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chapitre 1 • D’où vient la croissance?
A. Un phénomène récent et inégal (p. 14-15)
Doc. 1 • Une croissance récente Patricia : niveau 3
1. Lorsque l’on constate une augmentation du PIB en euros
courants, on ne sait pas si celle-ci s’explique par une augmen-
tation des quantités produites ou simplement par une augmen-
tation des prix. C’est pourquoi on préfère une mesure en euros
constants, qui tient compte de l’évolution des prix et par consé-
quent permet de mesurer l’évolution réelle, en volume, du PIB.
2. Entre l’an zéro et l’année 1820, le PIB de la France a été multi-
plié par 17,5 (35 / 2) en volume. Il a été multiplié par plus de 40
entre 1820 et 2008 (1424 / 35).
3. La croissance économique démarre en Europe au moment de
la révolution industrielle, que l’on appelle aussi «première révo-
lution industrielle»: période qui débute à la fin du e siècle,
au cours de laquelle certaines innovations majeures (le métier à
tisser, la machine à vapeur) ont contribué à transformer fonda-
mentalement l’économie et plus généralement la société, tout
en favorisant la croissance économique.
Doc. 2 • Qu’est-ce que la croissance ?
1. La croissance est un phénomène assez récent (deux siècles),
durable (qui dépasse les simples phases d’expansion), qui trans-
forme la société (la croissance provoque des transformations
structurelles : structure de la production et de la population
active, forme de la concurrence, etc.) et cumulatif (les transfor-
mations structurelles offrent de nouvelles conditions pour la
croissance économique).
2. L’enrichissement permis par la croissance modifie les
manières de penser et même de consommer. En effet, lorsque
les besoins primaires sont correctement satisfaits grâce aux
suppléments de revenu issus de la croissance, d’autres besoins,
jusque-là inassouvis, peuvent être satisfaits. La structure de la
consommation se transforme (loi d’Engel). Il faut alors produire
d’autres biens et services pour répondre à la demande, ce qui
stimule la croissance.
3. L’enrichissement des familles permet à celles-ci de mieux se
nourrir, ce qui améliore l’état de santé; d’autant plus que, grâce
à des revenus plus élevés, on peut plus facilement payer les
soins médicaux. Il n’est plus nécessaire non plus de faire travail-
ler les enfants très jeunes pour subvenir aux besoins du ménage.
Ils peuvent aller à l’école et s’instruire. Une population en meil-
leure santé et plus instruite est plus productive. La hausse de la
productivité favorise à son tour la croissance.
Doc. 3 • Une croissance inégale dans le temps
et dans d’espace
1. Non. La base 100 sert seulement de référence et permet de
voir que le PIB a augmenté plus vite dans certaines zones que
dans d’autres.
2. Le PIB par habitant a été multiplié par plus de 18 (18,15 exac-
tement) entre 1820 et 2008.
3. En Afrique, le PIB a augmenté 6 fois moins vite que dans les
pays anglo-saxons. En effet, le PIB par habitant n’a été multiplié
que par 4 environ entre 1820 et 2008, alors qu’il a été multiplié
par plus de 25 dans les pays anglo-saxons.
4. Oui. Le PIB par habitant des 16 pays d’Asie de l’Est présentés
dans le document a été multiplié par un peu moins de 4 depuis
1970, alors qu’il n’a fait que doubler dans la plupart des autres
zones.
Doc. 4 • Des écarts de richesses
1. En 2010, les Français gagnaient en moyenne plus de
21000 dollars par an.
2. Les pays anglo-saxons font partie des pays les plus riches,
ainsi que les pays d’Europe de l’Ouest. Les pays d’Europe de
l’Est sont un peu moins riches, mais bénéficient d’un PIB par
habitant relativement élevé. En Amérique latine, le niveau de
richesse est moyen, alors qu’en Asie il est faible (entre 2000 et
8000 dollars), même si certains pays sont riches. Au Moyen-
Orient, les inégalités entre pays sont fortes aussi. On trouve des
pays moyennement riches et des pays très riches. Enfin, les pays
d’Afrique sont pauvres pour la plupart, puisque leurs PIB par
habitant sont inférieurs à 2000 dollars.
