MISE AU POINT Dans la sclérose en plaques, une American Academy 2008 très thérapeutique… About multiple sclerosis: a therapeutic AAN… T. Moreau* D’ * Service de neurologie, CHU de Dijon. un côté, la maturité des traitements modernes, déjà largement utilisés, de l’autre la présentation des résultats d’essais thérapeutiques à l’orée des larges phases III internationales... De ces nouvelles molécules émerge la grande famille des mab (monoclonal antibodies), au mécanisme d’action si élégant : la cible de ces anticorps thérapeutiques est déduite des connaissances de la recherche fondamentale sur les mécanismes de la maladie. La biotechnologie fait le reste et fabrique en grande quantité les anticorps dont est extraite la région clé qui sera intégrée dans une immunoglobuline humaine pour limiter l’immunogénicité. D’autres médicaments, souvent pris par voie orale, au mode d’action moins connu ou plus ubiquitaire, ont été testés avec des résultats fort encourageants. La démarche est différente : une efficacité est démontrée dans la maladie, souvent en premier lieu sur des critères de neuro-imagerie, puis les chercheurs s’affairent sur le mode d’action du produit au laboratoire. Pas facile de faire le tri de toutes ces nouveautés, pas simple d’apprécier leur rapport bénéfice/risque, de les situer par rapport au traitement standard déjà utilisé ! Ces sessions scientifiques s’apparentent de plus en plus à un défilé de mode incessant, les firmes pharmaceutiques présentant successivement leurs modèles selon une mise en scène très réfléchie. Heureusement, il subsiste une partie plus académique, plus indépendante, dans des sessions moins grand public ou grâce aux communications affichées. Là sont discutés les moyens de diagnostic à notre disposition (l’OCT, les larmes, l’IRM), mais aussi les formes particulières de sclérose en plaques (SEP) [les formes bénignes, le CRION, le Devic]. 158 | La Lettre du Neurologue • Vol. XII - n° 6 - juin 2008 Puis on revient en France, plein d’informations dans les oreilles, plein de diapositives dans les yeux, parfois de synthèse difficile. On discute, on partage des points de vue, on s’interroge sur ses pratiques quotidiennes, on imagine l’avenir… sur le parking du palais des Congrès, dans l’avion de retour ou dans sa ville d’origine. Ce sont des moments riches, de partage, irremplaçables… On traite mieux La saga des mab Le natalizumab (Tysabri®) est aujourd’hui largement utilisé dans le monde : 36 700 patients reçoivent ce traitement régulièrement. Plusieurs études observationnelles de surveillance postessais thérapeutiques ont été mises en place par le laboratoire. Il s’agit des études TOUCH, TYGRIS, STRATA, qui nous donnent des informations importantes. Ainsi, il n’a pas été mis en évidence de nouveaux cas de leucoencéphalite multifocale progressive (LEMP), même si, dans un peu moins de 1 % des cas, la présence du virus JC (JCV) est détectée par PCR dans le plasma. Cette présence n’est pas accompagnée d’anomalies radiologiques, ni, bien sûr, de signes cliniques. Les manifestations d’hypersensibilité de début de traitement semblent être retrouvées moins fréquemment que dans les essais thérapeutiques (1 à 4 %). Les infections restent rares et banales (ORL ou pulmonaires dans 10 à 15 % des cas). Les anticorps persistants antinatalizumab ne sont présents que dans 1 % des cas. Trente-six grossesses ont été menées alors que les patientes recevaient un traitement par natalizumab. Vingt Points forts » Les anticorps monoclonaux dérivés directement de la recherche sont efficaces pour réduire l’activité de la sclérose en plaques (SEP). » Une double dose d’IFNβ-1b n’est pas plus efficace qu’une dose simple ou que l’acétate de glatiramère. » Le diagnostic de SEP, voire la prédiction pronostique, sont au fond des yeux dans les larmes ou avec la tomographie en cohérence optique. » Une