sciences
économiques
sociales
&
T
Sous la direction de
J.-P. LEBEL et A. RICHET
COLLECTION
le
ES
Sous la direction de
Jean-Paul Lebel et Adeline Richet
Carole Bernier
Florence Constantin
Patrice Croizer
Sarah Daubin
Mary David
Stany Grelet
Jean-Philippe Jallageas
Laurent Le Guen
Sandrine Leloup
Marielle Motais
Françoise Rault
Jean-Louis Suc
Professeurs de sciences
économiques et sociales
2
Sommaire
Doù vient la croissance? 3
Pourquoi la croissance est-elle instable? 15
Comment expliquer l’internationalisation de l’économie? 23
Comment l’économie mondiale est-elle financée? 39
Quelle est la place de l’Union européenne
dans l’économie globale? 47
La croissance est-elle compatible avec la préservation
de l’environnement? 58
Quels instruments économiques
pour la politique climatique? 67
Comment analyser la structure sociale? 76
Comment étudier la mobilité sociale? 85
 Quels liens sociaux dans les sociétés contemporaines? 93
 Comment analyser les conflits sociaux? 103
 Comment analyser et expliquer les inégalités? 114
 Comment les pouvoirs publics peuvent-ils
contribuer à la justice sociale? 126
 Comment fonctionne le marché du travail? 139
 Quelles politiques pour l’emploi? 147
Aide au travail personnel 159
Fiches Outils 170
3
chapitre 1 • D’où vient la croissance?
1
Doù vient
la croissance?
chapitre
prix qui en dérive (hausse de l’offre) profite aussi aux consom-
mateurs, qui voient leur pouvoir d’achat augmenter ainsi que
leur capacité à mieux satisfaire leurs autres besoins, ce qui
stimule donc la production dans les autres secteurs. On peut
présenter la réponse sous forme de schéma d’implications pour
préparer les élèves aux raisonnements futurs sur les gains de
productivité.
Le document 3 s’intéresse au progrès technique dans son rap-
port avec les transformations de l’emploi aux États-Unis. Dans
les années 1960, les plus gros employeurs étaient des entre-
prises industrielles. Le progrès technique a permis daugmenter
considérablement la productivité dans ce secteur, de sorte que
l’on a réussi à augmenter la production et à satisfaire les besoins
de la population sans recourir aux services de travailleurs sup-
plémentaires. Les nouveaux actifs ont donc pu être mobilisés
pour produire des services, dont la production était alors insuf-
fisante, de sorte qu’aujourd’hui une grande partie de la popula-
tion active travaille dans le secteur tertiaire, gonflant ainsi les
effectifs des entreprises de ce secteur.
I. Qu’est-ce que la croissance
économique ? (p. 14-19)
Dans les indications complémentaires du programme sont
évoquées:
– les «comparaisons internationales» et l’idée que la croissance
est loin d’être «harmonieuse et continue»;
«l’intérêt et les limites du PIB» sont explicitement évoqués
dans le programme;
– «la référence à d’autres indicateurs».
Ces indications ont servi à structurer la première partie du
chapitre.
Sous partie A: La croissance est plutôt récente, certains pays
en ont profité plus tôt et plus longtemps que d’autres, de sorte
que des inégalités de richesses se sont développées dans le
monde.
Sous-partie B: Après avoir montré l’intérêt du PIB, on pré-
sente certaines insuffisances de cet indicateur.
Sous-partie C : Certaines insuffisances du PIB peuvent être
corrigées en utilisant des outils statistiques appropriés (PIB par
habitant, parité des pouvoirs d’achat, évolution à prix constants,
etc.), mais dans dautres cas la seule solution consiste à complé-
ter voire même à remplacer le PIB par d’autres indicateurs, qui
permettent de mieux rendre compte de l’évolution des condi-
tions de vie de la population (revenu national, IDH, etc.).
Les objectifs du chapitre
Les indications du programme officiel orientent la réflexion
vers trois problèmes:
Comment mesurer la croissance? (Le PIB est un indicateur
pratique mais critiqué et limité. D’autres indicateurs se révèlent
nécessaires.)
Quelle est l’origine de la croissance? (L’accumulation des fac-
teurs de production ne peut suffire à expliquer la croissance
économique. Les gains de productivité jouent un rôle essentiel.)
Quels sont tous les enjeux associés au progrès technique ?
(Lien entre progrès technique et croissance, origine du progrès
technique, effets indésirables du progrès technique, etc.)
