REVUE DE pRESSE
dirigé par
le Dr M. François
La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 316 - janvier-mars 2009 | 37
Survie des patients ayant un cancer du
larynx en Angleterre et au pays de Galles
Près de 1 800 cas de cancers du larynx sont diagnostiqués tous les ans en
Angleterre et au pays de Galle, dont 80 % chez des hommes. L’incidence est
d’environ 6,2 cas pour 100 000 hommes et 1,3 cas pour 100 000 femmes. Cette
incidence a baissé d’environ 5% chez les hommes au cours des 10 dernières
années ; il n’y a pas eu de changement chez les femmes. Rare avant 40 ans, sa
fréquence augmente avec l’âge. Le risque est deux fois plus important dans les
populations défavorisées que dans celles dont le niveau socio-économique est
plus élevé. Les facteurs de risque les mieux identifiés sont l’alcool (surtout pour
les cancers sus-glottiques) et le tabac (surtout pour les cancers glottiques), et les
effets pro-carcinogènes de l’un et de l’autre se potentialisent mutuellement.
B. Rachet et al. ont analysé la survie de 20 000 hommes qui ont eu un cancer
primitif du larynx diagnostiqué en Angleterre ou au pays de Galles entre 1986
et 1999. La survie était de 84 % à 1 an, de 64% à 5 ans et de 54 % à 10 ans ;
ces taux étaient similaires à ceux qui était observés dans la décennie précédente.
Mais si on analyse les résultats en fonction des classes socio-économiques, il
apparaît que la survie à 5 ans est moindre (– 17 %) chez les patients dont le
niveau socio-économique est le plus bas que chez ceux dont le niveau socio-
économique est le plus élevé, et que l’écart se creuse de plus en plus.
Dans leur commentaire, C.M. Nutting et al. suggèrent que cette différence de
survie est due en partie à un diagnostic et à une prise en charge plus précoces
dans ce dernier groupe, la dysphonie pouvant alerter le patient à un stade précoce,
mais qu’elle est aussi imputable à une meilleure connaissance des circuits et à
une meilleure adhésion au traitement chez les personnes ayant accès à une
documentation variée (entre autres via Internet) dont ils arrivent à tirer profit.
Dr Martine François, service ORL, hôpital Robert-Debré, Paris.
Valeur pronostique de l’infiltration des
carcinomes épidermoïdes du plancher buccal
Il s’agit d’une étude rétrospective de 61 patients atteints d’un carcinome
épidermoïde du plancher buccal sans adénopathie satellite palpable. Il y
avait 52 hommes et 9 femmes. L’âge moyen était de 58 ans. On relevait
une intoxication tabagique chez 90 % des patients, et une intoxication
alcoolique chez les deux tiers. Ces patients ont eu une chirurgie d’exérèse
première à visée curative, associée à un curage ganglionnaire dans 48 cas et
à une radiothérapie postopératoire dans 22 cas. L’épaisseur tumorale a été
mesurée sur les pièces opératoires : elle était en moyenne de 7,2 mm, avec
des extrêmes de 0,5 et 30 mm. Trois patients ont eu une récidive locale, 14
une seconde localisation tumorale et 10 des métastases. La survie globale
à 2 ans était de 80 % et, à 5 ans, de 37 %. Dans cette série, la survie était
sensiblement la même quelle que soit l’épaisseur de l’infiltration du plancher
buccal. Il n’y avait pas non plus de corrélation statistiquement significative
entre l’infiltration tumorale et les métastases ganglionnaires. Ces résultats
demandent à être confirmés sur un plus grand nombre de patients.
M.F.
Épidémiologie des cancers de la tête et du cou
À partir de 12 études cliniques rassemblant près de 9 000 patients ayant un cancer
de la tête et du cou (glandes salivaires et nasopharynx exclus) et plus de 13 000 sujets
contrôle, les auteurs ont essayé de voir si, en plus de l’intoxication alcoolo-tabagique,
ces cancers n’étaient pas facilités par des facteurs génétiques.
Quatre patients sur cinq étaient des hommes. Les patients fumaient et buvaient
plus que les sujets du groupe contrôle et avaient un niveau socio-économique
moins élevé. On relevait des cas de cancer dans la famille proche de 3,6 % des
patients traités pour un cancer de la tête et du cou, versus 1,8 % dans le groupe
contrôle. Le risque de cancer de l’hypopharynx et du larynx est plus élevé que
celui de cancer de l’oropharynx et de la cavité buccale. Le risque de cancer de la
tête et du cou augmente avec l’âge. En cas de cancer familial, il est en outre plus
élevé si c’est un frère ou une sœur qui a un cancer que si c’est un ascendant, et
il augmente avec la consommation de tabac et d’alcool. Le risque existe surtout
en cas d’antécédents familiaux de cancer de la tête et du cou. Des antécédents
de cancer dû au tabac mais de localisation autre (par exemple le poumon ou
vessie), augmentent légèrement le risque de cancer du larynx.
Ces cancers familiaux sont peut être dus à des facteurs génétiques, mais les
habitudes de vie concernant le tabac et l’alcool jouent un rôle important.
M.F.
Intérêt du scanner thoracique
dans les cancers de la tête et du cou
Les patients qui ont eu un cancer épidermoïde de la tête ou du cou déve-
loppent des métastases pulmonaires dans 8 à 15 % des cas, mais peuvent
aussi présenter un cancer primitif du poumon (d’autant que ces patients sont
souvent tabagiques). La radiographie standard n’a pas une sensibilité suffi-
sante pour dépister les lésions pulmonaires à leur début, et il est actuellement
recommandé de faire un scanner thoracique. Le problème est d’optimiser la
date des examens pour éviter des examens et une irradiation inutiles.
Les auteurs présentent une étude rétrospective des examens radiologiques
effectués pendant une période de 42 mois chez 192 patients qui avaient
un carcinome épidermoïde de la tête ou du cou. Un scanner a été effectué
dans le cadre du bilan préthérapeutique chez 134 patients chez lesquels un
tel cancer venait d’être diagnostiqué. Il était normal dans 115 cas (86 %),
montrait une image suspecte dans 9 cas et une image évocatrice de cancer du
poumon dans 10 cas. Quatre-vingt-quatre scanners ont été effectués dans le
cadre du suivi du cancer de la tête ou du cou, 1 à 50 mois après le diagnostic
(moyenne : 8 mois). Ce scanner était normal dans 60% des cas, suspect dans
11% des cas et très évocateur de cancer du poumon dans 33 % des cas. Les
proportions étaient les mêmes pour les 84 scanners demandés devant une
récidive loco-régionale. Un tiers des patients ont eu un cancer du poumon,
dans un délai de 2 à 60 mois après le diagnostic de la première localisation
(moyenne : 10 mois). Ces cancers du poumon surviennent essentiellement
chez les patients N2-N3 ou qui ont une tumeur de stade IV, ainsi que chez ceux
qui ont une récidive loco-régionale. Ce sont surtout ces patients qui doivent
bénéficier de scanners du thorax au cours de leur suivi, mais plutôt tous les
4-6 mois que tous les ans, au cours des deux premières années.
M.F.
Références bibliographiques
Rachet B, Quinn MJ, Cooper N, Coleman MP. Survival from cancer of the larynx in
England and Wales up to 2001. Br J Cancer 2008;99 (Suppl. 1):S35-S37.
Commentaire par Nutting CM, Robinson M, Birchall M. Br J Cancer 2008;99
(Suppl. 1):S38-S39.
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the International Head and Neck Cancer Epidemiology Consortium. Int J Cancer
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neck cancer. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 2008;134:1050-4.