forme bénigne de SEP à 15 ans risque de ne plus l’être 5 ans après, si elle est accompagnée de troubles cognitifs. grossesses se sont déroulées sans difficulté. Trois avortements spontanés ont été observés. Dans ces études observationnelles, la majorité des patientes recevait avant le natalizumab un traitement immunomodulateur, et cette séquence traitement immunomodulateur-natalizumab ne semble pas poser de problème particulier. L’étude française TYSEDMUS, programmée prochainement, totalement indépendante et académique, permettra, grâce au logiciel EDMUS, de confirmer ces données de sécurité favorables et d’apprécier l’efficacité à long terme de ce traitement. O’Connor PW et al. The safety of Tysabri® re-dosing and treatment (STRATA) study. Neurology 2008;70 (Suppl. 1): A104(S02.003). Bozic C et al. Natalizumab utilization and safety in patients with relapsing multiple sclerosis: updated results from TOUCH and TYGRIS. Neurology 2008;70 (Suppl. 1): A104(S02.002). Le rituximab est un anticorps monoclonal chimérique (souris-homme) anti-CD20. Il entraîne une déplétion lymphocytaire B. Dans un essai ouvert multicentrique réalisé sur 72 semaines, 26 patients atteints de SEP ont reçu ce traitement, à raison de deux séries de perfusions séparées de 24 semaines. Quatre-vingt-douze pour cent d’entre eux ont terminé l’essai thérapeutique. La tolérance était tout à fait acceptable, puisque 26 % des malades ont déclaré des effets indésirables, mais ceux-ci n’étaient considérés comme sévères que dans 6 % des cas. Pendant la première perfusion, les patients décrivaient, pour un quart d’entre eux, des maux de tête, des frissons, voire une hypotension. Ces symptômes étaient moins fréquents à la deuxième perfusion. En revanche, 61 % des malades ont décrit des infections mineures, en particulier ORL. Sur le plan biologique, il existait dès la première série de perfusions une diminution très spectaculaire des cellules B, et surtout des B mémoires (CD27). Quarante-quatre pour cent des patients présentaient une diminution des IgM dans le sang. En termes d’efficacité, il était constaté une réduction de la fréquence des poussées à l’issue des deux séries de rituximab, ainsi qu’une diminution significative du nombre de lésions rehaussées par le gadolinium au cours des semaines de traitement. Bar-Or A et al. A phase I, open-label, multicenter study to evaluate the safety and activity of rituximab in adults with relapsing-remitting multiple sclerosis (RRMS): 72 weeks results. Neurology 2008;70 (Suppl. 1):A119(S12.004). Le daclizumab est un anticorps monoclonal humanisé comprenant 10 % de souris (CDR) intégrés dans 90 % d’une IgG humaine. Il cible le récepteur de l’interleukine 2, présent sur les cellules T et B activées ainsi que sur les macrophages. Un essai thérapeutique multicentrique, randomisé versus placebo et comprenant 230 patients porteurs d’une SEP active, traités par interféron bêta, a été mis en place avec le daclizumab. Celui-ci a été administré sur une période de 24 semaines à raison de 2 mg/kg toutes les 2 semaines versus 1 mg/kg toutes les 4 semaines et un placebo. Le daclizumab était injecté par voie souscutanée. Tous les patients poursuivaient leur traitement par interféron bêta. Une phase d’extension de 48 semaines d’observation a suivi les 24 semaines de traitement. Le groupe recevant les plus fortes doses de daclizumab montrait une diminution de 72 % de nouvelles lésions prenant le gadolinium, et de 25 % de réduction pour le groupe daclizumab moins dosé comparativement au groupe placebo. Dans 38 % des cas, il existait des réactions inflammatoires au site d’injection. Les infections étaient retrouvées dans 5 % des cas dans le groupe de patients recevant le plus haut dosage de daclizumab. Mots-clés Sclérose en plaques Anticorps monoclonaux Double dose d’IFNβ-1b Bandes oligoclonales dans les