Éditorial
Myoline
Bulletin d’information mĂ©dicale sur les maladies neuromusculaires
L’équipe pluridisciplinaire assurant le suivi mĂ©dical des patients atteints
d’une maladie neuromusculaire peut jouer un rîle pour les aidants familiaux en
les intégrant dans le projet de soins.
ReconnaĂźtre les situations de crise permet de mettre en place les ressources
mĂ©dicosociales nĂ©cessaires Ă  l’amĂ©lioration de la qualitĂ© de vie des couples
aidants-aidés.
niveau d’intensitĂ© (modĂ©rĂ©e Ă  importante). Un tiers
d’entre eux ont une qualitĂ© de vie significativement
moins bonne que celle de la population générale. Dix
pour cent de ces aidants expriment une souffrance
anxiodépressive relativement intense car dépassant le
seuil pathologique.
L’amĂ©lioration de la prise en charge des personnes
atteintes de MNM a augmenté leur espérance de vie
et beaucoup vivent Ă  domicile. Assurer les soins quoti-
diens demande aux proches un investissement impor-
tant qui n’est pas sans incidence sur leur santĂ©, leur
vie professionnelle et sociale. Cette Ă©tude montre l’im-
portance de se soucier de la santé des proches for-
tement impliquĂ©s dans les soins quotidiens. L’emploi
de questionnaires validés, autoadministrés apparaßt
utile pour identiïŹ er les personnes de l’entourage du
malade présentant des signes de détresse psycho-
logique et une qualité de vie particuliÚrement altérée.
Toutes les interactions environnementales matérielles
et affectives susceptibles d’amĂ©liorer ou de diminuer
la qualitĂ© de vie du couple aidant-aidĂ© doivent ĂȘtre
reconnues.
Diverses Ă©tudes ont cherchĂ© Ă  prĂ©ciser « l’aide aux
aidants » : inclure le malade dans un projet de vie
personnalisĂ© et de soins planiïŹ Ă©s, accĂ©der facilement
Ă  un coordinateur de soins, contrĂŽler et accompa-
gner les symptÎmes du malade, maintenir la qualité
de vie des aidants, rendre disponible des soins de
répit, accompagner et assister les familles dans leurs
décisions pour un projet de soins global adapté à la
progression de la maladie, informer les Ă©quipes soi-
gnantes, les aidants et les patients sur la maladie et
ses conséquences, encourager la participation active
des malades et de leur famille dans le milieu asso-
ciatif : fonction bĂ©nĂ©ïŹ que de soutien social exercĂ©e
par la participation active aux activités organisées
par une association de malades (diminution de 50 Ă 
70 % du stress Ă©motionnel, amĂ©lioration du bien-ĂȘtre
psychologique).
n
CR
(1) F. Boyer et coll., Annales de
RĂ©adaptation et de MĂ©decine
Physique, 2005.
Le 6 octobre 2005, le
ministre de la Santé et
des Solidarités, Xavier
Bertrand, a signé un
arrĂȘtĂ© sur labellisation de
centres de réfrérence pour
une maladie rare ou un
groupe de maladies rares.
Ainsi, les consultations
multidisciplinaires de Lille
(adultes et enfants) ont
été désignées en tant
que centre de référence
pour les maladies
neuromusculaires (MNM).
C’est le quatriùme centre
labellisé, le coordonnateur
est le Pr Thevenon,
clinique de rééducation,
de réadaptation et de soins
de suites, hĂŽpital Pierre
Swynghedauw, CHU de
Lille. Les trois premiers
centres de référence
labellisés pour les MNM,
pour mĂ©moire, l’Institut
de Myologie (associé
aux hĂŽpitaux Trousseau,
Rothschild et Tenon,
coordonnateur : Pr Eymard),
l’hĂŽpital Raymond PoincarĂ©
de Garches (en association
avec les Ă©quipes de
Necker, de Créteil et de
Hendaye, coordonnateur :
Pr Estournet), le CHU
de Nice et l’hîpital
de la Timone Ă  Marseille
(troisiĂšme pĂŽle,
coordonnateurs :
Pr Desnuelle et Pr Poujet)
avaient été labellisés en
novembre 2004. L’AFM
rappelle que les malades
résidant hors des régions
de ces quatre centres
doivent continuer Ă  se
tourner vers le réseau des
consultations spécialisées.
