96
LA PRODUCTION DE
BOIS D’ŒUVRE
Cet objectif consiste à produire des grumes d’au moins 40 cm de diamètre dans le
peuplement
final. Pour
cela, il faut disposer d’essences adaptées à la station, pour lesquelles existe une filière de commercialisation.
Les
peuplements
doivent être composés d’arbres de qualité.
Dans les
peuplements
en place, deux types de traitement sont possibles : la
futaie régulière
et la
futaie
irrégulière
.
La
futaie régulière
Composée d’arbres d’âges voisins et de dimensions proches, elle permet de produire un volume important
de bois quand le
peuplement
arrive à maturité. En revanche, le
peuplement
étant renouvelé d’un seul coup,
il faudra attendre plusieurs dizaines d’années après ce renouvellement pour produire à nouveau du bois.
Pour traiter les
futaies
résineuses (
Pin sylvestre
, Cèdre de l’Atlas, Pin laricio, Douglas, Epicéa commun,
Mélèze,
Pin à crochets
…) ou feuillues (notamment
Chêne pubescent, Chêne sessile, Hêtre
) en
futaie régulière
, il faut
y réaliser des
éclaircies
(ou
coupes d’amélioration
) : des arbres sont exploités pour permettre à leurs voisins
de meilleure qualité de se développer. Ces
éclaircies
interviennent régulièrement (tous les 5 à 10 ans selon
la vitesse de croissance des arbres) jusqu’à ce que le
peuplement
soit arrivé à maturité.
Quand ce stade est atteint, il faut renouveler le
peuplement
soit naturellement (à l’aide des graines produites
par les arbres en place) soit par plantation (voir page 101).
La
futaie irrégulière
Les deux grands principes de la
futaie irrégulière
sont le maintien d’un
couvert
continu (on ne coupe jamais
à blanc) et la pratique d’une sylviculture d’arbres. Ces principes permettent d’assurer une production de bois,
et donc des revenus pour le propriétaire, les plus réguliers possibles.
Toutes les essences feuillues ou résineuses peuvent être traitées en
futaie irrégulière
. Pour cela, il faudra, au
cours de la coupe unique (
coupe de futaie irrégulière
) qui intervient tous les 8 à 12 ans, permettre aux arbres
de qualité de se développer quels que soient leurs dimensions et leur âge. Ils seront mis en lumière petit à
petit par exploitation de leurs voisins de moindre qualité. Certains arbres arrivés à maturité seront récoltés.
Dans certains cas, les
taillis
(de
Châtaignier
, de
Hêtre
, de
Chêne sessile
) peuvent également produire du
bois
d’œuvre
(voir itinéraires techniques page 102).
MINI-GUIDE
DE SYLVICULTURE
97
LA PRODUCTION DE
BOIS DE CHAUFFAGE
OU
BOIS ÉNERGIE
Cet objectif consiste à produire du bois en bûche ou en plaquettes (copeaux) destiné au chauffage des habitations. Les
taillis
sont
les plus aptes à produire ce type de bois de 5 à 20 cm de diamètre.
Le
taillis simple
est le traitement le plus simple et le plus efficace pour produire du
bois de chauffage
en bûche. Toutes les essences
feuillues peuvent être concernées notamment les chênes méditerranéens (
Chêne vert
et
Chêne pubescent
) mais aussi les essences
d’altitude (
Chêne sessile
et
Hêtre
).
Le traitement en
taillis simple
consiste à couper tout le
peuplement
d’un seul coup au même moment (
coupe de taillis
) et à laisser
rejeter les souches au printemps suivant la coupe pour reconstituer le
peuplement
. Selon les essences et leur vitesse de croissance,
la
coupe de taillis
intervient tous les 40 à 60 ans.
Dans certains cas, il peut être judicieux de ne pas couper l’ensemble du
taillis
:
si le propriétaire veut produire du
bois d’œuvre
(
Châtaignier, Chêne
et
Hêtre
) : voir itinéraires techniques page 102,
dans le cas de
peuplements
installés sur de fortes pentes et sur des sols légers sensibles à l’érosion,
si le propriétaire souhaite faire pâturer un troupeau sous le
peuplement
, notamment pour entretenir l’état débroussaillé dans le
cas de
peuplements
situés dans des secteurs sensibles aux incendies (voir page 98),
dans le cas de
peuplements
situés dans des secteurs à fort enjeu paysager.
Dans ces cas, le propriétaire peut réaliser une «
éclaircie de taillis
». Il s’agira d’exploiter seulement les arbres les moins vigoureux
en prenant garde de conserver suffisamment de
brins
pour constituer un
peuplement
complet. Ce type d’intervention est bien
souvent non rentable économiquement ; la vente de ce type de coupe est difficile.
Le bois de chauffage est la principale production des taillis de chênes méditerranéens.
Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques.