larmes du CIS OCT Key messages The monoclonal antibodies deducted from research are able to reduce multiple sclerosis (MS) activities. A double dose of IFNβ-1b is not more efficace than a simple dose or than a glatiramere acetate treatment. The diagnostic and prognosis of MS are may be in the eyes with analysis in tears and with anticoherence tomodensitometry. A benign MS after 15 years of evaluation will be not 5 years later if there are cognitive impairment. Keywords Multiple sclerosis Monoclonal antibodies Double dose of IFNβ-1b Oligoclonal bandes in tears in CIS OCT Kaufman MD et al. A phase II randomized, doubleblinded, placebo-controlled, multicenter study of subcutaneous daclizumab, a humanized anti-CD25 monoclonal antibody, in patients with active, relapsing forms of multiple sclerosis – week 44 results. Neurology 2008;70(Suppl. 1): PL01.003. L’alemtuzumab (CAMPATH-1H®) a fait l’objet de la présentation phare des sessions thérapeutiques. L’alemtuzumab agit sur CD52, qui est présent sur tous les lymphocytes et les monocytes. Un essai thérapeutique de phase II comparant l’alemtuzumab à l’interféron bêta-1a sous-cutané a été mené sur 36 mois. Deux doses d’alemtuzumab étaient testées en intraveineux par perfusion. Les patients recevaient en début de traitement 5 perfusions sur 5 jours, puis 3 perfusions à un an et à 24 mois. Des effets indésirables ont été observés dans 7,2 % des La Lettre du Neurologue • Vol. XII - n° 6 - juin 2008 | 159 MISE AU POINT Dans la sclérose en plaques, une American Academy 2008 très thérapeutique… cas sous alemtuzumab, contre 5,3 % sous interféron bêta-1a. Il s’agissait avant tout d’effets indésirables survenant au cours de la perfusion tels que fièvre et céphalées. Les infections étaient plus fréquentes avec l’alemtuzumab (4,2 % versus 1,9 %), mais en général bénignes. Il existait en revanche des dysthyroïdies auto-immunes chez 23 % des patients traités par alemtuzumab, contre seulement 3 % chez ceux qui étaient soignés par interféron bêta-1a. Sur 216 patients, six ont présenté un purpura thrombopénique idiopathique, dont un patient est décédé par hémorragie cérébrale. Sur le plan clinique, à 36 mois, les patients recevant l’alemtuzumab présentaient une réduction de 74 % de la fréquence des poussées et de 71 % de handicap confirmé comparativement aux patients sous interféron bêta-1a. Les paramètres IRM suivaient une même évolution favorable, aussi bien sur le volume lésionnel en T1 que sur celui en T2. Cet anticorps monoclonal, qui nécessite donc des précautions d’utilisation et des modalités de surveillance très rigoureuses, semble constituer le médicament le plus puissant jamais utilisé dans la SEP. Coles A et al. Alemtuzumab compared with subcutaneous high-dose IFNβ-1a in treatment-naïve relapsingremitting multiple sclerosis: primary efficacy outcomes of CamMS223 at 3 years. Neurology 2008; 70(Suppl. 1): A228 5S22.006. À propos des traitements conventionnels… L’étude PRECISE indique que l’acétate de glatiramère permet de retarder la survenue d’un deuxième événement démyélinisant du système nerveux central (SNC) après un symptôme cliniquement isolé (CIS). Quatre cent soixante-dix-huit patients, randomisés, ont reçu soit de l’acétate de glatiramère soit un placebo après un épisode monofocal du SNC, celui-ci s’exprimant pour un tiers d’entre eux par une névrite optique. Les malades recevant le traitement actif avaient un deuxième événement 386 jours plus tard que les malades recevant le placebo. Ce bénéfice était observé quelle que soit la sémiologie du premier épisode. Les données IRM confirmaient ce bénéfice clinique, avec une diminution des nouvelles lésions T1 prenant le gadolinium ainsi que des lésions T2 à un an et à 2 ans. En revanche, il n’y avait pas de différence entre les deux groupes concernant les “trous noirs” en séquence T1. BEYOND est à