n
EB
Une étude française(1) a évalué, chez les aidants fami-
liaux de malades adultes atteints de maladies neuro-
musculaires (MNM) et vivant au sein de leur domicile
familial, les liens entre la charge de soins, leur qua-
lité de vie et la santé mentale perçues. Ces aidants
assurent des soins auprĂšs de 59 personnes atteintes
de MNM (dystrophie musculaire de Duchenne ou de
Becker, dystrophie myotonique de Steinert, dystro-
phie facio-scapulo-humérale, amyotrophie spinale
infantile, myopathie des ceintures, dystrophie mus-
culaire congénitale et atteinte myogÚne ; ùge moyen :
32,1 ans, +/– 15,2). Parmi les 59 aidants interrogĂ©s
(81% de femmes), on compte 35 parents (31 mĂšres
et 4 pùres), 20 conjoints, une sƓur, une grand-mùre
et 2 amis (ñge moyen : 50 ans, +/– 11). Les aidants
ont rempli le questionnaire du « fardeau de Zarit »
(22 items) évaluant la charge de travail matérielle et
affective ressentie par l’aidant principal (scores allant
d’une absence de perception de « fardeau », Ă  lĂ©gĂšre,
modérée, importante). Le fonctionnement mental, le
bien-ĂȘtre psychologique, la symptomatologie anxieuse
et dépressive ont été mesurés en autoévaluation, res-
pectivement par deux questionnaires de qualité de vie
liée à la santé (SF-36 et GHQ-12) et le Hospital Anxiety
and Depression Scale (HADS).
Un peu plus de la moitié de ces aidants expriment
une charge de soins perçue de troisiÚme à quatriÚme
n° 81
Novembre/DĂ©cembre 2005
mieux cerner
les difficultés des aidants familiaux
1 Prise en charge : mieux cerner les difïŹ cultĂ©s
des aidants familiaux
2 Fin de vie : accompagner l’enfant et sa famille
2 DMD : intrication cardiorespiratoire
2-3 Compte Rendu : IIIe Journées de la Société
Française de Myologie
3 Le mycophénolate mofétil dans la myasthénie :
Un risque accru de lymphome
4 Flash Sciences
Parution
Annonces
Prise
en charge :
2
Fin de vie :
accompagner l’enfant et sa famille
La confrontation Ă  la fin de vie
d’un enfant fait prendre
conscience aux soignants
de toute l’importance de relier le
professionnel et l’humain.
Si les Ă©motions sont totalement
niées, la communication
avec l’enfant, sa famille ou entre
soignants est tronquée, car
l’empathie est insuffisante.
Un travail a Ă©tĂ© menĂ© au sein d’une Ă©quipe
pluridisplinaire de réanimation pédiatrique(1)
aïŹ n de rĂ©ïŹ‚ Ă©chir Ă  la façon d’accompagner les
enfants dont le pronostic vital est engagé et
leur famille. La spĂ©ciïŹ citĂ© des maladies neuro-
musculaires amĂšne Ă  ĂȘtre rĂ©guliĂšrement con-
frontĂ© au dĂ©cĂšs d’enfants. Il en dĂ©coule une
grande souffrance pour les familles mais aussi
pour le personnel soignant.
Annoncer et expliquer le pronostic est primor-
dial notamment pour adapter le comportement
et l’écoute de l’équipe vis-Ă -vis de l’enfant et
de sa famille. Le médecin qui effectue cette
démarche auprÚs des parents veille, pen-
dant ce moment, Ă  ĂȘtre entiĂšrement dispo-
nible et Ă  prendre le temps de les Ă©couter et
de les informer. En dialoguant avec la famille,
le mĂ©decin rassure et surtout s’engage sur la
poursuite de soins visant Ă  ce que leur enfant
souffre le moins possible physiquement et
psychologiquement. Il est important que
chaque soignant soit en accord avec l’équipe
et avec lui-mĂȘme. Chaque situation Ă©tant sin-
guliĂšre, chaque enfant et chaque famille uni-
ques, Ă  chaque fois un travail psychologique
est nécessaire, sur le plan personnel et profes-
sionnel, pour accepter la situation présente.
