MINI-GUIDE DE SYLVICULTURE LA PRODUCTION DE BOIS D’ŒUVRE Cet objectif consiste à produire des grumes d’au moins 40 cm de diamètre dans le peuplement final. Pour cela, il faut disposer d’essences adaptées à la station, pour lesquelles existe une filière de commercialisation. Les peuplements doivent être composés d’arbres de qualité. Dans les peuplements en place, deux types de traitement sont possibles : la futaie régulière et la futaie irrégulière. La futaie régulière Composée d’arbres d’âges voisins et de dimensions proches, elle permet de produire un volume important de bois quand le peuplement arrive à maturité. En revanche, le peuplement étant renouvelé d’un seul coup, il faudra attendre plusieurs dizaines d’années après ce renouvellement pour produire à nouveau du bois. Pour traiter les futaies résineuses (Pin sylvestre, Cèdre de l’Atlas, Pin laricio, Douglas, Epicéa commun, Mélèze, Pin à crochets…) ou feuillues (notamment Chêne pubescent, Chêne sessile, Hêtre) en futaie régulière, il faut y réaliser des éclaircies (ou coupes d’amélioration) : des arbres sont exploités pour permettre à leurs voisins de meilleure qualité de se développer. Ces éclaircies interviennent régulièrement (tous les 5 à 10 ans selon la vitesse de croissance des arbres) jusqu’à ce que le peuplement soit arrivé à maturité. Quand ce stade est atteint, il faut renouveler le peuplement soit naturellement (à l’aide des graines produites par les arbres en place) soit par plantation (voir page 101). La futaie irrégulière Les deux grands principes de la futaie irrégulière sont le maintien d’un couvert continu (on ne coupe jamais à blanc) et la pratique d’une sylviculture d’arbres. Ces principes permettent d’assurer une production de bois, et donc des revenus pour le propriétaire, les plus réguliers possibles. Toutes les essences feuillues ou résineuses peuvent être traitées en futaie irrégulière. Pour cela, il faudra, au cours de la coupe unique (coupe de futaie irrégulière) qui intervient tous les 8 à 12 ans, permettre aux arbres de qualité de se développer quels que soient leurs dimensions et leur âge. Ils seront mis en lumière petit à petit par exploitation de leurs voisins de moindre qualité. Certains arbres arrivés à maturité seront récoltés. Dans certains cas, les taillis (de Châtaignier, de Hêtre, de Chêne sessile) peuvent également produire du bois d’œuvre (voir itinéraires techniques page 102). 96 LA PRODUCTION DE BOIS DE CHAUFFAGE OU BOIS ÉNERGIE Cet objectif consiste à produire du bois en bûche ou en plaquettes (copeaux) destiné au chauffage des habitations. Les taillis sont les plus aptes à produire ce type de bois de 5 à 20 cm de diamètre. Le taillis simple est le traitement le plus simple et le plus efficace pour produire du bois de chauffage en bûche. Toutes les essences feuillues peuvent être concernées notamment les chênes méditerranéens (Chêne vert et Chêne pubescent) mais aussi les essences d’altitude (Chêne sessile et Hêtre). Le traitement en taillis simple consiste à couper tout le peuplement d’un seul coup au même moment (coupe de taillis) et à laisser rejeter les souches au printemps suivant la coupe pour reconstituer le peuplement. Selon les essences et leur vitesse de croissance, la coupe de taillis intervient tous les 40 à 60 ans. Dans certains cas, il peut être judicieux de ne pas couper l’ensemble du taillis : • si le propriétaire veut produire du bois d’œuvre (Châtaignier, Chêne et Hêtre) : voir itinéraires techniques page 102, • dans le cas de peuplements installés sur de fortes pentes et sur des sols légers sensibles à l’érosion, • si le propriétaire souhaite faire pâturer un troupeau sous le peuplement, notamment pour entretenir l’état débroussaillé dans le cas de peuplements situés dans des secteurs sensibles aux incendies (voir page 98), • dans le cas de peuplements situés dans des secteurs à fort enjeu paysager. Dans ces cas, le propriétaire peut réaliser une « éclaircie de taillis ». Il s’agira d’exploiter seulement les arbres les moins vigoureux en prenant garde de conserver suffisamment de brins pour constituer un peuplement complet. Ce type d’intervention est bien souvent non rentable économiquement ; la vente de ce type de coupe est difficile. Le bois de chauffage est la principale production des taillis de chênes méditerranéens. Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 97 LA PROTECTION CONTRE LES INCENDIES Cet enjeu est à prendre en considération dans la gestion des forêts situées dans les secteurs de basse altitude, soumises au climat méditerranéen, qui cumulent les handicaps : • de longues périodes de sécheresse notamment de juin à septembre, • des espaces délaissés par les activités traditionnelles, envahis par une végétation basse hautement combustible. S’ils sont voisins d’une forêt ou inclus dans une propriété boisée, ils présentent beaucoup de risques de départ de feu. Le propriétaire peut entreprendre plusieurs types d’action pour prévenir les risques : Dans les espaces ouverts ou les peuplements forestiers très clairs, il convient de contrôler la végétation basse en réalisant tout d’abord un débroussaillement puis, pour maintenir l’état débroussaillé, en vouant la parcelle à une activité agricole (élevage, arboriculture, viticulture…). Dans les peuplements forestiers Maintenir un couvert suffisamment dense pour que la végétation basse, privée de lumière, meure peu à peu. Dans les secteurs où le risque est aggravé, une coupe des arbres dominés et du sous-étage, et un élagage des branches basses des arbres permet de rompre la continuité verticale de la végétation pour éviter la transmission du feu aux arbres. Dans le cadre d’une exploitation, évacuer les rémanents pour préserver une bande nette le long des voies ouvertes à la circulation et autour des habitations. D’autres aménagements de prévention sont réalisables (installation de points d’eau, création de pistes permettant l’accès des secours). Tout projet de ce type doit faire l’objet d’une concertation avec les services compétents de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer. En effet, ces aménagements doivent être réfléchis dans le cadre de la protection globale des massifs forestiers. Pour cela, il existe des documents cadres : Schémas Départementaux d’Aménagement des Forêts contre l’Incendie (SDAFI), Plans d’Aménagement des Forêts contre l’Incendie (PAFI) et Plans de Protection contre les Risques d’Incendie de Forêt (PPRIF). LA PROTECTION DU MILIEU Cet objectif fait référence à plusieurs aspects. Il s’agit de prendre en compte à la fois globalement la préservation du milieu naturel par des pratiques de bon sens, et la protection de milieux ou d’espèces particulières, présentes sur certaines stations. La préservation des sols contre l’érosion Cet objectif doit être pris en compte à chaque fois que les conditions de relief et les caractéristiques du sol rendent ce dernier sensible à l’érosion : fortes pentes (supérieure à 40%) et sols légers, notamment tous les sols sableux (arène granitique ou gneissique). Le principe est alors de ne pas mettre la parcelle à nu puisque le couvert forestier protège le sol des impacts des pluies violentes qui provoquent l’érosion. Pour cela, la gestion conseillée est la suivante : • dans les taillis : ne pas réaliser de coupes de taillis mais des « éclaircies de taillis » en prenant garde de conserver assez d’arbres pour que le couvert reste dense, • en futaie : préférer la gestion en futaie irrégulière (voir page 96 « La production de bois d’œuvre »). Avant de réaliser des pistes forestières ou des tires d’exploitation, il est nécessaire de bien analyser ce risque d’érosion et d’adapter les travaux pour éviter que ces futurs accès canalisent l’eau de ruissellement avant et après l’exploitation. La préservation des milieux et des espèces Certains milieux sont rares (chênaies vertes matures), importants à préserver du fait de leurs caractéristiques (milieux humides) ou parce qu’ils servent d’habitats à des espèces rares ou protégées. Ils sont souvent classés comme « prioritaires » dans la directive européenne « Habitats », base du réseau Natura 2000. De même 98 certaines espèces animales ou végétales rares ou protégées doivent être préservées : c’est le cas par exemple des orchidées présentes dans les milieux ouverts sur roche calcaire, de certains rapaces qui nichent dans les falaises… A chaque fois que l’un de ces milieux ou l’une de ces espèces (dont certains sont signalés dans les fiches de groupes de stations) sont identifiés, la gestion forestière devra tenir compte de leur conservation. La préservation de la biodiversité Outre la préservation d’habitats et d’espèces particulières, des pratiques de bon sens permettent de préserver la diversité des espèces et des milieux naturels. Ainsi, il convient de favoriser le mélange des essences dans les peuplements lors des différentes interventions sylvicoles, et de faire en sorte d’obtenir une diversité d’âges pour les peuplements qui composent la forêt. Lorsque les essences locales présentent des caractères génétiques intéressants (Sapin pectiné des Pyrénées-Orientales), on évitera les risques d’hybridation par l’introduction d’essences proches (sapins dits méditerranéens) ou de provenances non indigènes. Par ailleurs, si c’est possible d’un point de vue économique, on évitera de réaliser des coupes à blanc en une seule fois sur de grandes surfaces. Les rémanents de coupes (branchages) seront laissés sur la parcelle s’il n’y a pas de contraintes de protection contre l’incendie. Enfin, les arbres servant de gîtes aux chauves-souris et aux oiseaux (arbres à cavités), ainsi que les gros arbres sénescents sans valeur économique seront conservés sauf s’ils se situent dans un endroit fréquenté où ils pourraient représenter un danger. En outre, on n’entreprendra pas d’actions qui pourraient bouleverser ou abîmer les milieux naturels : érosion ou tassement des sols, détérioration de cours d’eau, de tourbières. Les clairières à l’intérieur de la forêt seront préservées ainsi que les lisières de peuplement. Les milieux fragiles ne seront pas traversés par des pistes et le bois n’y sera pas stocké. Enfin, les bords de route ou de chemin, les talus et les fossés seront entretenus a minima pour préserver la flore et les insectes et pouvoir fournir une alimentation à la grande faune. Coupe de taillis de châtaignier : le relief met en évidence toute intervention sur le milieu. La préservation des paysages et du patrimoine Le Vallespir ayant connu une activité humaine très importante par le passé, les forêts abritent de nombreux éléments du patrimoine commun : les charbonnières, les terrasses de culture, les murets en pierres sèches, les ruines de bergerie ou de mas, les vestiges d’exploitation minière… Dans la mesure du possible, il est important de préserver ces témoins du passé. De même, le respect de quelques règles permet de réduire l’impact de la gestion forestière sur le paysage : le respect des échelles (ne pas faire des coupes à blanc de trop grande ou de trop petite surface par rapport à la superficie du massif), le respect des lignes dominantes du paysage (préférer des limites de coupe qui épousent la topographie du terrain), respecter l’harmonie du paysage en évitant une rupture brutale entre la partie exploitée et les parcelles voisines, éviter la création de plaies importantes dans le paysage. Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 99 LA PRODUCTION DE LIÈGE En Vallespir, le Chêne-liège est présent dans les forêts de basse altitude jusqu’à 700 mètres. La production de liège est l’objectif principal des suberaies. Il est tout à fait envisageable si les peuplements sont en état de production. Dans le cas contraire, des interventions de réhabilitation doivent être réalisées. Les suberaies peuvent être traitées en futaie régulière ou en futaie irrégulière. Ce dernier traitement convient bien au Chêne-liège : tous les 12 à 15 ans, en même temps que la levée, on réalise un passage en coupe pour récolter les vieux arbres dépérissants, et éclaircir les bouquets de jeunes arbres pour favoriser les tiges les plus belles et les plus vigoureuses. Si la suberaie n’est pas en état de production (peuplement abandonné ou ayant subi le passage du feu), une phase de remise en valeur du peuplement doit être envisagée : • débroussaillement de la parcelle bien souvent envahie d’une végétation basse, • éclaircie prélevant les arbres dépérissants ou peu vigoureux au profit de leurs voisins de meilleure qualité, • levée du liège, souvent de mauvaise qualité (liège mâle, brûlé ou surépais) pour relancer la production. Les levées suivantes interviendront à rotation de 12 à 15 ans. Si la suberaie est claire, il est possible de favoriser les semis naturels souvent présents pour densifier le peuplement. Un enrichissement par plantation dans les trouées peut également être envisagé. PRODUCTION DE TRUFFES Cet objectif peut être envisagé pour valoriser des sols carbonatés, légers, drainants et aérés. C’est sans doute le sol qui est la clé de la réussite en trufficulture. En milieu ouvert, il est nécessaire de planter des arbres mycorhizés (choisir une essence adaptée à la station : en général, chêne vert ou chêne pubescent), à faible densité (200 à 300 arbres à l’hectare). Il est essentiel de conserver un milieu ouvert pour produire des truffes. Cette « culture » qui reste aléatoire nécessite peu d’entretiens. En milieu semi-ouvert de type « garrigue », des truffières naturelles peuvent exister. Il s’agit alors de les repérer et parfois de les entretenir : pour éviter que le milieu se ferme, pour assurer une bonne aération du sol, pour aider le champignon dans certaines phases critiques de son développement (paillage des « brûlés » pour une moindre évaporation, etc.). CAS PARTICULIER DES BOISEMENTS DE BORD DE RIVIÈRE (RIPISYLVES) Le principal objectif est la protection de l’écosystème lié au cours d’eau pour conserver une eau de bonne qualité et préserver les espèces végétales et animales qui s’y développent. Ainsi, l’utilisation de produits phytocides aux abords du cours d’eau sera proscrite. Si le cours d’eau est inaccessible, le milieu sera maintenu en l’état par non intervention. Si le cours d’eau est accessible, il est possible de réaliser des interventions dans la ripisylve sans perturber le milieu. Elles seront très légères de façon à ne pas provoquer un apport brutal de lumière dans l’eau. Elles consisteront à récolter certains arbres mûrs de valeur (Peupliers, Merisiers, Frênes…). Elles prélèveront L’entretien des cours d’eau permet d’éviter des catastrophes en cas de fortes pluies. 100 également les arbres très âgés ou dépérissants qui risquent de tomber dans le cours d’eau ainsi que ceux qui se trouvent dans son lit. En effet, ces bois risquent de former des embâcles qui peuvent être dangereux lors de fortes pluies. Enfin, la préservation de jeunes arbres et de rejets de souche sur les bords du cours d’eau participe au maintien des berges. L’entretien des principaux cours d’eau du bassin versant du Tech est assuré par le Syndicat Intercommunal de Gestion et d’Aménagement du Tech (SIGA TECH). Plantation de douglas âgée de 8 ans LES PLANTATIONS Une plantation peut être justifiée pour remplacer un peuplement composé d’essences non adaptées à la station ou dont les arbres sont de qualité médiocre. Elle peut aussi répondre au souhait du propriétaire de changer d’essence. Il faut toutefois savoir qu’une plantation représente un investissement important et qu’elle entraîne des dépenses pendant plusieurs années. Pour avoir le maximum de chances de réussite, plusieurs étapes doivent être respectées : La préparation du terrain Dans le cas d’un terrain non boisé, elle consiste à débroussailler la parcelle à planter. Dans le cas d’une parcelle coupée à blanc, les rémanents doivent être rangés pour faciliter la plantation. Le travail du sol Pour que les plants soient dans les meilleures conditions possibles pour pousser, il est nécessaire de travailler le sol pour aérer la terre, mélanger les différents horizons du sol et fracturer le terrain pour permettre l’infiltration de l’eau et le développement des racines. Ce travail du sol peut être mécanique (sous-solage, labour, trous à la pelle mécanique ou à la pelle araignée) ou manuel (travail à la pioche). Faire les bons choix Étant donné les dépenses engagées, il faut prendre son temps et bien réfléchir notamment : aux essences à planter qui doivent être adaptées à la station, aux caractéristiques des plants, aux provenances à introduire, à la densité de plantation. Ne pas rater La réception des plants (mise en jauge immédiate si les plants sont à racines nues), la mise en place des plants, la réalisation des entretiens au cours des années à venir. Entretenir Protection contre le gibier si besoin et dégagements réguliers sont indispensables jusqu’à ce que la tête des plants soit au-dessus de la végétation. Un conseil n’est jamais superflu. Consultez un technicien. Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 101 ITINÉRAIRES TECHNIQUES LE CHÂTAIGNIER Castanea sativa Dépressage dans un taillis de châtaignier âgé d’une dizaine d’année. 102 COMMENT LE RECONNAÎTRE ? POUR QUELS USAGES ? C’est un feuillu, élancé en taillis et trapu en verger, qui peut atteindre 20 à 25 mètres de hauteur en Vallespir. Il présente plusieurs caractéristiques facilitant sa reconnaissance : • des feuilles grandes (10 à 20 cm), caduques, allongées, aux bords en dents de scie, brillantes sur la face supérieure, avec des nervures saillantes sur la face inférieure, • une écorce d’abord lisse et gris-argenté, qui devient brun foncé (voire noirâtre) et se fissure longitudinalement avec le temps, • des bourgeons globuleux, à 2 écailles, • des bogues vertes, épineuses, qui enveloppent 2 ou 3 fruits (châtaignes). Le bois de Châtaignier possède des propriétés mécaniques et chimiques étonnantes qui peuvent rendre ce matériau très recherché par les transformateurs de bois, surtout lorsqu’il est de bonne qualité. Il fait partie des rares essences européennes capables de concurrencer les bois exotiques ou les bois traités chimiquement. Ainsi, les qualités du bois de Châtaignier, aussi bien techniques qu’esthétiques, lui ont permis d’être valorisé par une multitude d’utilisations différentes au cours du temps en Vallespir : bois de forge, piquets de vigne, tonnellerie… Actuellement, selon la vigueur des peuplements et la grosseur des bois on peut l’utiliser comme bois de chauffage, pour faire des piquets, et comme bois d’œuvre pour la parqueterie, la menuiserie ou encore la charpente. QUELLES SONT SES EXIGENCES ÉCOLOGIQUES ? L’étage optimal du Châtaignier est compris entre 550 et 1000 mètres d’altitude. Pour la production de bois, le Châtaignier est particulièrement à son aise dans les replats, les bas de pente ou les fonds de vallon qui emmagasinent fraîcheur, eau et éléments minéraux. Il exige une pluviosité minimale de 700 mm/an et une bonne répartition des pluies durant l’année (il supporte mal les périodes dépassant 3 mois consécutifs de sécheresse). Le Châtaignier résiste bien au froid hivernal normal mais craint les gelées précoces (octobre-novembre) et les longs épisodes de froid intense (plusieurs jours à – 20°C par exemple). Le Châtaignier est une espèce calcifuge. Cela signifie qu’il ne supporte pas le calcaire actif présent dans les sols carbonatés ou calciques. Il se développe essentiellement sur sols siliceux pas trop acides. Le Châtaignier atteint son plein développement sur les sols profonds (plus de 50 cm), frais et drainants. Il ne supporte ni les sols engorgés avant 40 cm de profondeur, ni le manque d’eau. En Vallespir, il a été introduit à grande échelle, pour la production de petits bois. On le trouve bien souvent sur des stations où il est mal ou pas adapté. Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 103 QUELLE SYLVICULTURE METTRE EN ŒUVRE ? Le Châtaignier est une essence vigoureuse à croissance rapide. Il est donc primordial d’appliquer une sylviculture dynamique, surtout dans le jeune âge. Plusieurs itinéraires sont possibles en Vallespir suivant la qualité du peuplement en place, son stade de développement et la station. 