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dossier philosophique
 L’homme,commetoutêtrevivant,peutaucoursdesavieêtrevicme
d’un handicap physique. Néanmoins, la technologie actuelle permet d’y pallier
grâceàl’intervenondelaprothèsequiremplace la foncon défectueuse.
Lestypesdeprothèsesnousvenantleplusnaturellementàl’espritsontcelles
endosqueleques (1) et exosqueleques (2). Cependant, s’arrêter au champs
delaprothèseorthopédiqueseraitgrandementrestricf.L’hommepeutaussi
s’appareilleravecdesmoyenssimplestechnologiquement(commelelangage
des signes pour les sourds-muets ou le fait de consigner par le dessin, l’écri-
tureoulesonenalternaveàlamémoire).Laprothèsepeutégalementêtre
purement esthéque,sansréparerlafoncondéfectueuse.Ceciestlecasde
l’épithése oudelaprothèseoculairequisansrendrelavue,permetàlaper-
sonne de s’accepter physiquementetdenepasarerl’aenond’autruiliée
àunediormité.
Il est important dans le domaine du handicap d’aborder le probléme de
l’acceptaon«decequel’onest»,parrapportàautruietparrapportàlaper-
sonnehandicapée.Ilestintéressantaussidequesonnerlascienceetlesens
éthiquepoursavoirjusqu’oùlasociétépeutmaintenirenvieunhommepar
desprocédésextérieursetarciels.
I] Regard de l’homme valide sur l’homme handicapé
« Un esprit sain dans un corps sain»
 Dèsl’anquitéoùl’idéalhédonisteducorpsestàsonapogée,uneâme
saine doit être accompagnée d’un beau corps en bonne santé. Pour Platon, la
formeparfaitedel’hommeestcelledel’homme«bonetbeau»(«Kalos kai
agathos»).Cependant,parfoisunediscordance radicale se crée entre la beauté
de l’esprit et celle du corps . Ce cas est celui de nombreux handicapés, mais, aus-
si,àl’époquedePlaton,celuideSocrate,qui,malgrésadisgrâce,faisaitoublier
sadisharmonie physique parsa «beautéintellectuelle»,manièrede prouver
queladisharmonieentreunespritetuncorpsn’estpasrédhibitoire.
Cependant, même conscient de ce possible décalage entre l’apparence intérieure
et extérieure, l’homme privilégie naturellement la vue pour sa percepon d’autrui,
etjugepremièrementl’apparenceextérieuredeceuxquil’entourent,sgma-
santainsilapersonnehandicapéesil’apparenceneluiconvientpasetluiari-
buantuneidentésocialeendécalageaveccelledesautres.
De ces constats, pour avoir une relaon la plus authenque possible
aveclapersonnehandicapée,ilestnécessairedefairesursoiun«travail de
philosophie praque»(3)
Appareiller l’homme
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Dans une volonté d’empathie envers la personne handicapée, la personne
valide projee sur l’autre ce qu’elle ressent, au vu d’apparences extérieures, d’un
cadre culturel qui est le sien. Elle se met à la place de l’handicapé en conservant
ses réexes de personne valide. La personne bien portante a une vision pessi-
misteetfantasméedelapersonnehandicapée.Ellelevoitcommeunhomme
sourantéternellementd’unefrustraonetd’unmanqueerayant,cequi,en
vérité, est loin de la réalité. Une empathie plus authenqueimpliquerait au
lieu de nous imaginer à leur place, d’écouter davantage ce que la personne
handicapéeaàdiresurelle,sessensaonsenverslemondequilentoureetla
temporalitédanslaquelleellevit.
A lire : le corps vécu et l’expérience du handicap de Pierre Ancet
hp://pierre.ancet.perso.neuf.fr/Site_de_Pierre_ANCET/Bienvenue.html
Lanalogie abusive est une façon de penser qui amène à juger l’intériorité
de quelqu’un au moyen de son extériorité, en partant du principe qu’il y a une
relaon nécessaire entre les deux. La personne handicapée est alors assimilable à
un enfant , ou à une personne grabataire et déciente mentalement. Raisonner
ainsic’estnepascomprendrecequelesphilosophesdualistesetspiritualistes
onttoujoursmisenavant:Onpeutdécouperlamaère,maispasl’âme.Sila
maères’altére,celan’estpaslecasdel’âme.
