peut en tenir lieu : signée A l b e rt Baye t , avec pour titre : « Te n i r »,l ’ a u t e u r
précise que, s’ils sont pacifistes, ils ne sont pas des lâches et ajoute :« Parce
que nous croyons à la morale intern a t i o n a l e , nous manifestons un coura g e
t ranquille et nous tiendro n s . »Il faut attendre cependant le 6 s e p t e m b re
pour que paraisse un éditorial signé de 2 D entrelacés définissant la position
du titre: une dénonciation d’un crime inex p i able commis par un barbare
i n s e n s i b le qui a cru la France et l’Angleterre incapables de réagi r,u n e
promesse, qu’elles tiendront jusqu’au dernier quart d’heure, celle de porter
le fer et le feu chez lui. Ce quotidien s’aligne sur une volonté nationale.
Le Petit Dauphinois, quant à lui, a jugé la situation et l’enjeu qu’elle
e n t ra î n e : résister à l’agresseur car « l’Allemagne nazie est aux mains de
soudards, de gangsters, sous la tutelle d’un reître qui prétend ramener le
monde aux temps d’une épaisse barbarie ».Évoquant le débat sur « Mourir
pour Dantzig », il récuse une telle problématique car ce qui est en jeu, c’est
la primauté de la civilisation,le maintien de la rayonnante liberté du monde ;
il faut briser les chaînes que veut fo r ger en Europe Hitler afin que nos enfa n t s
et nos petits-enfants puissent vivre heureux. Pour ce quotidien,la France se
met au service de l’honneur,de la paix véritable, symbole d’une civilisation
qu’il faut sauvegarder.Léon Poncet dans son éditorial de La République du
Sud-Est affirme que « contre un crime inexpiable, l’Europe est en armes ».
Ainsi les trois quotidiens sont-ils confrontés aux restrictions apportées à
la liberté de la presse : la principale porte sur le contrôle des informations
c o n c e rnant les mouvements de troupes pouvant attirer l’attention de l’ennemi
et sur l’issue de telle ou telle bataille. Elle entraîne quelques conséquences
dans les rédactions par la mobilisation des rédacteurs les plus jeunes ;mais à
Grenoble, les principales plumes restent à leur poste de travail. Ce qui peut
être le plus gênant a trait à la réduction des petites annonces et de la publi-
cité, mais ce risque n’est pas encore tangible, alors que la restriction de la
pagination porte atteinte à la physionomie du journal.Tel est donc le cadre
dans lequel se situe cette analyse. Encore faut-il préciser qu’il est appelé à se
modifier au gré des événements: aux journaux de savoir s’adapter.
En tout cas, des débuts de la guerre jusqu’à l’intervention soviétique en
Po l o g n e , l’accent est mis sur la re s p o n s a bilité de l’Allemag n e . Le Pe t i t
Dauphinois place les informations sur les hostilités sous le chapeau de « la
croisade du droit et de la liberté », un clin d’œil à la formule employée lors
du dernier conflit que l’on avait présenté comme la guerre du dro i t . L e s
autres titres mettent en avant l’héroïque résistance de la Pologne pourtant
soumise à des attaques sans pitié,tandis que sur le front occidental est avan-
cée la référence à l’été et à l’automne 1914, en particulier le souvenir de la
LA PRESSE QUOTIDIENNE GRENOBLOISE
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