Des mesures pour emcher la crise de se propager
Lédition imprimée du
Bulletin du FMI laisse
la place à Internet
Les gouvernements doivent prendre de nouvelles mesures
concertées pour redynamiser les marchés financiers mondiaux
et réamorcer la pompe du crédit, estime le FMI en observant
que l’horizon continue de s’assombrir pour l’économie mondiale.
Lors d’une allocution prononcée le 15 décembre à Madrid à la
Banque centrale d’Espagne, le Directeur général du FMI, Dominique
Strauss-Kahn, a déclaré que des mesures s’imposaient sur trois fronts
si l’on voulait éviter que la récession actuelle ne se transforme en
dépression mondiale : une intervention coordonnée des gouverne-
ments sur les marchés financiers pour réamorcer la pompe du crédit
et soutenir la recapitalisation des banques, des mesures budgétaires
pour compenser la chute brutale de la demande privée, et un apport
de liquidités aux pays émergents pour atténuer les effets négatifs des
sorties massives de capitaux provoquées par la crise financière.
On sattend à ce que les principales économies avancées se con-
tractent de ¼ % en chiffres annuels en 2009, ce qui sera la premre
contraction annuelle de l’aps-guerre pour ce groupe de pays. Mais
le FMI a indiq que les chiffres qu’il publiera le mois prochain feront
sans doute apparaître une révision à la baisse des prévisions mondiales.
(Voir aussi l’article sur le programme de travail du FMI, page 188.) n
Le FMI aide l’Islande à surmonter la crise
La crise financière qui ébranle actuel-
lement la planète a inscrit l’Islande
(300.000 habitants à peine) au
nombre de ses premières victimes.
Pour en surmonter les conséquences,
le pays a élaboré un programme complet
pour lequel il a demandé l’aide du FMI. Le
24 octobre, celui-ci a annoncé l’octroi d’un
prêt totalisant 2,1 milliards de dollars au
titre du mécanisme rapide de financement
d’urgence.
Le Conseil d’administration du FMI a
approuvé l’accord de confirmation de deux
ans le 19 novembre, et mis 827 millions de
dollars à la disposition immédiate de l’Is-
lande. Le reste sera payé en huit versements
de montant égal, sous réserve d’examens
trimestriels. Le programme économique is-
landais prévoit que le prêt du FMI couvrira
environ 42 % du déficit de financement na-
tional entre 2008 et 2010. Le reste sera cou-
vert par les créanciers officiels bilatéraux.
Dans l’entretien qui suit, Poul Thomsen,
chef de mission du FMI pour l’Islande et
Directeur adjoint du Département Europe,
évoque la crise et le programme du pays
pour remédier à ses retombées.
Xinhua/Newscom
Landsbankinn est l’une des trois banques reprises
par l’autorité islandaise des marchés financiers en
octobre 2008.
(suite page 186)
FMI
B
ulleti
n
MAGAZINE VOLUME 37, NUMÉRO 12
www.imf.org/imf.survey
FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL
189 Deux pays font appel à la FCE
190 Prêt du FMI au Pakistan
191 velopper la protection sociale
192
Pauvreté : les acquis sont menacés
193 Produits de base : chute des prix
196
L’Amérique latine résiste aux chocs
197 La région a amélioré ses politiques
198 Perspectives asiatiques
199 Bosnie−Herzégovine
200 L’actualité en bref
Sommaire
Décembre 2008
Après 36 années d’existence, le Bul-
letin du FMI cesse de paraître dans
sa version imprimée et sera doréna-
vant publié uniquement sur l’Internet. En
page 194, les raisons de ce changement.
Production d’ordinateurs portables en Allemagne, où la croissance a beaucoup
souffert des turbulences financières et de la récession qu’elles ont provoquée.
Zumawirewest/Newscom
Bulletin : Que s’est-il passé en Islande?