Sensibilisation (p. 13)
Cette page permet daborder les principaux problèmes qui
seront étudiés dans les trois parties du chapitre.
– Le problème de la mesure (doc. 1): partie I
– Le rôle des gains de productivité (doc. 2): partie II
– Les effets du progrès technique (doc. 3): partie III
Lorsque l’on interroge les élèves sur la croissance économique,
leur intuition les pousse souvent à considérer qu’il s’agit d’un
phénomène simple, linéaire, homogène, voire même éternel,
etc. Ces trois documents permettent de montrer qu’il n’en est
rien et qu’une étude sérieuse est nécessaire.
Le document 1 nous interroge sur les effets positifs d’un incen-
die de forêt sur le PIB. Les pompiers qui interviennent sur un
incendie de forêt rendent un service non marchand, qui corres-
pond à une création de richesse et dont la valeur accroît le PIB.
Une fois l’incendie éteint, il faut nettoyer le terrain, évacuer les
éléments calcinés, planter de nouveaux arbres. Tout cela néces-
site l’intervention des équipes de l’Office national des forêts et
de la direction de l’Équipement, d’autres administrations dont
les services constituent aussi une création de richesses intégrée
au PIB. Le secteur marchand peut aussi être sollicité. La néces-
sité de renouveler ou même de multiplier les équipements pour
faire face aux incendies conduira à commander de nouveaux
camions-citernes ou de nouveaux avions bombardiers d’eau aux
entreprises spécialisées dans ces domaines. Enfin, l’arrivée de
journalistes, voire même d’équipes de télévision, venus pour
«couvrir» l’événement peut accroître l’activité hôtelière locale,
source d’augmentation de la production, et donc du PIB.
Le document 2 présente l’introduction du téléphone portable
comme un stimulateur de la croissance en Inde. Grâce au télé-
phone portable, les pêcheurs peuvent choisir la plage qui leur
permettra découler correctement leur production, et ainsi
d’augmenter leur revenu. Ce revenu leur permettra d’acheter
les biens et les services dont ils ont eux-mêmes besoin, et par
conséquent de stimuler la production dans les secteurs concer-
nés. D’autre part, le téléphone portable rend le poisson plus
abondant sur les marchés en limitant le gaspillage. La baisse des
4
chapitre 1 • D’où vient la croissance?
A. Un phénomène récent et inégal (p. 14-15)
Doc. 1 • Une croissance récente Patricia : niveau 3
1. Lorsque l’on constate une augmentation du PIB en euros
courants, on ne sait pas si celle-ci s’explique par une augmen-
tation des quantités produites ou simplement par une augmen-
tation des prix. Cest pourquoi on préfère une mesure en euros
constants, qui tient compte de l’évolution des prix et par consé-
quent permet de mesurer l’évolution réelle, en volume, du PIB.
2. Entre l’an zéro et l’année 1820, le PIB de la France a été multi-
plié par 17,5 (35 / 2) en volume. Il a été multiplié par plus de 40
entre 1820 et 2008 (1424 / 35).
3. La croissance économique démarre en Europe au moment de
la révolution industrielle, que l’on appelle aussi «première révo-
lution industrielle»: période qui débute à la fin du e siècle,
au cours de laquelle certaines innovations majeures (le métier à
tisser, la machine à vapeur) ont contribué à transformer fonda-
mentalement l’économie et plus généralement la société, tout
en favorisant la croissance économique.
Doc. 2 • Qu’est-ce que la croissance ?
1. La croissance est un phénomène assez récent (deux siècles),
durable (qui dépasse les simples phases d’expansion), qui trans-
forme la société (la croissance provoque des transformations
structurelles : structure de la production et de la population
active, forme de la concurrence, etc.) et cumulatif (les transfor-
mations structurelles offrent de nouvelles conditions pour la
croissance économique).
2. Lenrichissement permis par la croissance modifie les
manières de penser et même de consommer. En effet, lorsque
les besoins primaires sont correctement satisfaits grâce aux
suppléments de revenu issus de la croissance, d’autres besoins,
jusque-là inassouvis, peuvent être satisfaits. La structure de la
consommation se transforme (loi d’Engel). Il faut alors produire
d’autres biens et services pour répondre à la demande, ce qui
stimule la croissance.