ce jour la plus importante étude, en nombre de malades, menée sur les immunomodulateurs dans la SEP. Elle avait pour objet de 160 | La Lettre du Neurologue • Vol. XII - n° 6 - juin 2008 comparer une double dose ou un dosage standard d’interféron bêta-1b (Betaferon®) à un traitement par acétate de glatiramère (Copaxone®), administrés pendant 24 mois, chez des patients atteints de SEP rémittente, ayant présenté au moins une poussée durant l’année précédant l’inclusion. Au total, 897 patients ont reçu un traitement standard d’interféron bêta-1b, 899 une double dose et 448 de l’acétate de glatiramère. Les 3 groupes étaient comparables quant aux caractéristiques démographiques et cliniques. Plus de 80 % des patients de chaque groupe ont été jusqu’à la fin de l’étude. L’analyse du risque de poussée sur les 2 ans d’étude n’a mis en évidence aucune différence significative. Le pourcentage de patients totalement libres de poussée et le délai d’apparition d’une nouvelle poussée étaient donc identiques dans les trois bras. En revanche, en IRM, les patients traités par acétate de glatiramère présentaient plus de lésions T2 ou de lésions prenant le gadolinium que les malades sous interféron bêta-1b. Concernant la tolérance, les symptômes pseudo-grippaux étaient plus fréquents avec l’interféron bêta-1b, mais les douleurs et le prurit sur les sites d’injection étaient plus souvent retrouvés avec l’acétate de glatiramère. Les 28 % de patients ayant des anticorps anti-interféron persistant dans les groupes interféron ne semblaient pas avoir plus de risques de poussée ni d’aggravation de l’EDSS que ceux qui n’en présentaient pas. Cette étude est essentielle pour confirmer l’absence d’effet dose pour l’interféron bêta-1b et la non-supériorité clinique de l’interféron bêta-1b par rapport à l’acétate de glatiramère. L’effet des traitements immunomodulateurs sur la grossesse semble non significatif. Une équipe allemande, qui a suivi 52 patientes ayant commencé leur grossesse sous interféron bêta et 26 autres l’ayant commencée sous acétate de glatiramère, fait part de résultats rassurants. Ainsi, il n’était pas observé plus de malformations congénitales ou d’avortements spontanés dans les groupes traités par interféron bêta ou par acétate de glatiramère que chez les sujets contrôles SEP ou les sujets sains. La SEP semble en revanche entraîner la naissance d’enfants de plus petit poids. Hellwig K et al. Multiple sclerosis: effects of immunomodulatory therapy on pregnancy outcome – a clinical study – preliminary results. Neurology 2008; 70(Suppl. 1): A270(P05.069). L’efficacité du traitement des poussées par corticoïdes, semble la même en IRM, que ceux-ci soient administrés en perfusion ou par voie orale. Une MISE AU POINT équipe italienne a traité 40 patients avec soit 1 g par jour pendant 5 jours de corticoïdes i.v., soit 500 mg deux fois par jour pendant 5 jours par voie orale avec protection gastrique. Une IRM était réalisée à 7 jours puis à 28 jours. Il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes sur le nombre de lésions prenant le gadolinium. À une semaine, l’amélioration EDSS était plus nette par voie i.v. que par voie orale ; néanmoins, cela n’était pas confirmé à 4 semaines. Sur le plan de la tolérance, il était observé plus de dysgeusies lors du traitement per os. Martinelli V et al. A short-term MRI study comparing high-dose oral versus intravenous methylprednisolone in MS relapses. Neurology 2008;70(Suppl. 