Evidence-basedmedicine
L’amifostine
Ce traitement d’apparition récente est un protecteur des muqueuses
contre les effets de la radiothérapie et de la chimiothérapie.
L’administration est réalisée par voie intraveineuse avant chaque
séance de traitement. Après injection, il est rapidement retrouvé
au niveau des glandes salivaires, où il a un rôle protecteur. Son
utilisation a été limitée par son coût élevé, le cantonnant aux traite-
ments à visée curative par chimioradiothérapie concomitante ou
avec hyperfractionnement. Il reste actuellement une controverse
concernant le risque de diminution de l’effet antitumoral. Pour cer-
tains, ce risque n’est pas tout à fait écarté. Pour d’autres, comme
Brizel et al. (5) qui ont conduit une étude de phase III, l’adminis-
tration à la dose de 200 mg/m215 à 30 minutes avant l’irradiation
diminue le risque de xérostomie aiguë et chronique, sans modifier
l’action antitumorale de la radiothérapie. Néanmoins, dans cette
étude, l’auteur ne montre pas de diminution de la mucite aiguë et
ne recommande pas ce traitement de manière systématique. Enfin,
les effets indésirables comme les nausées et les vomissements
étaient présents dans un tiers des cas.
Le laser de basse énergie
Il agit également comme stimulant de la réponse épithéliale. Il
est peu répandu et proposé en France par Bensadoun (6). Il s’agit
d’un laser He/Ne (longueur d’onde : 632,8 nm). Une étude de
phase III randomisée a montré la diminution nette du nombre de
patients atteints de mucite de grade 3 dans le groupe traité par laser.
L’auteur montrait également une diminution significative des dou-
leurs. Ce traitement d’application locale n’est pas d’utilisation
très répandue, mais il est recommandé par l’auteur pour les
patients inclus dans des protocoles de traitement associant radio-
et chimiothérapie.
L
ES ANTI
-
INFECTIEUX
L’association mucite-infection muqueuse est fréquente et consti-
tue un facteur aggravant. C’est la raison pour laquelle, et depuis
longtemps, les traitements locaux anti-infectieux ont été utilisés.
La polyvidone iodée
En application locale, elle est largement utilisée pour le traitement
des surinfections chroniques à Candida. C’est cette action anti-
infectieuse, mais à la phase aiguë, qui est recherchée. Son utilisa-
tion dans la prévention et le traitement des radiomucites aiguës a
fait l’objet d’une étude publiée par Adamietz et al. (7). Quarante
patients traités par radiochimiothérapie ont été inclus et ont fait
l’objet d’une comparaison avec un groupe témoin. Le groupe traité
présentait une nette diminution de la durée de la radiomucite, sans
risque hormonal thyroïdien. Les auteurs de ce travail avançaient
comme arguments le faible coût, la tolérance et son association
toujours possible avec d’autres méthodes de prévention.
D’autres anti-infectieux locaux à large spectre, comme la chlor-
hexidine, ont également été proposés et ont finalement tous le même
objectif, qui est de diminuer la part liée à la surinfection locale au
cours de la mucite radio-induite. Ils semblent pourtant moins bien
tolérés et sont actuellement moins utilisés.
Les anti-infectieux à spectre plus étroit comme les antimycotiques
ont fait l’objet d’études. Lefebvre et al. (8) rapportent une compa-
raison du fluconazole avec l’amphotéricine B, tous deux en appli-
cation locale. Ces deux produits ont été qualifiés d’équivalents en
termes d’efficacité sur la mucite, alors que l’activité antimycotique
était supérieure pour le fluconazole, avec une moindre incidence
des effets indésirables mineurs.
En conclusion, si les traitements dits classiques comme les appli-
cations locales d’anti-infectieux sont toujours d’actualité et doivent
être utilisés, il existe d’autres voies thérapeutiques. Celles-ci, comme
l’amifostine et le laser de basse énergie, sont peu répandues. Elles
cherchent à apporter une solution moins symptomatique mais plus
adaptée aux mécanismes physiopathologiques des radiomucites.
Une autre voie se développe actuellement avec la radiothérapie avec
modulation d’intensité (IMRT). Il s’agit d’un traitement radio-
thérapique qui, grâce à une dosimétrie beaucoup plus précise,
épargne au maximum les zones saines tout en atteignant le volume
tumoral. Par ailleurs, en protégeant encore plus les glandes sali-
vaires, il semble possible de diminuer les séquelles de la radio-
thérapie à la phase aiguë, mais également à distance. W
R
ÉFÉRENCES
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no295 - novembre-décembre 2004