
Correspondances en Onco-hématologie - Vol. V - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2010
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Risques organiques
Partie I
dossier thématique
plus souvent modérée et réversible après la première
cure mais peut devenir plus importante et irréversible
après plusieurs cures. La néphrotoxicité semble donc
dépendre de la dose totale cumulée. Toutefois, un cas
d’insu sance rénale aiguë (IRA) irréversible a été rap-
porté chez un patient ayant reçu une seule injection
de cisplatine (160 mg) [15]. La prévalence de l’IRA est
de l’ordre de 5 à 10 %. Dans la majorité des cas, l’évolu-
tion est favorable avec une récupération de la fonction
rénale en 2 à 4 semaines ; dans de rares cas, un recours
à l’hémodialyse temporaire est nécessaire. Toutefois,
quelques cas d’une insu sance rénale irréversible sont
décrits (15-17). De plus, même chez un patient parais-
sant indemne sur le plan rénal après un traitement par
cisplatine, une insu sance rénale peut apparaître à
distance (5 à 11 ans) [18]. L’hypomagnésémie est un
autre e et secondaire rénal ; elle survient après une fuite
rénale de magnésium liée à des lésions tubulaires, mais
aussi après une diminution de l’absorption intestinale
du magnésium. L’hypomagnésémie est très fréquente
(75 % des malades), souvent prolongée et di cile à
compenser (12).
Des recommandations sur la prévention de la toxicité
rénale du cisplatine ont été publiées par l’European
Society of Clinical Pharmacy (19). Selon ces recom-
mandations, la fonction rénale doit être évaluée avant
chaque administration de cisplatine, et 3 à 5 jours après.
La fonction rénale doit être estimée soit par le calcul
de la clairance de la créatinine à l’aide de la formule
de Cockcroft et Gault, soit, de préférence, par le calcul
du débit de ltration glomérulaire (DFG) à l’aide de la
formule aMDRD (tableau I). Les mesures de prévention
reposent sur l’hydratation : il est essentiel de maintenir
une diurèse abondante. Chez le patient hospitalisé,
l’hyperhydratation sera idéalement réalisée à l’aide de
sérum salé isotonique et sera commencée au moins
12 heures avant l’administration du cisplatine, pour-
suivie durant l’administration (en diluant le cisplatine
avec 1 000 ml de sérum salé) et maintenue pendant 24
heures (12). Avant et après l’injection du médicament,
le volume du sérum salé à perfuser est généralement
de 500 à 1 000 ml par tranche de 2 à 4 heures, à ajuster
selon l’état cardiaque et la diurèse du patient (20). La
diurèse induite par une telle hydratation doit être au
moins de 100 ml/heure (21). Si le patient présente une
oligo-anurie malgré cette hydratation, un avis néphro-
logique est nécessaire, et l’utilisation des diurétiques
est déconseillée. S’il s’agit d’un patient non hospita-
lisé recevant la chimiothérapie en hôpital de jour, on
recommandera une hydratation abondante, per os, de
préférence à l’aide d’une eau riche en sodium (Vichy
Célestins® ou Saint-Yorre® par exemple), la veille et le
lendemain de la chimiothérapie (2 à 3 litres par jour).
Le jour de la chimiothérapie, une hydratation par voie
i.v. sera mise en place selon les règles décrites ci-dessus.
De plus, une seule perfusion administrée pendant une
période prolongée serait moins néphrotoxique que
plusieurs administrations en bolus sur plusieurs jours.
