T Yzet (1), C Gondry-Jouet (1), B Robert (1), D M’Bayo (1), C Coudray (2), H Deramond (1). (1) CHU Amiens, (2) GE Healthcare a actuellement une place prépondérante dans le bilan des tumeurs rectales et des atteintes périnéales de la maladie de Crohn. En imagerie bidimentionnelle (2D), l’anatomie, la localisation des lésions et leur caractérisation contraignent à l’utilisation : L’IRM •de multiples plans de coupe avec des épaisseurs fines (limitées par l’amplitude des gradients) mais avec persistance possible d’effets de volume partiel •différentes pondérations : à 3T, l’utilisation de multiples séquences en T2 génère une augmentation du SAR (Specific Absorption Rate) et le T1 nécessite entre outre une bonne saturation de graisse L’ensemble de ces impératifs entraine une augmentation du temps d’examen. Comme dans d’autres domaines (neurologie, ostéo articulaire, gynécologie ..) l’exploration volumique apparaît séduisante. L’évolution de l’imagerie IRM nous aide de plus en plus à obtenir des séquences volumiques à acquisition isotropique permettant la visualisation dans tous les plans de l’espace, et l’obtention de reconstruction dans différentes modalités (MPR, Reformat, curved…). Ce type d’imagerie 3D peut maintenant être réalisé aussi bien en T1 qu’en T2 grâce à une combinaison entre antenne à haute densité d’éléments et reconstructeurs puissants. Leurs avantages sont multiples, que se soit en terme de temps d’acquisition, de qualité d’image ou bien de quantité d’information apportée par chaque série. Nous nous proposons d’illustrer après un rappel technique, l’intérêt potentiel des nouvelles séquences 3D T2 et T1 à 3T dans l’exploration pelvienne digestive sur notre machine signa Hdx 3T G.E Healthcare. 2 familles: 1. 2. En T2 séquence fast spin echo (FSE T2) : séquence CUBE En T1 séquences en Echo de Gradient (EG): de type FSPGR LAVA DE (Liver Acquisition with Volume Acceleration Dual Echo) Séquence 3D avec un train d’écho (ETL) long pour aller plus vite lors de l’acquisition associée à l’utilisation d’une modulation de l’angle de bascule pour s’affranchir du « blurring » (effet de flou du à un ETL élevé) et diminuer le SAR (déterminant sur les systèmes 3 T). Utilisation d’une modulation de l’angle de bascule Echo Signal RF Pulse 1 180 FSE 0.8 150 FSE 120 0.6 90 0.4 CUBE 60 CUBE 0.2 30 0 0 20 40 60 80 En FSE standard, le signal de l’écho chute en fonction du train écho. Avec la séquence cube la quantité de signal par écho est beaucoup plus constante entre les échos précoces et tardifs. 0 0 20 40 60 80 En FSE standard, l’angle de bascule est constant quelque soit le train écho utilisé. La séquence cube module ces angles de bascule en commençant avec des angle très bas puis les augmente progressivement . Séquence 3D avec un train d’écho (ETL) long pour aller plus vite lors de l’acquisition associée à • l’utilisation d’une modulation de l’angle de bascule pour s’affranchir du « blurring » (effet de flou du à un ETL élevé) et diminuer le SAR (déterminant sur les systèmes 3 T) une nouvelle technique d’acquisition parallèle : ARC Utilisation d’une nouvelle technique d’acquisition parallèle : ARC antenne Autocalibrating Reconstruction for Cartesian imaging ky Technique Asset (SENSE) Technique ARC x Point acquis Point non acquis Point origine Point calculé Au total 4 points : Gestion du SAR par une modulation de l’angle de bascule. ARC: utilisation de facteurs d’accélération dans le sens de la phase et de la coupe permettant une diminution du temps examen et une meilleure gestion des artéfacts (utilisation possible de petits champs de vue (FOV) et d’important facteurs d’accélération). Gestion du T2 par un TE (130 msec) et un ETL élevés (100). Gestion