DĂšs l’annonce du pronostic lĂ©tal jusqu’aux
derniers instants et mĂȘme au-delĂ , la pro-
fondeur et la vérité du lien établi entre les
soignants, l’enfant et ses parents sont essen-
tielles. Il s’agit alors de ne pas fuir et au
contraire de montrer que l’on peut ĂȘtre dans
une relation soignante mĂȘme si on ne se situe
pas dans la parole de guérison ou à visée
curative.
Trois conditions au moins sont nécessaires
pour que l’accompagnement des enfants en
ïŹ n de vie et de leur famille se dĂ©roule le mieux
possible. La premiĂšre touche l’équilibre psy-
chologique de chaque membre de l’équipe.
Le décÚs est une séparation irréversible qui
réactive toutes celles, personnelles et profes-
sionnelles, auxquelles chacun est confronté
et dont le travail de deuil est plus ou moins
élaboré.
La deuxiĂšme concerne l’équipe qui doit se
réunir pour analyser la situation de chaque
enfant et dire explicitement que le pronostic
vital est engagé. La façon de se situer dans
l’accompagnement est dĂ©cidĂ©e ensemble ce
qui confÚre une cohérence aux propos tenus
et permet d’éviter les contradictions et les
faux espoirs. Il en découle la possibilité pour
chacun d’assumer son rîle et une plus grande
complémentarité.
La troisiùme a trait à l’organisation du travail.
Il est souhaitable de l’envisager Ă  deux aïŹ n de
diminuer la solitude, l’angoisse et la culpabilitĂ©
de chaque soignant et de favoriser leur soutien
mutuel. La possibilité de parler de ce qui a été
vécu permet de prendre de la distance et amé-
liore la qualitĂ© de l’accompagnement.
n
MF
(1) M. Derome, Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adoles-
cence, 2005, 53 : 166-75.
UNE EXPRESSION CONTRÔLÉE
A titre d’exemple, les mĂ©canismes de rĂ©gu-
lation de l’expression des gùnes synaptiques
ont Ă©tĂ© rĂ©cemment identiïŹ Ă©s. Dans le muscle
adulte, les protéines ayant une fonction
synaptique (comme le rĂ©cepteur Ă  l’acĂ©-
tylcholine) sont codées par des gÚnes
dits synaptiques. Ces gĂšnes sont spĂ©ciïŹ que-
ment exprimés par quelques noyaux situés
directement sous la terminaison nerveuse
(noyaux sous-neuraux). Ces mĂȘmes gĂšnes
ne sont pas exprimés dans les noyaux situés
plus loin de la jonction neuromusculaire
(noyaux extra-synaptiques). Ce phénomÚne
s’explique par l’action conjointe de deux
mĂ©canismes rĂ©gulateurs contrĂŽlĂ©s par l’inner-
vation motrice.
D’une part, des facteurs neuraux (agrine
et neurégulines), stimulent localement (dans
les noyaux sous-neuraux) l’expression
des gùnes synaptiques. D’autre part, cette
expression est rĂ©primĂ©e par l’activitĂ© Ă©lec-
trique dans les régions extra-synaptiques de
la ïŹ bre musculaire.
Les IIIe Journées Annuelles de
la Société Française de myologie
(SFM) se sont déroulées les
20 et 21 octobre derniers,
à l’Institut de Myologie à Paris.
Cette édition consacrée
à la « jonction neuromusculaire,
biologie et pathologie »
a, notamment, abordé les syndromes
myasthéniques congénitaux et la
myasthénie autoimmune.
IIIe JOURNÉES DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE MYOLOGIE
Compte Rendu
Comprendre et traiter les syndromes myas-
théniques congénitaux (SMC) et la myasthénie
autoimmune (MAI) nécessite de connaßtre le
fonctionnement de la jonction neuromuscu-
laire (JNM). Grùce à des progrÚs déterminants
dans les techniques d’imagerie et de micros-
copie, des avancées considérables dans la
compréhension de ces maladies ont été réali-
sées ces dix derniÚres années.