M. Thomsen : L’Islande a laissé se dévelop-
per un système bancaire surdimensionné,
qui dépassait nettement la capacité des
autorités à intervenir en tant que prêteur
en dernier ressort lorsque des problèmes
sont survenus. Il y a seulement quelques
années, ce système était d’envergure
normale. Mais une fois la privatisation
du secteur bancaire achevée, en 2003, les
banques ont augmenté leurs avoirs, qui
représentaient un peu plus de 100 % du
PIB, à près de 1.000 % du PIB.
Quand la crise de confiance s’est ac-
centuée, cet automne, l’Islande en a été
l’une des premières victimes parce que le
marché s’est rendu compte que le système
bancaire était bien trop important en re-
gard de la taille de l’économie. Le retrait
des investisseurs a rapidement mis la cou-
ronne islandaise en situation périlleuse.
En une semaine, les trois banques ont
fait faillite, la couronne a chuté de plus
de 70 %, et le marché boursier a perdu
plus de 80 % de sa valeur. Pour une petite
économie entièrement tributaire des im-
portations, cette crise revêtait des propor-
tions gigantesques.
Bulletin : Qu’espère obtenir le programme
financé par le FMI?
M. Thomsen : Dans l’immédiat, il privilégie
la stabilisation de la couronne. L’écono-
mie islandaise demeure très endettée.
L’essentiel de la dette est libellée en de-
vises ou indexée sur l’inflation, de sorte
que quand la couronne se déprécie, le
service de la dette devient beaucoup plus
coûteux. Si nous ne mettons pas terme
au déclin de la couronne, nous allons
probablement assister à une série de dé-
faillances dans le secteur des entreprises
et celui des ménages, ce qui aggraverait
encore l’état de l’économie.
C’est pourquoi le programme financé
par le FMI propose d’appliquer, au cours
des deux prochains mois, des mesures
monétaires et de change pour rétablir
la confiance dans la couronne. À court
terme, cela signifie une hausse des taux
d’intérêt. Les mouvements de capitaux
seront également assujettis à des restric-
tions. Nous conseillons aux autorités de
ne pas les lever avant que la stabilité ne
revienne sur le marché des changes.
Bulletin : N’est-il pas inhabituel de la part
du FMI d’accepter des contrôles sur les
opérations en capital?
M. Thomsen : Ces contrôles existent en fait
depuis la défaillance des trois banques,
début octobre, puisque seuls les paie-
ments des importations prioritaires et
d’autres opérations du compte courant
ont été autorisés depuis. Le programme
du FMI a pour priorité de lever toutes
les restrictions sur le compte courant
et sur le compte de capital de sorte que
l’Islande puisse revenir à la monnaie en-
tièrement convertible qui a été la sienne
pendant de nombreuses années. En
réalité, toutes les restrictions pesant sur
le compte courant ont maintenant été
levées, ce qui marque la première étape
d’un retour à la normale.
Néanmoins, pour éviter qu’une sor-
tie massive de capitaux n’entraîne un
nouvel effondrement de la couronne,
les restrictions sur le compte de capital
resteront en place à court terme. En
conséquence, les autorités ont légale-
ment officialisé le régime existant de fait
durant la dernière semaine de novembre
afin d’améliorer son efficacité, son as-
sise réglementaire et sa transparence. La
levée de tous les contrôles sur les mou-
vements de capitaux durant l’exécution
du programme financé par le FMI, à
mesure que la confiance se rétablit, est
un objectif majeur.
Bulletin : Le FMI demande-t-il à l’Islande
de réduire ses dépenses?
M. Thomsen : Nous ne demandons pas à
l’Islande de se serrer la ceinture au milieu
d’une récession. Pendant la première
année du programme, les stabilisateurs
budgétaires automatiques pourront
fonctionner librement. Cela signifie que
le déficit budgétaire primaire va passer
de ½ % du PIB en 2008 à 8½ % du PIB
environ en 2009. Nous ne suggérons pas
à l’Islande de lutter contre cette dégrada-
tion parce nous estimons malavisé, face
à une récession profonde, d’entamer un
processus d’assainissement budgétaire.
