dirigé par le Dr M. François Survie des patients ayant un cancer du larynx en Angleterre et au pays de Galles Près de 1 800 cas de cancers du larynx sont diagnostiqués tous les ans en Angleterre et au pays de Galle, dont 80 % chez des hommes. L’incidence est d’environ 6,2 cas pour 100 000 hommes et 1,3 cas pour 100 000 femmes. Cette incidence a baissé d’environ 5% chez les hommes au cours des 10 dernières années ; il n’y a pas eu de changement chez les femmes. Rare avant 40 ans, sa fréquence augmente avec l’âge. Le risque est deux fois plus important dans les populations défavorisées que dans celles dont le niveau socio-économique est plus élevé. Les facteurs de risque les mieux identifiés sont l’alcool (surtout pour les cancers sus-glottiques) et le tabac (surtout pour les cancers glottiques), et les effets pro-carcinogènes de l’un et de l’autre se potentialisent mutuellement. B. Rachet et al. ont analysé la survie de 20 000 hommes qui ont eu un cancer primitif du larynx diagnostiqué en Angleterre ou au pays de Galles entre 1986 et 1999. La survie était de 84 % à 1 an, de 64% à 5 ans et de 54 % à 10 ans ; ces taux étaient similaires à ceux qui était observés dans la décennie précédente. Mais si on analyse les résultats en fonction des classes socio-économiques, il apparaît que la survie à 5 ans est moindre (– 17 %) chez les patients dont le niveau socio-économique est le plus bas que chez ceux dont le niveau socioéconomique est le plus élevé, et que l’écart se creuse de plus en plus. Dans leur commentaire, C.M. Nutting et al. suggèrent que cette différence de survie est due en partie à un diagnostic et à une prise en charge plus précoces dans ce dernier groupe, la dysphonie pouvant alerter le patient à un stade précoce, mais qu’elle est aussi imputable à une meilleure connaissance des circuits et à une meilleure adhésion au traitement chez les personnes ayant accès à une documentation variée (entre autres via Internet) dont ils arrivent à tirer profit. Dr Martine François, service ORL, hôpital Robert-Debré, Paris. Références bibliographiques Rachet B, Quinn MJ, Cooper N, Coleman MP. Survival from cancer of the larynx in England and Wales up to 2001. Br J Cancer 2008;99 (Suppl. 1):S35-S37. Commentaire par Nutting CM, Robinson M, Birchall M. Br J Cancer 2008;99 (Suppl. 1):S38-S39. Valeur pronostique de l’infiltration des carcinomes épidermoïdes du plancher buccal Il s’agit d’une étude rétrospective de 61 patients atteints d’un carcinome épidermoïde du plancher buccal sans adénopathie satellite palpable. Il y avait 52 hommes et 9 femmes. L’âge moyen était de 58 ans. On relevait une intoxication tabagique chez 90 % des patients, et une intoxication alcoolique chez les deux tiers. Ces patients ont eu une chirurgie d’exérèse première à visée curative, associée à un curage ganglionnaire dans 48 cas et à une radiothérapie postopératoire dans 22 cas. L’épaisseur tumorale a été mesurée sur les pièces opératoires : elle était en moyenne de 7,2 mm, avec des extrêmes de 0,5 et 30 mm. Trois patients ont eu une récidive locale, 14 une seconde localisation tumorale et 10 des métastases. La survie globale à 2 ans était de 80 % et, à 5 ans, de 37 %. Dans cette série, la survie était sensiblement la même quelle que soit l’épaisseur de l’infiltration du plancher buccal. Il n’y avait pas non plus de corrélation statistiquement significative entre l’infiltration tumorale et les métastases ganglionnaires. Ces résultats demandent à être confirmés sur un plus grand nombre de patients. M.F. REVUE DE PRESSE Épidémiologie des cancers de la tête et du cou À partir de 12 études cliniques rassemblant près de 9 000 patients ayant un cancer de la tête et du cou (glandes salivaires et nasopharynx exclus) et plus de 13 000 sujets contrôle, les auteurs ont essayé de voir