Le partenariat, source de renouveau de l'entreprise congolaise ?
participation, la théorie du contrôle interne affirme que les détenteurs du capital n'ont plus
les moyens de s'opposer à la direction en place, bref le contrôle s'intériorise au profit des
managers". Toujours selon Morin, ce mouvement d'intériorisation du contrôle a été ana-
lysé suivant quatre principales propositions qui fondent actuellement la conception
manageriale du pouvoir économique :
- la première proposition a trait à la dispersion de la propriété. L'accroissement du
nombre de sociétés anonymes entraîne la multiplication des actionnaires, d'où un recul du
rôle de l'actionnaire, surtout dans la prise de décision ;
- la seconde proposition postule un glissement dans le fondement du pouvoir. D'une
part, l'actionnaire devient un bailleur de fonds, d'autre part la direction des firmes se
transforme en opération hautement technique. Dès lors, l'effacement progressif des
actionnaires dans la prise de décision coïncide avec l'émergence des managers que
Galbraith nomme la technostructure ;
- la troisième proposition affirme la différence d'objectifs entre propriétaires et mana-
gers.
Ainsi, la maximisation du profit n'est plus l'objectif principal car il était lié à une
vision patrimoniale de l'entreprise. Les dirigeants poursuivent d'autres objectifs, comme
la maximisation du chiffre d'affaires ;
- la dernière proposition avance le changement de nature du système capitaliste. En
effet, la propriété juridique n'est plus le fondement du pouvoir, en raison de l'évolution
subie par le capitalisme qui se serait mué en capitalisme technologique.
Il convient de signaler ici la thèse de la propriété autocontrôlée qui se rapproche peu
ou prou de celle du contrôle par le management exposée plus haut. Ainsi, relève Morin
[9],
tout en reconnaissant que le contrôle d'actifs patrimoniaux n'est plus directement relié
à de véritables apports personnels, la thèse dite de propriété auto-contrôlée (qui continue
à faire jouer aux rapports d'appropriation juridique un rôle essentiel) renvoie à l'ensemble
des pratiques juridico-financières, notamment l'auto-contrôle financier, qui visent l'inté-
riorisation du contrôle au profit de dirigeants non nécessairement détenteurs de capitaux.
Ce processus de séparation n'est susceptible de se réaliser que dans des unités de grande
dimension, là où la multiplication des actionnaires favorise la mise en place de processus
technocratiques, c'est-à-dire de processus d'accaparement du pouvoir par le recours aux
artifices juridiques : auto-contrôle financier, pouvoirs en blanc, vote plural, etc. [9].
Ensuite, plus particulièrement en ce qui concerne l'importance et la conceptualisation
du contrôle managerial dans les joint-ventures, il y a lieu de souligner, à la suite de
Geringer et Hebert [6], les points ci-après :
- en premier lieu, nonobstant leurs potentielles contributions au développement, les
entreprises conjointes comportent nombre d'inconvénients. En effet, la présence de plu-
sieurs partenaires peut induire des difficultés de management, se traduisant souvent par de
faibles performances. Ce faisant, le contrôle des activités et des décisions se révèle un
déterminant majeur pour les performances des joint-ventures ;
- en deuxième lieu, comparativement aux filiales contrôlées juridiquement à 100%,
l'exercice du contrôle effectif dans les sociétés conjointes est plus difficile, d'autant que
le partenaire ne peut se baser uniquement sur son statut d'actionnaire pour déterminer le
comportement et le management de la société, d'où le recours à d'autres modes d'in-
fluence ;
- en troisième lieu, une entreprise qui accepte de participer à un accord de joint-ventu-
re se complique ipso-facto la tâche. Ainsi, bien que par définition chaque partenaire
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