3. Les pays qui ont connu la plus forte croissance (document 3)
sont aujourd’hui les plus riches. Par exemple, les pays anglo-
saxons, dont le PIB a été multiplié par 25 depuis 1820, ont
les PIB par habitant les plus élevés de la planète, alors que les
pays d’Afrique, dont la richesse n’a été multipliée que par 4 en
deux siècles, sont les plus pauvres aujourd’hui. C’est donc la
différence de croissance économique qui explique les écarts de
richesses actuels.
Entraînement
Question de cours. La croissance est traditionnellement défi-
nie comme l’accroissement, sur une longue période, d’un agré-
gat de dimension de la richesse produite, en général le PIB.
Elle présente plusieurs caractéristiques: elle est plutôt récente
(deux siècles environ), elle est inégale (certains pays ont connu
la croissance très tôt, alors que d’autres n’en ont pas encore vrai-
ment profité), elle est discontinue (taux de croissance plus ou
moins fort selon les périodes), elle transforme l’économie et la
société (effets structurels sur l’emploi, la production, les modes
de vie, etc.), elle a tendance à s’auto-entretenir (les transforma-
tions de la société provoquées par la croissance permettent de
la soutenir).
Synthèse. L’erreur la plus commune en ce qui concerne la
croissance est de penser qu’elle se déploie uniformément sur la
planète depuis l’Antiquité, favorisant ainsi l’amélioration pro-
gressive et continue des conditions de vie de tous les peuples.
L’histoire montre que ce n’est pas le cas. La croissance est un
phénomène récent et discontinu (première partie) mais aussi
inégal (deuxième partie).
Faible augmentation du PIB de la France pendant les mille pre-
mières années de notre ère (+ 50%). Progression un peu plus
forte (multipliée par 16) pendant les 800 années suivantes.
Mais cette augmentation est très faible en comparaison des
progrès énormes réalisés pendant les deux cents années qui ont
suivi. Le PIB de la France a été multiplié par 40 (1424 / 35).
Le PIB par habitant, qui mesure l’évolution de la richesse réelle
de la population, a aussi beaucoup augmenté. Il a été multiplié
par plus de 18 (1815 / 100) dans les pays d’Europe de l’Ouest,
dont la France fait partie, et par plus de 25 (2508 / 100) dans
les pays anglo-saxons. Cette forte augmentation cache une
certaine discontinuité. Entre 1913 et 1970, le PIB par habi-
tant des pays d’Europe de l’Ouest a augmenté de près de 150%
([(800 – 300) / 300] × 100). Cependant, au cours de cette
période, la croissance a parfois été très faible (pendant la crise
des années trente) voire même négative (pendant la Seconde
Guerre mondiale), alors qu’elle a été très forte pendant les
Trente Glorieuses (1945-1975).
Certains pays (les pays anglo-saxons) ont connu la croissance
très tôt. Leur PIB par habitant a été multiplié par 4,35 entre
1820 et 1913, alors que sur cette même période les pays d’Asie,
d’Amérique latine et d’Afrique n’ont connu pratiquement aucun
progrès. Cette précocité de la croissance des pays anglo-saxons
leur assure aujourd’hui un PIB par habitant très élevé. Les habi-
tants de ces pays gagnent en moyenne plus de 21000 dollars
par an (document 4). Les autres habitants de la planète, qui ont
bénéficié d’une croissance un peu plus tardive, sont souvent
beaucoup moins riches. En Amérique latine, le revenu national
brut moyen ne dépasse pas 15000 dollars par an (document 4),
alors qu’en Asie il est souvent inférieur à 8000 dollars, tandis
qu’en Afrique il dépasse rarement 2000 dollars. Cependant, le
niveau de richesse d’un pays ne dépend pas seulement de la pré-
cocité de la croissance. Les pays d’Asie de l’Est prouvent qu’un