1): A83(P02.135). Les molécules innovantes Le FTY720, ou fingolimod, module le récepteur sphingosine-1-phosphate présent dans le SNC. Pour faire suite à une phase II réalisée sur 6 mois et au cours de laquelle le FTY720 (deux dosages différents) avait montré sa capacité à réduire le taux annualisé de poussée versus placebo, une phase III d’extension a été menée. Le FTY720 était pris par voie orale. Au cours de cette phase III, les patients initialement sous placebo ont reçu 1,25 mg ou 5 mg de FTY720 alors que les malades traités durant la phase II gardaient leur dosage de traitement. À 24 mois, tous les patients recevaient 1,25 mg de FTY720. Au total, 250 malades ont reçu le médicament à 36 mois. Quatre-vingt-dix pour cent des patients n’avaient plus de lésion rehaussée par le gadolinium à 36 mois et 70 % étaient libres de nouvelles lésions T2. Le taux annualisé de poussée était réduit sous traitement (0,2), et 70 % des patients étaient libres de poussée à 36 mois. La tolérance était acceptable, avec seulement 15 % d’infections banales (ORL surtout), des céphalées dans 30 % des cas, surtout dans le bras le plus dosé. Les transaminases peuvent augmenter dans 16 % des cas. Comi G et al. Oral FTY720 (fingolimod) in patients with relapsing multiple sclerosis. 3-year extension shows sustained low relapse rate and MRI. Neurology 2008;70(Suppl. 1):A120(S12.005). La cladribine est un analogue de la purine aux propriétés antilymphocytaires (diminution des CD4 et des cytokines pro-inflammatoires). Vingtsix patients ont reçu de la cladribine en sous-cutané, par cures de 5 injections par mois versus placebo, pendant 6 mois ; ils ont été suivis pendant un an. Les IRM étaient réalisées à 6, 12 et 18 mois. Le nombre et le volume des lésions gadolinium (+) étaient réduit de 98 % sur 18 mois comparativement au groupe placebo, la même évolution favorable était observée avec le nombre de lésions T2. La tolérance semblait bonne, avec parfois une anémie et une hypoplaquettose. Sipe JC et al. The efficacy of cladribine in relapsingremitting multiple sclerosis: magnetic resonance imaging data from a randomized, double-blind, placebo-controlled, 18 month, phase II trial. Neurology 2008;70(Suppl. 1): A105(S02.004). Le BHT-3009 est un vaccin anti-MBP injecté par voie intramusculaire. Une étude de phase III ayant inclus 289 patients a évalué une injection i.m. de BHT3009 (deux dosages différents) à 0, 2 et 4 mois, puis chaque mois pendant 44 semaines, versus placebo. La tolérance était bonne. Il était constaté une réduction de 61 % des nouvelles lésions gadolinium entre la 8e et la 48e semaine, mais pas entre la 28e et la 48e semaine et seulement avec le dosage le plus faible. Les anticorps anti-MBP étaient spectaculairement réduits dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) chez les patients recevant un petit dosage. Garren H et al. Results from phase IIb trial of a myelin basic protein encoding DNA vaccine for relapsing multiple sclerosis. Neurology 2008;70(Suppl. 1): A227(S22.003). On diagnostique mieux Les larmes Cinquante-quatre patients ayant présenté un syndrome isolé du SNC ont bénéficié d’une analyse du LCR par ponction lombaire et d’une recherche de bandes oligoclonales (BO) dans les larmes par isoélectrofocalisation par bandelette de Schirmer. Les BO étaient retrouvées chez 72 % des patients dans le LCR et chez 37,8 % des malades dans les larmes, avec une concordance de 71 %. Tous les malades avec des BO dans les larmes en avaient également dans le LCR. Les auteurs proposent, devant un CIS, de réaliser une recherche de BO dans les larmes avant de réaliser une ponction lombaire, qui ne sera pratiquée qu’en cas de négativité des larmes. Calais G et al. Tears analysis: a new standard for multiple sclerosis diagnosis. Neurology 2008;70 (Suppl. 