des paramètres géométriques (FOV, matrice, épaisseur de coupe) permettant un compromis entre isotropisme (voxels cubiques) et temps d’examen. Paramètres de la séquence CUBE T2 utilisée Matrice: TR/TE Fov: Ep 320² : 3000/114 32 de coupe: 1 mm Nex Temps Nbre de coupe : 144 Options d’image : zip 2, EDR Facteur accélération : 3,8 :1 Bande d’acq: 2min 43s passante : 125 kHz 3D FSPGR : séquence en EG volumique avec un gradient « spoiler » pour détruire l’aimantation transversale. LAVA DE : Séquence en EG pondéré T1 permettant en un seul temps d’acquérir jusqu’à 4 contrastes différents : images en eau pure, en graisse pure, en phase et en opposition de phase. On dispose ainsi dans le même temps de séquence des contrastes équivalents au T1 et T1 Fat Sat (FS). LAVA-DE est basée sur une séquence LAVA combinée avec une technique MEDAL ( Multi-Echo for Decomposition of Aqua/Lipid). Les échos en phase et en opposition de phase sont acquis durant le même TR. LAVA-DE utilise ARC comme technique d’acquisition parallèle. L’acquisition nous donne les échos en phase et en opposition de phase. Les reconstructions des images eau pure (water) et graisse pure (fat) suivent le diagramme suivant. α α r.f. R2 G read P1 Gphase G slice R1 P2 S6 S1 S3 OP Correction de phase & Somme des antennes R3 R4 S4 S1 S2 IP S5 Croissance de région 2D Time TR Chronogramme de la séquence Identification & Séparation W F Paramètres de la séquence utilisée : Matrice: TR/TE Fov: Ep 300² : 7,7/1,4 30² de coupe: 2 mm Bande Temps Nbre d’acq: 1,47 min de coupe : 140 Option d’image : ZIP 2 Facteur passante : 2OO kHz accélération : 1,73 Ils sont liés à l’utilisation de séquences actuellement prototypes En séquence CUBE T2: • • • • • Manque de reproductibilité inter patient : séquence instable car en développement lors de la réalisation de nos images. Contraste tissulaire différent des séquences standards (graisse moins hypersignal) : avantage et/ou inconvénient en fonction de ce que l’on recherche. Sensibilité plus élevée aux mouvements : • possibilité de synchronisation respiratoire, mais temps d’acquisition de la séquence plus long. • Bandes de présaturation spatiale pour diminuer la sensibilité aux flux vasculaires et aux mouvements de la paroi mais inefficientes pour les mouvements des anses digestives. Problème d’homogénéité de signal entre parties latérales droite et gauche ( shading) Acquisition du volume dans le plan sagittal : réduit le FOV en reconstructions axiales mais a été choisi pour un compromis entre un meilleur rapport temps /couverture anatomique/ isotropie. En séquence T1 (LAVA DE) : • Le seul inconvénient notable se situe dans le temps de reconstruction des images plus long que pour les séquences standard : le nombre d’images est important nécessitant des processeurs de reconstructions plus rapides non disponibles lors de l’évaluation. Néanmoins on peut choisir de ne reconstruire que certain(s )contraste(s )utile(s) à la région anatomique étudiée ( imagerie Water pour le pelvis par exemple). Quelque soit la pathologie, certains repères anatomiques sont indispensables à l’analyse : • Appareil sphinctérien • Fascia recti L’appareil sphinctérien du canal anal ( segment terminal du rectum) : sphincters interne (SI) et externe (SE) • SI : muscle lisse involontaire (1) prolonge en s’épaississant la couche musculaire circulaire interne du rectum (6) discrètement plus hyper T2 que le SE , nettement plus hyperintense en densité protonique (DP),isointense aux autres muscles en T1 rehaussement massif des fibres lisses après contraste ++ •SE : muscle volontaire strié •partie sous cutanée : anneau entourant la zone cutanée de l’anus sous le SI (2) • partie superficielle : amarrée en