Nouvelles approches Le diagnostic génétique préimplantatoire moins un des deux parents et seule cette anomalie peut être mise en évidence chez les embryons. Enfin, le DPI ne peut être réalisé qu'après avoir obtenu un avis favorable d'un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal à qui est laissé la responsabilité d'apprécier la gravité et l'incurabilité de la pathologie (3). C. Moutou*, A. Pujol*, S. Viville* L e diagnostic génétique préimplantatoire (DPI) est une alternative au diagnostic prénatal, qui permet de détecter une anomalie génétique avant l'implantation de l'embryon. En effet, il consiste à réaliser une analyse génétique sur des embryons humains obtenus par fécondation in vitro (FIV) et à ne transférer chez la patiente que des embryons sains ou porteurs sains. Cela présente l'avantage majeur de pouvoir proposer à un couple présentant une forte probabilité de transmettre une maladie génétique d'une particulière gravité d’éviter l'épreuve d'interruptions médicales de grossesse (IMG) (1). La procédure (voir figure ci-contre) C'est grâce aux progrès effectués ces vingt dernières années que le DPI a vu le jour. Il est réalisé sur des embryons obtenus par FIV sur lesquels, au troisième jour après la fécondation, au stade de huit cellules, une ou deux cellules sont biopsiées. Des recherches menées chez la souris et chez l'homme ont montré qu'un tel prélèvement n'affecte pas les capacités de développement de l'embryon. L'analyse par cytogénétique ou par biologie moléculaire est ensuite réalisée indépendamment sur chaque blastomère et seuls les embryons non atteints de la maladie peuvent être transférés dans l'utérus de la patiente. La législation française La première grossesse obtenue après DPI fut décrite en 1990 par l'équipe anglaise de A. Handyside (2). Ce n’est que dix ans plus tard que nous avons débuté cette activité en France. Ce retard est essentiellement lié à des lourdeurs administratives puisque la loi de bioéthique (loi n° 94-654) autorisant cette pratique a été votée dès juillet 1994, mais les décrets d'application ne sont parus qu'en 1998 et les premiers agréments n'ont été attribués qu'en juillet 1999. Trois centres français sont autorisés à pratiquer le DPI : un centre parisien associant l'hôpital Necker-enfants malades et l'hôpital Béclère à Clamart, notre centre situé au CHU de Strasbourg (SIHCUSCMCO à Schiltigheim) et un centre au CHU de Montpellier (hôpital Arnaud de Villeneuve). Dès leur autorisation publiée, les trois centres français ont décidé de s'associer pour créer le groupe de travail et d'étude sur le DPI (GET-DPI), afin d'optimiser la recherche nécessaire à l'élaboration de nouveaux diagnostics, d'évaluer les besoins en fonction des demandes, d'évaluer les coûts de la prise en charge des patients et d'optimiser notre activité. Afin d'éviter les dérives, la loi française définit de manière stricte les conditions de la pratique du DPI. Il s'agit de la loi n°94-654 du 29 juillet 1994 relative au don et à l'utilisation des éléments et produits du corps humain, à l'assistance médicale à la procréation et au diagnostic prénatal. Elle n'autorise le DPI qu'à titre exceptionnel, pour des pathologies d'une particulière gravité, reconnues comme incurables au moment du diagnostic. De plus, l'anomalie ou les anomalies impliquées doivent être caractérisées chez au *Unité fonctionnelle de diagnostic préimplantatoire, service de biologie de la reproduction, CHU de Strasbourg, Schiltigheim. Les pathologies concernées La difficulté essentielle de la pratique du DPI provient du peu de matériel biologique disponible, des risques de contamination qui en résultent et de la nécessité de réaliser rapidement le diagnostic de façon à pouvoir transférer les embryons sains le jour même ou le lendemain de la biopsie (4). Autant les techniques utilisées présentent peu de difficultés lorsque l'on dispose d'une quantité de matériel raisonnable, autant le travail sur une cellule unique est ardu. Ces difficultés expliquent la lourdeur des mises au point techniques et, par conséquent, le nombre limité de pathologies concernées. Le DPI est proposé pour les maladies récessives liées au chromosome X (myopathie de Duchenne par exemple) par détermination du sexe des embryons et transfert des embryons de sexe féminin, et pour certaines maladies autosomiques récessives ou dominantes par caractérisation des mutations impliquées. À Strasbourg, en plus de la détermination du sexe pour les maladies récessives liées au chromosome X, nous sommes en mesure de proposer un DPI à des couples susceptibles de transmettre la mucoviscidose, l'amyotrophie spinale, la maladie de Huntington, la myotonie dystrophique de Steinert et l'achondroplasie (site internet : www-ulpmed.u-strasbg.fr/chimbio/DPI). Limites du DPI Les critiques à formuler à l'encontre du DPI ne le sont pas tant à l’égard des possibles dérives eugéniques que de la technique ellemême. En effet, elle est et