Cliniqueinfo
DMD :
intrication respiratoire
Les atteintes cardiaques et pulmonaires
sont systématiques chez les patients
atteints de dystrophie musculaire de
Duchenne (DMD). La cardiomyopathie est
en rÚgle diffuse, plus ou moins précoce,
trĂšs longtemps asymptomatique quelle
que soit la sĂ©vĂ©ritĂ© de l’atteinte. En effet,
l’atteinte cardiaque, bien que prĂ©sente
sur les investigations complémentaires,
reste habituellement asymptomatique jus-
qu’à l’adolescence voire à des stades plus
tardifs de la maladie. Elle devient sympto-
matique chez environ 60% des patients et
la moitiĂ© d’entre eux rapportent des symp-
tĂŽmes au-delĂ  de 18 ans.
Impliquant d’abord le ventricule gauche, la
cardiomyopathie dilatée peut entraßner une
dyspnĂ©e et d’autres symptĂŽmes d’insuf-
ïŹ sance cardiaque congestive. Ces symp-
tĂŽmes peuvent ĂȘtre communs Ă  l’atteinte
respiratoire et confondus avec celle-ci.
Inversement, l’insuffisance respiratoire
chronique de type restrictif peut engen-
drer une hypoxémie et une hypercapnie,
s’aggravant notamment pendant le som-
meil (importance des explorations noc-
turnes). Il peut en résulter une hypertension
artérielle pulmonaire et une insuffisance
ventriculaire droite. De plus, les patients
atteints de DMD risquent de développer
des troubles du rythme (arythmies ventri-
culaires) mettant en jeu le pronostic vital.
Une dysfonction systolique et des trou-
bles du rythme ventriculaires précoces
sont des facteurs prédictifs de mortalité.
Si certaines Ă©tudes suggĂšrent que la fai-
blesse musculaire respiratoire et périphé-
rique tend Ă  ĂȘtre inversement liĂ©e au risque
d’insuffisance cardiaque, d’autres sug-
gùrent que l’insuffisance respiratoire et
l’insuffisance cardiaque gauche tendent
Ă  survenir parallĂšlement.
Une évaluation réguliÚre et systématique de
l’état cardiaque (ECG, holter, Ă©chographie,
scintigraphie) ainsi qu’une vigilance parti-
culiùre en cas d’intervention chirurgicale,
de symptîmes (malaise, palpitations
) et
d’insufïŹ sance respiratoire non compensĂ©e
permettent de mettre en Ɠuvre une prise
en charge adaptée. Au stade asympto-
matique, l’électrocardiogramme montre
différentes anomalies prédictives de la
pathologie cardiaque (tachycardie sinu-
sale, grandes ondes R en V1, profondes
ondes Q dans plusieurs dérivations, aug-
mentation de la dispersion de l’intervalle
QT). L’échocardiographie peut mettre en
Ă©vidence une dysfonction systolique dĂšs
la premiÚre décade de vie. La scintigra-
phie (mesure de la fraction d’éjection iso-
topique), moins sensible aux déformations
thoraco-vertébrales, apporte des informa-
tions supplĂ©mentaires notamment s’il y
a un doute Ă  l’échographie. Chez environ
90% des patients atteints de DMD, il existe
une atteinte cardiaque asymptomatique ou
cliniquement avérée.
n PL, EB
JD. Finder et coll., American Journal of Respiratory &
Critical Care Medecine, 2004, 170(4) : 456-65.
J. Finsterer et coll., Cardiology, 2003, 99 : 1-19.
Psychologie
Novembre/DĂ©cembre 2005
Myoline
Bulletin d’information mĂ©dicale sur les maladies neuromusculaires
n° 81
AFM
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Bulletin d’abonnement
3
Malgré des effets secondaires modérés à court terme et une
efficacité évidente, le traitement au long cours de la myasthénie par
le mycophĂ©nolate mofĂ©til peut ĂȘtre associĂ© Ă  un risque accru de
maladies lymphoprolifératives. En effet aprÚs trois ans de traitement,
une patiente, ùgée de 83 ans, a développé un lymphome primaire du
systĂšme nerveux central. C’est le premier cas rapportĂ© en dehors
d’une transplantation d’organe. L’ñge avancĂ© et la durĂ©e du traitement
peuvent avoir augmenté le risque.