98
LA PROTECTION CONTRE LES INCENDIES
Cet enjeu est à prendre en considération dans la gestion des forêts situées dans les secteurs de basse altitude,
soumises au climat méditerranéen, qui cumulent les handicaps :
de longues périodes de sécheresse notamment de juin à septembre,
des espaces délaissés par les activités traditionnelles, envahis par une végétation basse hautement
combustible. S’ils sont voisins d’une forêt ou inclus dans une propriété boisée, ils présentent beaucoup de
risques de départ de feu.
Le propriétaire peut entreprendre plusieurs types d’action pour prévenir les risques :
Dans les espaces ouverts
ou les
peuplements
forestiers très clairs, il convient de contrôler la végétation basse en réalisant tout d’abord
un
débroussaillement
puis, pour maintenir l’état débroussaillé, en vouant la parcelle à une activité agricole
(élevage, arboriculture, viticulture…).
Dans les
peuplements
forestiers
Maintenir un
couvert
suffisamment dense pour que la végétation basse, privée de lumière, meure peu à peu.
Dans les secteurs où le risque est aggravé, une coupe des arbres dominés et du sous-étage, et un
élagage
des branches basses des arbres permet de rompre la continuité verticale de la végétation pour éviter la
transmission du feu aux arbres. Dans le cadre d’une exploitation, évacuer les rémanents pour préserver une
bande nette le long des voies ouvertes à la circulation et autour des habitations.
D’autres aménagements de prévention sont réalisables (installation de points d’eau, création de pistes
permettant l’accès des secours). Tout projet de ce type doit faire l’objet d’une concertation avec les services
compétents de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer. En effet, ces aménagements doivent
être réfléchis dans le cadre de la protection globale des massifs forestiers. Pour cela, il existe des documents
cadres : Schémas Départementaux d’Aménagement des Forêts contre l’Incendie (SDAFI), Plans
d’Aménagement des Forêts contre l’Incendie (PAFI) et Plans de Protection contre les Risques d’Incendie de
Forêt (PPRIF).
LA PROTECTION DU MILIEU
Cet objectif fait référence à plusieurs aspects. Il s’agit de prendre en compte à la fois globalement la
préservation du milieu naturel par des pratiques de bon sens, et la protection de milieux ou d’espèces
particulières, présentes sur certaines stations.
La préservation des sols contre l’érosion
Cet objectif doit être pris en compte à chaque fois que les conditions de relief et les caractéristiques du sol
rendent ce dernier sensible à l’érosion : fortes pentes (supérieure à 40%) et sols légers, notamment tous les
sols sableux (arène granitique ou gneissique).
Le principe est alors de ne pas mettre la parcelle à nu puisque le
couvert
forestier protège le sol des impacts
des pluies violentes qui provoquent l’érosion. Pour cela, la gestion conseillée est la suivante :
dans les
taillis
: ne pas réaliser de
coupes de taillis
mais des «
éclaircies de taillis
» en prenant garde de
conserver assez d’arbres pour que le couvert reste dense,
en
futaie
: préférer la gestion en
futaie irrégulière
(voir page 96 « La production de
bois d’œuvre
»).
Avant de réaliser des pistes forestières ou des tires d’exploitation, il est nécessaire de bien analyser ce risque
d’érosion et d’adapter les travaux pour éviter que ces futurs accès canalisent l’eau de ruissellement avant et
après l’exploitation.
La préservation des milieux et des espèces
Certains milieux sont rares (chênaies vertes matures), importants à préserver du fait de leurs caractéristiques
(milieux humides) ou parce qu’ils servent d’habitats à des espèces rares ou protégées. Ils sont souvent classés
comme « prioritaires » dans la directive européenne « Habitats », base du réseau Natura 2000. De même
certaines espèces animales ou végétales rares ou protégées doivent être préservées : c’est le cas par exemple des orchidées
présentes dans les milieux ouverts sur roche calcaire, de certains rapaces qui nichent dans les falaises… A chaque fois que l’un
de ces milieux ou l’une de ces espèces (dont certains sont signalés dans les fiches de groupes de stations) sont identifiés, la gestion
forestière devra tenir compte de leur conservation.
La préservation de la biodiversité
Outre la préservation d’habitats et d’espèces particulières, des pratiques de bon sens permettent de préserver la diversité des
espèces et des milieux naturels. Ainsi, il convient de favoriser le mélange des essences dans les
peuplements
lors des différentes
interventions sylvicoles, et de faire en sorte d’obtenir une diversité d’âges pour les
peuplements
qui composent la forêt. Lorsque
les essences locales présentent des caractères génétiques intéressants (Sapin pectiné des Pyrénées-Orientales), on évitera les
risques d’hybridation par l’introduction d’essences proches (sapins dits méditerranéens) ou de provenances non indigènes. Par
ailleurs, si c’est possible d’un point de vue économique, on évitera de réaliser des
coupes à blanc
en une seule fois sur de grandes
surfaces. Les rémanents de coupes (branchages) seront laissés sur la parcelle s’il n’y a pas de contraintes de protection contre
l’incendie. Enfin, les arbres servant de gîtes aux chauves-souris et aux oiseaux (arbres à cavités), ainsi que les gros arbres sénescents
sans valeur économique seront conservés sauf s’ils se situent dans un endroit fréquenté où ils pourraient représenter un danger.