3. Lenrichissement des familles permet à celles-ci de mieux se
nourrir, ce qui améliore l’état de santé; d’autant plus que, grâce
à des revenus plus élevés, on peut plus facilement payer les
soins médicaux. Il n’est plus nécessaire non plus de faire travail-
ler les enfants très jeunes pour subvenir aux besoins du ménage.
Ils peuvent aller à l’école et s’instruire. Une population en meil-
leure santé et plus instruite est plus productive. La hausse de la
productivité favorise à son tour la croissance.
Doc. 3 • Une croissance inégale dans le temps
et dans d’espace
1. Non. La base 100 sert seulement de référence et permet de
voir que le PIB a augmenté plus vite dans certaines zones que
dans dautres.
2. Le PIB par habitant a été multiplié par plus de 18 (18,15 exac-
tement) entre 1820 et 2008.
3. En Afrique, le PIB a augmenté 6 fois moins vite que dans les
pays anglo-saxons. En effet, le PIB par habitant n’a été multiplié
que par 4 environ entre 1820 et 2008, alors qu’il a été multiplié
par plus de 25 dans les pays anglo-saxons.
4. Oui. Le PIB par habitant des 16 pays dAsie de l’Est présentés
dans le document a été multiplié par un peu moins de 4 depuis
1970, alors qu’il n’a fait que doubler dans la plupart des autres
zones.
Doc. 4 • Des écarts de richesses
1. En 2010, les Français gagnaient en moyenne plus de
21000 dollars par an.
2. Les pays anglo-saxons font partie des pays les plus riches,
ainsi que les pays d’Europe de l’Ouest. Les pays d’Europe de
l’Est sont un peu moins riches, mais bénéficient d’un PIB par
habitant relativement élevé. En Amérique latine, le niveau de
richesse est moyen, alors qu’en Asie il est faible (entre 2000 et
8000 dollars), même si certains pays sont riches. Au Moyen-
Orient, les inégalités entre pays sont fortes aussi. On trouve des
pays moyennement riches et des pays très riches. Enfin, les pays
d’Afrique sont pauvres pour la plupart, puisque leurs PIB par
habitant sont inférieurs à 2000 dollars.
3. Les pays qui ont connu la plus forte croissance (document 3)
sont aujourd’hui les plus riches. Par exemple, les pays anglo-
saxons, dont le PIB a été multiplié par 25 depuis 1820, ont
les PIB par habitant les plus élevés de la planète, alors que les
pays d’Afrique, dont la richesse n’a été multipliée que par 4 en
deux siècles, sont les plus pauvres aujourd’hui. Cest donc la
différence de croissance économique qui explique les écarts de
richesses actuels.
Entraînement
Question de cours. La croissance est traditionnellement défi-
nie comme l’accroissement, sur une longue période, d’un agré-
gat de dimension de la richesse produite, en général le PIB.
Elle présente plusieurs caractéristiques: elle est plutôt récente
(deux siècles environ), elle est inégale (certains pays ont connu
la croissance très tôt, alors que dautres n’en ont pas encore vrai-
ment profité), elle est discontinue (taux de croissance plus ou
moins fort selon les périodes), elle transforme l’économie et la
société (effets structurels sur l’emploi, la production, les modes
de vie, etc.), elle a tendance à s’auto-entretenir (les transforma-
tions de la société provoquées par la croissance permettent de
la soutenir).
Synthèse. Lerreur la plus commune en ce qui concerne la
croissance est de penser qu’elle se déploie uniformément sur la
planète depuis l’Antiquité, favorisant ainsi l’amélioration pro-
gressive et continue des conditions de vie de tous les peuples.
Lhistoire montre que ce n’est pas le cas. La croissance est un
phénomène récent et discontinu (première partie) mais aussi
inégal (deuxième partie).
Faible augmentation du PIB de la France pendant les mille pre-
mières années de notre ère (+ 50%). Progression un peu plus
forte (multipliée par 16) pendant les 800 années suivantes.
Mais cette augmentation est très faible en comparaison des
progrès énormes réalisés pendant les deux cents années qui ont
suivi. Le PIB de la France a été multiplié par 40 (1424 / 35).
