Traitement
de la phase aiguë
Précédent les décisions thérapeutiques,
le premier temps du traitement est celui
du diagnostic. Pour les auteurs améri-
cains, il importe que celui de trouble
dépressif soit effectué avec précision et
que le risque suicidaire soit apprécié
avec justesse. Ils recommandent donc
qu’il soit réalisé par un psychiatre qui
en profitera pour établir une relation de
confiance avec son patient, gage d’ob-
servance future. Rappelons à ce propos,
que les deux principaux facteurs de
“résistance” thérapeutique des dépres-
sions sont l’erreur diagnostique et l’in-
observance du traitement ou, plus exac-
tement, l’inadéquation posologique de
l’antidépresseur.
Cette première étape résolue, la ques-
tion du choix thérapeutique se pose. En
présence d’un trouble dépressif mineur
ou modéré, le thérapeute peut choisir
entre psychothérapie ou chimiothérapie
seule.
Le recours à une prise en charge psy-
chothérapique isolée concernera les
patients pour lesquels existent d’impor-
tants facteurs psychosociaux de stress,
des difficultés interpersonnelles, des
conflits intrapsychiques et/ou une
comorbidité sur l’axe II du DSM IV.
L’adhésion du sujet à ce type de traite-
ment et les compétences du thérapeute
constituent également deux éléments
incontournables. Lorsque ces conditions
sont requises, une prise en charge de
type cognitivo-comportementale ou
interpersonnelle semble avoir montré
une certaine efficacité.
Le recours à la chimiothérapie isolée se
fera en l’absence des conditions précé-
dentes, ou bien en cas de dépression
modérée à sévère. Différentes molé-
cules existent qui, toutes, ont fait la
preuve d’une efficacité. Le choix de
l’une d’entre elles correspond donc aux
habitudes du thérapeute, à la tolérance du
patient face aux effets secondaires, à la
notion de réussite ou d’échec de traite-
ment antérieur. Des problèmes cardiovas-
culaires, oculaires ou prostatiques limite-
ront le recours à des dérivés tricycliques ;
des troubles sexuels risquent de rendre
l’observance des sérotoninergiques aléa-
toires. Le recours alors à des molécules
plus récentes comme la venlafaxine
constitue une alternative intéressante. En
revanche, il semble plus difficile de pro-
poser une typologie de dépression en
fonction des classes pharmacologiques,
sauf peut-être pour les IMAO qui seraient
particulièrement indiqués dans les
dépressions atypiques avec importantes
composantes caractérielles. En pratique,
la plupart des thérapeutes commencent
aujourd’hui par prescrire un des antidé-
presseurs de nouvelle génération en rai-
son de leur meilleure tolérance cardio-
vasculaire et de l’absence d’effet anti-
cholinergique. Le recours à des posolo-
gies adaptées est indispensable (75 à
375 mg/jour pour la venlafaxine, 20 à
60 mg/jour pour les sérotoninergiques ou
100 à 300 mg/jour pour les tricycliques).
La fréquence du suivi dépendra de la
sévérité de la maladie et de la relation
entre le patient et le thérapeute. Elle peut
ainsi varier d’une fois par semaine à plu-
sieurs consultations hebdomadaires.
L’évaluation de l’efficacité du traitement
se fera au bout de six à huit semaines.
Dans 20 à 30 % des cas, l’amélioration
est modérée ou partielle et impose de
revoir le traitement. Avant tout change-
ment, il importe de s’assurer de l’obser-
vance, si besoin en recourant à des
dosages sanguins des molécules pres-
crites. Lorsqu’une modification du trai-
tement est décidée, différentes situa-
tions existent :
– en cas de psychothérapie isolée, l’ad-
jonction d’un antidépresseur est préco-
nisée ;
– en cas de chimiothérapie seule, plu-
sieurs options se présentent : adjonction
d’une psychothérapie, augmentation de
la posologie (30 % de réponses en plus),
changement d’antidépresseur pour une
molécule de la même classe ou d’une
autre classe, association de deux molé-
cules antidépressives de classes diffé-
rentes, adjonction de molécules poten-
tialisatrices (lithium, hormones thyroï-
diennes, thymorégulateurs…). En cas de
résistance, de risque suicidaire majeur,
de symptômes psychotiques, le recours
à l’ECT doit être systématiquement dis-
cuté.
La fin de la phase aiguë se caractérise
par la disparition des signes dépressifs
et le retour à l’état antérieur.
Traitement
à la phase d’état
L’objectif de cette période, qui dure de
16 à 20 semaines, est de maintenir
l’amélioration et de prévenir le risque de
rechute. Aussi, la poursuite du même
traitement à la même posologie est-elle
la règle. Le recours, à ce stade, d’une
psychothérapie ou d’ECT est peu docu-
mentée.
Traitement à la phase
d’entretien
Selon les études, 50 à 85 % des per-
sonnes ayant fait une dépression, pré-
senteront un second épisode au cours de
leur vie. La récidive est donc presque la
règle et l’épisode unique isolé l’excep-
tion !
Aussi, l’enjeu de cette période est-il
essentiel afin de prévenir la récidive. Si
quelques éléments permettent de repérer
des “sujets à risque” – multiples épi-
sodes antérieurs, rémission partielle de
quoi de neuf sur
Quoi de neuf sur la dépression
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (17) - supplément - n° 8, octobre 2000 II