restera extrême- 114 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 3, mai-juin 2001 majeure. En amont de la FIV, la stimulation ovarienne peut ne pas fonctionner et il peut ne pas y avoir d'ovocyte à prélever à la fin du traitement. Ensuite, il arrive que la fécondation ne se fasse pas et qu'il n'y ait pas d'embryon disponible. Sur le plan éthique, la détermination du sexe des embryons dans le cas des maladies récessives liées au chromosome X a l'inconvénient majeur d'aboutir au rejet d'embryons sains, dans la mesure où un embryon masculin sur deux est statistiquement indemne de la maladie recherchée. Les techniques de cytogénétique et de biologie moléculaire appliquées à une seule cellule (soit environ 30 000 fois moins de matériel que lors d'un diagnostic prénatal) ont une fiabilité de 90 à 95 %. De plus, des précautions doivent être prises afin d'éviter toute contamination. En effet, la moindre cellule contaminante (paternelle, maternelle ou du manipulateur) peut entraîner un faux diagnostic et aboutir au transfert d'un embryon atteint. C'est pourquoi, il est fortement conseillé de réaliser un diagnostic prénatal suite à un DPI afin de confirmer le diagnostic. Il reste donc un risque de faux diagnostic mettant le couple dans la situation difficile de décider ou non d'une IMG. Rappelons enfin que, conformément à la législation, les analyses réalisées sont restreintes à la pathologie génétique concernée. Par conséquent, on ne peut pas exclure que le fœtus ou l'enfant souffre d'une autre pathologie telle qu'une trisomie 21 par exemple. Conclusion Figure. Les étapes du DPI. Après stimulation ovarienne, une fécondation in vitro est réalisée pour le couple à risque de transmettre la maladie. L'embryon se développe in vitro pendant 3 jours, puis, au stade de huit cellules, une à deux cellules sont prélevées. L'analyse génétique des cellules prélevées permet d'identifier le statut des embryons pour la pathologie étudiée. Seuls des embryons sains sont ensuite transférés dans l'utérus de la femme. ment lourde et sans garantie complète du résultat (5). Avec des taux de réussite de l'ordre de 20 à 30 % en cas de transfert d'embryons, la fécondation in vitro représente pour le couple, généralement fertile, la difficulté Le DPI est une alternative au diagnostic prénatal qui permet de détecter l'anomalie génétique avant l'implantation de l'embryon et de ne transférer que des embryons sains. Cette technique reste cependant lourde et présente des limites légales, éthiques et techniques. Il est donc important que les couples demandeurs bénéficient d'une information sur les possibilités de diagnostic qui s'appliquent à leur situation. Cette information peut être 115 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 3, mai-juin 2001 Nouvelles approches donnée lors d'une consultation de génétique. Si un DPI est envisageable, le médecin généticien pourra ensuite les adresser au centre qui propose ce test. ● preimplantation embryos sexed by Y-specific DNA amplification. Nature 1990 ; 344 : 768-70. Réponses auto-test n°2 3. Viville S, Nisand I. Legal aspects of human page 113 embryos research and PGD practice in France. Human Reproduction 1997 ; 12 : 2341-2. Les anomalies moléculaires de la pathologie pubertaire 4. Viville S, Ray P, Viville B, Handyside A, Références 1. Handyside AH. Clinical evaluation of preimplantation genetic diagnosis. Prenat Diagn 1998 ; 18 : 1345-8. 2. Handyside AH, Kontogianni EH, Hardy K, Winston RM. Pregnancies from biopsied human R é p o n s e s Gerlinger P. Diagnostic génétique préimplantatoire : techniques et résultats. Med Sci 1996 ;12 : 1378-88. 5. Vandervors M, Staessen C, Sermon K et al. The Brussels' experience of more than 5 years of clinical preimplantation genetic diagnosis. Hum Reprod Update 2000 ; 6 : 364-73. a u t o - t e s t page 102 N. de Roux (pp. 107-113) 1. Réponses a, b 2. Réponses a, b, c 3. Réponses b, d. n ° 1 Les mécanismes du déclenchement pubertaire : signaux périphériques, hypothalamiques et environnementaux M.C. Lebrethon, J.P. Bourguignon (pp. 101-106) 1. Faux. C’est une augmentation de fréquence de la sécrétion pulsatile de GnRH qui commence par apparaître au cours du sommeil. 2. Faux. Les neurones GABAergiques exercent une action inhibitrice via les récepteurs de type GABAA. 3. Faux. On observe des gonadotrophines plus élevées chez la fille, un des témoins de la promptitude à l’entrée en puberté plus grande chez la fille que chez le garçon. 4. Vrai. Observation d’une expression importante du TGFα dans deux hamartomes responsables de puberté précoce. w w w. m a l a d i e c œ l i a q u e . c o m Site du Groupe d’Études et de Recherche sur la Maladie Cœliaque, destiné aux médecins, diétéciens et aux patients, leur fournissant une information tant scientifique que pratique pour la prise en charge de la maladie, souvent mal connue du corps médical. 116 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 3, mai-juin 2001