Le PIB par habitant, qui mesure l’évolution de la richesse réelle
de la population, a aussi beaucoup augmenté. Il a été multiplié
par plus de 18 (1815 / 100) dans les pays d’Europe de l’Ouest,
dont la France fait partie, et par plus de 25 (2508 / 100) dans
les pays anglo-saxons. Cette forte augmentation cache une
certaine discontinuité. Entre 1913 et 1970, le PIB par habi-
tant des pays d’Europe de l’Ouest a augmenté de près de 150%
([(800 – 300) / 300] × 100). Cependant, au cours de cette
période, la croissance a parfois été très faible (pendant la crise
des années trente) voire même négative (pendant la Seconde
Guerre mondiale), alors qu’elle a été très forte pendant les
Trente Glorieuses (1945-1975).
Certains pays (les pays anglo-saxons) ont connu la croissance
très tôt. Leur PIB par habitant a été multiplié par 4,35 entre
1820 et 1913, alors que sur cette même période les pays d’Asie,
d’Amérique latine et d’Afrique n’ont connu pratiquement aucun
progrès. Cette précocité de la croissance des pays anglo-saxons
leur assure aujourd’hui un PIB par habitant très élevé. Les habi-
tants de ces pays gagnent en moyenne plus de 21000 dollars
par an (document 4). Les autres habitants de la planète, qui ont
bénéficié d’une croissance un peu plus tardive, sont souvent
beaucoup moins riches. En Amérique latine, le revenu national
brut moyen ne dépasse pas 15000 dollars par an (document 4),
alors qu’en Asie il est souvent inférieur à 8000 dollars, tandis
qu’en Afrique il dépasse rarement 2000 dollars. Cependant, le
niveau de richesse d’un pays ne dépend pas seulement de la pré-
cocité de la croissance. Les pays d’Asie de l’Est prouvent qu’un
5
chapitre 1 • D’où vient la croissance?
retard considérable peut être comblé en quelques années. En
effet, alors que ces pays étaient les plus en «retard», puisque
leur PIB par habitant n’avait augmenté que de 144% entre 1800
et 1970, des progrès énormes ont été réalisés en peu de temps.
Leur PIB par habitant a été multiplié par plus de 3 en 38 ans à
peine (passage de l’indice 244 à l’indice 978 entre 1970 et 2008),
alors que, sur la même période, les autres pays en développe-
ment ont certes réalisé des progrès mais de moindre envergure.
La discontinuité et l’inégalité de la croissance montrent que cer-
taines conditions doivent être réunies pour son apparition. Le
travail des économistes est donc d’étudier la croissance et sur-
tout ses sources pour montrer qu’elle n’est pas due au hasard.
Ainsi, des politiques appropriées pourront être mises en place
pour assurer son maintien.
B. Un phénomène difficile à mesurer (p. 16-17)
Doc. 1 • Le PIB : pour quoi faire ?
1. Le PIB correspond à la masse de richesses produites en une
année dans une économie, mais aussi approximativement à la
masse de revenus distribués. Ces revenus confèrent un pouvoir
d’achat à ceux qui les perçoivent, et permettent donc d’estimer
le niveau de vie moyen de la population.
2. Laugmentation du PIB en valeur est le résultat de l’évolution
des quantités produites mais aussi de l’évolution des prix. Il faut
éliminer l’effet de l’évolution des prix pour connaître l’évolution
réelle du niveau de vie.
3. Il permet de mesurer toute la production de tous les secteurs
en un seul chiffre (ressources). Il permet de mesurer le niveau
de vie de la population, puisqu’il mesure aussi tout ce qui a été
acquis par les agents économiques (emplois). Enfin, il permet
de mesurer l’évolution réelle de ce niveau de vie, en tenant
compte de la variation moyenne des prix (évolutions en euros
constants).
Doc. 2 • Du PIB au revenu
1. «Brut» signifie «sans tenir compte de la dépréciation du
capital», cest-à-dire de la perte de valeur des biens de produc-
tion pour cause d’usure ou d’obsolescence. En effet, à mesure
que les équipements sont utilisés par les entreprises, ils perdent
de leur valeur, de sorte que de la richesse est détruite à mesure
que l’on en crée.
2. D’une part, les revenus supplémentaires issus de la crois-
sance économique peuvent enrichir des non-résidents plutôt
que la population locale. Dautre part, les destructions diverses,
comme la dépréciation du capital, la destruction des ressources
naturelles ou la dégradation de l’environnement, peuvent com-
penser le supplément de revenus généré par la croissance.
Doc. 3 • Revenu national net en pourcentage du PIB
1. En 2010, le revenu national net de l’Irlande ne représentait
que 72% de son PIB.