Le mycophénolate mofétil (cellceptŸ) est un
agent immunosuppresseur. Il est indiqué en
association Ă  la ciclosporine et aux corticoĂŻdes
pour la prĂ©vention des rejets aigus d’organe
chez les patients ayant bĂ©nĂ©ïŹ ciĂ© d’une allo-
greffe rénale, cardiaque ou hépatique. Il est
aussi utilisé dans le traitement de la myas-
thénie.
Des études ont, en effet, montré que 50 à 70%
des patients (atteints de myasthénie) répon-
dent au mycophénolate mofétil sans présenter
d’effets secondaires graves.
Une Ă©quipe amĂ©ricaine rapporte le cas d’une
patiente diabétique, ùgée de 83 ans, ayant
développé une myasthénie : diplopie inter-
mittente, ptosis, fatigabilité et faiblesse mus-
culaire des extrémités et dysarthrie. Malgré
un traitement associant pyridostigmine et
prednisone, elle présentait, deux ans plus
tard environ, une perte progressive de la force
musculaire, une augmentation de la fatigabi-
litĂ©, une dyspnĂ©e Ă  l’effort et une dysphagie.
Le mycophénolate mofénil a alors été admi-
nistré à la dose de 1 gramme deux fois par
jour. AprÚs six semaines, une amélioration cer-
taine de la force musculaire a été rapportée
par la patiente, entraĂźnant une diminution des
doses de pyridostigmine et de prednisone. La
dyspnée et la dysphagie ont été totalement
résolues. Quant à la dysarthrie, elle était notée
simplement à la fin de la journée. Au cours
des six mois suivants, la dose quotidienne de
prednisone a encore été réduite et la pyridos-
tigmine interrompue. Le seul symptĂŽme per-
sistant était un léger ptosis droit survenant en
ïŹ n de journĂ©e.
Pendant deux ans, la réponse à ce traitement
s’est avĂ©rĂ©e satisfaisante sans effet secon-
daire notable, le nombre des leucocytes res-
tant dans les limites de la normale et celui des
lymphocytes tout Ă  fait acceptable. La sur-
venue d’une lymphocytopĂ©nie et d’une anĂ©mie
modĂ©rĂ©e ont justiïŹ Ă© la diminution de la dose
de mycophénolate mofétil à 0,5 gramme deux
fois par jour durant un mois.
AprĂšs trois ans de traitement, la patiente,
alors ùgée de 88 ans, a présenté des cépha-
lĂ©es modĂ©rĂ©es, une ïŹ Ăšvre lĂ©gĂšre et une difïŹ -
cultĂ© Ă  trouver les mots. L’IRM a montrĂ© une
lésion fronto-pariétale gauche circonscrite par
un ƓdĂšme et plusieurs lĂ©sions satellites. Une
analyse de la lésion principale a révélé un lym-
phome Ă  cellules B. Aucun signe de lymphome
n’a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© Ă  l’examen du thorax, de l’ab-
domen, du pelvis, du sang et de la moelle
osseuse. Le diagnostic de lymphome primaire
du systĂšme nerveux central liĂ© Ă  l’immunosup-
pression a été établi.
L’administration de mycophĂ©nolate mofĂ©til
a été interrompue. Six semaines plus tard, à
l’IRM, l’aspect de la tumeur Ă©tait nettement
amélioré et le nombre des lymphocytes était
normalisé. Au cours des neuf mois suivants,
l’aphasie et l’hĂ©miparĂ©sie droite ont rĂ©gressĂ©.
Le suivi IRM a montré une résolution pratique-
ment complĂšte du lymphome primaire du sys-
tĂšme nerveux central.