D’un point de vue sociétal, il est nécessaire d’inclure les handicapés
dans la société professionnelle et sociale, d’oublier leur handicap au lieu de
secontenterdeleurverserunepension.Ilfautaménagerl’accessibilitédeslieux
publicspourunemeilleureégalitédeschancescarsiunedéciencepeutentraver
un homme, l’handicap principal est celui du rapport de l’handicapé aux hommes et
àsonmilieu.Eneet,danslaplupartdescaslapersonnehandicapéeaplusdemal
àvivreàcausedelasourancepossibledesprochesvalidesàsonégardquede
sapropresourance. Pour que la personne ne soit pas enfermée dans son han-
dicap, il faut accepter de voir en elle un humain capable de tous les senments,
indépendamment de son handicap.
A - Chasser l’empathie égocentrée
B- Abandonner lanalogie abusive
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 Lavuedessignesduhandicap(fauteuilroulant,canneblanche...)est
souventassimiléparlevalidecommeobjetdemalheur.
Ilyaiciuneconfusionentrecequenousinspireunobjetetsonulitévéritable.
Cependant,sicesobjetsconnotentlaprésenceduhandicappourlevalide,
ilsnesontpassynonymesdemalheurmais,parl’aidequ’ilsprocurent,sont
favorablesaubien-êtredel’handicapé.
«Angelina Jolie possède beaucoup plus de prothèses que moi et on ne la
considére pas handicapée»
AimeeMullins
[note de rédacon : La pare « I] Regard de l’homme valide sur l’homme
handicapé» a été écrite avec l’aide de«laphilosophiefaceauhandicap»de
Bertrand Quenn]
II] Réflexion sur la notion de prothèse.
dénion: Une prothèse est un disposif arciel desné à
remplacer un membre, un organe ou une arculaon.
Lélaboraon d’une prothèsepose leproblèmedelamanièredontelle va
simulerl’acondela pareremplacée (biomécanique,ergonomie),de la
tolérance de l’organisme vis-à-vis de ce corps étranger, de l’usure et de l’es-
thésme.
 Sil’imagequenousavonsdelaprothèseselimitesouventànotre
visiondemembresarciels,touteprothèsen’estpasobjet:cepeutêtreun
animal, un être humain, voire une chose mixte à mi-chemin telle la chaise à
porteur.D’autrepart,laprothèsen’assumepastoujourslafonconulitaire,
etl’onconstatevitequ’il«manque»toujoursquelquechoseàl’homme:
desailes pourvoler,un œilde lynx,… La prothèse est dailleurs souvent
accessoireetsertunbutesthétique.
Leprothèse,comparéeànotreproprecorpsad’ailleursuncaractère débrayable
quifacilitesaréparaon,sonremplacementousonévoluon.Elleestaussi
êtreunoulprécieuxpourlatransmission:
« Or, du fait que cet oul est une extériorisaon de la vie dans un organe qui
n’est pas vivant lui-même, lorsque le tailleur d’oul meurt, l’expérience indi-
viduelle conservée dans sa mémoire nerveuse trépasse sans doute avec lui,
mais, son oul restant, la trace de son expérience ou une pare de son expé-
rience demeure dans l’oul. En récupérant son oul, son descendant hérite
d’une pare de son expérience. »
C - Changer le regard du valide sur la prothèse
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Silaprothéseestdébrayableet«ule»(queçasoitparbutpraqueoupure-
mentesthéque)elleestsuscepbledesasfairedesmovaonsdiverseset
donc de devenir un symbole:Parexemple,lebâtondepèlerinsertàaiderla
marchemaisestaussiunmoyend’idencaon,lapreuved’appartenanceà
un groupe. Une limousine sert à rouler mais aussi à montrer l’étendue de sa
richesse et son statut social.
Ilexistedenombreuxtypesdeprothèsesauxquelsnousnepensonspastout
de suite comme les prothèses imaginaires, intermédiaires entre le magique
etleprothéque(boesdeseptlieues,tapisvolant,machinesàremonterle
temps).Laprothèsedesprothèses,restantbiensûrl’argentquipermetdese
procurer toutes les autres.
Chezl’animal,legesteetl’oulsesuperposentdansl’organephysique:Cestle
membre.Chezl’homme,l’oulprolongelegesteets’endétache.