1. Itinéraire pour la production de « Grumes-Petites Grumes » Adapté aux stations fertiles (groupes 6, 12, 14, 15 et 23 du présent guide), l’objectif de cet itinéraire est de produire en 35 à 40 ans des arbres de 30 à 45 cm de diamètre pouvant donner des grumes de charpentes et des billes de menuiserie. Il s’appuie sur une succession d’interventions sylvicoles dynamiques réalisées à des moments clé de la vie du peuplement selon un schéma qui peut s’approcher de celui-ci : • Dépressage : entre 8 et 12 ans (entre 7 et 12 mètres de haut), • 1ère éclaircie : entre 15 et 20 ans (entre 13 et 15 mètres de haut), • 2ème éclaircie : entre 25 et 29 ans (entre 16 et 19 mètres de haut), • Coupe définitive : entre 35 et 40 ans (entre 18 et 22 mètres de haut). Le dépressage, première intervention, consiste à couper une grande proportion des brins pour n’en conserver que 1 à 3 par cépée. Cette opération coûteuse est nécessaire pour bénéficier du dynamisme juvénile du Châtaignier. Elle permet une première sélection et une réduction de la concurrence entre les arbres. Elle favorise la croissance des arbres, le bon état sanitaire du peuplement et l’absence de défauts dans le bois (roulure). Ensuite, les éclaircies auront pour objectif de favoriser les arbres de qualité (arbres les plus droits, avec la branchaison la plus fine possible et présentant un minimum de défauts). L’intensité des 104 interventions sera relativement forte pour tirer parti au maximum du potentiel de croissance du Châtaignier. Le prélèvement sera de l’ordre de 30 à 50% des tiges jusqu’à la coupe définitive retirant l’intégralité des bois et assurant le renouvellement du taillis par rejets de souche. Cette sylviculture « idéale » (1 dépressage + 2 éclaircies) peut être aménagée selon les possibilités de réalisation des éclaircies dont les bois sont aujourd’hui difficiles à commercialiser même si des possibilités locales se font jour actuellement : le propriétaire pourra réaliser 1 dépressage entre 8 et 12 ans + 1 éclaircie entre 20 et 30 ans, voire seulement 1 dépressage. Dans ce cas, les bois exploités lors de la coupe définitive seront moins gros et ne pourront produire que des billons de sciage de 25 à 35 cm de diamètre. 2. Itinéraire pour la production de piquets ou de bois énergie Adapté notamment quand le Châtaignier est en limite de station (groupes 4, 9, 10, 11 du présent guide), l’objectif de cet itinéraire est de produire en 20 à 25 ans des arbres de 10 à 20 cm de diamètre pouvant donner des piquets ou du bois de chauffage (en bûches ou en plaquettes). Il s’agit de valoriser des taillis situés en conditions médiocres que les propriétaires n’envisagent pas de transformer en plantant une autre essence. L’itinéraire consiste alors en une seule et unique coupe de taillis entre 20 et 25 ans pour tirer parti au maximum de la forte croissance juvénile du Châtaignier. 3. Itinéraire pour la régénération naturelle du Châtaignier L’objectif est de renouveler l’ensouchement. En effet, certaines souches ont 200 à 250 ans ; elles sont épuisées et certainement pour partie responsables des dépérissements que l’on voit assez fréquemment dans les taillis du Vallespir. Ce Taillis de Châtaigniers âgé de 20 ans, dépressé à 10 ans renouvellement ne peut concerner que les stations où le Châtaignier est bien adapté (groupes 6, 12, 14, 15 et 23 du présent guide). Deux cas peuvent se présenter : • Des semis naturels sont déjà présents en grande quantité dans la parcelle : il suffit alors de les mettre en lumière par coupe à blanc du taillis en veillant à bien couper les souches à ras de terre et à ne pas abîmer les semis naturels lors de l’exploitation et de la sortie des bois. La création de layons de débardage est indispensable pour préserver ces semis. Les rémanents d’exploitation seront démembrés et étalés sur le parterre de coupe. • Il n’y a pas de semis naturels sur la parcelle à régénérer : on procèdera à une régénération classique du peuplement par coupes progressives : Coupe d’ensemencement prélevant 50% des arbres en privilégiant les arbres sains (sans chancre), vigoureux et de bonne qualité (fût droit sans grosses branches). Ces arbres serviront de semenciers ; leurs châtaignes ensemenceront la parcelle. Deux ans après, coupe définitive : l’ensemble du peuplement est récolté. L’exploitation doit être réalisée juste après la chute des fruits en veillant à bien couper les souches à ras de terre. Lors de la sortie des bois, les grumes doivent être traînées pour contribuer à l’enfouissement des graines. Les rémanents d’exploitation seront démembrés et étalés sur le parterre de coupe. Dans les deux cas, entre 1 et 10 ans après la coupe définitive, selon la densité de l’ensouchement, selon l’abondance et la vigueur des semis, une intervention dans les rejets de souche est nécessaire : il faut éliminer tous les rejets sur les souches peu vigoureuses, qui rejettent mal. Cette intervention peut être mécanique (coupe) ou chimique (dévitalisation). Après 10 ans, on peut appliquer le 1er itinéraire ci-dessus. Pour en savoir plus : Guide de sylviculture du châtaignier en Languedoc-Roussillon ; Centre Régional de la Propriété Forestière du LanguedocRoussillon ; 2012 Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 105 LES PEUPLEMENTS FEUILLUS D’ALTITUDE (CHÊNAIES, HÊTRAIES ET PEUPLEMENTS MÉLANGÉS) Futaie de chêne sessile COMMENT RECONNAÎTRE LE HÊTRE ET LE CHÊNE SESSILE ? Le Hêtre ou fayard (Fagus sylvatica) est un feuillu élancé, traité surtout en taillis en Vallespir, au tronc droit, aux branches redressées et au couvert sombre, qui peut atteindre 25 à 30 mètres de hauteur. Il présente plusieurs caractéristiques facilitant sa reconnaissance : • des feuilles ovales, de 4 à 9 cm de long, caduques, vert tendre au printemps, pourvues de longs cils blancs, vert plus soutenu en été, rigides et gaufrées, • une écorce fine, lisse et grise, parfois noirâtre, • des bourgeons très allongés, pointus et piquants, longs (2 cm), bruns et brillants, • 3 à 4 fruits (faines) enfermés dans une cupule hérissée de poils. 106 Le Chêne sessile ou Chêne rouvre (Quercus petraea) est un feuillu à houppier ample, au tronc assez droit, qui peut atteindre 20 à 25 mètres de hauteur en Vallespir. Il présente plusieurs caractéristiques facilitant sa reconnaissance : • des feuilles à très court pétiole, ondulées, à lobes arrondis, pourvues d’oreillettes à la base, • une écorce lisse et grisâtre dans le jeune âge, puis épaisse et crevassée, • des fleurs mâles en longs chatons pendants, • des fruits : glands sessiles de 1 à 2 cm de long. QUELLES SONT LEURS EXIGENCES ÉCOLOGIQUES ? Le Hêtre, en Vallespir, est caractéristique de l’étage montagnard. On le trouve à partir de 900 mètres d’altitude (voire 600 à 700 mètres en stations fraîches) en peuplement pur, ou en mélange avec d’autres essences feuillues (Chêne sessile) ou résineuses (Sapin pectiné). On le trouve souvent en mélange avec le Pin sylvestre dont il prendra naturellement la place avec le temps. Il exige une humidité atmosphérique élevée, une pluviosité minimale de 600 mm/an et une bonne répartition des pluies durant l’année ; il supporte mal les longues périodes de sécheresse estivale. Il résiste bien au froid hivernal mais craint les gelées tardives. Le Hêtre prospère sur des sols meubles, filtrants, frais, bien drainés et peu sujets à une dessication durable ou fréquente. Il est indifférent à l’acidité du sol et pousse aussi bien sur sols acides que sur sols carbonatés. Il atteint son plein développement sur les sols profonds (plus de 40 cm), sur les versants frais (exposition nord) ou en position abritée. Le Chêne sessile apparaît en Vallespir à partir de 1000 mètres d’altitude en peuplement pur ou en mélange avec d’autres essences. Il succède naturellement au Chêne pubescent qui est présent aux altitudes inférieures ou qui occupe les versants plus chauds. Il exige une pluviosité minimale de 600 mm/an et une bonne répartition des pluies durant l’année ; il supporte mal les longues périodes de sécheresse estivale. Il redoute les froids très rigoureux en hiver qui provoquent des gélivures sur son tronc, et les gelées précoces et tardives. Le Chêne sessile prospère sur les sols filtrants, profonds (plus de 50 cm) et légèrement acides. POUR QUELS USAGES ? Le bois du Hêtre possède comme principales caractéristiques sa solidité, sa dureté et sa facilité d’imprégnation. En revanche, il est très nerveux et tend à se fissurer et à gondoler. Il est de durabilité faible (5 ans), ce qui fait qu’on l’utilise exclusivement en intérieur : ameublement, menuiserie intérieure, parqueterie, boissellerie (jouets, ustensiles de cuisine, rames, manches d’outils, instruments de musique…) sans oublier le chauffage pour tous les petits bois. Le bois du Chêne sessile possède de grandes qualités : résistance mécanique, dureté, élasticité et durabilité (15 à 25 ans pour les bois en contact avec le sol ou soumis aux intempéries). Ces grandes qualités lui ont permis d’être utilisé depuis très longtemps dans la construction des traineaux, des chariots et des charrettes (notamment dans la fabrication des roues), des bateaux, des arbres moteurs, des engrenages mais aussi des ponts, des écluses et des voies de chemin de fer. Actuellement, on l’utilise en tonnellerie, dans la construction (charpente, poutres, colombages), dans l’ébénisterie (meubles, bureaux) et dans les menuiseries intérieures et extérieures sans oublier le chauffage pour tous les petits bois. Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 107 QUELLE SYLVICULTURE METTRE EN ŒUVRE ? En Vallespir, le Hêtre et le Chêne sessile sont traités 2. Itinéraire pour la production de traditionnellement en taillis simple, ce traitement grumes permettant de produire un maximum de bois de chauffage. La plupart des peuplements actuellement sur pied ont été exploités pendant la seconde guerre mondiale et sont donc âgés aujourd’hui de 70 ans. La sylviculture à conduire dans ces peuplements est fonction de la qualité des arbres et des objectifs du propriétaire. 1. Itinéraire pour la production de bois de chauffage ou bois énergie Adapté notamment aux stations où le Hêtre et le Chêne sessile ne sont pas de bonne qualité (arbres bas, branchus, très flexueux ou tordus, avec des défauts – fourches, gélivures…), l’objectif de cet itinéraire est de produire en 40 ans des arbres de 10 à 20 cm de diamètre pouvant donner du bois de chauffage (en bûches ou en plaquettes). L’itinéraire consiste alors en une seule et unique coupe de taillis à 40 ans. Les souches rejetteront pour reformer le taillis. S’il s’avère que les rejets sont de meilleure qualité, les itinéraires ci-dessous pourront être appliqués. NB : si le peuplement n’est pas de bonne qualité, le propriétaire peut réfléchir à la réalisation d’une plantation après la coupe de taillis, en choisissant une ou plusieurs essences adaptées à la station. 