cause originaire. Hérodote ne va pas articuler son récit comme les mythes, il va sʼen tenir
à examiner, répertorier des causes humaines, pour des actions humaines pour lʼhistoire
des hommes. Il ne va pas céder à la tentation de trouver un mode dʼexplication qui fait
appel aux dieux, aux demi-dieux. La proximité des dieux sont tels quʼils font des enfants
avec les hommes et quʼaucun prince nʼa pas au moins un souverain qui soit un demi-dieu.
Non, Hérodote veut se référer quʼà des causes humaines.
Mais il y a plus, et cʼest cela qui est révolutionnaire:
Hérodote va formuler une idée dont la modernité est absolument extraordinaire. Il va tout
simplement dire, constater les choses auraient pu se passer autrement. Les Grecs ont
gagnés les guerres médiques mais Hérodote dit que les Perses auraient pu gagner.
Où est la nouveauté dans ceci?
Il a introduit lʼincertitude dans les actions humaines. Cela fait que lʼhistoire est accidentelle
donc quʼelle nʼest pas écrite. Y-a-t-il une destinée dans ce cas? Hors la pensée mythique
repose sur lʼidée quʼil y aie une destinée et quʼil y a un sens de lʼhistoire. Hérodote doute
sur ce point qui est la pensée dominante de son temps.
Quoi de plus rassurant quʼune histoire décrite à lʼavance où des événements sont
inévitables.
Les choses auraient pu se passer autrement, cʼest-à-dire que les Perses auraient pu
gagner. Et pour Hérodote, les guerres médiques sont un enjeu de civilisation. Si les
Perses avaient été vainqueurs, ils auraient détruits la cité, lʼorganisation démocratique
grecque. Et donc, en consignant les causes des événements, Hérodote décèle un enjeu
quʼil qualifie dʼenjeu de civilisation opposant un modèle, celui de la cité grecque, qui
repose sur la “dike” (cʼest-à-dire la mesure) où règne une loi commune. Ceci donc, opposé
au régime Perse qui repose sur lʼHubris (cʼest-à-dire la démesure). Cʼest donc le
despotisme des rois qui règnent en souverain absolu!
La mesure opposée à la démesure! Opposition de deux modèles dʼorganisation politique
dans lʼAntiquité en supposant que les guerres médiques étaient une guerre de civilisation.
Si les Perses avaient gagnées, les petites îles grecques auraient été barbarisées.
Hérodote reste un homme de son temps car il est incapable dʼadopter un autre point de
vue que le point de vue grec. Il est incapable de lire les événements avec un point de vue
qui ne serait pas grecs. Il est incapable dʼévaluer que peut-être, ces guerres médiques,
pour lʼimmense empire perses nʼont pas la même importance, la même dimension que
pour Hérodote. Pour lʼimmense empire Perse, cette défaite est profit et perte. Hérodote
nʼinterroge pas, à ce niveau-là, la vision et la pensée de lʼimpersonnel.
Quʼest-ce que cela signifie pour nous?
Dans lʼexemple dʼHérodote se combine, dʼune part, la volonté dʼenquête, de mener une
enquête objective qui repose sur les sens (ouïe, optique), sur les sources et ceci est
combiné avec une lecture “subjective” du sujet sur les guerres médiques. Une lecture
subjective dʼHérodote dans le cas présent. Lʼobjectivité de lʼenquête est intimement lié à la
subjectivité de lʼenquêteur. Toute démarche historique est entravée de cette subjectivité.
Il se trouve que les générations qui ont suivis et nous encore, pour connaître les guerres
médiques, nous allons passer par Hérodote et recevoir Hérodote avec notre subjectivité
également! Nous nʼallons projeter dans Hérodote notre propre subjectivité. Ce nʼest pas
un mot négatif car cʼest comme cela!
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