1): A378(P07.144). La Lettre du Neurologue • Vol. XII - n° 6 - juin 2008 | 161 MISE AU POINT Dans la sclérose en plaques, une American Academy 2008 très thérapeutique… L’OCT (tomographie en cohérence optique) Cas particuliers Les formes bénignes L’OCT mesure l’épaisseur rétinienne. Cinquantehuit patients atteints de SEP de formes différentes (24 rémittentes, 10 secondairement progressives), sans antécédent de névrite optique, ont eu une OCT avec mesure de l’épaisseur de la couche des fibres nerveuses rétiniennes (CFNR) au niveau des 4 quadrants rétiniens et un bilan ophtalmologique des deux yeux. La CFNR était amincie dans toutes les formes de SEP comparativement aux cas contrôles, de façon statistiquement significative. L’importance de l’amincissement des fibres était corrélée à la durée d’évolution de la maladie, à l’acuité visuelle ou à la sensibilité aux contrastes, et, à un moindre degré, à l’EDSS. L’OCT pourrait donc être corrélée au pronostic, d’où son utilisation récente dans les essais thérapeutiques. Meyniel C, Vasseur V, Gout O. Retinal nerve fiber layer assessed by OCT in different forms of multiple sclerosis. Neurology 2008;70(Suppl. 1):A261(05.031). La substance grise en IRM L’atrophie cérébrale globale est un fait connu dans la SEP. Pour apprécier la proportion d’atteinte de la substance blanche (SB) et de la substance grise (SG), une équipe anglaise a suivi 73 malades (29 CIS, 33 SEP rémittentes, 11 SEP secondairement progressives) pendant 20 ans en moyenne. L’EDSS moyen était de 2,5. Une atrophie de la SB et de la SG était observée de façon significative chez les malades comparativement à des sujets témoins sains (p ≤ 0,001). L’atrophie de la SG était significativement plus importante en cas de SEP secondairement progressive qu’en cas de SEP rémittente (p = 0,003) ; elle était également plus importante en cas de SEP rémittente qu’en cas de CIS (p < 0,001). En revanche, il n’existait pas de différence concernant la SB entre les SEP rémittentes, les SEP secondairement progressives et les CIS. L’atrophie de la SG, mais pas celle de la SB, était corrélée au handicap (p < 0,01 pour l’EDSS et p < 0,01 pour le MSFC). Fisniku LK et al. Grey matter and white matter volumes at 20-year follow-up of MS and CIS cohort seen from onset. Neurology 2008;70(Suppl. 1):A242 (S32.001). 162 | La Lettre du Neurologue • Vol. XII - n° 6 - juin 2008 L’objectif de cette étude était de mettre en évidence des marqueurs prédictifs de perte du statut de SEP bénigne. La définition de SEP bénigne utilisée pour les 61 malades étudiés était un EDSS ≤ 3,0 après 15 ans d’évolution. Après un suivi moyen de 4,5 ± 0,4 ans, 29 % d’entre eux ont perdu leurs caractéristiques de SEP bénigne (EDSS ≥ 4), avec une prédominance masculine. L’âge, la durée de la maladie, le nombre de poussées pendant l’année précédant l’inclusion et la prise d’un traitement de fond n’influençaient pas ce changement de statut. L’atteinte cognitive, définie avec la batterie de Rao et le test de Stroop, était constatée à l’inclusion chez 46 % des malades ; elle était significativement corrélée au risque de perte du statut bénin au cours du suivi (p = 0,002). En IRM, le volume lésionnel en T2 et en T1, le volume cortical et le Mtr de la SG étaient également prédictifs du passage de la SEP bénigne à la SEP non bénigne. Portaccio E et al. Brain MR changes and cognitive impairment may predict short-term disease progression in benign multiple sclerosis. Neurology 2008;70 (Suppl. 1): A207(P04.153). CRION ou Devic Le CRION (chronic relapsing inflammatory optic neuritis) est une neuropathie optique inflammatoire à rechutes. Ce syndrome peut être le début de l’expression clinique d’une maladie de Devic. À partir d’un travail multicentrique français, 24 patients classés CRION (≥ 2 épisodes de névrites optiques) ont été suivis en moyenne pendant 5,8 ans. Vingt-cinq pour cent d’entre eux avaient à l’inclusion des anticorps anti-NMO. À la fin du suivi, 20,8 % avaient présenté une myélite (délai moyen : 3,2 ans), en particulier les malades séropositifs au début du suivi (50 %). Les deux entités, CRION et maladie de Devic, doivent être maintenues. De Seze J et al. Chronic relapsing inflammatory optic neuritis (CRION): is it neuromyelitis optica? Neurology 2008;70(Suppl. 1):A261(P05.029). O