108 Adaptés aux stations où les peuplements de Hêtre et de Chêne sessile contiennent des arbres de bonne qualité (arbres hauts, droits, peu branchus, sans défauts apparents, au houppier bien développé) et aux stations où ces deux essences sont bien à leur place (groupes de stations concernés : 8, 11, 12, 17, 18, 19, 22, 23, 24, 25, 27, 29), l’objectif de ces itinéraires est de produire en une centaine d’années des arbres de 40 à 50 cm de diamètre pouvant donner des grumes. Première intervention Deux types d’opérations sont possibles selon la quantité d’arbres de bonne qualité dans le taillis : • S’il y a beaucoup d’arbres de bonne qualité dans le taillis : Repérer à la peinture les 500 à 800 arbres à l’hectare de meilleure qualité (1 arbre tous les 3 à 4 mètres), bien répartis dans la parcelle. Cette opération est appelée « balivage intensif ». Exploiter tous les arbres qui n’ont pas été marqués à la peinture. • S’il n’y a pas beaucoup d’arbres de bonne qualité dans le taillis : Repérer à la peinture tous les arbres de bonne qualité. Il faut qu’il y en ait une centaine à l’hectare au minimum, soit un arbre tous les 10 mètres en moyenne, bien répartis dans la parcelle. S’il y a moins de 100 arbres à l’hectare, cet itinéraire n’est pas applicable et il vaut mieux revenir au 1er itinéraire ci-dessus. Exploiter uniquement les brins gênant les cimes des arbres repérés (soit 1 à 2 arbres par tige repérée) pour leur donner un maximum de lumière. Cette opération, appelée « détourage », n’est pas rentable économiquement. Ce type de coupe est donc très difficile à commercialiser. La plupart du temps, le propriétaire devra payer une entreprise pour qu’elle exploite la coupe. Dans les deux cas, des précautions doivent être prises lors de l’exploitation : • ne pas exploiter le sous-étage ni les petits brins non commercialisables pour éviter une mise en lumière excessive du tronc des arbres conservés, • créer un cloisonnement d’exploitation (layons de 4 à 5 mètres de large tous les 15 à 25 mètres) qui servira à la circulation des engins qui sortent les bois (ou de passage pour remonter les piles de bois au câble en cas de forte pente), • ne pas brûler les rémanents d’exploitation même loin des arbres : le rayonnement de la chaleur provoque des lésions sur le tronc des arbres, • ne pas hésiter à désigner à conserver des arbres d’autres essences que le Hêtre ou le Chêne sessile, dans la mesure où ces autres essences (Merisier, Frêne commun, Châtaignier, Erables…) sont adaptées à la station, capables de produire du bois d’œuvre, et où les arbres sont de bonne qualité. Un mélange d’essences est toujours favorable au bon état sanitaire du peuplement ainsi qu’à la biodiversité. Deuxième intervention Le peuplement obtenu après la première intervention a l’aspect d’une futaie et son objectif, production de grumes, est un objectif de futaie, même si les arbres sont des rejets de souche : c’est pourquoi on l’appelle « futaie sur souche ». Pour la sylviculture à appliquer dorénavant, le propriétaire peut choisir entre les deux traitements classiques en futaie : la futaie régulière ou la futaie irrégulière. • La futaie régulière : ce traitement peut s’appliquer facilement, la structure du peuplement étant généralement assez régulière (arbres de même âge et de dimensions assez voisines, dont une majorité est située dans la classe moyenne des diamètres). Entre 10 et 15 ans après la première intervention, il faut réaliser une éclaircie (ou coupe d’amélioration) dans le peuplement. Cette coupe prélèvera 25 à 30% des arbres (1 arbre sur 3 ou 4) parmi les tiges de moins bonne qualité au profit des plus beaux et plus gros arbres. Ce type d’intervention sera répété tous les 10 à 15 ans jusqu’à ce que le diamètre d’exploitabilité (entre 40 et 50 cm) soit atteint : il faudra alors renouveler le peuplement par coupe à blanc et plantation ou par régénération naturelle (voir page 111). • La futaie irrégulière : ce traitement a pour principes la conservation d’un couvert permanent (pas de coupe à blanc) et l’application d’une sylviculture d’arbres, c'est-à-dire travailler à l’échelle de chaque arbre et non pas à l’échelle du peuplement. Entre 10 et 15 ans après la première intervention, il faut réaliser une coupe de futaie irrégulière qui consistera surtout à éclaircir au profit des arbres de meilleure qualité, quelles que soient leurs dimensions. S’il existe certains secteurs de la parcelle sans arbre de bonne qualité mais avec des semis naturels de Hêtre, de Chêne, de Sapin (ou d’une autre essence intéressante) au sol, on pourra mettre en lumière progressivement ces semis pour les faire monter dans le peuplement. Par la suite, un passage en coupe aura lieu tous les 10 à 15 ans selon la vitesse de croissance du peuplement. Les règles de prélèvement seront les mêmes que pour l’intervention précédente. La qualité du peuplement s’améliorera au fil du temps. Quand les plus gros arbres atteindront le diamètre d’exploitabilité (entre 40 et 50 cm), il faudra commencer à les récolter. On créera ainsi de petites trouées dans le peuplement qui seront favorables à l’apparition de semis. Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 109 Taillis de hêtre éclairci. 110 3. Itinéraire pour la régénération naturelle des peuplements traités en futaie régulière L’objectif est de renouveler le peuplement à partir des graines produites par les arbres sur pied. Cet itinéraire peut être appliqué en Vallespir dans les peuplements arrivés à maturité : si les arbres sont gros (diamètre moyen à 1,30 mètre supérieur à 50 cm) et vieux (plus de 100 ans), quand la réalisation d’une coupe d’amélioration n’apporterait rien au peuplement. On peut régénérer un peuplement naturellement à plusieurs conditions : • si la (ou les) essence(s) principale(s) est adaptée à la station, • si les arbres sont de bonne qualité (il faut trouver au moins 100 à 150 arbres à l’hectare de bonne qualité), • si les arbres sur pied sont aptes à se régénérer. La régénération naturelle s’obtient par une série d’interventions : - La coupe d’ensemencement prélève 50% des tiges en privilégiant les arbres sains, vigoureux et de bonne qualité (fût droit sans grosses branches). Ces arbres serviront de semenciers ; leurs graines ensemenceront la parcelle. Le but de cette coupe est de sélectionner des semenciers de bonne qualité et de mettre leur houppier en pleine lumière pour favoriser la production de graines. Lors de cette coupe, tout le sous-étage est supprimé et un « grattage » du sol peut être utile pour faciliter la germination des graines. - Les coupes secondaires interviennent dans une fourchette de 2 à 5 ans après la coupe d’ensemencement, selon la vitesse d’ensemencement de la parcelle. Son but est de prélever les semenciers qui ont rempli leur rôle et qui dominent un tapis de semis naturels. En revanche, les arbres qui sont dans des secteurs non encore ensemencés seront conservés. Au mieux, si la parcelle s’ensemence très vite et complètement après la coupe d’ensemencement, aucune coupe secondaire n’est nécessaire : on passe alors directement à la coupe définitive. - La coupe définitive, qui intervient de 5 à 15 ans après la coupe d’ensemencement, permet de récolter les derniers semenciers restant sur pied, une fois que la parcelle est complètement ensemencée. On considère que l’ensemencement est complet si les semis couvrent au moins 80% de la surface de la parcelle. S’il existe de grands secteurs non ensemencés, on peut éventuellement compléter la régénération par plantation. Mais bien souvent, cette précaution s’avère superflue. L’exploitation de ces coupes doit être soignée pour éviter d’abîmer trop de semis. La création de layons, régulièrement dans la parcelle, pour concentrer le passage des engins de débardage est indispensable. Ils pourront servir pour les travaux futurs. Lorsque les semis commencent à apparaître, ils sont souvent concurrencés par d’autres végétaux (Ronces, Fougères, graminées…) qui peuvent les faire disparaître. Il faut alors commencer à réaliser des dégagements de semis qui consistent à supprimer la végétation adventice tant que les semis ne sont pas passés au-dessus. Attention : la régénération complète d’un peuplement est obtenue généralement dans un délai de 5 à 15 ans. Mais la partie n’est pas gagnée pour autant : de nombreuses interventions de gestion doivent être réalisées pour permettre aux semis de se développer et de former, à l’avenir, un peuplement forestier : • les dégagements de semis (voir ci-dessus) commencent dès que les semis apparaissent, s’ils sont concurrencés par d’autres végétaux. On peut être obligé d’en effectuer pendant quelques années après la coupe définitive selon la vitesse de croissance des semis et la vigueur de la végétation adventice, • le dépressage : quand les arbres font entre 5 et 10 mètres de hauteur (stade « gaulis »), il faut réaliser un dépressage dont le but est de desserrer les arbres pour leur permettre de se développer et de les sélectionner (suppression des tiges mal conformées, tordues ou avec de grosses branches). A ce moment, le peuplement forme un fourré impénétrable : l’idéal est d’intervenir successivement mécaniquement et manuellement : - gyrobroyage des semis sur des layons de 2 mètres de large tous les 6 mètres pour réduire la densité et permettre la pénétration du peuplement, - dépressage manuel dans les bandes restant entre les layons : réduction de la densité par suppression en priorité des tiges mal conformées. Les arbres coupés sont laissés sur place. Si la parcelle n’est pas accessible aux engins (pente trop forte), le dépressage sera fait manuellement. A partir du moment où les arbres font une quinzaine de mètres de hauteur (stade « perchis »), il faut réaliser des coupes d’amélioration tous les 10 à 15 ans (voir itinéraire 2 page 108). Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 111 MINI FLORE AJONC À PETITES FLEURS (Ulex parviflorus) En catalan : Argelac ou Gatosa - Etymologie : du grec ulè = broussaille Arbrisseau très épineux de 30 à 90 cm de haut, à tiges dressées, très ramifiées. En Vallespir, il est présent dans les landes et les maquis situés en dessous de 750 mètres d’altitude. • Rameaux à épines espacées, longues, arquées, prenant naissance à l’aisselle d’un groupe d’épines. • Feuilles persistantes, coriaces, vertes, transformées en épines. • Fleurs jaunes. • Fruits : gousses dressées, courtes, ovales, à graines peu nombreuses. ASPERGE SAUVAGE (Asparagus acutifolius) En catalan : Espareguera, Espàrrec – Etymologie : du grec asparagos (nom de la plante) Plante buissonnante de 30 cm à 1 mètre de haut et tige souterraine dont les bourgeons se développent au printemps en de jeunes pousses tendres et consommables. En Vallespir, elle est présente à l’étage méditerranéen jusqu’à 700 à 800 mètres d’altitude, dans les landes, sur les talus, en lisière ou dans les trouées des peuplements de chênes méditerranéens et des suberaies. • Rameaux très étalés, verdâtres, pubescents. • Cladodes (organes verts et aplatis mi-feuille mi-tige jouant le rôle de feuilles), courts (3 à 6 mm), raides, piquants, persistants, réunis en étoiles par 5 à 12. • Fruits : baies noires grosses comme un pois. AULNE GLUTINEUX (Alnus glutinosa) En catalan : Vern, Vernet ou Verneda – Etymologie : du latin Alnus (nom de l’arbre), du celtique lan = voisin des cours d’eau Arbre de 20 à 30 mètres de hauteur, au tronc droit, aux branches arquées et retombantes. En Vallespir, il est présent essentiellement dans les ripisylves au bord des cours d’eau ou, en altitude, dans les endroits très frais, en compagnie du Frêne commun, du Peuplier… • Ecorce d’abord lisse, gris-verdâtre, avec des lenticelles, puis se desquamant en écailles rectangulaires. • Jeunes rameaux anguleux, brun verdâtre, avec lenticelles. • Bourgeons pédonculés, gros, violacés. • Feuilles caduques, arrondies, tronquées au sommet, dentées, vert foncé au-dessus, plus claires en dessous. • Fleurs mâles en longs chatons pendants. • Fruits : samares très petites à aile circulaire dans de petits cônes ligneux, noirs, de 1 à 3 cm. 112 BRUYÈRE ARBORESCENTE (Erica arborea) En catalan : Bruc d’hivern ou Bruc boal – Etymologie : bruyère vient du celte gaulois bruko et du latin brugaria (nom de la plante) Arbrisseau de 1 à 4 mètres de haut, utilisé pour la fabrication des pipes en bruyère. En Vallespir, elle est présente à l’étage méditerranéen, en dessous de 750 mètres d’altitude, dans les landes sèches, siliceuses, assez pauvres, mais aussi dans les sous-bois de chêne. • Ecorce de couleur rougeâtre qui se détache en fines lanières. • Rameaux velus (ce qui la distingue de la bruyère à balais aux rameaux glabres), hérissés et blanchâtres. • Fleurs blanches ou roses, en forme de clochettes, petites (2 à 4 mm), odorantes et mellifères. • Fruits : petites capsules entourées par les fleurs desséchées. BUIS (Buxus sempervirens) En catalan : boix – Etymologie : du latin buxus emprunté au grec puxos (nom de la plante) Arbuste de 1 à 5 mètres de haut, à la croissance très lente. En Vallespir, il est présent à toutes les altitudes, essentiellement sur roche carbonatée. Il peut former un sousétage très dense dans les peuplements forestiers. • Ecorce gris-beige à petites écailles caduques. • Jeunes rameaux jaunâtres de section carrée. • Feuilles persistantes, opposées, coriaces, petites (1 à 2 cm), vert foncé et brillantes dessus, mates dessous. • Fleurs petites, verdâtres, regroupées en bouquets à l’aisselle des feuilles. • Fruits : capsules à 3 cornes vertes puis brunes. CALLUNE (Calluna vulgaris) En catalan : Bruga ou Bruguerola – Etymologie : du grec callunein = balayer (la plante était autrefois utilisée pour la fabrication de balais) Sous-arbrisseau de 30 cm à 1 mètre de haut, aux tiges dressées, plus ou moins tortueuses. En Vallespir, elle est présente à toutes les altitudes, sur des stations très sèches, pauvres et acides, dans les landes ou sous les peuplements clairs. • Rameaux glabres. • Feuilles opposées, en écailles très petites (2 à 4 mm). • Fleurs roses et petites (3 à 4 mm) formant de longues grappes et apparaissant en juillet. • Fruits : petites capsules velues. CANCHE FLEXUEUSE (Deschampsia flexuosa) En catalan : Descàmpsia flexuosa - Etymologie : Deschamps est un naturaliste français du 18ème siècle Plante vivace de 30 à 80 cm de haut. En Vallespir, elle est présente à toutes les altitudes dans les landes ou dans les peuplements forestiers. • Souche fibreuse formant des touffes. • Tige dressée, peu feuillée. • Feuilles vertes pouvant devenir presque glauques, enroulées. • Les inflorescences sont formées de longs rameaux flexueux et apparaissent en juin. Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 113 CHÂTAIGNIER (Castanea sativa) En catalan : Castanyer - Etymologie : du latin castanea (nom de la plante dans l’Antiquité) et sativus = cultivé Grand arbre pouvant atteindre 20 à 30 mètres de haut, au tronc droit, à la cime ample et aux branches étalées. En Vallespir, il est présent essentiellement dans l’étage supraméditerranéen, de 600 à 1100 mètres d’altitude où il a été planté aux 18ème et 19ème siècles. • Ecorce d'abord lisse et rougeâtre puis crevassée et noirâtre. • Jeunes rameaux rougeâtres, anguleux, avec grosses cicatrices foliaires. • Bourgeons globuleux, à 2 écailles. • Feuilles grandes (10 à 20 cm), allongées, très dentées, brillantes sur la face supérieure, avec nervures saillantes sur la face inférieure. • Fleurs mâles : longs chatons jaunes dressés à la floraison. • Fruits : 1 à 3 châtaignes enfermées dans une bogue épineuse. Comestibles. CHÊNE-LIÈGE (Quercus suber) En catalan : Surera - Etymologie : du celtique kaër quez = bel arbre et du latin suber = liège Arbre pouvant atteindre 15 à 20 mètres de haut, au tronc court et flexueux, au houppier peu dense constitué de quelques grosses branches. En Vallespir, il est présent en dessous de 600 mètres d’altitude, souvent en mélange avec le Chêne vert et le Chêne pubescent. Il peut aussi former des peuplements purs (suberaies). • Ecorce avant levée (liège), épaisse et crevassée. Après levée, l’écorce qui repousse est lisse et se crevasse petit à petit. • Jeunes rameaux d’abord pubescents puis lisses et gris. • Feuilles petites (3 à 5 cm), plus ou moins dentées, vert plus clair sur la face inférieure que sur la face supérieure. Très grande ressemblance avec les feuilles du chêne vert. Faussement persistantes (les feuilles de l’année tombent au moment de la naissance des nouvelles). • Glands de forme allongée, rouge brique, de 2 à 3 cm de long. CHÊNE PUBESCENT OU CHÊNE BLANC (Quercus pubescens) En catalan : Roure martinenc - Etymologie : du celtique kaër quez = bel arbre et du latin pubescens = à poils courts et mous (la face inférieure des feuilles est très pubescente) Arbre de 10 à 20 mètres de haut, au tronc souvent tortueux. En Vallespir, jusqu’à 500 mètres d’altitude, on le trouve en mélange avec le Chêne vert et le Chêne-liège dès que les sols sont moyennement profonds. Au-delà et jusqu’à 1000 mètres d’altitude, c’est l’un des arbres le plus fréquemment rencontré. • Ecorce crevassée et sombre. • Rameaux de l'année pubescents. • Bourgeons bruns, petits (1 à 1,5 cm), pubescents. • Feuilles de 7 à 10 cm de long, pubescentes sur la face inférieure (la pubescence s'observe très nettement au printemps), caduques mais persistent longtemps sur les branches à l'état desséché. • Glands en forme d'obus, agglomérés sur un petit pédoncule à l'extrémité des branches. 114 CHÊNE SESSILE OU CHÊNE ROUVRE (Quercus petraea) En catalan : Roure de fulla gran - Etymologie : du celtique kaër quez = bel arbre, du latin petraeus = de pierre et sessiliflorus = à fleurs sessiles (à cause des glands insérés directement sur les rameaux, sans pédoncule) Grand arbre pouvant atteindre 20 à 30 mètres, à houppier ample, au tronc assez droit. En Vallespir, il est présent à partir de 1000 jusqu’à 1300 mètres d’altitude en peuplement pur ou en mélange avec d’autres essences (Hêtre). • Ecorce lisse et grisâtre dans le jeune âge puis épaisse et crevassée. • Feuilles caduques, à très court pétiole, ondulées, à lobes arrondis, pourvues d’oreillettes à la base. • Fleurs mâles en longs chatons pendants. • Fruits : glands sessiles de 1 à 2 cm de long. CHÊNE VERT OU ALZINE (Quercus ilex) En catalan : Alzina - Etymologie : du celtique kaër quez = bel arbre et du latin ilex (nom de l’arbre) Arbre de 5 à 20 mètres de haut, au tronc souvent tortueux. En Vallespir, il est très fréquent quelles que soit les conditions, en dessous de 600 mètres d’altitude. Au-delà et jusqu’à plus de 800 mètres d’altitude, il peut être présent en mélange avec d’autres essences, plutôt sur les versants chauds ou sur les sols superficiels. • Ecorce crevassée et noirâtre. • Rameaux de l'année pubescents. • Feuilles plus ou moins dentées et épineuses (ressemblance avec la feuille de houx), entières et non-épineuses sur les vieux rameaux, vert sombre sur la face supérieure, grises sur la face inférieure. Persistantes (2 à 3 ans). • Glands de forme allongée, de 1 à 3 cm de long. CISTE DE MONTPELLIER (Cistus monspeliensis) En catalan : Estepa negra - Etymologie : du grec kistos = boîte, capsule (à cause des fruits) Arbrisseau d'environ 1 mètre, à tiges dressées, souples et lisses, issues souvent de rejets de souche. En Vallespir, il est présent en dessous de 500 mètres d’altitude. Il accompagne souvent le Chêne vert dans les maquis sur les sols secs. • Rameaux velus et visqueux. • Feuilles vert foncé, étroites, à bords enroulés, collantes. • Fleurs blanches, en grappes, présentes en mai-juin. • Fruits : capsules arrondies, avec 5 loges à l'intérieur. NB : d’autres cistes sont également présents en Vallespir, notamment le Ciste à feuilles de sauge (Cistus salvifolius) et le Ciste blanc (Cistus albidus). FILAIRE À FEUILLES ÉTROITES (Phillyrea angustifolia) En catalan : Aladern de fulla estreta - Etymologie : du grec phullon = feuille Arbrisseau de 1 à 2 mètres de haut. En Vallespir, il est présent en dessous de 600 mètres d’altitude, dans les landes et les peuplements clairs, sur les sols carbonatés. • Feuilles longues (2 à 4 cm), étroites (4 à 8 mm) et luisantes dessus. Persistantes. • Fleurs blanches à verdâtres, disposées en grappes à l’aisselle des feuilles. • Fruits : drupes globuleuses, charnues, noires. Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 115 FRAGON OU PETIT HOUX (Ruscus aculeatus) En catalan : Brusc ou Galzeran - Etymologie : du latin aculeatus = en forme d’aiguille Sous-arbrisseau de 30 à 90 cm de haut. En Vallespir, il est très fréquent dans les chênaies méditerranéennes et, à plus haute altitude, dans les peuplements forestiers sur stations plutôt sèches. • Tiges dressées, vert foncé, avec des stries longitudinales, formant des touffes (plante buissonnante). • « Feuilles » (qui sont en fait des rameaux transformés), petites (2 à 3 cm), sessiles, ovales, rigides, piquantes. • Fleurs verdâtres et violacées, sous la « feuille », présentes en septembre. • Fruits : baies rondes et rouges (comme le fruit du houx), toxiques. FRÊNE COMMUN (Fraxinus excelsior) En catalan : Freixe - Etymologie : du latin excelsior = élevé Grand arbre pouvant atteindre 35 mètres de haut, au tronc droit, souvent fourchu et à la cime peu ramifiée. En Vallespir, il est fréquent dans les ripisylves au bord des cours d’eau ou dans les ravins. Audessus de 600 mètres d’altitude, on le trouve couramment en mélange avec d’autres feuillus dans les stations riches. Son caractère pionnier lui permet de s’installer dans les milieux ouverts, même dans des stations qui ne lui conviennent pas : la présence de semis naturels de Frêne n’a donc aucune signification quant à l’adaptation de cette espèce. • Ecorce d'abord lisse et claire (jaunâtre) puis fissurée gris-beige. • Rameaux gros, opposés 2 à 2, avec nombreuses cicatrices foliaires. • Bourgeons pyramidaux, gros et noirs, opposés 2 à 2. • Feuilles caduques, vert tendre, composées de 7 à 15 folioles ovales, pointues et dentées. • Fruits munis d'une aile, groupés en grappes qui restent sur l'arbre jusqu'au printemps. GENÉVRIER COMMUN (Juniperus communis) En catalan : Ginebre - Etymologie : du celtique juneperus = âpre (à cause de la saveur du fruit) Arbuste de 2 à 10 mètres de haut, au tronc droit. En Vallespir, il pousse à toutes les altitudes dans les garrigues ou sur les pelouses pâturées ainsi que dans les maquis boisés ou non. Dès que le couvert du peuplement se ferme, il dépérit. • Aiguilles très piquantes, de 1 à 2 cm de long, avec une bande glauque (vert-bleuâtre) sur la face supérieure. Persistantes. • Fruits petits (0,5 cm), ronds, glauques la première année, bleu-noir la deuxième. 