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Résumé :
Les difficultés sexuelles se traduisant par des troubles et douleurs à la pénétration ont un fort
retentissement sur la qualité de vie sexuelle et affective de la femme et des couples. Le médecin qui n’est
pas toujours à l’aise avec l’abord de la sexualité, dispose de peu d’outils thérapeutiques et de savoir-faire
pour aborder et diagnostiquer ce type de symptômes.
La classification de ces troubles a évolué et la catégorie « Trouble lié à des douleurs génito-pelviennes
ou à la pénétration » remplace maintenant dans le DSM-5 la dyspareunie et le vaginisme qui étaient dans
le DSM-IV deux troubles distincts, regroupés dans la rubrique des troubles sexuels avec douleur.
Les dimensions de symptômes souvent comorbides sont ici :
1) la difficulté à avoir des rapports sexuels,
2) la peur de la douleur ou de la pénétration vaginale, et
3) la tension des muscles du plancher pelvien .
Ces dimensions de symptômes doivent être évaluées même si un diagnostic peut être posé à partir d’une
seule dimension symptomatique (Binik 2010a ;Binik 2010b).
Caractéristiques associées en faveur du diagnostic
On retrouve une fréquente association de ces troubles à d’autres dysfonctions sexuelles, en particulier à
la réduction du désir et de l’intérêt sexuel. Cependant, même si les patientes font parfois état de leur
désir et de leur intérêt pour la sexualité, on retrouve souvent chez elles un comportement d’évitement
des situations sexuelles et des opportunités à caractère sexuel (comme dans les troubles phobiques) .
Parfois le motif de consultation est centré dans le cas de mariages non consommé sur un souhait de
concevoir un enfant. Les problèmes relationnels ou conjugaux liés à l’existence du trouble sont un autre
motif de consultation ainsi que de l’altération de leur sentiment de féminité (Binik et al. 2007).
Facteurs pertinents à rechercher pour l’étiologie et/ou la prise en charge :
1) les facteurs liés au partenaire,
2) les facteurs relationnels,
3) les facteurs de vulnérabilité individuelle (ex: mauvaise image du corps, antécédents d’abus sexuels ou
de violence psychologique), la comorbidité psychiatrique (ex: dépression, anxiété) ou des facteurs de
stress (ex: perte d’emploi, deuil),
4) les facteurs culturels ou religieux (ex: inhibitions liées à des interdits à l’égard de l’activité sexuelle ou
du plaisir, attitudes à l’égard de la sexualité),
5) les facteurs médicaux pertinents pour le pronostic, l’évolution ou le traitement.
Prévalence
La prévalence du trouble lié à la pénétration est inconnue alors que les difficultés à avoir des relations
sexuelles semblent être une cause fréquente de consultation auprès des médecins sexologues : on
retrouve des troubles de la pénétration apparus dès le début de la vie sexuelle et responsables de
mariages non consommés (près de 14% des consultations pour difficultés sexuelles féminines) alors que
les troubles acquis sont plus rares et surviennent après des circonstances déclenchantes repérables