Les effets indésirables, les plus fréquents,
induits par le mycophénolate mofétil sont des
troubles digestifs (notamment diarrhée), une
diminution de la résistance aux infections due
à des troubles hématologiques (leucopénie),
des douleurs, de la ïŹ Ăšvre, des cĂ©phalĂ©es, une
hypertension artérielle et des oedÚmes. Par
ailleurs, les personnes recevant du mycophé-
nolate mofétil sont exposées à un risque accru
de lymphome et de tumeurs malignes notam-
ment cutanées.
S.Vernino et coll., Neurology, 2005, 65 : 639-41
Prescrire...
Le mycophénolate mofétil dans la myasthénie :
un risque accru de lymphome
UN RÉSEAU SMC
Les syndromes myasthéniques congénitaux
(SMC) sont des maladies héréditaires chroni-
ques, rares et invalidantes, débutant souvent
dùs l’enfance et pouvant mettre en jeu le pro-
nostic vital.
Ils forment un groupe d’affections hĂ©tĂ©rogĂšnes
tant sur le plan clinique que génétique, ce qui
explique la difïŹ cultĂ© d’un diagnostic physiopa-
thologique complet.
En 2001, un réseau clinique et de recherche
sur les SMC a été mis en place, réunissant les
services cliniques de neuropédiatrie et de neu-
rologie adulte et des laboratoires de recherche
spĂ©cialisĂ©s dans l’étude de la jonction neu-
romusculaire. Il a permis de développer pour
la premiùre fois en France l’approche et les
moyens nécessaires à une caractérisation des
SMC reposant sur la clinique, l’électromyogra-
phie, l’étude des jonctions neuromusculaires
sur biopsie musculaire et l’analyse gĂ©nĂ©tique.
Le réseau SMC a ainsi étudié les 100 patients
recensés dans la population française. Un dia-
gnostic molĂ©culaire a pu ĂȘtre donnĂ© pour 55
d’entre eux permettant un traitement adaptĂ©
et, pour certains, un conseil génétique.
MYASTHÉNIE ?
Plus de 80% des personnes atteintes de
myasthénie autoimmune fabriquent des auto-
anticorps se ïŹ xant sur les rĂ©cepteurs de l’acĂ©-
tylcholine (RACh). Parmi celles sans anticorps
anti-RACh, 41% ont des anticorps anti-MuSK.
Ces derniÚres se différencient par la résistance
au traitement par anti-cholinestérasiques.
EnïŹ n, certains patients atteints de myasthĂ©nie
n’ont pas d’anticorps anti-RACh ni d’anticorps
anti-MuSK.
La recherche de ces anticorps est importante,
notamment, dans la myasthénie autoimmune
néonatale, représentant 10% des nouveaux-
nés de mÚres myasthéniques. La présence
d’anticorps anti-RACh ou anti-MuSK chez un
enfant prĂ©sentant d’emblĂ©e une symptoma-
tologie sĂ©vĂšre et chez sa mĂšre permet d’éta-
blir le diagnostic de myasthénie néonatale et
de faire le diagnostic différentiel avec un syn-
drome myasthénique congénital (SMC). En
exemple, le cas d’une patiente ĂągĂ©e de 26
ans prĂ©sentant une diplopie et un pstosis ïŹ‚ uc-
tuants depuis l’ñge de 22 ans qui a accouchĂ©,
par cĂ©sarienne (hydramnios), d’un enfant
hypotonique, avec stridor et troubles respira-
toires nécessitant une intubation. La gravité
des symptĂŽmes observĂ©s chez l’enfant ainsi
que l’absence d’anticorps anti-RACh chez la
mĂšre et son ïŹ ls, ont orientĂ© vers un SMC. Des
analyses supplémentaires ont, en fait, révélé la
prĂ©sence d’anticorps anti-MuSK chez l’un et
l’autre, conïŹ rmant le diagnostic de myasthĂ©nie
autoimmune.