En outre, on n’entreprendra pas d’actions qui pourraient bouleverser ou abîmer les milieux naturels : érosion ou tassement des sols,
détérioration de cours d’eau, de tourbières. Les clairières à l’intérieur de la forêt seront préservées ainsi que les lisières de
peuplement
. Les milieux fragiles ne seront pas traversés par des pistes et le bois n’y sera pas stocké. Enfin, les bords de route ou
de chemin, les talus et les fossés seront entretenus a minima pour préserver la flore et les insectes et pouvoir fournir une alimentation
à la grande faune.
La préservation des paysages et du patrimoine
Le Vallespir ayant connu une activité humaine très importante par le passé, les forêts abritent de nombreux éléments du patrimoine
commun : les charbonnières, les terrasses de culture, les murets en pierres sèches, les ruines de bergerie ou de mas, les vestiges
d’exploitation minière… Dans la mesure du possible, il est important de préserver ces témoins du passé.
De même, le respect de quelques règles permet de réduire l’impact de la gestion forestière sur le paysage : le respect des échelles
(ne pas faire des
coupes à blanc
de trop grande ou de trop petite surface par rapport à la superficie du massif), le respect des lignes
dominantes du paysage (préférer des limites de coupe qui épousent la topographie du terrain), respecter l’harmonie du paysage
en évitant une rupture brutale entre la partie exploitée et les parcelles voisines, éviter la création de plaies importantes dans le
paysage.
99
Coupe de taillis de
châtaignier : le
relief met en
évidence toute
intervention sur le
milieu.
Les termes qui apparaissent en italiques dans le texte figurent en fin de document dans la flore ou dans le lexique des termes techniques.
L’entretien
des cours
d’eau permet
d’éviter des
catastrophes
en cas de
fortes pluies.
LA PRODUCTION DE LIÈGE
En Vallespir, le
Chêne-liège
est présent dans les forêts de basse altitude jusqu’à 700 mètres. La production
de liège est l’objectif principal des
suberaies
. Il est tout à fait envisageable si les
peuplements
sont en état de
production. Dans le cas contraire, des interventions de réhabilitation doivent être réalisées.
Les
suberaies
peuvent être traitées en
futaie régulière
ou en
futaie irrégulière
. Ce dernier traitement convient
bien au
Chêne-liège
: tous les 12 à 15 ans, en même temps que la levée, on réalise un passage en coupe
pour récolter les vieux arbres dépérissants, et éclaircir les bouquets de jeunes arbres pour favoriser les tiges
les plus belles et les plus vigoureuses.
Si la
suberaie
n’est pas en état de production (
peuplement
abandonné ou ayant subi le passage du feu), une
phase de remise en valeur du
peuplement
doit être envisagée :
débroussaillement
de la parcelle bien souvent envahie d’une végétation basse,
éclaircie
prélevant les arbres dépérissants ou peu vigoureux au profit de leurs voisins de meilleure qualité,
levée du liège, souvent de mauvaise qualité (liège mâle, brûlé ou surépais) pour relancer la production. Les
levées suivantes interviendront à
rotation
de 12 à 15 ans.
Si la
suberaie
est claire, il est possible de favoriser les
semis naturels
souvent présents pour densifier le
peuplement
. Un
enrichissement
par plantation dans les trouées peut également être envisagé.
PRODUCTION DE TRUFFES
Cet objectif peut être envisagé pour valoriser des sols carbonatés, légers, drainants et aérés. C’est sans doute
le sol qui est la clé de la réussite en trufficulture. En milieu ouvert, il est nécessaire de planter des arbres
mycorhizés (choisir une essence adaptée à la station : en général,
chêne vert
ou
chêne pubescent
), à faible
densité (200 à 300 arbres à l’hectare). Il est essentiel de conserver un milieu ouvert pour produire des truffes.
Cette « culture » qui reste aléatoire nécessite peu d’entretiens. En milieu semi-ouvert de type « garrigue », des
truffières naturelles peuvent exister. Il s’agit alors de les repérer et parfois de les entretenir : pour éviter que
le milieu se ferme, pour assurer une bonne aération du sol, pour aider le champignon dans certaines phases
critiques de son développement (paillage des « brûlés » pour une moindre évaporation, etc.).
CAS PARTICULIER DES BOISEMENTS DE BORD DE RIVIÈRE (RIPISYLVES)
Le principal objectif est la protection de l’écosystème lié au cours d’eau pour conserver une eau de bonne
qualité et préserver les espèces végétales et animales qui s’y développent. Ainsi, l’utilisation de produits
phytocides aux abords du cours d’eau sera proscrite.
Si le cours d’eau est inaccessible, le milieu sera maintenu en l’état par non intervention.
Si le cours d’eau est accessible, il est possible de réaliser des interventions dans la ripisylve sans perturber
le milieu. Elles seront très légères de façon à ne pas provoquer un apport brutal de lumière dans l’eau. Elles
consisteront à récolter certains arbres mûrs de valeur (
Peupliers, Merisiers, Frênes
…). Elles prélèveront
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