La Lettre du Rhumatologue • N° 349 - février 2009 | 17
Points forts
lymphocytaire et éosinophilique, sans vascularite
leucocytoclasique. La présence majoritaire de
lymphocytes T-CD4-/ CD8+ au sein de l’infiltrat
semblait témoigner d’une réaction à médiation
cellulaire à type d’hypersensibilité retardée (réac-
tion de type Th1). Ce mécanisme immunologique
n’est cependant pas le seul en cause, comme en
témoigne une récente observation de réaction
cutanée éosinophilique à type de cellulite à éosi-
nophiles (cellulite de Wells) [5]. Il s’agissait de
plaques indurées et bulleuses développées sur les
sites d’injections sous-cutanées de l’adalimumab,
puis de l’étanercept. L’aggravation progressive des
symptômes au fur et à mesure des injections et la
prédominance des éosinophiles au sein de l’infil-
trat inflammatoire dermique témoignait plutôt
d’un mécanisme immunologique de type Th2.
Les réactions cutanées au site d’injection liées
à l’adalimumab semblent comparables à celles
décrites avec l’étanercept.
Réactions anaphylactiques
Les réactions allergiques immédiates (durant les
24 heures suivant la perfusion) sont observées
en moyenne chez 5 % des patients traités par
infliximab, le plus souvent lors des 3 à 4 premières
perfusions, parfois plus tardivement. Elles semblent
plus particulièrement fréquentes au cours du traite-
ment de la maladie de Crohn de l’enfant (20 %) [6].
En cas de réaction sévère, des désensibilisations à
l’infli ximab (7) ou un relais par l’adalimumab (8, 9)
ont pu être proposés avec succès.
Les réactions d’hypersensibilité retardée se déve-
loppent classiquement dans les 2 semaines qui
suivent la perfusion d’infliximab et leur incidence
est faible (1 à 3 %). Elles se manifestent par l’as-
sociation à des degrés variables de myalgies,
d’arthralgies, de fièvre, de prurit, d’urticaire, d’un
angio-œdème du visage ou des mains ainsi que
de céphalées. Un traitement par corticoïdes peut
être indiqué en cas de forme sévère. Leur gravité
potentielle, un cas de syndrome de détresse respi-
ratoire liée à un poumon éosinophile ayant été
rapporté, contre-indique la poursuite du traitement
par infliximab (10).
Psoriasis induit ou aggravé
et dermatoses psoriasiformes
L’induction ou l’aggravation d’un psoriasis et les
dermatoses psoriasiformes constituent un effet
paradoxal des anti-TNFα, qui sont classiquement
utilisés avec succès dans la prise en charge du
psoriasis cutané avec ou sans atteinte rhumatolo-
gique associée. Les termes de psoriasis ou de derma-
toses de type psoriasiforme reflètent cependant des
situations cliniques hétérogènes et probablement
distinctes :
un psoriasis induit authentique, défini par une
➤
absence d’antécédent personnel connu de psoriasis,
des lésions cliniques typiques et une confirmation
histologique ;
l’aggravation d’un psoriasis connu de longue
➤
date ;
une pustulose palmo-plantaire associée à des
➤
lésions psoriasiques cutanées classiques ;
une pustulose palmo-plantaire isolée pouvant
➤
s’intégrer dans le cadre d’un psoriasis pustuleux
localisé ou relever d’une autre étiologie (eczéma,
secondaire à une infection, systémique) ;
Une dermatose érythémato-squameuse “de type
➤
psoriasiforme”, terme imprécis ne permettant pas,
en l’absence d’histologie, de trancher entre une
toxidermie ou un psoriasis de novo.
Près de 120 observations de psoriasis ou de derma-
toses psoriasiformes induits par les anti-TNFα ont
été colligées en 2008 (11). La prévalence de cet effet
indésirable varie en moyenne entre 1,5 % et 5 %. L’in-
duction ou l’aggravation d’un psoriasis a été observée
avec l’infliximab, l’étanercept et l’adalimumab.
L’infliximab était le plus souvent en cause (deux
tiers des cas), mais cette différence de prévalence
reflète peut-être des différences dans les dates de
mise sur le marché et les indications thérapeutiques
de ces molécules. Les pathologies traitées par les
anti-TNFα étaient le plus souvent rhumatologiques,
essentiellement la PR (1 cas sur 2), la spondylarthrite
ankylosante, le psoriasis cutané et/ou rhumatismal
et la maladie de Crohn. Le délai d’apparition variait
considérablement suivant les observations. Parfois
déclenché dès la première injection ou perfusion de
l’anti-TNFα, cet effet indésirable était observé dans
un délai de quelques semaines à plusieurs années
Mots-clés
Réactions cutanées
Anaphylaxie
Vasculite
Psoriasis
Carcinome cutané
Syndromes lupiques
Infections cutanées
Anti-TNFα
Keywords
Skin reactions
Anaphylactic reactions
Vasculitides
Psoriasis
Skin carcinoma
Lupus syndrome
Cutaneous infections
Anti-TNFα
Les réactions cutanées au site d’injection des anti-TNF »α sont majoritairement sans gravité, à type de macules
érythémateuses, et ne contre-indiquent pas la poursuite du traitement.
La survenue d’une réaction anaphylactique immédiate au cours du traitement par infliximab peut conduire à proposer
»
une désensibilisation à cette molécule ou son remplacement par une autre biothérapie, anti-TNFα ou non.
Les réactions d’hypersensibilité retardée sont une contre-indication définitive à la reprise de la molécule
»
anti-TNFα incriminée.
La survenue d’un psoriasis et/ou d’une pustulose palmo-plantaire sous anti-TNF
»
α ne traduit pas une résistance au
traitement et ne constitue pas une indication systématique d’arrêt de prescription de la molécule incriminée.
Les infections cutanées, majoritairement sans gravité, constituent l’effet indésirable dermatologique le plus
»
fréquemment rencontré au cours du traitement par les anti-TNFα.
L’augmentation du risque de carcinome cutané épidermoïde sous anti-TNF »α reste controversé. Il impose une
surveillance dermatologique régulière, particulièrement chez les patients à risque ayant reçu des immunosup-
presseurs au long cours ou une photothérapie prolongée.