si, en plus de l’intoxication alcoolo-tabagique, ces cancers n’étaient pas facilités par des facteurs génétiques. Quatre patients sur cinq étaient des hommes. Les patients fumaient et buvaient plus que les sujets du groupe contrôle et avaient un niveau socio-économique moins élevé. On relevait des cas de cancer dans la famille proche de 3,6 % des patients traités pour un cancer de la tête et du cou, versus 1,8 % dans le groupe contrôle. Le risque de cancer de l’hypopharynx et du larynx est plus élevé que celui de cancer de l’oropharynx et de la cavité buccale. Le risque de cancer de la tête et du cou augmente avec l’âge. En cas de cancer familial, il est en outre plus élevé si c’est un frère ou une sœur qui a un cancer que si c’est un ascendant, et il augmente avec la consommation de tabac et d’alcool. Le risque existe surtout en cas d’antécédents familiaux de cancer de la tête et du cou. Des antécédents de cancer dû au tabac mais de localisation autre (par exemple le poumon ou vessie), augmentent légèrement le risque de cancer du larynx. Ces cancers familiaux sont peut être dus à des facteurs génétiques, mais les habitudes de vie concernant le tabac et l’alcool jouent un rôle important. M.F. Référence bibliographique Negri E, Boffetta P, Berthiller J et al. Family history of cancer: pooled analysis in the International Head and Neck Cancer Epidemiology Consortium. Int J Cancer 2009;124(2):394-401. Intérêt du scanner thoracique dans les cancers de la tête et du cou Les patients qui ont eu un cancer épidermoïde de la tête ou du cou développent des métastases pulmonaires dans 8 à 15 % des cas, mais peuvent aussi présenter un cancer primitif du poumon (d’autant que ces patients sont souvent tabagiques). La radiographie standard n’a pas une sensibilité suffisante pour dépister les lésions pulmonaires à leur début, et il est actuellement recommandé de faire un scanner thoracique. Le problème est d’optimiser la date des examens pour éviter des examens et une irradiation inutiles. Les auteurs présentent une étude rétrospective des examens radiologiques effectués pendant une période de 42 mois chez 192 patients qui avaient un carcinome épidermoïde de la tête ou du cou. Un scanner a été effectué dans le cadre du bilan préthérapeutique chez 134 patients chez lesquels un tel cancer venait d’être diagnostiqué. Il était normal dans 115 cas (86 %), montrait une image suspecte dans 9 cas et une image évocatrice de cancer du poumon dans 10 cas. Quatre-vingt-quatre scanners ont été effectués dans le cadre du suivi du cancer de la tête ou du cou, 1 à 50 mois après le diagnostic (moyenne : 8 mois). Ce scanner était normal dans 60% des cas, suspect dans 11% des cas et très évocateur de cancer du poumon dans 33 % des cas. Les proportions étaient les mêmes pour les 84 scanners demandés devant une récidive loco-régionale. Un tiers des patients ont eu un cancer du poumon, dans un délai de 2 à 60 mois après le diagnostic de la première localisation (moyenne : 10 mois). Ces cancers du poumon surviennent essentiellement chez les patients N2-N3 ou qui ont une tumeur de stade IV, ainsi que chez ceux qui ont une récidive loco-régionale. Ce sont surtout ces patients qui doivent bénéficier de scanners du thorax au cours de leur suivi, mais plutôt tous les 4-6 mois que tous les ans, au cours des deux premières années. M.F. Référence bibliographique Référence bibliographique Ricard AS, Rivel J, Demeaux H et al. Pronostic value of infiltration of squamous cell carcinoma of the mouth. Ann Otolaryngol Chir Cervicofac 2008;125:134-8. Hsu YB, Chu PY, Liu JC et al. Role of chest computed tomography in head and neck cancer. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 2008;134:1050-4. La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 316 - janvier-mars 2009 | 37