Cela dit, l’Islande devra assainir ses
finances quand la situation se redressera.
En raison de la crise bancaire, l’Islande est
devenue du jour au lendemain l’un des
pays avancés les plus endettés d’Europe,
Islande
(suite de la page 185)
186 BULLETIN DU FMI DÉCEMBRE 08
Le Bulletin du FMI (ISSN 0250-7412) est aussi publié
en anglais (IMF Survey) et en espagnol (Boletín del
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publiées : les noms et les frontières figurant sur ces
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tant l’opinion du FMI ni sur le statut juridique des
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alors qu’elle était le moins endettée : la ré-
solution des problèmes du secteur bancaire
coûtera probablement au secteur public
quelque 80 % du PIB. Il appartient aux
autorités islandaises de définir les moyens
précis par lesquels elles procéderont à cet
assainissement — réduction des dépenses
ou augmentation des recettes, ou un mé-
lange des deux.
Bulletin : Quel sera le rôle du FMI dans la
restructuration des banques?
M. Thomsen : Il convient de noter que l’Is-
lande s’est engagée à reconnaître les obli-
gations envers les déposants assurés et à
procéder à la restructuration bancaire dans
un souci de justice et d’équité. Pour traiter
les problèmes bancaires, les autorités ont
adopté une stratégie consistant à distin-
guer les nouvelles banques des anciennes.
Les «nouvelles» banques ont été autorisées
à répondre aux besoins bancaires natio-
naux, les «anciennes» étant pour leur part
chargées de la tâche épineuse consistant à
mettre de l’ordre dans la plupart des enga-
gements extérieurs.
Le FMI aidera l’Islande à restructurer
les banques dans ce cadre général. La
stratégie prévoit l’évaluation des actifs des
deux types de banques conformément
aux pratiques optimales internationales,
l’indemnisation des banques anciennes par
les nouvelles banques pour toute disparité
dans la juste valeur des actifs et des passifs
repris, la recapitalisation des nouvelles
banques dans le but final de les privatiser,
et la récupération d’un maximum d’actifs
des banques anciennes. La surveillance et
la réglementation bancaires seront égale-
ment réorganisées de manière à ce qu’une
crise bancaire de cette ampleur ne puisse
jamais se reproduire.
Bulletin : Quelles sont donc les perspectives
pour l’Islande?
M. Thomsen : Il ne fait aucun doute que
l’Islande va connaître deux années diffi-
ciles. Elle est secouée par un choc colossal
sans précédent. Il pourrait s’agir de la res-
tructuration bancaire la plus coûteuse que
le monde ait jamais connue par rapport à
la taille de l’économie. Selon nous, même
en cas de stabilisation de la couronne, le
PIB pourrait chuter de 10 % l’an prochain
et reculer encore légèrement en 2010.
L’élément positif est que l’économie
islandaise est très souple. Du fait de sa
dépendance à l’égard de la pêche et de
l’aluminium, l’Islande a été exposée à de
gros chocs par le passé, mais a toujours
su s’adapter avec une grande efficacité. Je
pressens donc qu’après ce ralentissement
plutôt brutal, l’économie pourrait assez
rapidement rebondir.
Bulletin : En quoi consisterait la réussite?
M. Thomsen : Les choses se dérouleraient
comme suit : au cours des deux prochains
mois, les autorités parviennent à stabiliser
la couronne et à normaliser les opérations
de change du pays de sorte que toutes les
entreprises pratiquant l’import-export
aient accès au marché des changes.
Une fois la monnaie stabilisée, les
autorités devraient pouvoir diminuer
progressivement les taux d’intérêt en
2009, lever graduellement le contrôle des
mouvements de capitaux, et commencer à
s’attaquer aux problèmes budgétaires.
