
SENAT
— SEANCE DU 17 SEPTEMBRE 1981
1529
II.
— A
remplacer les mots : « des demandeurs et titulaires
de dérogations », par les mots : « des organismes représentatifs
des radios locales privées » ;
III.
—
Après les mots : « de leurs compétences culturelles »,
ajouter : « ou juridiques. »
Par amendement n° 10 rectifié
bis,
M. Béranger et la for-
mation des sénateurs radicaux de gauche proposent d'introduire
un article additionnel 3-2
bis
ainsi rédigé :
« Art. 3-2 bis. — Les dérogations sont
délivrées
par le Pre-
mier ministre ou par le ministre délégué par celui-ci à cet effet,
après avis de commissions régionales présidées par un membre
du tribunal administratif et dont les membres nommés compren-
dront des représentants des associations représentatives des
demandeurs et titulaires de dérogation. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement, n° 28
rectifié, présenté par MM. Ciccolini, Carat, Parmantier et les
membres du groupe socialiste et apparenté, qui a pour objet
d'ajouter au texte proposé pour l'article 3-2
bis
de la loi du
3 juillet 1972 par l'amendement n° 10 rectifié
bis les disposi-
tions suivantes : « et des élus choisis parmi les conseillers régio-
naux
Ces deux amendements peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amende-
ment n 4 rectifié.
M. Charles
Pasqua,
rapporteur. Cet amendement a quatre
objets.
Premièrement, il transfère de l'article 3-3 au deuxième alinéa
de l'article 3-2
bis
les dispositions relatives au refus de déro-
gation.
Deuxièmement, il transfère de l'article 3-6 au deuxième alinéa
de l'article 3-2
bis
les dispositions relatives à la révocation ;
Troisièmement, il précise que les octrois ou renouvellements
de dérogation sont soumis au même régime — motivation et
avis de la commission consultative — que les refus et les révo-
cations ;
Quatrièmement, il indique les catégories de représentants que
le législateur tient à faire figurer — sans exclusion d'autres
catégories — au sein de la commission consultative.
Au cours de la discussion générale, j'ai déjà eu l'occasion
d'expliciter la position de la commission, mais je voudrais y
revenir.
En ce qui concerne le premier alinéa, le projet dispose que
les dérogations sont délivrées par le Premier ministre ou par
le ministre délégué par lui à cet effet. Il est juridiquement
logique qu'une dérogation à un monopole d'Etat soit délivrée au
nom de l'Etat par le ministre de tutelle qui, en l'occurrence,
c'est-à-dire aux termes de la loi de 1974, est le Premier ministre
ou le ministre délégué.
Le deuxième alinéa a trait à la commission consultative. Nous
avons indiqué qu'elle constituait l'un des deux garde-fous posés
par le projet contre les risques d'arbitraire. Bien faible garde-
fou en vérité ! Nous observerons que, selon l'usage, la commis-
sion n'est que consultative. En définitive, le ministre fera ce
qu'il voudra.
Cette commission est présidée par un membre du Conseil
d'Etat — nous ne pouvons qu'approuver ce principe — et
ses
membres sont nommés par décret. Il nous est apparu absolu-
ment nécessaire de préciser les choses à ce sujet, car la compo-
sition de la commission est capitale. Selon sa composition et
l'équilibre qui régnera en son sein, la loi pourra évoluer dans
un sens ou dans un autre.
Par ailleurs, le problème de la représentativité des associa-
tions se pose. Il existe déjà au moins cinq associations ou fédé-
rations. Ne s'en créera-t-il pas d'autres ? Lorsque des - deman-
deurs de dérogation n'auront pas obtenu satisfaction, ils auront
tendance à se regrouper et à former de nouvelles associations
de demandeurs. A partir de quelle importance du nombre
d'adhérents une association sera-t-elle jugée représentative ?
La commission consultative comprendra-t-elle au moins un
membre de toutes les associations ? Nous ne le savons pas.
