
3
EDITORIAL
Chaque individu est à un moment ou à un autre de son existence confronté à l'imagerie
médicale, de la première échographie anténatale à la fin de sa vie. Elle est présente sur tous
les terrains médicaux : dépistage, diagnostic, suivi, traitement.
Et il est vrai que l’imagerie, cette spécialité que nous avons choisie, a fait des progrès
spectaculaires et continus, dont nous avons pu mesurer l’ampleur l’année dernière à
l’occasion des rétrospectives du Centenaire de la SFR. La recherche nous fait entrevoir un
futur passionnant : une approche plus intime des mécanismes physiologiques, des
phénomènes biologiques. L’image est attirante, l’image est fascinante, et pas seulement
pour les radiologues.
Dans nos sociétés modernes où l’image est omniprésente et la communication se doit d’être
extrêmement rapide, cette fascination est à l’origine de dérives : examen clinique sommaire,
surconsommation d’actes techniques et multiplication des occasions d’exposition du patient.
Tout incite le radiologue à perfectionner ses actes techniques et à les sécuriser :
sophistication croissante des équipements, obligation de suivre les contraintes d’assurance
qualité, de normes de radioprotection, de développement professionnel continu. On le
rebaptise volontiers « imagier ». Imagier. Cherchons la définition (1636) : personne qui fait,
enlumine ou vend des images. Pourquoi, à l’époque où l’image est portée si haut,
tomberions-nous si bas ?
A chacun de garder sa place. L’image médicale est un outil, un révélateur, un vecteur de
communication. Le radiologue est un médecin et pas un simple faiseur d’images. C’est aussi
un interprète, celui qui reçoit dans une langue (l’image) l’information et la restitue dans une
autre langue, celle du clinicien, celle du patient. Les examens qu’il réalise ont une
justification, les images qu’il produit ont besoin d’être expliquées, argumentées dans leur
contexte et mises en perspective. Les informations finales doivent être claires et méritent
une hiérarchie. Quelles conséquences pour le patient aura la découverte d’un
incidentalome ? Quel poids vont peser des anomalies révélées chez une patiente à risque de
cancer du sein ? Le message que le radiologue va transmettre est aussi important que la
qualité technique de l’acte. Comment va-t-il être compris ?
La communication s’apprend, et nécessite autant de soins que l’apprentissage des
pathologies. Au quotidien, le partage d’information avec le manipulateur, le clinicien, la
participation à un réseau vont enrichir les connaissances sur le patient, son histoire et sa
maladie.
Comme chaque année, les JFR sont une formidable occasion de mise à jour sur l’évolution
des techniques et des pratiques dans toutes les spécialités. Remettre son fonctionnement en
question, partager ses expériences, quoi de plus stimulant ? A chacun de faire son
programme.
Sylvia Neuenschwander
Présidente de la SFR