Carboplatine
En hématologie, le carboplatine est indiqué dans les
lymphomes hodgkiniens et non hodgkiniens et dans
les leucémies. Les formules utilisées pour le calcul de
la dose de carboplatine sont celles de Chatelut et de
Calvert (tableau III). La formule de Calvert prend en
compte le DFG calculé à l’aide de la formule de Cockcroft
et Gault. Le carboplatine est un agent néphrotoxique ;
cette néphrotoxicité se manifeste principalement par
une altération de la fonction rénale (22-29). Une étude
réalisée chez 10 patients ayant une fonction rénale nor-
male a montré une diminution moyenne de 19 % de
la clairance de la créatinine après une chimiothérapie
associant 400 mg/m² de carboplatine à J1 et 2 mg de
vincristine à J1 et J8 (toutes les 4 semaines, 5 cures au
maximum). La diminution de la clairance de la créatinine
a été constatée dès la deuxième cure ; aucune modi -
cation de la fonction rénale n’avait été observée lors de
la première cure. Les auteurs de cette étude suggèrent
donc une dose-dépendance de la néphrotoxicité du
carboplatine (29). Néanmoins, dans une autre étude
réalisée chez 44 patients traités soit par carboplatine seul
(13 patients), soit par carboplatine en association avec
l’étoposide et la bléomycine (31 patients), les auteurs
ne rapportent pas de modi cation signi cative de la
Tableau III. Formules de calcul de dose de carboplatine.
Formule de Calvert
Dose (mg) = ASC cible × (DFG + 25)
Formule de Chatelut
Dose (mg) = ASC cible × (0,134 × poids + 218 × poids (1 – 0,00457 × âge) × (1 – 0,314 × sexe)/Scr
ASC cible = aire sous la courbe “cible” de carboplatine désirée.
DFG = débit de fi ltration glomérulaire, estimé en pratique
par la formule de Cockcroft et Gault
[DFG = 0 ml/mn chez l’hémodialysé].
Avec poids en kg, âge en années, sexe = 0 pour les hommes et 1 pour les femmes, et créatininémie (Scr) en µmol/l.
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Myélome Multiple
La vie reprend son cours
L’EFFICACITÉ, LE CONTRÔLE PROLONGÉ (1,2)
REVLIMID® (lénalidomide) gélules COMPOSITION(*) : Gélule dosée à 5 mg (Revlimid 5 mg), 10 mg (Revlimid 10 mg), 15 mg (Revlimid 15 mg), 25 mg (Revlimid 25 mg) de lénalidomide. Excipient à effet notoire : lactose anhydre. INDICATION Revlimid est
indiqué, en association avec la dexaméthasone, pour le traitement du myélome multiple chez les patients ayant déjà reçu au moins un traitement antérieur. POSOLOGIE / MODE D’ADMINISTRATION(*) Revlimid doit être pris chaque jour environ à la même
heure. La dose initiale recommandée est de 25 mg de lénalidomide par voie orale en une prise par jour pendant les jours 1 à 21 des cycles récurrents de 28 jours. La dose recommandée de dexaméthasone est de 40 mg en une prise par jour par voie orale les
jours 1 à 4, 9 à 12 et 17 à 20 de chaque cycle de 28 jours pour les 4 premiers cycles de traitement, puis de 40 mg en une prise par jour les jours 1 à 4, tous les 28 jours pour les cycles suivants. Le traitement par lénalidomide ne doit pas être initié si la numération
des polynucléaires neutrophiles est < 1,0 x 109/l et/ou si la numération plaquettaire est < 75 x 109/l ou, selon le niveau d’infiltration des plasmocytes dans la moelle osseuse, si la numération plaquettaire est < 30 x 109/l. Il est recommandé d’ajuster la posologie
pour prendre en charge les neutropénies ou thrombopénies de grade 3 ou 4, ou autres effets toxiques de grade 3 ou 4 jugés en rapport avec le lénalidomide. Chez les patients âgés, le choix de la posologie devra être fait avec précaution en raison de fréquentes
diminutions de la fonction rénale. Lénalidomide est essentiellement excrété par les reins. Aucun ajustement de la posologie n’est nécessaire chez les patients atteints d’insuffisance rénale légère. Des ajustements de posologie sont recommandés en début de