116 HÊTRE OU FAYARD (Fagus sylvatica) En catalan : Faig – Etymologie : du germanique heister ou hester = jeune hêtre ; du latin fagus = hêtre Grand arbre pouvant atteindre 20 à 35 mètres de haut, au tronc droit, aux branches redressées et au couvert sombre. En Vallespir, il est présent à partir de 900 mètres d’altitude. On peut le trouver plus bas (600 ou 700 mètres) dans des stations fraîches et abritées. • Ecorce lisse et grise, parfois noirâtre. • Bourgeons très allongés, pointus, piquants, longs (2 cm), bruns et brillants. • Feuilles caduques, ovales, de 4 à 9 cm de long. Au printemps, vert tendre, pourvues de longs cils blancs. En été, vert plus soutenu, rigides, gaufrées. Elles portent souvent de petites galles creuses et ovales. • Fruits : 3 à 4 faines enfermées dans une cupule hérissée de poils. HOUX (Ilex aquifolium) En catalan : Greu ou Grevol - Etymologie : du latin Ilex désignant le chêne vert à cause de la ressemblance des feuilles Arbuste ou petit arbre, généralement entre 2 et 10 mètres de haut. En Vallespir, il est présent dans les sous-bois de peuplements feuillus, sur les versants frais aux plus basses altitudes. • Ecorce jaune-verdâtre, lisse, devenant avec l’âge noirâtre et crevassée. • Jeunes rameaux vert. • Feuilles coriaces, ondulées, souvent épineuses, vert sombre, luisantes sur la face supérieure. Persistantes. • Fleurs blanches en bouquets à l’aisselle des feuilles de l’année précédente. • Fruits : baies rouges, ovoïdes. Toxiques. LIERRE (Hedera helix) En catalan : Heura ou Hedra - Etymologie : du latin haedere = s’attacher et helix = spirale Liane qui peut atteindre 30 mètres de longueur. En Vallespir, elle est présente dans les peuplements forestiers jusqu’à 1200 mètres d’altitude. • Tige sarmenteuse, couchée sur le sol ou grimpante, fixée aux arbres par des crampons. • Feuilles luisantes, persistantes, celles de la tige étant formées de 3 à 5 lobes triangulaires, celles des rameaux étant entières, plus ou moins ovales. • Fleurs jaune verdâtre, en ombelles terminales. • Fruits : baies noir bleuâtre. LUZULE BLANC DE NEIGE (Luzula nivea) En catalan : Lùzula nivia - Etymologie : du latin lucere = briller Plante vivace de 40 à 80 cm de haut. En Vallespir, elle est présente à l’étage montagnard, à partir de 900 mètres d’altitude notamment dans les hêtraies. • Tiges dressées issues de rejets de souche. • Feuilles vert clair, très allongées, plates, bordées de longs cils blancs (aspect d’herbe à feuilles larges). • Fleurs blanc argenté, de 0,5 cm de long, groupées par 6 à 20 en haut des tiges, présentes d’août à septembre selon l’altitude. Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 117 MÉLÈZE D’EUROPE (Larix decidua) En catalan : Làrix de Europa - Etymologie : du latin larix (nom de l’arbre) et deciduus = à feuilles caduques Grand arbre atteignant 30 à 35 mètres de haut, au tronc droit. En Vallespir, il a été introduit en altitude dans les reboisements réalisés pour la Restauration des Terrains en Montagne, après l’Aïguat, en forêt domaniale du Haut-Vallespir. • Ecorce grisâtre, crevassée et très épaisse sur les arbres âgés. • Rameaux longs gris-jaunâtre. • Aiguilles de 1,5 à 3 cm, caduques, souples voire molles, vert clair, isolées sur les rameaux longs et groupées en touffes sur des rameaux courts. • Cônes (« pommes de pin ») petits (2 à 4 cm de long), ovoïdes. MERCURIALE VIVACE (Mercurialis perennis) En catalan : Melcoratge, Murvarol ou Mercurial – Etymologie : de Mercure, dieu qui découvrit les propriétés médicinales de cette plante Plante vivace, de 10 à 40 cm de haut, pubescente. En Vallespir, elle est présente aux étages supraméditerranéen et montagnard, dans des stations riches et fraîches. • Tiges dressées, de section carrée, nues à la partie inférieure. • Feuilles opposées, vert très sombre, dentées, à pétiole court. • Fleurs mâles : inflorescences espacées sur un épi long. • Fruits : capsules globuleuses, hérissées. MERISIER (Prunus avium) En catalan : Cirerer de bosc - Etymologie : du latin avis = oiseau (les oiseaux sont de grands consommateurs de merises) Le Merisier est le cerisier sauvage. La plupart des caractéristiques sont communes aux deux arbres. Seules la forme de l'arbre et sa hauteur sont vraiment différentes. Le Merisier est un arbre pouvant atteindre 20 mètres de haut, au tronc droit, à la forme pyramidale et au couvert clair. En Vallespir, il est présent au-dessus de 600 mètres d’altitude, sur les sols profonds, disséminé dans les peuplements forestiers. • Ecorce rougeâtre, d'abord lisse puis s'exfoliant en lanières horizontales. • Jeunes rameaux rougeâtres, brillants. • Bourgeons rougeâtres, groupés par 2 à 5 à l'extrémité des rameaux. • Feuilles caduques, vert tendre, molles, dentées, avec 2 glandes rougeâtres à la base du limbe. • Fleurs blanches en avril ou mai selon l'altitude. • Fruits (merises) : petites cerises, noires à maturité. Comestibles. 118 MOLINIE (Molinia caerulea) En catalan : Molinia - Etymologie : du latin caeruleus = bleu. Plante dédiée au botaniste espagnol J.I. Molina Plante vivace de 30 cm à 1,50 mètre de haut, glabre, formant à sa base une touffe compacte sur une souche épaisse. En Vallespir, elle est présente localement dans des stations à hydromorphie importante à certaines périodes de l’année, notamment sur les calcaires marneux des secteurs de Coustouges-La Muga et de Lamanère. • Tiges dressées, raides, à un seul nœud blanc rosé, à la base souvent renflée, rosée ou violacée. • Feuilles assez raides, larges (3 à 10 mm) et longues (10 à 45 cm). • Fleurs : inflorescence dressée, allongée, fortement contractée après la floraison, violacée ou verdâtre, constituée de rameaux dressés. MYRTILLE (Vaccinium myrtillus) En catalan : Nabiu - Etymologie : du grec murtos = myrte (à cause de sa ressemblance avec cette plante) Sous-arbrisseau de 20 à 60 cm aux tiges dressées. En Vallespir, elle est présente à partir de 1000 mètres d’altitude, en dehors des stations très sèches, généralement sous les peuplements forestiers (Sapin pectiné, Hêtre et Pins). • Jeunes rameaux verts et anguleux. • Feuilles caduques, petites (1,5 à 2 cm), ovales et dentées. • Fleurs roses en grelots d'avril à juin. • Fruits petits (0,5 cm), ronds, aplatis aux pôles, bleu-noir, comestibles, mûrs d'août à septembre selon l'altitude. NOISETIER OU COUDRIER (Corylus avellana) En catalan : Avellaner ou Auran – Etymologie : du grec korus = casque (à cause de la cupule des noisettes) et du gaulois aballo = pomme Arbrisseau pouvant atteindre 4 mètres de haut, aux tiges droites, souvent en cépées. En Vallespir, il est présent dans les endroits frais en sous-étage des peuplements forestiers. Mais il compose aussi des formations très denses (corylaies) sur d’anciennes terres agricoles abandonnées. • Ecorce mince et brunâtre. • Jeunes rameaux fortement pubescents, à poils rougeâtres. • Feuilles caduques, grandes (5 à 10 cm de diamètre), arrondies, au sommet pointu, dentées. • Fleurs mâles en chatons jaunâtres pendants. • Fruits : noisettes, à la coque dure, enveloppées dans des bractées foliacées. Comestibles. GRANDE ORTIE (Urtica dioïca) En catalan : Xiripia ou Ortiga gran – Etymologie : du latin urere = brûler (à cause des piqûres brûlantes de ses poils) Plante vivace de 40 cm à 1 mètre de haut, vert sombre, couverte de poils urticants ou non. En Vallespir, elle est présente dans des stations fraîches voire humides, sur des sols riches. • Tiges fortes, non ramifiées, à section carrée. • Grandes feuilles opposées, ovales, terminées en pointe, à dents triangulaires. • Fleurs en grappes, disposées à l’aisselle des feuilles. Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 119 PIN À CROCHETS (Pinus uncinata) En catalan : Pi negre - Etymologie : du latin uncinatus = en forme de crochets (chaque écaille des cônes porte en son extrémité un écusson qui forme une sorte de crochet) Grand arbre pouvant atteindre 25 mètres de haut, au tronc droit et à la forme pyramidale. En Vallespir, la plupart des peuplements sont issus des reboisements réalisés pour la Restauration des Terrains en Montagne, après l’Aïguat, en forêt domaniale du Haut-Vallespir, en haute altitude, dans les conditions difficiles, froides et sèches (hauts de versant, crêtes, plateaux d’altitude…). • Ecorce gris sombre, terne, parfois presque noire. • Bourgeons pointus au sommet, blanchâtres, couverts de résine. • Aiguilles groupées par 2, vert sombre, raides, courtes (3 à 8 cm), régulièrement dressées tout autour du rameau (aspect d'écouvillon). Persistantes 3 à 5 ans. • Fruits : cônes (« pommes de pin ») petits (2 à 7 cm de long), dressés puis inclinés sur les rameaux. Ecailles pourvues d'un écusson très saillant, plus ou moins en forme de crochet. PIN SYLVESTRE (Pinus sylvestris) En catalan : Pi roig, Rajolet - Etymologie : du latin sylvestris = sauvage Grand arbre pouvant atteindre 30 mètres de haut, au tronc droit et au couvert clair. En Vallespir, il est très fréquent à toutes les altitudes même si son aire de prédilection est l'étage montagnard, entre 1000 et 1200 mètres d’altitude. C'est une essence pionnière qui reconquiert les pâturages, les parcours ou les terres de culture abandonnés, souvent en compagnie du Bouleau. En deuxième génération, sur les stations qui leur conviennent, d’autres essences (Sapin pectiné, Hêtre…) peuvent prendre sa place. • Ecorce brun-rougeâtre, saumonée dans la partie supérieure du tronc et sur les branches. • Aiguilles groupées par 2, glauques (vert-bleuâtre), courtes (4 à 7 cm). Persistantes. • Fruits : cônes (pommes de pin) petits (3 à 5 cm). PRÉNANTHE POURPRE (Prenanthes purpurea) En catalan : Prenanthes - Etymologie : du grec prênês = incliné et anthos = fleur Plante vivace de 40 cm à 1,50 mètre de haut. En Vallespir, elle est présente à l’étage montagnard, à partir de 900 mètres d’altitude, sous les peuplements forestiers (notamment dans les hêtraies) ou en lisière. • Tige dressée, très feuillée. • Feuilles molles, glauques, en forme de violon, dont la base entoure la tige. • Inflorescences assez petites, à 5 fleurs violettes (pourpres), composées d'un seul pétale, penchées au bout de longs pédoncules (queues), présentes en août et septembre. 