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Le fonctionnement du marché unique dans le domaine pharmaceutique et le maintien
d'un haut niveau de protection de la santé publique restent les deux objectifs
principaux et indissociables de cette législation et toute proposition de modification
doit être pesée à l'aune de leur réalisation. Celle-ci bénéficiera de plus en plus d'une
part aux patients en leur donnant un accès plus rapide à des médicaments toujours
plus innovants tout en leur assurant un haut niveau de sécurité d'utilisation et d'autre
part à l'industrie pharmaceutique, source de ces innovations grâce à ses
investissements en recherche et développement, en lui permettant de gagner en
compétitivité dès lors qu'elle essaiera de tirer parti le plus efficacement possible de
l'intégration communautaire.
3. Une autre dimension, nouvelle par rapport au contexte de 1993, est désormais à
considérer: l'élargissement de l'Union européenne. À l'instar d'autres domaines,
l'élargissement futur amène évidemment dans le cadre de la réglementation des
médicaments à s'interroger sur la pertinence de certaines modalités procédurales et
surtout sur la possibilité de conduire avec efficacité à 20, 25 ou 28 États membres
des débats scientifiques et des prises de décisions dans un contexte conçu en 1993
pour 12 États. À titre d'exemples, la procédure de prise de décision par la
Commission dans le cadre de la procédure centralisée, la composition des comités
scientifiques et du Conseil d'administration de l'Agence ainsi que les règles internes
de procédures de ces derniers doivent être impérativement révisées afin de préserver
(voire d'accroître) efficacité et transparence.
4. Les modifications liées à la prise en compte de cette nouvelle dimension de l'espace
communautaire sont donc à rapprocher de la nécessité toujours présente de maintenir
et renforcer le marché intérieur et d'éviter toute remise en cause des progrès réalisés
jusqu'à présent, notamment depuis 1995. D'ailleurs, dans ce domaine où les
immenses progrès techniques et scientifiques à venir ne pourront se concevoir sans
une globalisation de la recherche et du développement et d'une certaine manière des
règles de l'évaluation, il n'y a pas d'autre alternative à l'intégration de la gestion des
ressources et à la communautarisation des décisions.
5. Ainsi, à côté des considérations liées à l'expérience de six années de mise en œuvre
de la procédure centralisée et du fonctionnement de l'Agence, il convient également
de prendre en compte l'évolution actuelle des sciences appliquées au domaine
pharmaceutique (notamment dans le domaine de la biotechnologie) mais aussi des
évolutions futures probables (à titre d'exemple, citons le développement accru des
techniques sous-tendant la thérapie génique, les développements en cours en matière
de pharmacogénomique, les essais de thérapie somatique xénogénique). Ces
considérations doivent également être mises en perspective dans le cadre d'une
globalisation toujours accrue, en particulier entre les trois grandes "régions"
pharmaceutiques mondiales que sont l'Europe, l'Amérique du Nord et le Japon. Cette
globalisation en matière de recherche et de développement, encore surtout limitée
aux nouveaux médicaments à fort potentiel innovant, est certes le fruit de stratégies
internes à de grandes firmes pharmaceutiques mais reflète aussi de réelles nécessités
scientifiques et économiques.
6. De plus, la globalisation scientifique ne doit pas faire oublier son corollaire: la
globalisation de certaines pratiques réglementaires et en particulier des critères
scientifiques et techniques d'évaluation des médicaments. L'introduction toujours
plus rapide de nouvelles technologies dans le domaine de la recherche et du
développement des médicaments requiert désormais un environnement réglementaire