traitement en cas d’insuffisance rénale modérée ou sévère ou en cas d’insuffisance rénale terminale. Lénalidomide ne doit pas être utilisé en pédiatrie. CONTRE-INDICATIONS Femmes enceintes. Femmes susceptibles de procréer, à moins que toutes les conditions
requises par le Programme de Prévention de la Grossesse soient remplies. Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients. MISES EN GARDE ET PRECAUTIONS D’EMPLOI(*) GROSSESSE : En raison d’un effet tératogène attendu chez l’être humain,
les conditions du Programme de Prévention de la Grossesse doivent être remplies par toutes les patientes, à moins de pouvoir affirmer avec certitude que la patiente est dans l’impossibilité de procréer, sinon elle comprend la nécessité d’une contraception
efficace. Les hommes traités par lénalidomide doivent comprendre les risques tératogènes attendus en cas de rapport sexuel avec une femme enceinte ou susceptible de procréer, et comprendre qu’il est nécessaire d’utiliser des préservatifs en cas de rapport
sexuel avec une femme susceptible de procréer. Les patients ne doivent pas faire de don de sang pendant la prise de lénalidomide et pendant 1 semaine après la fin du traitement. AUTRES : • L’association lénalidomide/dexaméthasone est associée à un risque
accru de thrombose veineuse profonde et d’embolie pulmonaire. L’érythropoïétine et les autres médicaments pouvant accroître les risques de thrombose, comme les traitements hormonaux substitutifs, doivent être utilisés avec précaution. • Des cas d’infarctus
du myocarde ont été décrits chez les patients recevant du lénalidomide, notamment chez ceux qui présentent des facteurs de risques connus. Par conséquent, une surveillance étroite de ces patients s’impose et des mesures doivent être prises pour essayer de
réduire au minimum tous les facteurs de risque modiables. • L’association lénalidomide/dexaméthasone induit une incidence accrue de neutropénies et de thrombopénies. • Il est conseillé aux patients et à leurs médecins d’être attentifs aux signes et symptômes
évocateurs d’une hémorragie, notamment en cas de traitement concomitant susceptible d’induire des saignements. Une diminution de la dose de lénalidomide pourra être nécessaire. Un hémogramme complet, avec numération et formule leucocytaire, numération
plaquettaire, hémoglobinémie et hématocrite, doit être réalisé en début de traitement, ainsi que de façon hebdomadaire pendant les 8 premières semaines du traitement par le lénalidomide, puis une fois par mois, afin de dépister les éventuelles cytopénies.
L’administration concomitante de lénalidomide et d’autres myélosuppresseurs ne doit être entreprise qu’avec précaution. • Chez les patients insufsants rénaux, la posologie devra être adaptée et il est recommandé de surveiller la fonction rénale. • Un contrôle
de la fonction thyroïdienne devra être envisagé. A l’heure actuelle, le potentiel neurotoxique du lénalidomide ne peut être exclu en cas d’administration prolongée. • En raison d’un risque de complications de type syndrome de lyse tumorale, les patients présentant
une charge tumorale élevée avant le traitement doivent faire l’objet d’une surveillance étroite et de précautions appropriées pendant le traitement. • Les patients ayant présenté des réactions allergiques pendant un traitement antérieur par le thalidomide doivent
faire l’objet d’une surveillance étroite en raison d’une possibilité de réaction croisée entre le lénalidomide et le thalidomide. • Le traitement par Revlimid doit être arrêté en cas d’apparition ou de suspicion d’un syndrome de Stevens-Johnson ou d’un syndrome de
Lyell. • Revlimid est contre-indiqué chez les patients présentant une intolérance au galactose, un décit en lactase de Lapp ou un syndrome de malabsorption du glucose et du galactose. • Les patients doivent être avertis qu’ils ne doivent jamais donner leur
