188 BULLETIN DU FMI DÉCEMBRE 08
La crise financière détermine les priorités du FMI
L
e Conseil d’administration du FMI
a fixé les priorités de l’institution
jusqu’aux réunions de printemps du
FMI et de la Banque mondiale en avril 2009,
avec comme tâche première de remédier aux
retombées immédiates et à plus long terme
de la crise financière. Ce programme de tra-
vail est conforme à ce qu’avaient demandé le
Comité monétaire et financier international
(CMFI, organe consultatif du FMI) et le
Groupe des Vingt principaux pays industria-
lisés et émergents (G-20).
Le FMI s’attachera avant tout à aider,
par son soutien financier et ses conseils,
le nombre croissant de pays qui subissent
les tensions nées de la crise financière.
Mais il consacrera aussi une bonne part
de ses ressources à comprendre les causes
de cette crise et à identifier les réformes à
entreprendre pour améliorer l’architecture
financière internationale.
Le débat sur les priorités à court terme du
FMI a lieu alors que la situation économique
ne cesse de se dégrader. Dans sa dernière
évaluation des perspectives de l’économie
mondiale, le FMI a réduit de ¾ de point sa
prévision pour la croissance mondiale en
2009 en la ramenant à 2,2%. De plus en
plus de pays sollicitent son aide financière
et de nouveaux prêts, totalisant 40 milliards
de dollars, ont été approuvés en un temps
record pour l’Ukraine, l’Islande, le Pakistan
et la Hongrie.
Priorités
C’est le CMFI qui fixe l’orientation générale
des activités du FMI, mais le programme de
travail de l’institution, arrêté par le Conseil
le 24novembre, tient aussi compte des ré-
sultats du sommet du G-20 qui s’est tenu le
15novembre.
Le G-20 a préconisé des mesures immé-
diates et à plus long terme pour stabiliser le
système financier, stimuler la demande inté-
rieure, aider les pays émergents et en déve-
loppement ébranlés par la crise et renforcer
le cadre réglementaire.
«Le CMFI et le G-20 ont insisté sur le
rôle fondamental du FMI comme agent de
riposte aux crises et instance de réflexion,
a déclaré le Directeur général du FMI,
Dominique Strauss-Kahn. Nous continue-
rons de nous acquitter de cette mission pour
aider à rétablir la stabilité financière mon-
diale et promouvoir une croissance écono-
mique soutenue.»
M. Strauss-Kahn a souligné que le FMI tra-
vaillera en étroite collaboration avec d’autres
institutions internationales, dont le Forum
de stabilité financière (FSF), qui envisage de
s’ouvrir aux pays émergents. Le FMI et le FSF
ont publié une lettre commune dans laquelle
ils expriment leur intention d’accroître leur
coopération dans des domaines clés tels que la
détection rapide des risques ainsi que l’amé-
lioration de la surveillance et de la réglementa-
tion du secteur financier.
Prêts de crise
L’une des priorités du FMI au cours des
mois à venir sera de continuer à fournir
rapidement son aide aux pays émergents
et en développement frappés par la crise,
à des conditions adaptées pour répondre
à une double priorité: affronter la crise et
protéger suffisamment les couches les plus
vulnérables de la population.
La crise se propageant, le FMI a rapide-
ment mis en place une nouvelle facilité de
liquidité à court terme (FLC) pour aider
les pays dont les fondamentaux et les poli-
tiques intérieures étaient solides à faire face
au manque de liquidités à court terme. Le
Conseil d’administration entend maintenant
examiner d’autres aspects des activités de
prêt du FMI, notamment les possibilités
d’innovation et de simplification plus pous-
sée de ses instruments de prêt et de sa condi-
tionnalité, ainsi que les limites d’accès, les
échéances et les commissions, et il détermi-
nera s’il y a lieu de compléter les ressources
dont dispose le FMI.
Leçons à tirer
Beaucoup d’observateurs sont déconcertés
par l’ampleur considérable de la crise et de
ses retombées. En octobre 2008, le CMFI a
demandé au FMI de jouer un rôle directeur
dans l’analyse de l’enchaînement com-
plexe des causes et effets qui ont entraîné
l’économie mondiale dans ce qui pourrait
devenir la pire récession depuis la crise
des années30. Le G-20 s’est associé à cette
démarche. Les travaux porteront sur les
points suivants:
Enseignements et ripostes recommandées.
Le FMI joue un rôle directeur dans l’analyse
approfondie des causes de la crise et des
leçons à en tirer pour la politique macroéco-
nomique et la réglementation. En s’appuyant
sur ce travail, il formule des recommanda-
tions afin d’orienter les politiques, à la fois
pour surmonter la crise immédiate et relever
les défis à plus long terme.
Amélioration des systèmes d’alerte rapide.
Le FMI a intensifié son travail de réflexion
sur la surveillance des facteurs de vulnéra-
bilité au niveau systémique et des différents
pays. Le FSF sera un partenaire important à
cet égard.
Évaluation de l’impact sur les pays à
faible revenu. Le FMI suivra de près l’im-
pact qu’ont eu sur les pays à faible revenu
les chocs concomitants engendrés par la
crise financière mondiale et la hausse des
prix des denrées alimentaires et des car-
burants. Il se tient prêt à aider ces pays en
leur apportant une assistance technique
et financière et il déterminera s’il y a lieu
d’adapter ses conseils et ses concours finan-
ciers pour qu’ils correspondent mieux à
leurs besoins.
Compte tenu de son caractère quasi
universel, de son expertise en matière
macrofinancière et de sa mission au service
de la coopération internationale, le FMI est
prêt à participer pleinement au travail de
refonte des règles qui régissent les marchés
financiers.
Le FMI contribuera aux activités des
groupes de travail mis en place par le G-20
pour définir les moyens d’améliorer la
réglementation et la transparence, de ren-
forcer la coopération internationale et pro-
mouvoir l’intégrité des marchés financiers,
et de réformer les institutions financières
internationales.
La crise financière mondiale est la grande
priorité du FMI, mais les travaux se pour-
suivront aussi sur la modernisation et la
réforme de la gouvernance. M. Strauss-Kahn
a encouragé les pays membres à adopter la
législation nécessaire pour que la réforme
des quotes-parts et de la représentation ainsi
que le nouveau mode de financement du
FMI approuvé en avril 2008 puissent entrer
en vigueur. À cet égard, le Comité sur la ré-
forme de la gouvernance au FMI, présidé par
le Ministre des finances de l’Afrique du Sud,
Trevor Manuel, devrait remettre son rapport
d’ici avril 2009 et poursuivra la réflexion sur
ce dossier.
n
Programme de travail du FMI