de ces maladies ont été réali-
sées ces dix dernières années.
Cliniqueinfo
DMD :
intrication respiratoire
Les atteintes cardiaques et pulmonaires
sont systématiques chez les patients
atteints de dystrophie musculaire de
Duchenne (DMD). La cardiomyopathie est
en règle diffuse, plus ou moins précoce,
très longtemps asymptomatique quelle
que soit la sévérité de l’atteinte. En effet,
l’atteinte cardiaque, bien que présente
sur les investigations complémentaires,
reste habituellement asymptomatique jus-
qu’à l’adolescence voire à des stades plus
tardifs de la maladie. Elle devient sympto-
matique chez environ 60% des patients et
la moitié d’entre eux rapportent des symp-
tômes au-delà de 18 ans.
Impliquant d’abord le ventricule gauche, la
cardiomyopathie dilatée peut entraîner une
dyspnée et d’autres symptômes d’insuf-
fi sance cardiaque congestive. Ces symp-
tômes peuvent être communs à l’atteinte
respiratoire et confondus avec celle-ci.
Inversement, l’insuffisance respiratoire
chronique de type restrictif peut engen-
drer une hypoxémie et une hypercapnie,
s’aggravant notamment pendant le som-
meil (importance des explorations noc-
turnes). Il peut en résulter une hypertension
artérielle pulmonaire et une insuffisance
ventriculaire droite. De plus, les patients
atteints de DMD risquent de développer
des troubles du rythme (arythmies ventri-
culaires) mettant en jeu le pronostic vital.
Une dysfonction systolique et des trou-
bles du rythme ventriculaires précoces
sont des facteurs prédictifs de mortalité.
Si certaines études suggèrent que la fai-
blesse musculaire respiratoire et périphé-
rique tend à être inversement liée au risque
d’insuffisance cardiaque, d’autres sug-
gèrent que l’insuffisance respiratoire et
l’insuffisance cardiaque gauche tendent
à survenir parallèlement.
Une évaluation régulière et systématique de
l’état cardiaque (ECG, holter, échographie,
scintigraphie) ainsi qu’une vigilance parti-
culière en cas d’intervention chirurgicale,
de symptômes (malaise, palpitations…) et
d’insuffi sance respiratoire non compensée
permettent de mettre en œuvre une prise
en charge adaptée. Au stade asympto-
matique, l’électrocardiogramme montre
différentes anomalies prédictives de la
pathologie cardiaque (tachycardie sinu-
sale, grandes ondes R en V1, profondes
ondes Q dans plusieurs dérivations, aug-
mentation de la dispersion de l’intervalle
QT). L’échocardiographie peut mettre en
évidence une dysfonction systolique dès
la première décade de vie. La scintigra-
phie (mesure de la fraction d’éjection iso-
topique), moins sensible aux déformations
thoraco-vertébrales, apporte des informa-
tions supplémentaires notamment s’il y
a un doute à l’échographie. Chez environ
90% des patients atteints de DMD, il existe
une atteinte cardiaque asymptomatique ou
cliniquement avérée.
n PL, EB
JD. Finder et coll., American Journal of Respiratory &
Critical Care Medecine, 2004, 170(4) : 456-65.
J. Finsterer et coll., Cardiology, 2003, 99 : 1-19.
Psychologie