arrière au coccyx, en avant au centre tendineux du périnée (3) • partie profonde : fusionnant avec le muscle pubo rectal , formant une unité fonctionnelle cravatant le rectum en arrière (4) •hypointense T2 et isointense T1 par rapport au SI sans rehaussement après contraste •Plancher des releveurs : muscles pubo rectal (4) , pubo coccygien (5) , ilio coccygien •pubo rectal : insertion sur le bord postérieure des 2 branches pubiennes reflexion postérieure en forme de U autour de la jonction ano rectale (fibres mêlées au SE) caractéristique en coupes axiales ,de forme triangulaire entre SE et autres releveurs dans le plan coronal •ilio coccygien : insertion latérale sur arcade tendineuse de l’obturateur interne L’ensemble de ces muscles a le même signal que le SE dans toutes les pondérations L’appareil sphinctérien a b Coupes axial e et coronale FSE T2 4 mm SI ( ) et SE ( ) bien délimités en séquence volumique avec un signal équivalent au FSE T2 Reconstructions axiales et coronales 3mm du canal anal : en (a) Cube T2, (b) Cube DP L’appareil sphinctérien : 3D T1 avec gadolinium Reconstructions axiales 3mm (a) LAVA DE, (b) LAVA, (d) SPGR Reconstructions coronales 3mm (d) LAVA DE, (e) LAVA, (f) SPGR Prise de contraste intense du sphincter interne quelque soit la séquence, la saturation de graisse étant plus homogène et importante en LAVA DE (a,d), l’EG SPGR (c,e) reproduisant le contraste d’une séquence Spin Echo T1 Espaces péri anaux : rôle essentiel dans la propagation des suppurations , les principaux sont : Couche longitudinale complexe : située entre SI et SE prolonge vers le bas la couche musculaire longitudinale externe du rectum solidarise les 2 sphincters , espace virtuel peu visible spontanément Fosses ischio (ou ano) rectales : limitées • en haut par le plan des releveurs • en dehors par le muscle obturateur interne et le canal d’Alcock • en dedans par le SI • en bas par la peau de la fesse • communiquent entre elles en arrière par espace post anal de Courtney • contenu graisseux, vasculaire (vaisseaux rectaux inférieurs) et lymphatiques ( ganglions rectaux inférieurs) Espace pelvi viscéral : situé à l’étage supra lévatorien entre le fascia pelvien supérieur (recouvrant les muscles, invisible en IRM ) et le péritoine • appelé espace pelvi rectal supérieur ou para rectal en regard du rectum • contenu cellulo graisseux, uretères, canaux déférents.. Le contenu graisseux de ces compartiments explique leurs aspects IRM : hyper T1 et T2, non rehaussé après contraste utilité de la saturation de graisse pour mieux analyser la prise de contraste des lésions Espaces peri rectaux Espaces graisseux péri rectaux en hyper signal T2 quelque soit la séquence (a,b), La saturation de graisse étant plus importante en LAVA DE (c) a b (a)coronal FSE T2 4 mm, (b) Cube T2 reconstruit en 3mm c d Reconstructions coronales 3mm (c) LAVA DE, (d) LAVA, (e) SPGR e 3) Méso rectum : le rectum pelvien est situé au dessus du plancher pelvien. Dans sa partie supérieure il répond, en avant, au péritoine pelvien, et est circonscrit par le méso rectum (1) entouré par le fascia méso rectal dans sa partie inférieure Fascia méso rectal : • 2 feuillets : fascia recti (2) en dedans (répondant au rectum) fascia pelvi en dehors (répondant aux organes pelviens) espace virtuel entre les deux = plan de clivage chirurgical • répond : en avant au fascia de Denonvilliers (prolongement de l’accolement péritonéal sous le cul de sac de Douglas) +/- épais, indiscernable du fascia pelvi en arrière au fascia présacré dont il est séparé par l’espace graisseux retro rectal (4) ils fusionnent tous les deux sur la ligne médiane ,sous la 4° vertèbre sacrée ,pour former le ligament rétro sacré Le méso