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C - Des prothèses aliénantes?
Laspécicitéducorpsvivantcommeprothèseestexpriméeparlachoré-
grapheKarineSaporta:
“Les danseurs ne font pas l’art. Ils sont l’art. Ils sont dans l’œuvre absolument
confondus avec l’œuvre. Ils en sont la chair. Ils sont la chair de leur art.»
Onpourraalorsvoirlecorpscommeunobjet qu’il faut faire fonconner
danslecasoùlecorpsestentretenuaudétrimentdel’esprit.Lesjoggeurs
courantdefaçonmachinalesanssesoucierdel’environnementoùilsévoluenten
sontleparfaitexemple.
Néanmoins, pour Merleau Ponty, dans Phénoménologie de la percepon, le
corps est incompatible avec le statut d’objet car il est constamment perçu.
Ilseprésentetoujoursàmoidumêmeangleetsapermanencen’estpasune
permanence dans le monde mais une permanence de mon côté.
Deplus,noussommesdépendantsdenotrecorps,(contrairement
à un objet), de ses insncts, de ses besoins, de ses misères corporelles
(maladie...)etdesesappéts.Lecorpspermetànotreâmederessenret
d’exister physiquement.Contrairementà lapenséedualiste,etensuivant
lapenséedeNietzsche,leMoiestalorsàlafois,spiritueletcorporel:car
l’inconscient (âme) et les pulsions ont également rapport au corps, aux
besoinsetdésirsoriginairesquiensontissus.
A toujours plus mêler corps et prothèse, certains, comme Sterlac,
vontjusqu’àenvisager la substuon du corps par la prothèse.Aujourd’hui
même, l’homme, s’extériorise dans divers appareils, conscient de pouvoir
être plus compétentet«augmenté»grâceàl’intervenondelaprothèse.
(exemple des prothèses en carbone d’Oscar Pistorius). Un jour peut-être
viendralemomentoù,seretrouvantintégralementendehorsdelui-même,
etmieuxdotéqu’àl’origine,l’individusetrouveraembarrassé par son corps
désuet(alorsconsidérécommeunobjetextérieurànous),dépendant de ces
prothèses.
D’unpointdevueprothéque,onpourraitdénirl’aliénaoncomme
larégressionextrêmeducomportementauprotdufonconnementdansle
couplesujet-objet:«asservissementdel’hommeàlamachine».L’Homme
viendrait à dépendre de la machine , mais il en serait, de surcroît, conscient
etsasfait.Saservitudeseraitvolontaireàl’égarddesmachines,etsil’âme
selibéraitdesontombeauquiestlecorps(selonPlaton)çaneseraitque
pour mieux s’emprisonner, dans un milieu encore plus éloigné de lui, et
donc,dicilementcontrôlable.Deplus,lavolonté«d’augmenter»soncorps
parsarestructuraonetl’usagedelaprothèsen’estilpasunepreuvede
l’impactdeses«appéts»viciés?