2. Lécart entre le revenu national net et le PIB s’explique à la
fois par la dépréciation du capital, qui est prise en compte dans
le revenu national net et pas dans le PIB, et par les revenus ver-
sés à des non-résidents.
3. Au Luxembourg, l’écart entre le PIB et le revenu national
net s’est accrû, car une partie croissante des richesses créées
dans le pays sont produites par des entreprises étrangères, qui
rapatrient dans leurs pays d’origine les revenus tirés de leur
production.
Doc. 4 • Mesurer la consommation réelle des ménages
1. Les prélèvements obligatoires réduisent le revenu disponible
et financent les services en nature fournis par l’État.
2. Dans les pays où les transferts sociaux en nature sont impor-
tants, le revenu disponible est réduit par des prélèvements
obligatoires importants, oubliant les effets positifs de ces trans-
ferts en nature sur les conditions de vie de la population.
Doc. 5 • Le PIB ne prend pas en compte le travail
non rémunéré
1. Le travail non rémunéré n’est pas déclaré. Par conséquent, les
instituts statistiques ne peuvent pas connaître la richesse créée
par ce travail.
2. Le travail bénévole dans des associations, le travail domes-
tique (bricolage chez soi, ménage dans son propre logement,
transport individuel, garde de ses enfants, etc.), le travail non
déclaré (travail au noir), les activités illégales (vente de drogue,
contrebande, etc.).
3. En France, entre 1998 et 2009, le travail non rémunéré repré-
sentait 36% du PIB.
4. Dabord, parce qu’il est difficile de le mesurer. On ne peut en
faire que des estimations, en particulier pour les activités illé-
gales. Ensuite, parce que certaines de ces activités ne seraient
peut-être pas effectuées, si elles étaient rémunérées.
Entraînement
Question de cours. Le PIB est calculé en additionnant les
valeurs ajoutées des unités de production résidentes. Il vise à
mesurer la richesse produite annuellement sur un territoire
pour estimer les revenus de la population, ainsi que les biens
et services produits pour satisfaire les besoins de celle-ci. Il est
donc traditionnellement considéré comme un indicateur de pre-
mier plan des conditions de vie dans un pays. Cependant, les
défauts de cet indicateur sont nombreux et connus:
il ne tient pas compte de la dépréciation du capital utilisé car
cet agrégat est «brut»;
il ne tient pas compte non plus de la destruction des res-
sources naturelles, ni de la dégradation éventuelle de l’environ-
nement qui réduisent pourtant la richesse disponible pour la
population;
il comptabilise comme de la création de richesse supplémen-
taire des activités de réparation qui permettent simplement de
maintenir la richesse à son niveau antérieur (reconstruction,
nettoyage, évacuation des déchets, etc.);
il néglige le travail domestique et le travail illégal qui corres-
pondent pourtant à des activités créatrices de richesses.
Synthèse. Le niveau de vie correspond aux biens et services
auxquels un individu a accès pour satisfaire ses besoins. Cet
accès dépend de son revenu, ainsi que de la masse de richesses
produites dans le pays. Or, le PIB est l’agrégat le plus utilisé pour
évaluer les revenus et les richesses créées. Cest pourquoi il sert
aussi à mesurer les niveaux de vie et leur évolution. Cependant,
cette mesure pose des problèmes, en particulier parce que l’évo-
lution du PIB ne permet pas de connaître parfaitement l’évolu-
tion des revenus réels.
D’abord, une augmentation du PIB peut saccompagner d’une
baisse des revenus, si le taux de croissance démographique est
supérieur au taux de croissance économique. Il y a en effet plus
de richesses à partager, mais le nombre de personnes entre
lesquelles il faut partager ayant augmenté encore plus vite, le
revenu moyen diminue.
Même si le revenu moyen augmente grâce à une croissance éco-
nomique supérieure à la croissance démographique, le niveau
de vie réel n’augmente pas forcément. En effet, une partie des
richesses supplémentaires créées doit être utilisée pour renou-
veler les équipements nécessaires pour créer les richesses.
Ceux-ci se dégradent, se déprécient, et doivent être régulière-
ment remplacés, de sorte qu’une partie des revenus perçus ne
peut être utilisée pour la satisfaction des besoins, mais simple-
ment pour assurer le maintien des moyens de production. Cette
partie, appelée amortissement, est difficile à évaluer.
Laugmentation du PIB n’est pas non plus un gage d’améliora-
tion du niveau de vie, tout simplement parce qu’une partie de
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