La prothèse (dans le cas de prothèse médicalisée), est pour son cas, souvent considé-
rée comme une chose à mi-chemin entre une pare du corps du sujet et un oul. Si
elleestperçuedansunpremiertempscommeunobjet,ellepeutperdrecestatut
etêtrevécuecommepare constuvedusujet.Uneprothèsedehanche,par
exemple,estunobjetpourlechirurgienquilaposeetellel’estaussipourlema-
ladequivalarecevoirsionlaluimontreavantl’intervenon.Mais,quelquesmois
plustard,elleestnormalementperçuecommeunepareintégrantedelui-même.
Lesobjetsetlesprothèses,sontdepluscequifaitexisterunsujetcommetel.Un
hommedépossédédesesvêtements,desamaison,etdecequ’elleconent,souf-
frirasurementdetroublesdel’identé.
 Sinousséparonslecorpsorganiquedel’âme,qu’estcequelecorps?
Pour les dualistes,lecorpsestunesubstancematérielle,etbiologiquement,
unamasdechairmécaniquementaniméetrépondantàdessmulichimiques
etnerveux.Déconnectédel’âme,ilpossèdelemêmefonconnementqueles
machines. Cest un oul. Lecorpspeutdoncêtreconsidérécommelamère
detouteslesprothèses,unobjetfonconneletmanipulableparl’âme,étant
le site s’arculent de la manière la plus immédiate comportements et
fonconnements.
Maispeut-onvraimentleconsidérercommeunesimplemachine?Comment
est-il«mon»corps?
B - LE corps: Première prothèse?
A - La prothèse : Objet ou partie constitutive de l’homme?
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C - Des prothèses aliénantes?
Laspécicitéducorpsvivantcommeprothèseestexpriméeparlachoré-
grapheKarineSaporta:
“Les danseurs ne font pas l’art. Ils sont l’art. Ils sont dans l’œuvre absolument
confondus avec l’œuvre. Ils en sont la chair. Ils sont la chair de leur art.»
Onpourraalorsvoirlecorpscommeunobjet qu’il faut faire fonconner
danslecasoùlecorpsestentretenuaudétrimentdel’esprit.Lesjoggeurs
courantdefaçonmachinalesanssesoucierdel’environnementoùilsévoluenten
sontleparfaitexemple.
Néanmoins, pour Merleau Ponty, dans Phénoménologie de la percepon, le
corps est incompatible avec le statut d’objet car il est constamment perçu.
Ilseprésentetoujoursàmoidumêmeangleetsapermanencen’estpasune
permanence dans le monde mais une permanence de mon côté.
 Deplus,noussommesdépendantsdenotrecorps,(contrairement
à un objet), de ses insncts, de ses besoins, de ses misères corporelles
(maladie...)etdesesappéts.Lecorpspermetànotreâmederessenret
d’exister physiquement.Contrairementà lapenséedualiste,etensuivant
lapenséedeNietzsche,leMoiestalorsàlafois,spiritueletcorporel:car
l’inconscient (âme) et les pulsions ont également rapport au corps, aux
besoinsetdésirsoriginairesquiensontissus.
A toujours plus mêler corps et prothèse, certains, comme Sterlac,
vontjusqu’àenvisager la substuon du corps par la prothèse.Aujourd’hui
même, l’homme, s’extériorise dans divers appareils, conscient de pouvoir
être plus compétentet«augmenté»grâceàl’intervenondelaprothèse.
(exemple des prothèses en carbone d’Oscar Pistorius). Un jour peut-être
viendralemomentoù,seretrouvantintégralementendehorsdelui-même,
etmieuxdotéqu’àl’origine,l’individusetrouveraembarrassé par son corps
désuet(alorsconsidérécommeunobjetextérieurànous),dépendant de ces
prothèses.
 D’unpointdevueprothéque,onpourraitdénirl’aliénaoncomme
larégressionextrêmeducomportementauprotdufonconnementdansle
couplesujet-objet:«asservissementdel’hommeàlamachine».L’Homme
viendrait à dépendre de la machine , mais il en serait, de surcroît, conscient
etsasfait.Saservitudeseraitvolontaireàl’égarddesmachines,etsil’âme
selibéraitdesontombeauquiestlecorps(selonPlaton)çaneseraitque
pour mieux s’emprisonner, dans un milieu encore plus éloigné de lui, et
donc,dicilementcontrôlable.Deplus,lavolonté«d’augmenter»soncorps
parsarestructuraonetl’usagedelaprothèsen’estilpasunepreuvede
l’impactdeses«appéts»viciés?
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