Compte tenu de la grande souplesse
de l’économie, les perspectives de réus-
site sont très favorables. Je pense qu’à
l’issue des deux années du programme,
l’économie islandaise sera de nouveau en
croissance.
Bulletin : Que se serait-il passé si le FMI
n’avait pas accordé de financement?
M. Thomsen : Je suis persuadé que l’on
aurait alors assisté à un repli sensible de la
couronne, à d’immenses difficultés pour
les ménages dont les prêts hypothécaires
sont indexés sur le taux de change, à des
faillites en cascade parmi les entreprises
dont les prêts sont indexés sur le taux de
change, à une flambée du chômage et à un
recul du PIB supérieur aux 10 % actuelle-
ment prévus. n
Camilla Andersen
Département des relations extérieures du FMI
Les perspectives de croissance de l’Islande sont positives à long terme, car les facteurs économiques de
base du pays sont très solides, à commencer par le niveau d’instruction élevé de la main d’œuvre, un
environnement favorable aux investissements et la richesse en ressources naturelles. Le programme dé-
fini avec le FMI se concentre principalement sur les objectifs suivants :
Empêcher une forte dépréciation supplémentaire de la couronne en appliquant une politique mo-
nétaire suffisamment stricte dans le cadre d’un régime de taux de change flexible. Les restrictions sur les
sorties de capitaux resteront en place à court terme.
Élaborer une stratégie globale de restructuration bancaire reposant sur le principe de la colla-
boration i) en mettant en place une structure organisationnelle efficace pour faciliter le processus de
restructuration; ii) en effectuant rapidement l’évaluation des actifs bancaires; iii) en maximisant la
reprise d’actifs de banques anciennes; iv) en traitant de façon équitable les déposants et les créanciers
des banques qui font l’objet d’une intervention; v) en améliorant les méthodes de contrôle et le régime
d’insolvabilité.
Assurer la viabilité des finances publiques à moyen terme. Les stabilisateurs budgétaires auto-
matiques pourront fonctionner pleinement en 2009, mais le programme prévoit le lancement en 2010
d’un solide plan de rééquilibrage budgétaire à moyen terme. Cette mesure est nécessaire pour faire face
à la forte augmentation de la dette du secteur public qui résultera probablement du coût budgétaire de
la recapitalisation du secteur bancaire et de la reconnaissance des obligations relatives à la garantie des
dépôts envers les déposants des succursales étrangères de banques islandaises.
Pour de plus amples informations : www.imf.org/external/np/sec/pr/2008/pr08296.htm.
Les grandes lignes du programme islandais
DÉCEMBRE 08 BULLETIN DU FMI 187
«Compte tenu de la grande souplesse de l’économie, les pers-
pectives de réussite sont très favorables. Je pense qu’à l’issue
des deux années du programme, l’économie islandaise sera de
nouveau en croissance.»
—Poul Thomsen
188 BULLETIN DU FMI DÉCEMBRE 08
La crise financière détermine les priorités du FMI
L
e Conseil d’administration du FMI
a fixé les priorités de l’institution
jusqu’aux réunions de printemps du
FMI et de la Banque mondiale en avril 2009,
avec comme tâche première de remédier aux
retombées immédiates et à plus long terme
de la crise financière. Ce programme de tra-
vail est conforme à ce qu’avaient demandé le
Comité monétaire et financier international
(CMFI, organe consultatif du FMI) et le
Groupe des Vingt principaux pays industria-
lisés et émergents (G-20).
Le FMI s’attachera avant tout à aider,
par son soutien financier et ses conseils,
le nombre croissant de pays qui subissent
les tensions nées de la crise financière.
Mais il consacrera aussi une bonne part
de ses ressources à comprendre les causes
de cette crise et à identifier les réformes à
entreprendre pour améliorer l’architecture
financière internationale.