rectum contient de la graisse, des éléments lymphatiques, branches des artères rectales supérieures, rameaux nerveux issus des plexus hypogastriques. Son contenu apparait donc en hypersignal T1 et T2. Méso recti Reconstructions Cube T2 3mm sagittale et axiale oblique Sténose sigmoïdienne (maladie de crohn) Bonne analyse du fascia recti et du méso rectum en Cube T2 Fistules : Indications de l’IRM •Fistules récidivantes • Maladie de Crohn notamment pour recherche de collections abcédées avant mise en route d’un traitement par antiTNF • Orifice secondaire à distance de la marge anale • Fistules complexes traitées en plusieurs temps • Sténose anale, périnée hyperalgique Soit en IRM • Séquences « grand champs de vue » pour extension régionale : problème de la couverture anatomique en 3D en fonction de l’épaisseur de coupe et du plan d’acquisition. • Séquences coupes fines, petit FOV en différentes pondérations, en obliquité par rapport à l’appareil sphinctérien pour analyse précise : intérêt majeur du 3D isotropique car reconstructions multiplanaires++ Fistules : classification de PARKS •inter sphinctérienne (ISF) •trans sphinctérienne (TSF) •supra sphinctérienne(SSF) •extra sphinctérienne (ESF) ISF et TSF les plus fréquentes, peu d’indication à l’IRM à l’inverse des SSF et des ESF Fistules : séméiologie élémentaire • • • Fistules actives et abcès: hypersignal T2, hyposignal T1, rehaussement après injection des tissus inflammatoires formant la paroi des lésions suppuratives Fibrose : hypo T2 et rehaussement tardif En 3D : • Hypersignal du contenu des fistules bien appréhendé en T2 • supériorité de la saturation de la graisse en Lava DE permettant une meilleure délimitation des prises de contraste • résolution spatiale élevée permettant la détection de lésions de petites dimensions Fistule inter sphinctérienne complexe a b c Cube T2 fat sat coronal et axial (a,b) , LAVA DE après gadolinium (c) Abcès inter sphinctérien a C a b d b (a)coronal et (b)axial FSE T2 4 mm, (c,d) Cube T2 reconstruit en 3mm C d e f Reconstructions axiales et coronales 3mm (a,b LAVA DE, (c,d) LAVA, (e,f) SPGR avec gadolinium Fistule trans sphinctérienne active et non active LAVA DE après gadolinium a C b d (a,b) sagital et (c,d) coronal FSE T2 4 mm, Cube T2 reconstruit en 3mm Tumeur • • • • : Localisation et dimensions dans les 3 plans Distance séparant le pôle inférieur de la tumeur du pôle supérieur du sphincter interne Siège et pourcentage d'envahissement de la circonférence Suspicion de tumeur mucineuse (Hyper T2) Classification : • T1 (sous-muqueuse) ou T2 (musculeuse) • T3 : extension au mésorectum (perte de la musculeuse) Dans ce cas préciser la distance minimale au fascia recti et son siège • T4 : Atteinte d’un organe adjacent Atteinte de l’appareil sphinctérien (cancer du bas rectum) Extension ganglionnaire : taille, localisation Adénocarcinome mucineux de bas rectum 9 cm T4 N2 infiltrant le sphincter interne Cube T2 3mm a b c Coupe sagittale (a) coronale (b) et axiale (c) FSE T2 4 mm, LAVA DE après gadolinium Cube T2 reconstruit en 3mm Axial: FSE T2 4 mm (a) et Cube T2 reconstruit en 3mm (b) Coronal: FSE T2 4 mm (a) et Cube T2 reconstruit en 3mm (b) Adénocarcinome T3 N+ avec marge circonférentielle < 1 mm : bonne visualisation quelque soit la séquence des adénopathies, du fascia recti et de la tumeur LAVA DE après gadolinium Conclusion Les séquences volumique T2 testées et T1 (LAVA DE) ont de multiples avantages (temps d’acquisition ,qualité d’image, isotropisme) La reproductibilité de cette qualité est néanmoins nécessaire avant d’envisager de supprimer les acquisitions 2D T2 La séquence LAVA DE remplace désormais dans notre pratique les séquences volumiques en EG T1