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Résumé :
Lors des consultations gynécologiques, les douleurs vulvaires et vestibulaires sont très fréquemment
abordées par les patientes. Elles posent souvent un problème diagnostique et thérapeutique au praticien
consulté, car, d’une part ces brûlures ou douleurs vulvaires s’accompagnent d’un examen vulvaire
fréquemment normal et d’autre part elles ne se limitent pas au champ de la gynécologie ou de la
dermatologie. Il est pourtant essentiel de les diagnostiquer précocement pour ne pas voir les douleurs
passer à la chronicité et pour faciliter le traitement. De plus le kinésithérapeute comme les autres
soignants, n’est pas toujours à l’aise avec l’abord de la sexualité. Pourtant le kinésithérapeute dispose
d’outils thérapeutiques et de savoir-faire pour aborder ce type de symptômes, les diagnostiquer et les
prendre en charge. Beaucoup de patientes affrontent l'incompréhension des professionnels de santé et
attendent longtemps le bon diagnostic et de bonnes orientations. Le travail de relaxation périnéale, la
conscientisation de la zone génitale et l’objectivation des progrès réalisés rendent les approches
corporelles particulièrement adéquates et complémentaires du travail sexologique ou des prescriptions
médicamenteuses.
La classification des troubles génitaux féminins a évolué et la catégorie « Trouble lié à des douleurs
génito-pelviennes ou à la pénétration » remplace maintenant dans le DSM-5 la dyspareunie et le
vaginisme qui étaient dans le DSM-IV deux troubles distincts, regroupés dans la rubrique des troubles
sexuels avec douleur. Les caractéristiques diagnostiques distinguent quatre dimensions de symptômes
souvent comorbides :
1) la difficulté à avoir des rapports sexuels,
2) la douleur génito-pelvienne,
3) la peur de la douleur ou de la pénétration vaginale, et
4) la tension des muscles du plancher pelvien.
Les quatre dimensions de symptômes doivent être évaluées même si un diagnostic peut être posé à
partir d’une seule dimension symptomatique (Binik 2010a; Binik 2010b).
Cette caractéristique multidimensionnelle du symptôme implique l’intervention en réseau de différents
professionnels des disciplines concernées, assurant dans la mesure du possible une prise en charge en
équipe, dans le but d’une prise en charge globale et dans le respect des obligations éthiques et
déontologiques (accord du patient, secret médical …). L’approche manuelle kinésithérapeutique est un
des piliers de cette prise en charge, fréquemment associé à la sexothérapie et au travail à médiation
corporelle de type sexocorporel (Jean-Yves DESJARDINS).
Il est important pour commencer de ne pas confondre dyspareunie et vaginisme.
La dyspareunie correspond à un rapport sexuel douloureux, le plus souvent lors de la pénétration : on
parle alors de dyspareunie orificielle ou superficielle. Elle peut s’accompagner d’un vaginisme :
Contracture involontaire et douloureuse des muscles de la région vaginale. Les vestibulodynies
provoquées représentent la cause la plus fréquente de dyspareunie chez les femmes de moins de 50 ans.
Dans 20% des cas, il s’agit d’une dyspareunie primaire, ce qui représente un facteur de gravité.
La définition des vulvodynies, selon l’ISSVD 1983 (International Society for the Study of Vulvar
Disease), est la suivante : Inconfort vulvaire, le plus souvent décrit comme des brûlures, apparaissant en
l’absence d’affection vulvaire visible ou de désordre neurologique spécifique.
Le vaginisme est une contraction involontaire des muscles qui enserrent l'entrée du vagin.
Prévalence:
Environ 15 % des femmes en Amérique du Nord signalent des douleurs récurrentes pendant les rapports
sexuels (Lauman et al. 1999).
De plus les difficultés à avoir des relations sexuelles s'accompagnent souvent de troubles de l'orgasme et
de la libido (Binik 2010b).