Le bat sur les priorités à court terme du
FMI a lieu alors que la situation économique
ne cesse de se dégrader. Dans sa dernière
évaluation des perspectives de l’économie
mondiale, le FMI a réduit de ¾ de point sa
prévision pour la croissance mondiale en
2009 en la ramenant à 2,2%. De plus en
plus de pays sollicitent son aide financière
et de nouveaux prêts, totalisant 40 milliards
de dollars, ont été approuvés en un temps
record pour l’Ukraine, l’Islande, le Pakistan
et la Hongrie.
Priorités
C’est le CMFI qui fixe l’orientation générale
des activités du FMI, mais le programme de
travail de l’institution, arrêté par le Conseil
le 24novembre, tient aussi compte des ré-
sultats du sommet du G-20 qui s’est tenu le
15novembre.
Le G-20 a préconisé des mesures immé-
diates et à plus long terme pour stabiliser le
système financier, stimuler la demande inté-
rieure, aider les pays émergents et en déve-
loppement ébranlés par la crise et renforcer
le cadre réglementaire.
«Le CMFI et le G-20 ont insisté sur le
rôle fondamental du FMI comme agent de
riposte aux crises et instance de réflexion,
a déclaré le Directeur général du FMI,
Dominique Strauss-Kahn. Nous continue-
rons de nous acquitter de cette mission pour
aider à rétablir la stabilité financière mon-
diale et promouvoir une croissance écono-
mique soutenue.»
M. Strauss-Kahn a souligné que le FMI tra-
vaillera en étroite collaboration avec d’autres
institutions internationales, dont le Forum
de stabilité financière (FSF), qui envisage de
s’ouvrir aux pays émergents. Le FMI et le FSF
ont publié une lettre commune dans laquelle
ils expriment leur intention d’accrtre leur
coopération dans des domaines clés tels que la
détection rapide des risques ainsi que l’amé-
lioration de la surveillance et de la réglementa-
tion du secteur financier.
Prêts de crise
L’une des priorités du FMI au cours des
mois à venir sera de continuer à fournir
rapidement son aide aux pays émergents
et en développement frappés par la crise,
à des conditions adaptées pour répondre
à une double priorité: affronter la crise et
protéger suffisamment les couches les plus
vulnérables de la population.
La crise se propageant, le FMI a rapide-
ment mis en place une nouvelle facilité de
liquidité à court terme (FLC) pour aider
les pays dont les fondamentaux et les poli-
tiques intérieures étaient solides à faire face
au manque de liquidités à court terme. Le
Conseil d’administration entend maintenant
examiner d’autres aspects des activités de
prêt du FMI, notamment les possibilités
d’innovation et de simplification plus pous-
sée de ses instruments de prêt et de sa condi-
tionnalité, ainsi que les limites d’accès, les
échéances et les commissions, et il détermi-
nera s’il y a lieu de compléter les ressources
dont dispose le FMI.
Leçons à tirer
Beaucoup d’observateurs sont déconcertés
par l’ampleur considérable de la crise et de
ses retombées. En octobre 2008, le CMFI a
demandé au FMI de jouer un rôle directeur
dans l’analyse de l’enchaînement com-
plexe des causes et effets qui ont entraîné
l’économie mondiale dans ce qui pourrait
devenir la pire récession depuis la crise
des années30. Le G-20 s’est associé à cette
démarche. Les travaux porteront sur les
points suivants:
Enseignements et ripostes recommandées.
Le FMI joue un rôle directeur dans l’analyse
approfondie des causes de la crise et des
leçons à en tirer pour la politique macroéco-
nomique et la réglementation. En s’appuyant
sur ce travail, il formule des recommanda-
tions afin d’orienter les politiques, à la fois
pour surmonter la crise immédiate et relever
les défis à plus long terme.
Amélioration des systèmes d’alerte rapide.
