DÉFICITS IMMUNITAIRES ET AUTO-IMMU-
NITÉ
(Quartier - Necker, Paris, France ; Rijkers - Utrecht,
Pays-Bas)
Les syndromes auto-immunité et lymphoproliféra-
tion (SALP)
Les SALPse caractérisent par l’accumulation de cellules lym-
phocytes T alpha-bêta CD4– CD8– (doubles négatifs) et la
diminution de l’apoptose médiée par Fas in vitro. Dans les
SALPde type I, la mutation porte sur Fas ou son ligand (FasL),
qui sont des protéines membranaires impliquées dans la mort
cellulaire par apoptose. Dans le type II, c’est une enzyme intra-
cellulaire (caspase 10), véhiculant le message d’apoptose
transmis par Fas, qui est mutée. Dans le type III, la protéine
mutée n’a pas encore été identifiée.
La lymphohistiocytose familiale (LHF)
Cette LHF est caractérisée par une activation anormale des
lymphocytes T et des macrophages, qui se traduit par une
hémophagocytose souvent létale en l’absence de greffe de
moelle. Dans un tiers des cas, on détecte des mutations de la
perforine, qui est une protéine responsable de la mort cellu-
laire par apoptose. Cette perforine est utilisée par des lym-
phocytes T cytotoxiques. Des souris déficientes en perforine
développent une réponse T et macrophagique létale ressem-
blant beaucoup à la LHF après une infection virale. Ainsi, la
similarité clinique entre la LHF et le syndrome d’activation
macrophagique compliquant parfois les formes systémiques
d’arthrites idiopathiques juvéniles (AIJ systémiques) ont
incité à rechercher une anomalie de production de la perfo-
rine dans les AIJ systémiques. En effet, les lymphocytes T
cytotoxiques activés des AIJ systémiques fabriquent signifi-
cativement moins de perforine que ceux de forme polyarti-
culaire d’AIJ et de témoins sains. Cette anomalie se corrige
après autogreffe de moelle. Des travaux sont en cours pour
déterminer l’origine de ce défaut de régulation de production
de perforine.
ARTHRITES IDIOPATHIQUES JUVÉNILES (AIJ) :
LES PROBLÈMES POSÉS PAR LA CLASSIFICATION
DE DURBAN
(Martini - Pavie, Italie)
La présence d’antécédents familiaux de psoriasis au 1er ou
2edegré chez un enfant ayant une forme oligoarticulaire d’AIJ
(OA-AIJ) représente dans la classification actuelle un critère
d’exclusion du groupe des oligoarthrites. L’équipe de Mar-
tini a comparé sur le plan clinique et biologique des OA-AIJ
avec (n = 27) et sans (n = 102) antécédent familial de pso-
riasis, afin de déceler d’éventuelles différences justifiant cette
séparation en deux groupes distincts. À part une prédomi-
nance significative de filles dans le groupe sans antécédent
familial de psoriasis, les caractéristiques clinico-bio-
logiques initiales et évolutives des deux groupes sont
similaires. Ces résultats vont contre l’exclusion des
patients avec antécédent familial de psoriasis.
Martini et al. ont aussi souligné le fait que les formes
polyarticulaires séronégatives (sans facteur rhuma-
toïde [FR-]) d’AIJ constituent un groupe hétérogène.
Ce groupe représente 20 % des AIJ et survient avec
deux pics de fréquence : l’un vers 3 ans, l’autre en
préadolescence. Le groupe à début précoce a beau-
coup de similarités avec le groupe des oligoarthrites :
prédominance féminine, distribution asymétrique des
arthrites, positivité fréquente des anticorps antinu-
cléaires, risque accru d’uvéite, et haplotype HLA
DR8). En outre, ces formes polyarticulaires sans FR
ont des présentations parfois très différentes, carac-
térisées soit par une importante synovite, soit, dans
d’autres cas, par une forme “sèche” peu sensible aux
traitements. Ainsi, il est vraisemblable que la classi-
fication subisse de nouvelles modifications de
manière à rendre plus homogènes les différents groupes.
LES TRAITEMENTS DES AIJ
L’équipe de Zulian (Padoue, Italie) a comparé dans un essai
randomisé l’efficacité de l’hexacétonide de triamcinolone
(HT) et de l’acétonide de triamcinolone (AT) chez des patients
atteints de formes oligoarticulaires d’AIJ, suivis de façon pros-
pective pendant 5 ans. L’efficacité a été jugée sur un score arti-
culaire avec de bons répondeurs qui devaient avoir une dimi-
nution du score d’au moins 60 %. Les caractéristiques
cliniques, les doses administrées, la durée de la maladie et les
traitements de fond étaient similaires dans les deux groupes.
La durée moyenne d’amélioration était de 10 mois avec l’AT
contre 21 avec l’HT. Le taux de bons répondeurs à 6 mois était
significativement plus élevé avec l’HT qu’avec l’AT
(p < 0,01), et la probabilité d’entrer en rémission à un an était
supérieure avec l’HT (p = 0,0001). Cette étude confirme que
l’HT est plus efficace à court et à long terme.
L’équipe de Martini (Pavie, Italie) a effectué un essai ouvert
sur l’efficacité et la tolérance du traitement combiné métho-
trexate (MTX)-ciclosporine A(CsA) chez 17 AIJ. Ces patients
avaient tous reçu du MTX (15-25 mg/m2/sem) sans succès.
L’addition de CsA (4 mg/kg/j) avec un recul médian de
10 mois a permis d’obtenir une amélioration très significative
chez 15 malades. Le taux d’effets indésirables n’était pas plus
élevé qu’avec le MTX seul. Chez des patients réfractaires au
MTX seul, l’adjonction de CsA a donc un effet synergique
tout à fait intéressant. Il faut noter qu’il existe très peu d’études
sur les traitements combinés dans les AIJ, contrairement aux
formes de l’adulte.
La Lettre du Rhumatologue - n° 276 - novembre 2001
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