Alors, ses hommes et lui se voient unis par divers liens très personnels : ses guerriers sont ainsi unis à
leur commandant par un serment, ils deviennent des « leudes » c’est-à-dire de véritables vassaux. Du
reste, c’est la société toute entière qui est lui est liée aussi bien par le « mundium », qui est la
protection personnelle du roi accordée à des individus ou des groupes (voire même à certains lieux),
que par le « bannum », soit la capacité qu’il a d’exclure de la communauté un de ses membres s’il
refuse de se plier à ses volontés.
B. La redécouverte des vestiges de l’Empire romain
Toutefois, Clovis entreprend en parallèle de consolider sa fonction en ranimant un ensemble
de normes issues de la Rome impériale : d’un côté, il récupère le titre de consul (ses successeurs
prenant à leur tour le titre de « princeps » utilisé par Auguste), et d’un autre côté il tente de codifier
les lois barbares en s’inspirant de la législation romaine, en témoigne sa rédaction en latin de la loi
salique.
De plus, naît alors la première dynastie d’origine barbare qui reçoit l’appui de l’Eglise de Rome. Les
mérovingiens espèrent en effet consolider leur royaume sur la durée en recevant l’appui des
représentants du pouvoir spirituel dominant encore les ruines de l’Empire romain. Une volonté qui
s’exprime dès le célèbre épisode de Soisson lorsqu’en 486 Clovis prend le parti d’un évêque au
détriment d’un de ses guerriers. Son apogée est sans nul doute le baptême de Clovis en 496 : il se
pose alors en défenseur officiel de la chrétienté.
En vérité, Clovis et ses successeurs sauront être les garants de l’harmonie au sein du peuple
franc, qui apprécie que son chef soit protecteur de la tribu dans son ensemble, tandis que lui-même
s’emploie à conforter le statut de chef grâce à l’héritage chrétien et romain.
II. Le renouveau par Charlemagne, un droit qui tend à se territorialisé
L’entreprise glorieuse de Charlemagne réactualise la notion d’Etat en tant que suzerain absolu du
royaume (A), bien que l’incapacité des autres titulaires de la fonction royale à protéger ses vassaux
conduit peu après la royauté carolingienne à la décrépitude (B).
A. La restauration de l’État comme communauté politique
Malgré la faiblesse des successeurs de Clovis, qualifiés de « rois fainéants », leurs intendants
nommés « maires du palais » ont su perpétuer le système royal en les relayant. C’est pourquoi Pépin
le Bref, fils de Charles Martel, le repousseur des Arabes à Poitiers en 735, reçoit l'appui du pape pour
devenir roi en 751. Le soutien de l’Eglise va de fait au véritable détenteur du pouvoir, et son fils
Charlemagne institutionnalise son statut de roi par le sacre en 800. En profitant de l’affaiblissement
de Constantinople, il devient l’institution suffisamment stable pour garantir la justice et la concorde.
Or l’Etat s’accorde là avec les principes chrétiens, et c’est à travers les « capitulaires », actes
législatifs suppléants l’ordre oral dit « verbum regis », que l’autorité royale tente de s’enraciner au
sein d’un vaste empire.
Il y a donc une profonde modification de la société franque, au départ éparpillée en tributs, et qui se
rassemble progressivement en une communauté politique qui reflète par le prisme franc le défunt