Le FMI a intensifié son travail de réflexion
sur la surveillance des facteurs de vulnéra-
bilité au niveau systémique et des différents
pays. Le FSF sera un partenaire important à
cet égard.
Évaluation de l’impact sur les pays à
faible revenu. Le FMI suivra de près l’im-
pact qu’ont eu sur les pays à faible revenu
les chocs concomitants engendrés par la
crise financière mondiale et la hausse des
prix des denrées alimentaires et des car-
burants. Il se tient prêt à aider ces pays en
leur apportant une assistance technique
et financière et il déterminera s’il y a lieu
d’adapter ses conseils et ses concours finan-
ciers pour qu’ils correspondent mieux à
leurs besoins.
Compte tenu de son caractère quasi
universel, de son expertise en matière
macrofinancière et de sa mission au service
de la coopération internationale, le FMI est
prêt à participer pleinement au travail de
refonte des règles qui régissent les marchés
financiers.
Le FMI contribuera aux activités des
groupes de travail mis en place par le G-20
pour définir les moyens d’améliorer la
réglementation et la transparence, de ren-
forcer la coopération internationale et pro-
mouvoir l’intégrité des marchés financiers,
et de réformer les institutions financières
internationales.
La crise financière mondiale est la grande
priorité du FMI, mais les travaux se pour-
suivront aussi sur la modernisation et la
réforme de la gouvernance. M. Strauss-Kahn
a encouragé les pays membres à adopter la
législation nécessaire pour que la réforme
des quotes-parts et de la représentation ainsi
que le nouveau mode de financement du
FMI approuvé en avril 2008 puissent entrer
en vigueur. À cet égard, le Comité sur la ré-
forme de la gouvernance au FMI, présidé par
le Ministre des finances de l’Afrique du Sud,
Trevor Manuel, devrait remettre son rapport
d’ici avril 2009 et poursuivra la réflexion sur
ce dossier.
n
Programme de travail du FMI
Deux pays sollicitent le système de protection du FMI contre les chocs
Deux pays, l’un d’Asie centrale et
l’autre d’Afrique, ont été les premiers
à faire appel au mécanisme modifié
de prêt destiné à aider les pays à faible re-
venu à gérer les situations d’urgence provo-
quées par des phénomènes qui échappent à
leur contrôle.
Selon des responsables du FMI, plusieurs
autres nations africaines devraient leur em-
boîter le pas prochainement.
Le Conseil d’administration du FMI
a approuvé le 10 décembre un prêt de
100 millions de dollars à la République kir-
ghize, pays montagneux et enclavé d’Asie
centrale, au titre de la facilité modifiée
de protection contre les chocs exogènes
(FCE). Il en avait auparavant approu un
de 77 millions de dollars sur un an pour le
Malawi — le premier depuis la révision de
la FCE en septembre.
Le prêt sur 18 mois à la publique kir-
ghize aidera les autorités à faire face à plu-
sieurs chocs économiques, dont le renché-
rissement des matières premres enregistré
jusqu’à la mi-2008, le ficit de production
d’électrici hydraulique, les difficultés du
secteur bancaire du Kazakhstan voisin, et un
tremblement de terre dans la région de Nura.
Le prêt au Malawi, pays du sud-est de
l’Afrique lourdement tributaire des ex-
portations de tabac, aidera les autorités à
s’adapter à l’évolution défavorable des ter-
mes de l’échange provoquée par la flambée
des prix des carburants et des engrais en
début d’année.
La FCE a été mise en place il y a deux
ans pour renforcer la capacité du FMI à
aider les pays à faible revenu à faire face aux
chocs brutaux et exogènes. La révision de
cette facilité, destinée à permettre aux pays
membres de recevoir plus facilement et plus
rapidement l’aide du FMI, a été accélérée
au vu de la détérioration de la conjoncture
économique mondiale, notamment la flam-
bée récente des prix des denrées alimen-
taires et des carburants dont les pays à faible
revenu ont particulièrement souffert.