Concernant les autres membres de la commission, nous sommes
également un peu dans le flou. Nous savons, du moins nous
l'imaginons, qu'on y trouvera des représentants de l'Etat dési-
gnés par le Premier ministre, le ministre de la communication,
le ministre de la culture et le ministre des P. T. T. De plus,
il leur sera adjoint — c'est normal — au moins un technicien
de T. D. • F. Mais la question de savoir si les représentants de
l'Etat seront majoritaires ou non dans cette commission nous
paraît extrêmement importante. Comme le Gouvernement peut
être tenté d'y introduire également des représentants des- sociétés '
de programme de service public, on imagine parfaitement vers
quoi pourrait tendre en définitive cet organisme.
D'autre part, la presse écrite demande à être représentée' au
sein de cette commission. C'est également le souhait que nous
avons formulé et que nous reprenons dans notre amendement.
De même, nous avons souhaité — mais, sur ce point vous nous
avez déjà donné un accord de principe; monsieur le ministre —
que des parlementaires siègent dans cette commission. Je
voudrais d'ailleurs suggérer que leur nombre soit au moins
égal à quatre afin que les deux assemblées ainsi que l'oppo-
sition et la majorité soient représentées.
Il nous paraît encore souhaitable que cette commission
comprenne
des
magistrats, parce qu'ils sont indépendants des
intérêts économiques et politiques.
En outre, il est bien évident que la possibilité d'y faire
siéger des personnalités choisies, selon la formule habituelle,
.« en raison de leur compétence », doit être laissée au Gouver-
nement.
L'idéal ou la logique voudraient que figurent aussi dans
cette commission des représentants des usagers. La représen-
tativité des associations pouvant être contestée, nous avons
pensé que la représentation des associations de consommateurs
au travers du bureau national qui les rassemble pourrait
répondre à cette préoccupation.
Telles sont les raisons pour lesquelles, monsieur le président,
monsieur le ministre, nous avons souhaité rédiger ainsi cet
amendement :
« Les dérogations sont délivrées par le Premier ministre ou
par le ministre délégué par celui-ci à cet effet.
« La décision relative à l'octroi, au. renouvellement, au refus
et à la révocation de toutes dérogations est motivée et prise
après avis d'une commission dont la composition est déterminée
par un décret en Conseil d'Etat et les membres nommés par
décret.
« Cette commission, présidée par un membre du Conseil
d'Etat, comprend notamment des représentants de l'Assemblée
nationale et du Sénat, du haut conseil de l'audiovisuel... » —
cela me paraît tout à fait indispensable, car il s'agit là d'un
organisme qui réfléchit à l'évolution des problèmes de l'audio-
visuel »... « des organisations professionnelles de la presse
écrite, des demandeurs et titulaires de dérogations, des asso-
ciations de défense des consommateurs, ainsi que des personnes
choisies en raison de leurs compétences culturelles. »
Enfin, nous avons précisé, ce qui nous paraît absolument
indispensable : « Les représentants de l'Etat sont en nombre
minoritaire. »
Tel est l'amendement que nous soumettons à l'approbation du
Sénat.
M. le
président.
La parole
est
à
Mine
Gros, pour
défendre
le sous-
amendement
n° 25
rectifié.
Mme Brigitte Gros.
Monsieur le président, mes chers col-
lègues, il s'agit du problème de l'autorisation d'émettre et des
dérogations au monopole.
Dans le système qui nous est proposé par le Gouvernement,
les membres de la commission seraient désignés par décret.
Or nous estimons qu'à partir du moment où une personne est
désignée par le pouvoir d'Etat, elle n'est pas totalement indé-
pendante. Il serait donc préférable d'avoir l'avis non pas d'une
commission constituée par décret, mais de l'organisme qui
existe déjà, à savoir la délégation parlementaire créée,
à
l'origine, pour l'O.R.T.F. — l'office de radiodiffusion-télévision
française. Ainsi le contrôle de l'objectivité serait exercé par le
Parlement lui-même. Cette délégation a réalisé un excellent
travail et M. le ministre Fillioud en faisait lui-même partie. En
conséquence, je vais plus loin que vous, monsieur le rapporteur,
car, en fait, vous maintenez la nomination par décret.
D'autre part, vous êtes beaucoup plus large que M. le ministre
puisque vous dites que cette commission devra comprendre
des représentants du Parlement, des associations locales et des
organisations professionnelles de la presse écrite. Très bien
Mais qui les désignera, monsieur le rapporteur ?
Le
pouvoir
d'Etat ?