120 RHODODENDRON FERRUGINEUX (Rhododendron ferrugineum) En catalan : Neret - Etymologie : du grec rhodon = rose et dendron = arbre (« arbre à roses ») Arbrisseau de 30 cm à 1 mètre de haut. En Vallespir, il est caractéristique de l’étage subalpin où il forme souvent de véritables fourrés. Il pousse dans les landes d’altitude ou sous les peuplements forestiers (Pin à crochets). • Tiges tortueuses, très ramifiées, donnant un aspect buissonnant. • Feuilles épaisses, coriaces, allongées, de 3 à 5 cm de long, luisantes sur la face supérieure, d’abord blanchâtres puis rouille sur la face inférieure. Persistantes. • Fleurs rouges en grappes. SUREAU NOIR (Sambucus nigra) En catalan : Sauquer ou saüc - Etymologie : du latin sambucus ou sabucus (nom de la plante) Arbuste ou petit arbre de 2 à 10 mètres de haut, à odeur désagréable. En Vallespir, il est présent dans les peuplements forestiers, sur stations fraîches et humides, sur les sols riches, à partir de 600 mètres d’altitude. En dessous, il est cantonné près des cours d’eau. • Tronc flexueux. • Ecorce d’abord grise et verruqueuse puis gris-beige, écailleuse et fendillée. • Jeunes rameaux à moelle blanche, avec nombreuses lenticelles. • Feuilles opposées, composées de 5 ou 7 folioles ovales, dentées, un peu velues sur les nervures. • Inflorescences terminales grandes (10 à 14 cm de diamètre), formées de fleurs blanchâtres, très odorantes. • Fruits : petites baies noires. TILLEUL À PETITES FEUILLES (Tilia cordata) En catalan : Tell de fulla petita - Etymologie : du grec tilia = aile (à cause de la graine portée par une « aile ») et du latin cordatus = cordé (à cause de la forme en cœur des feuilles) Grand arbre pouvant atteindre 20 à 30 mètres de haut, au tronc généralement droit et au houppier large et étalé. En Vallespir, il est présent dans les stations fraîches et sur les sols riches des étages supraméditerranéen et montagnard. A basse altitude, il peut être présent dans les ripisylves. • Ecorce d’abord gris-vert, lisse, luisante puis gris-brun, crevassé en long. • Jeunes rameaux glabres, luisants, brun-vert ou rouges. • Bourgeons globuleux, à 2 écailles visibles. • Feuilles caduques, longues (3 à 8 cm), cordées, se terminant en pointe, finement dentées, avec des touffes de poils roux à l’aisselle des nervures. • Inflorescences formées de 4 à 12 fleurs jaune blanchâtre sur une bractée foliacée. • Fruits secs, globuleux, petits (5 à 8 mm), à côtes saillantes. Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 121 GLOSSAIRE Amélioration Ensemble des interventions ayant pour but de maintenir la croissance et la vigueur maximale d'un peuplement et d'en sélectionner les arbres sur des critères de qualité. Ces interventions regroupent les dépressages, les éclaircies (appelées aussi « coupes d’amélioration ») ainsi que les opérations de conversion des taillis en futaie. ____ Balivage intensif Opération d’amélioration d’un taillis simple consistant à choisir et marquer un grand nombre de jeunes arbres d’avenir (baliveaux) ainsi qu’une végétation d’accompagnement en vue de produire à l’avenir du bois d’œuvre de qualité. ____ Bois énergie ou bois de chauffage ou bois de feu Ensemble des bois (plaquettes, bois rond, fendu, scié, coupé en bûches, en quartiers, rondins de petite longueur, bois déchiqueté en bûchettes) destinés à être brûlés pour chauffer les habitations. ____ Bois d’industrie Bois destinés à la fabrication de pâtes de cellulose, par des procédés mécaniques, chimiques ou michimiques, ou encore à la fabrication des panneaux de fibres et des panneaux de particules. Il s’agit généralement de bois de faible diamètre issus de coupe intervenant dans les taillis ou de première éclaircie de futaies. ____ Bois d'œuvre Bois débité à des dimensions (et formes) convenant pour la fabrication d’éléments de construction (charpente), meuble, emballage, aménagements. Le bois d’œuvre est couramment utilisé en sciage, déroulage ou tranchage. Généralement, les arbres utilisés doivent être assez gros (diamètre à 1,30 mètre supérieur à 30-35 cm). 122 Bois rond Tous les bois abattus ou façonnés en grumes, billes, rondins ou bûches. ____ Bois de trituration Voir bois d’industrie. ____ Brin Arbre issu de rejet de souche. ____ Cépée Ensemble des brins issus des rejets d’une même souche. ____ Chablis Arbre ou ensemble d’arbres déraciné, le plus souvent à la suite d’un incident climatique (vent fort, neige lourde). ____ Coupes d’amélioration Intervention consistant à abaisser la densité des arbres dans une futaie régulière pour maintenir leur croissance, les sélectionner sur leur qualité et conserver un bon état sanitaire et une bonne stabilité au peuplement. Les arbres exploités sont commercialisés et fournissent un revenu au propriétaire qui est minime lors de la première éclaircie puis va en augmentant. Suivant l'âge des arbres et leur vitesse de croissance, les éclaircies sont réalisées tous les 4 à 10 ans. ____ Coupes de conversion Terme générique couvrant les coupes qui permettront de passer du taillis à la futaie. Coupes de futaie irrégulière Exploitations intervenant dans une futaie irrégulière ou jardinée répétées régulièrement tous les 8 à 10 ans. Ces coupes consistent à la fois : • à récolter de gros arbres qui ont atteint le diamètre objectif, ce qui permet également de mettre en lumière des taches de semis naturels, • à éclaircir les bouquets d'arbres d'âge moyen, • à dépresser les jeunes arbres, • à récolter les arbres malades ou dépérissants. ____ Coupes de régénération Terme générique couvrant toutes les coupes qui permettent de régénérer naturellement un peuplement (coupes préparatoires, coupe d’ensemencement, coupes secondaires, coupe définitive, coupes en bandes…). La coupe de taillis est également une coupe de régénération. ____ Coupe de taillis Exploitation intervenant dans un taillis simple. Elle consiste à couper tous les brins systématiquement tous les 20 à 50 ans. ____ Coupes progressives Ensemble d'interventions ayant pour but de renouveler naturellement une futaie régulière. Le peuplement est d'abord très fortement éclairci pour provoquer l'apparition des semis (coupe d'ensemencement). Les semenciers sont ensuite exploités peu à peu pour mettre en lumière les semis installés (coupes secondaires). Quand la parcelle est entièrement ensemencée, tous les arbres qui subsistent sont exploités (coupe définitive). ____ Coupe rase ou coupe à blanc Exploitation systématique de tous les arbres présents dans une parcelle. Cette intervention est généralement réalisée pour renouveler un peuplement artificiellement par plantation ou, plus rarement, par semis. Coupe sanitaire Exploitation intervenant généralement dans les peuplements âgés en attente d’être renouvelés ou ayant subi une attaque parasitaire (ou un accident climatique), ayant pour but de prélever les arbres malades ou dépérissants. ____ Courbe de niveau Courbe qui réunit tous les points de même altitude. ____ Couvert (forestier) Proportion de la surface couverte par la projection verticale des houppiers de l’ensemble des arbres d’un peuplement. ____ Débardage Opération d’exploitation forestière consistant à amener les arbres abattus depuis la parcelle jusqu’à une place de dépôt où un camion viendra les chercher. Généralement, le débardage s’effectue avec un « porteur » (tracteur qui porte les bois) sur terrain plat et avec un « skidder » (tracteur qui traîne les bois) sur terrain en pente. (Verbe : débarder). ____ Débroussaillement ou débroussaillage Intervention consistant à supprimer la végétation arbustive dans une parcelle, un pare-feu ou en bord de piste. Elle peut être complétée par l’élagage des branches basses des arbres. Elle a généralement pour but de prévenir les incendies (réduction de la masse combustible et des risques de départ de feu) ou de reconquérir des pâturages. Ces deux objectifs sont souvent complémentaires. (Verbe : débroussailler). ____ Dégagements Interventions consistant à supprimer la végétation qui concurrence des plants ou des semis naturels, les privant de lumière (concurrence aérienne) ou d'eau (concurrence racinaire). Les dégagements peuvent être manuels, mécaniques ou chimiques. (Verbe : dégager). Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 123 Dépressages Travaux d'amélioration intervenant dans des semis naturels (de toutes essences) ou dans un jeune taillis (généralement de Châtaignier), plus rarement dans des plantations. Le dépressage a pour but d'abaisser la densité des jeunes arbres pour maintenir leur croissance et pour les sélectionner d'après leur qualité. Les arbres coupés sont laissés au sol car ils sont trop petits pour être commercialisés (leur hauteur est de 6 mètres maximum). (Verbe : dépresser). ____ Drageon Tige issue du développement d’un bourgeon situé sur la racine d’un arbre. En grandissant, le drageon se crée son propre système racinaire et devient un individu autonome. Le Chêne vert, le Merisier, le Robinier, le Mimosa sont des essences utilisant couramment ce mode de reproduction. ____ Eclaircie Voir « coupes d’amélioration » et « amélioration ». (Verbe : éclaircir). ____ « Eclaircie de taillis » Expression désignant une intervention consistant à abaisser la densité des brins (ou des cépées) dans un taillis. En Vallespir, elle interviendra le plus souvent dans les taillis de Hêtre et de Chêne sessile de qualité, suite à un balivage intensif, avec l’objectif de produire, à terme, du bois d’œuvre. ____ Elagage Coupe des branches basses des arbres pour produire un bois sans nœud sur une hauteur de 6 mètres en général : l'élagage se pratique suivant des règles bien précises (précocement, modérément, progressivement). 