Des facteurs génétiques (antigÚnes HLA-B8 et
DR3) sont associés à la forme de myasthénie
touchant les femmes jeunes et comportant
une hyperplasie thymique. Plus récemment, il
a été montré que le gÚne CHRNA1 codant la
sous-unité alpha de RACh, est associé à une
forme de myasthénie débutant trÚs précocé-
ment. Des travaux ont rĂ©vĂ©lĂ©, chez l’animal,
un effet aggravant des Ɠstrogùnes dans la
maladie.
n AR
Reproduction sans but lucratif autorisĂ©e en mentionnant l’origine : Myoline, Bulletin d’information mĂ©dicale sur les maladies neuromusculaires, AFM BP59 91002 Evry Cedex
4
Myoline
AFM - BP59 - 91002 Evry Cedex
Directeur de la publication : Laurence TIENNOT-HERMENT
Directeur de la rédaction : Tuy Nga BRIGNOL
RĂ©dacteur en chef : Edwige BIARD
Maquette : Isabelle PEREIRA
email rĂ©daction : [email protected]
Ont collaboré à ce numéro :
Patrick LĂ©ger
Aurélias Reis
Christian RĂ©veillĂšre
Impression : Taag - 01 69 25 40 40
DépÎt légal : Octobre 2005
I.S.S.N. : 1169-5498
LGMD2A :
spectre Ă©largi
A ce jour, 17 formes de dystrophies muscu-
laires des ceintures (LGMD) ont été géné-
tiquement identifiées. Une équipe italienne
a analysé le gÚne CAPN3 (calpaïne 3) chez
530 sujets atteints de LGMD et 300 sujets
contrĂŽles. Quatre-vingt deux mutations de
CAPN3, dont 45 nouvelles, ont été ainsi iden-
tiïŹ Ă©es chez 141 patients. Les mutations de la
calpaïne 3 ont donc été retrouvées dans plus
d’un tiers des cas de LGMD, mais aussi chez
18,4% des patients atypiques et 12,6% des
sujets avec un taux de CK élevé. La LGMD2A,
classiquement liée à des mutations de CAPN3
apparaßt avoir un spectre phénotypique trÚs
varié. Il est aussi montré que dans la popula-
tion étudiée, une personne sur 103 est por-
teuse d’une mutation de CAPN3.
Piluso et coll., J Med Genet, 2005, 42(9) : 686-93
DMED-X :
cƓur à suivre
Selon une Ă©tude japonaise, une forme de
dystrophie musculaire d’Emery-Dreiffus liĂ©e
Ă  l’X associĂ©e Ă  une mutation non sens du
gÚne STA est caractérisée par un tableau cli-
nique atypique : symptĂŽmes musculaires trĂšs
modérés ou inexistants et complications car-
diaques sévÚres (bradychardie nécessitant
l’implantation d’un pacemaker, voire ïŹ brillation
auriculaire) pouvant entraĂźner une mort subite.
Un suivi régulier chez les familles porteuses de
ce type de mutation est préconisé.
Sakata et coll., Circulation, 2005, 111(25) : 3352-8
Atlas des MNM :
un guide pratique
Destiné aux médecins, neurologues et étu-
diants non spécialisés dans les maladies neu-
romusculaires, cet « atlas neuromusculaire »
est censé aider au diagnostic des maladies
neuromusculaires et Ă  tous les niveaux du sys-
tÚme nerveux périphérique. Il a été rédigé par
des neurologues américains et européens.
Le premier chapitre décrit les outils utilisés
pour Ă©tablir un diagnostic (interrogatoire, exa-
mens clinique et de laboratoire, Ă©lectrophy-
siologie, biopsie et génétique). Les chapitres
cliniques commencent par les nerfs craniaux,
suivent les radiculopathies, les mononeuro-
pathies des membres supérieurs/inférieurs
et du tronc ainsi que les polyneuropathies.
Viennent ensuite les maladies de la transmis-
sion neuromusculaire, les pathologies mus-
culaires et myotoniques puis, les maladies du
motoneurone. Le dernier chapitre est une aide
au diagnostic diffĂ©rentiel, il vise Ă  identiïŹ er les
signes et symptĂŽmes neuromusculaires asso-
ciés à une pathologie plus générale (diabÚte,
cancer
). Chaque sujet est abordé selon le
mĂȘme plan : localisation anatomique, signes
et symptÎmes, différentes étiologies, dia-
gnostic, diagnostic différentiel, thérapie, pro-
nostic, références bibliographiques.