médicament à quelqu’un d’autre et qu’ils doivent rapporter les gélules non utilisées à leur pharmacien en fin de traitement. INTERACTIONS(*) Les agents érythropoïétiques et les autres agents pouvant accroître les risques de thrombose, comme les traitements
hormonaux de substitution, doivent être utilisés avec précaution. Il ne peut être exclu que l’efficacité des contraceptifs oraux se trouve réduite lors du traitement. Les mesures efficaces nécessaires doivent être prises pour éviter toute grossesse. L’administration
de lénalidomide avec des médicaments inhibant les enzymes du cytochrome P450 ne devrait pas entraîner d’interactions médicamenteuses métaboliques. Il est conseillé de surveiller étroitement la concentration de la warfarine et de la digoxine pendant le traitement
par le lénalidomide. CONDUITE DES VEHICULES ET UTILISATION DES MACHINES(*) Des cas de fatigue, vertiges, somnolences et vision trouble ont été signalés. EFFETS INDESIRABLES(*) Les effets indésirables les plus graves ont été les accidents thrombo-
emboliques veineux (thromboses veineuses profondes, embolies pulmonaires) et les neutropénies de grade 4. Les effets indésirables très fréquents sont : neutropénie, thrombopénie, anémie, constipation, diarrhées, nausées, prise et perte de poids, éruptions
cutanées, crampes musculaires, faiblesse musculaire, fatigue, asthénie, œdème périphérique, insomnie. SURDOSAGE(*) Traitement symptomatique. PROPRIETES PHARMACODYNAMIQUES(*) Immunomodulateur. Code ATC : L04 AX04. CONSERVATION Pas
de précautions particulières de conservation. CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DE DELIVRANCE Liste I. Médicament soumis à prescription hospitalière. Prescription réservée aux spécialistes en oncologie ou en hématologie, ou aux médecins compétents en
cancérologie. Médicament nécessitant une surveillance particulière pendant le traitement. Pour tous les patients : la prescription nécessite la signature d’un accord de soins. Pour les femmes susceptibles de procréer : la prescription est limitée à 1 mois de traitement ;
un test de grossesse doit être réalisé tous les mois, dans les 3 jours précédant la prescription ; la date et le résultat du test de grossesse doivent être mentionnés dans le carnet patient ; la délivrance doit être effectuée au plus tard
7 jours après la prescription et après avoir vérifié la date et le résultat du test de grossesse. AMM Boîtes de 21 gélules (3 plaquettes thermoformées de 7 gélules) Revlimid 5 mg : EU/1/07/391/001 (CIP 34009 381 022-5 3),
Revlimid 10 mg : EU/1/07/391/002 (CIP 34009 381 023-1 4), Revlimid 15 mg : EU/1/07/391/003 (CIP 34009 381 024-8 2), Revlimid 25 mg : EU/1/07/391/004 (CIP : 34009 381 025-4 3) (AMM du 14 juin 2007, mise à jour
le 23 mars 2010). Spécialités agréées collectivités publiques, inscrites sur la liste de rétrocession et sur la liste des spécialités prises en charge en sus de la T2A. Base de calcul par UCD des tarifs de responsabilité et des prix
de cession : Revlimid 5 mg : 164,082
e
HT (UCD 929815-9), Revlimid 10 mg : 172,037
e
HT (UCD 929811-3), Revlimid 15 mg : 181,464
e
HT (UCD 929813-6), Revlimid 25 mg : 199,611
e
HT (UCD 929814-2)
TITULAIRE DE L’AMM Celgene Europe Limited, Royaume-Uni. Représentant en France : Celgene, S.A.R.L., 16-18 rue du Quatre Septembre, 75002 Paris (*) Pour une information complète, consulter le RCP du médicament
disponible sur le site de l’Afssaps.(mise à jour 04/2010)
(1) Résumé des caractéristiques du produit. (2) Dimopoulos M et al. Lenalidomide plus dexamethasone for relapsed or refractory multiple myeloma. N Engl J Med 2007 ; 357 : 2123-32. Durée médiane de la réponse : 16,5 mois bras Rev/Dex ; vs 7,9 mois bras placebo/Dex.
REV/060/05-10-C - Crédit Photos : Getty Images
REVLIMID21x29,7.indd 1 17/05/10 15:13:29