124 Embâcle Barrage formé dans le lit d’un cours d’eau par une accumulation de branches et de troncs morts. ____ Enrichissement Techniques sylvicoles permettant d’introduire (ou d’augmenter l’importance) des essences intéressantes compte tenu des objectifs du propriétaire. (Verbe : enrichir). ____ Entretiens Ensemble des interventions réalisées pour favoriser la croissance des jeunes plants ou semis naturels. Les plus courants sont les dégagements, les tailles de formation et la pose de protection contre le gibier. (Verbe : entretenir). ____ Essences d'accompagnement Ensemble des arbres issus de régénération naturelle ou de plantation qui vont accompagner une essence principale. ____ Essence objectif Essence à favoriser dans un peuplement pour répondre aux objectifs fixés par le propriétaire. ____ Etages d’un peuplement Organisation d’un peuplement dans un plan vertical. On distingue : • l’étage dominant qui rassemble les arbres les plus hauts dont les houppiers forment la strate supérieure, • les étages dominés qui regroupent les arbres plus bas, dominés par les précédents, • le sous-étage qui forme la strate la plus basse, nettement dominée, soit que les arbres soit plus jeunes, soit qu’il s’agisse d’arbustes. Etage de végétation Ensemble des séries de végétation présentes dans une zone bioclimatique donnée. ____ Feuillus précieux Feuillus qui, s'ils sont de bonne qualité, ont une grande valeur économique due à leur relative rareté et aux qualités technologiques de leur bois. Il s'agit principalement du Merisier, du Frêne commun, des Erables et des Noyers. On peut également classer dans cette catégorie les Tilleuls et les Alisiers. ____ Futaie Peuplement forestier composé d'arbres issus de graines. Les arbres sont alors dits « de franc pied ». L'objectif donné à une futaie est généralement la production de bois d'œuvre. En Europe, un peuplement de résineux est toujours une futaie. Par abus de langage, on parlera de « futaie sur souche » lorsqu'un peuplement aura un aspect de futaie, composée de tiges isolées les unes des autres, à la suite de la conversion d'un taillis par vieillissement naturel ou grâce à des travaux d'amélioration. ____ Futaie irrégulière Futaie composée d'arbres d'âge et de dimensions très différents. Ce traitement peut s’appliquer à toutes les essences qui se régénèrent bien naturellement. ____ Futaie jardinée Futaie irrégulière qui compte des arbres de toutes les classes d’âge (ou de hauteur), depuis les semis jusqu’aux arbres arrivés à maturité. ____ Futaie régulière Futaie où, dans chaque unité de gestion (parcelle ou groupes de parcelles) les arbres ont approximativement le même âge. Dans le cas idéal, ils auraient aussi la même hauteur et seraient implantés à la même densité. Ce traitement peut s'appliquer à toutes les essences. Futaie mélangée Futaie composée d’arbres de différentes essences, soit uniquement feuillues, soit uniquement résineuses. ____ Futaie mixte Futaie composée d’un mélange de feuillus et de résineux. ____ Futaie sur souches Peuplement forestier issu du vieillissement ou du balivage intensif d’un taillis, ayant l’aspect d’une futaie et étant traité comme tel. ____ Gélivure Fente radiale et longitudinale affectant l’écorce et le bois d’un arbre, généralement provoquée par l’arrivée brutale de grands froids. ____ Houppier Ensemble des ramifications (tige et branches) d’un arbre situées au-dessus du fût. ____ Labour Travail du sol effectué avant plantation, le plus souvent avec une charrue à disques. Le labour retourne la terre et son but est d'aérer le sol, de faciliter la pénétration des racines et de limiter l'évaporation en changeant la structure du sol en superficie. Un labour peut être effectué « en plein » (sur toute la surface) ou en bandes, sur une partie de la surface. ____ Pelle-araignée Pelle mécanique pourvue de 2 roues, de 2 pieds et d'un bras télescopique, pouvant se déplacer et travailler dans des pentes très fortes. ____ Perchis Jeune peuplement composé d’arbres issus de graines dont les tiges ont un diamètre de 10 à 15 cm en moyenne (ce qui les fait ressembler à des perches). Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 125 Peuplement Ensemble d’arbres, jeunes et vieux, constituant la végétation ligneuse poussant sur un terrain forestier, à l’exception des arbustes, arbrisseaux et de la végétation herbacée. ____ Potet Emplacement où la terre est travaillée soit manuellement soit par des moyens mécaniques en vue de mettre en place un jeune plant. ____ Recépage Intervention consistant à couper un arbre le plus près possible du sol. (Verbe : recéper). ____ Régénération artificielle Renouvellement d'un peuplement par plantation (plus rarement par semis) après coupe à blanc et, si nécessaire, travail du sol. ____ Régénération naturelle Renouvellement d'un peuplement à partir des arbres en place, soit à partir de la dissémination de leurs semences, soit à partir de leurs moyens de multiplication végétative : rejets ou drageons. Cette méthode n'a de « naturelle » que l’origine des jeunes arbres car elle est conditionnée par des interventions humaines. Il serait préférable de l’appeler « régénération assistée ». ____ Rejet (de souche) Jeune brin qui se développe sur une souche au printemps suivant la coupe. On dit que la souche rejette. Ce système de reproduction asexuée n'est utilisé que par les feuillus (en Europe). (Verbe : rejeter). 126 Réserve Arbre maintenu sur pied lors du passage en coupe. Ce terme est utilisé surtout dans les taillis sous futaie. ____ Rotation Intervalle de temps séparant deux coupes de même nature dans un peuplement. ____ Roulure Défaut du bois de Châtaignier (plus rarement de Chêne) qui consiste en un décollement des cernes de croissance. La roulure est bien visible sur les arbres coupés. On dit d’un arbre touché par ce défaut qu’il est « roulé ». Son bois est fortement déprécié et ne peut pas être commercialisé pour des utilisations nobles. ____ Semis naturel Jeune arbre issu d'une graine arrivée au sol sans qu'un homme l'ait semée. ____ Sous-solage Travail du sol effectué avant plantation avec un outil (sous-soleuse) armé d'une ou plusieurs dents qui descendent en profondeur dans le sol (jusqu'à 1 mètre) et le font éclater. Le sous-solage a pour but de faciliter la pénétration de l'eau et des racines des arbres. (Verbe : sous-soler). ____ Station forestière Etendue de terrain de superficie variable homogène dans ses conditions de topographie, de climat, de sol et donc de végétation. ____ Suberaie Peuplement de Chêne-liège. Sylvopastoralisme Technique consistant à faire pâturer des troupeaux dans une parcelle boisée en adaptant la pression du troupeau à la ressource alimentaire disponible de façon que les arbres ne souffrent pas de la présence des animaux. La gestion sylvopastorale doit être réfléchie, dans l’intérêt réciproque de l'éleveur (place de la forêt dans l'utilisation globale des parcours et dans le calendrier de pâturage) et du propriétaire forestier (cohérence avec l'aménagement global de la propriété). La réflexion doit également porter sur les équipements nécessaires dans les deux sens : clôtures, sursemis d'un côté; protections des jeunes arbres, opérations de régénération. ____ Taille de formation Intervention consistant à supprimer les « têtes multiples » (fourches) ou les très grosses branches d'un jeune arbre. Elle a pour but de former un tronc droit et unique sur au moins 6 mètres de haut. (Verbe : tailler). Taillis Peuplement forestier composé par des brins issus de rejets de souche. Seuls les feuillus peuvent constituer des taillis (en Europe). ____ Taillis simple Taillis composé de brins qui ont tous le même âge. Ils sont tous coupés en même temps et les souches rejettent toutes la même année. ____ Transformation Remplacement d’un peuplement composé le plus souvent d’essences mal adaptées de qualité médiocre par une plantation d’essences différentes. (Verbe : transformer). Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques. 127 Ce guide a été réalisé par Benoit Lecomte, Ingénieur au Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) du Languedoc-Roussillon, avec les conseils avisés d’Hélène Chevallier (Atelier des Cimes) et Louis Thouvenot, à partir du « Catalogue des types de stations forestières du Vallespir » (Louis Thouvenot – 1999) et du « Catalogue des types de stations forestières des terrains sédimentaires du Vallespir » (Laurent Angel, Hélène Chevallier – 2002), dans le cadre des actions menées par la Charte Forestière de Territoire du Vallespir animée par le Pays Pyrénées-Méditerranée, avec la participation financière de la Région Languedoc-Roussillon et du Conseil Général des Pyrénées-Orientales. Le travail technique a été coordonné par le CRPF sous l’égide d’un comité de pilotage réunissant les acteurs techniques impliqués sur le territoire : Aménagement Environnement Forêt (AEF), Atelier des Cimes, Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) du Languedoc-Roussillon, Communauté de Communes du Haut et Moyen Vallespir, Conseil Général des Pyrénées-Orientales, Coopérative Forestière COFOGAR, Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) des Pyrénées-Orientales, Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF) du Languedoc-Roussillon, Région Languedoc-Roussillon, Institut Méditerranéen du Liège (IML), Institut pour le Développement Forestier (IDF), Inventaire Forestier National (IFN), Office National des Forêts (ONF), Pays Pyrénées Méditerranée, Syndicat des Forestiers Privés des Pyrénées-Orientales. Nous remercions tous les techniciens qui nous ont aidés dans ce travail ainsi que tous les propriétaires qui nous ont accueillis dans leur forêt. Ce guide est dédié à la mémoire de Joseph Armangué, Vice-Président du CRPF du Languedoc-Roussillon de 1987 à 2002, Président du Syndicat des Forestiers Privés des Pyrénées-Orientales de 1981 à 2003, propriétaire forestier à Céret, amoureux du Vallespir et du Châtaignier. Crédits photos : Fédération Aude Claire, Louis Thouvenot, Syndicat Intercommunal de Gestion et d’Aménagement du Tech, Centre Régional de la Propriété Forestière du LanguedocRoussillon Mini flore : dessins de Dominique Mansion, extraits de la Flore Forestière Française, guide écologique illustré tomes 1, 2 et 3 ; Institut pour le Développement Forestier, Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, AGROPARISTECH-ENGREF, Inventaire Forestier National. Avec l’aimable autorisation du Centre National de la Propriété Forestière (CNPF). Septembre 2012 RYTHMIE PAGE - IMP’ACT IMPRIMERIE Centre Régional de la Propriété Forestière du Languedoc-Roussillon SIÈGE BUREAU DES PYRÉNÉES-ORIENTALES 378, rue de la Galéra BP 4228 - 34097 MONTPELLIER CEDEX 5 Tél. : 04 67 41 68 10 - Fax : 04 67 41 68 11 E-mail : [email protected] Site internet : www.crpf-lr.com Maison des Vins et des Vignerons 19, avenue de Grande-Bretagne BP 649 - 66006 PERPIGNAN CEDEX Tél. : 04 68 55 88 02 - Fax : 04 68 55 15 23 E-mail : [email protected] MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE DE L’AGROALIMENTAIRE ET DE LA FORÊT Avec le financement du Conseil Général des Pyrénées-Orientales, de la Région Languedoc-Roussillon et de l’Etat.