Les schémas simples et les photos (histologie,
patients
) sont une part essentielle de cet
ouvrage bien structuré, aisément compréhen-
sible et offrant une revue synthétique et claire
des pathologies neuromusculaires.
Feldman, Grisold, Russell, Zifko : « Atlas of neuromuscular di-
seases : a practical guideline”, SpringerWienNewYork, 2005,
474p, prix : 211,86 euros.
ENMG
2006
Les 15e journĂ©es francophones d’électroneuro-
myographie se tiendront Ă  Grenoble du 15 au
17 mars prochain. Parmi les thÚmes abordés
en conférences, on note les neuropathies,
myopathies, canalopathies et les pathologies
du motoneurone ainsi que les stratégies
d’exploration et les recommandations de
bonne pratique. Des tables rondes traiteront
de l’interprĂ©tation des donnĂ©es ENMG et de la
place de celle-ci, en 2006, dans les maladies
neuromusculaires.
Renseignements : BCA, 6 boulevard du général Leclerc, 92115
Clichy Cedex. TĂ©l : 01 41 06 67 70. Fax : 01 41 06 67 79.
E-mail : [email protected] Site Internet : www.b-c-a.fr
Journées
de Neurologie
Les journées de neurologie de langue fran-
çaise auront lieu, à Toulouse au Centre de
CongrĂšs Pierre Baudis, du 12 au 15 avril 2006.
Sclérose en plaques, céphalées-migraines,
pathologie vasculaire, syndromes parkinso-
niens, neurogénétique et actualités thérapeuti-
ques sont les thÚmes programmés. Durant ces
3 jours d’enseignement supĂ©rieur de la neu-
rologie, des ateliers pratiques sont aussi pro-
posés (inscription préalable payante).
Renseignements : BCA, 6 boulevard du général Leclerc, 92115
Clichy Cedex. TĂ©l : 01 41 06 67 70. Fax : 01 41 06 67 79.
E-mail : [email protected] Site Internet : www.b-c-a.fr
ArthrodĂšse : la ventilation,
une priorité en postopératoire
Les techniques de rééducation respiratoire (ventilation par
percussions et hyperinsufïŹ‚ ations) couplĂ©es Ă  la ventilation
non invasive par voie nasale facilitent le sevrage de l’intuba-
tion endo-trachéale et la récupération de la capacité vitale
aprĂšs arthrodĂšse. Tels sont les rĂ©sultats d’une Ă©tude menĂ©e,
par une Ă©quipe de l’hĂŽpital Raymond PoincarĂ© (Garches)(1),
chez quatre vingt quatorze patients atteints de maladies
neuromusculaires hospitalisés pour une arthrodÚse verté-
brale. Ces enfants, ùgés en moyenne de 13 ans et demi lors
de l’intervention, ont Ă©tĂ© intubĂ©s pendant environ 10 jours
en postopĂ©ratoire. Pendant et aprĂšs l’intubation, ils ont Ă©tĂ©
traitĂ©s par des hyperinsufïŹ‚ ations et une ventilation par per-
cussions. Une ventilation non invasive par voie nasale a été
mise en place chez 39 % des patients aprĂšs extubation.
Au total, 70% des patients ont retrouvé leur capacité vitale
prĂ©opĂ©ratoire avant la fin de l’hospitalisation, les autres
l’ayant rĂ©cupĂ©rĂ©e dans un dĂ©lai de deux Ă  six mois aprĂšs
l’intervention.
Rappelons que l’arthrodùse rachidienne, chez un patient
atteint de maladie neuromusculaire, est généralement suivie
d’une perte de 50% de sa capacitĂ© vitale prĂ©opĂ©ratoire. Il
en rĂ©sulte que, non seulement la durĂ©e d’intubation est plus
longue que pour d’autres interventions mais aussi qu’une
prise en charge spĂ©ciïŹ que est nĂ©cessaire Ă  la rĂ©cupĂ©ration
des capacités ventilatoires préopératoires.
(1) M. Hamida et coll., communication libre lors du 9e congrÚs Méditerranéen de
Ventilation Non Invasive & Actualités en Réanimation (Lyon, 15 et 16 novembre
2005).
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