La révision de la facilité a pour objec-
tif d’apporter aux pays à faible revenu
membres du FMI une assistance plus ra-
pide et plus substantielle pour les aider à
surmonter certains événements : variations
des prix des matières premières (dont le
pétrole), catastrophes naturelles, conflits
et crises dans les pays limitrophes qui per-
turbent les échanges.
Les modifications, entrées en vigueur fin
novembre, ont aussi simplifié la condition-
nalité (les engagements pris par les États
emprunteurs sur le plan économique et
financier) liée à la FCE. Elles répondent à la
demande exprimée par les ministres lors des
réunions de printemps du FMI, en 2008.
Lavision de la FCE s’inscrit dans le
cadre des efforts déplos par le FMI pour
améliorer sa gamme de prêts. En octobre, il
a annonle lancement d’un nouveau dis-
positif de prêt à court terme pour acheminer
rapidement des fonds vers les pays émer-
gents qui affichent de bonssultats mais
ont besoin d’une aide urgente, pendant la
crise financière actuelle, pour surmonter des
probmes temporaires de liquidité. Pour les
autres pays membres le cadre de l’action
publique doit être renforcé, le FMI met à la
disposition des autorités les dispositifs clas-
siques de prêt couvrant de plus longues pé-
riodes, mais selon une procédure accélérée.
Le FMI a engagé un réexamen de sa fonc-
tion de financement dans les pays membres
pour s’assurer qu’il dispose d’instruments
adaptés à leurs besoins face à l’intensifica-
tion et à la complexité croissante des mou-
vements financiers internationaux.
Le FMI a annoncé que l’équipe dé-
pêchée au Kirghizstan avait abouti en
novembre à un accord avec les autorités
sur un programme économique visant à
gérer les conséquences défavorables des
chocs exogènes qui ont frappé l’économie
nationale, notamment la flambée des prix
des produits alimentaires et de l’énergie et
l’insuffisance de la production nationale
d’électricité due au faible niveau des eaux
dans le réservoir de Toktogul.
Si le programme donne priorité aux
mesures macroéconomiques, les autorités
n’en poursuivront pas moins leur plan de
réformes structurelles afin d’améliorer la
gestion macroéconomique et d’assurer une
croissance dynamique à plus long terme.
Le programme économique pour
2008–09 s’attaque aux conséquences des
chocs exogènes et vise à maîtriser les effets
sur l’économie kirghize du ralentissement
de la croissance régionale et des retombées
de la crise financière mondiale. Il a pour
objectifs de réduire l’inflation, de soutenir
la croissance économique et de protéger les
pauvres dans un pays qui compte quelque
5 millions d’habitants.
Au Malawi, qui recense quelque 15 mil-
lions d’habitants, les autorités ont deman
à bénéficier de la FCE pour s’adapter à la
dégradation des termes de l’échange provo-
quée par l’essor des prix des carburants et
des engrais au début de 2008.
«Le niveau actuellement bas des réserves
internationales du Malawi est inquiétant
pour la stabilité financière et la sécurité
alimentaire», a déclaré M. Takatoshi Kato,
Directeur général adjoint du FMI.
Le programme économique, qui sera
financé par un prêt élevé du FMI au titre
de la FCE, permettra de maîtriser les pres-
sions sur la balance des paiements et de
reconstituer les réserves de change tout
en préservant la croissance et la sécurité
alimentaire. À ce financement s’ajoutera
un resserrement budgétaire et monétaire.
De nouveaux fonds ont été accordés par les
donateurs, qui faciliteront l’ajustement de
l’économie à la dégradation des termes de
l’échange.
n
DÉCEMBRE 08 BULLETIN DU FMI 189
Pays à faible revenu
Siphiwe Sibeko/Reuters
Pêcheurs du Lac Malawi. Le Malawi s’adapte à la
forte hausse des prix des carburants et des engrais
survenue au début de 2008.
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