R.Mérillon(1), A.Desdoits(2), B.Richter(1), M.Arrot Masson(1), L.Fournier(3), S.Gandon-Laloum(2) 1-Service de radiopédiatrie 2-Service de rhumatopédiatrie 3-Service de Radiologie générale, CHU de Caen INTRODUCTION L’Ostéite chronique multifocale récurrente (OCMR) a été initialement décrite par Giedion en 1972 sous le nom d’ ostéomyélite symétrique subaigüe et chronique Caractérisée par des poussées douloureuses osseuses récidivantes traduisant la présence d’ostéites multiples aseptiques, elle survient surtout chez l’enfant et l’adolescent Considérée comme la forme pédiatrique du syndrome SAPHO (synovite, acné, pustulose palmoplantaire, hyperostose, ostéite) OCMR et syndrome SAPHO sont des ostéites chroniques non-bactériennes: CNO (chronic nonbacterial osteomyelitis) L’ostéomyélite diffuse sclérosante de la mandibule appartient au même cadre nosologique Les CNO ont d’abord été rapprochés des spondylarthropathies (association fréquente avec le psoriasis, l’acné, les MICI) Les résultats d’études génétiques récentes suggèrent que les CNO appartiennent plutôt au groupe des maladies auto-inflammatoires MATERIELS ET METHODES Depuis 2001, 10 cas de CNO ont été recensés au CHU de Caen dans le service de rhumatologie et orthopédie pédiatrique Signes cliniques d’ostéomyélite Imagerie: Radiographies standards et scintigraphie: tous les cas IRM d’une localisation: 7/10 enfants Scanner : 8/10 Biologie: Marqueurs de l’inflammation: NFS, VS, CRP, fibrinogène Microbiologie: cultures bactériennes, PCR Diagnostic confirmé par biopsie et cultures négatives: 7 cas/10, non réalisée dans 3 cas car atteinte typique de la paroi thoracique antérieure et multifocalité. CRITERES DIAGNOSTIQUES ≥ 2 lésions osseuses (clinique ou Radio) Évolution de >6 mois caractérisée par une activité variable de la maladie, sans AEG entre les épisodes de douleur, gonflement Pas de réponse à >1 mois d’ATB Selon KING et al 2 lésions confirmées à la Rx >6 mois de rémissions et exacerbations de signes et symptômes Signes d’ostéomyélite à la Rx et scintigraphie Pas de réponse à >1 mois d’ATB Pas de cause identifiable Selon MANSON et al 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Sexe F F F F F F F F F M Age au diagnostic 5 11 11 8 10 8 9 10 15 17 délai diagnostique 11 mois 3-4 semaines 1 mois 4 mois 1,5 mois 1 semaine 9 mois 5 ans 1 an 5 mois Signes généraux - fièvre fièvre Fièvre AEG fievre fièvre AEG - - AEG Atteinte cutanée - psoriasis Pustulose palmoplantaire - - maculopapules PPP - - Maculopapules acné Nombre et localisation des atteintes osseuses 6 Aile iliaque G Tarse Trochanter et Cotyle D C2 9ème côte G 3 Tibia G Tarse G Hanche D 4 Cheville D Tarse D Cotyle D Tête fémorale D 8 Tibia Dx2 Tarse D Fémur D Hanche D D3-D4 Os occipital 4 Cotyle G Clavicule D Acromioclaviculair e Tibia D 3 Crête iliaque Radius D Tibia G 8 Sternum Os temporal G D6, D9,D10, D12 Fémur D Cotyle G 4 Hanche G Genou D Clavicule D 3ème côte G 2 Clavicul eD Mandib ule D 2 Tibia D Huméru sD PATIENT T8? VS 33 128 130 90 - 50 58 41 10 55 CRP 8 21 268 140 <3 12 38 16 - 74 HLA - - A2 A- B44 B35 A25 A32 B18 B44 A3 A25 B44 B60 - - A23 A29 B44 B61 - - FAN 1/80 - 1/320 1/80 - - - - - - Ig - - N IgG=17,8 g/L - - - - - - Traitement initial ATB Ibuprofène ATB naproxène ATB naproxène ATB naproxène Ibuprofène Ibuprofèn e Naproxène ATB Naproxèn e ATB naproxè ne antalgiq ues rémission oui oui oui oui non non non non non non séquelles platyspondyli e - Gibbosité Inégalité de longueur MI Attitude cyphotique - - cyphose - - - Durée suivi 7 ans 4 mois 5 ans 7 m 3 ans 2 ans 6 2 ans 4 m 2 ans 8 1 an 1 an 1 mois 1 an 1 an RESULTATS Nette prédominance féminine, sex- ratio:[1;9] Age moyen du diagnostic: 10,4 ans [5-17] Délai moyen au diagnostic: 10 mois [1 semaine-5 ans] 4 lésions / enfant en moyenne Par ordre de fréquence: métaphyse des os longs des membres inférieurs Bassin Rachis Tarse clavicule Atteinte des parties molles fréquente, évaluée au mieux par l’IRM Atteinte cutanée: 4 cas, d’apparition concomitante ou différée Mandibule (1) Os occipital (1) Os temporal (1) Clavicule (3) Sternum (1) Humérus (1) Côtes (3) Vertèbre (8) Os iliaque (2) Radius (1) Fémur (5) Cotyle (4) « hanche » (3) Fémur (3) Tibia (2) Tibia (5) Tarse (4) RESULTATS Absence de parallélisme entre les douleurs et l’atteinte osseuse, silencieuse dans plusieurs cas et reconnue à posteriori 5 ont reçu une antibiothérapie initiale, efficace dans un seul cas (cas 8 lors de la première poussée articulaire au niveau de la hanche, sans germe retrouvé) Efficacité des AINS, pas de nécessité de recourir à un autre traitement 4 cas (dont le diagnostic est le plus ancien) sont en rémission sans traitement (suivi en moyenne de 2,7 ans) Séquelles de type inégalité des membres inférieurs et déformation du rachis: 3 cas REVUE DE LA LITTERATURE Epidémiologie Présentation clinique Biologie/histologie Physiopathologie Imagerie des localisations les plus fréquentes à l’aide de l’iconographie de notre série) Os longs Clavicule Rachis Bassin Autres localisations Séquelles Diagnostics différentiels Traitement Conclusion EPIDEMIOLOGIE Les OCMR débutent en moyenne entre 9 et 12 ans Prédominance féminine Délai moyen au diagnostic: 18 mois Prévalence difficile à évaluer, pathologie rare, 1 à 2 cas/million d’habitants (orphanet) 250 cas décrits dans la littérature, mais probablement sous estimée car diagnostic d’exclusion 2 à 5% de toutes les ostéomyélites PRESENTATION CLINIQUE Début progressif avec douleur, infiltration inflammatoire des tissus mous et limitation fonctionnelle. Le nombre de sites douloureux est variable selon les séries de 1 à 11 Atteinte multifocale d’emblée ou secondairement L’AEG et la fièvre sont possibles rendant le diagnostic différentiel avec une ostéomyélite aigüe bactérienne ou une tumeur maligne difficile, surtout en cas d’atteinte unifocale initiale. Localisation des lésions d’ostéite par ordre de fréquence: Métaphyse des os longs (partie distale puis proximale du tibia) Bassin Partie proximale du fémur Clavicule Calcanéum Rachis Côtes, sternum, mandibule, os du crâne… L'atteinte cutanée facilite le diagnostic si elle est présente au début de la maladie: pustulose palmoplantaire, psoriasis ou acné conglobata surviennent dans près de 30 % des CNO Association entre OCMR et MICI (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin) dans 8 à 10% des cas L’évolution est fluctuante alternant exacerbations et rémissions pendant plusieurs années, la maladie pouvant se prolonger à l’âge adulte Pustulose palmo-plantaire Atteinte unguéale Cas 4 ATCD familiaux de psoriasis BIOLOGIE VS, CRP modérément augmentées lors des poussées dans 2/3 des cas Microbiologie: culture bactérienne nécéssaire pour éliminer une ostéomyélite infectieuse, PCR pour éliminer une mycobactérie Propionibacterium acnes mis en évidence dans certaines biopsies: Contamination?Déclencheur d’une réaction immunitaire? HLA B27: + dans 20 à 30% des SAPHO de l’adulte, pas d'association démontrée avec HLA-B27 dans les CNO Pas de stigmate d’auto-immunité (FAN, FR, Ac anti-DNA…) HISTOLOGIE La biopsie reste souvent indispensable pour éliminer une tumeur osseuse ou une ostéomyélite bactérienne en cas de lésion unique Elle peut être évitée en cas d’atteinte multifocale, de lésions cutanées typiques, d’évolution>6 mois ostéite subaiguë non spécifique Initialement, les infiltrats inflammatoires (polynucléaires neutrophiles principalement) s'associent à des signes de résorption osseuse Plus tardivement, l'infiltrat cellulaire est cerclé de fibrose irrégulière et de signes de néoformation osseuse, avec hyperostose A un stade avancé de la maladie des lésions pseudo-pagétiques avec de l'os hypertrophique mais inactif et une fibrose de la moelle osseuse PHYSIOPATHOLOGIE Encore mal connue Cas familiaux d’OCMR décrits Etudes génétiques: Modèles murins OCMR: mutation du gène PSTPIP2 sur le chromosome 18, impliqué en pathologie humaine dans le PAPA syndrome (arthrites stériles et atteinte cutanée) Identification de gènes responsables de pathologies ayant des similarités avec l’OCMR comme le syndrome Majeed, le chérubisme, le syndrome DIRA, l’ostéolyse familiale expansive, la maladie de Paget familiale. les ostéites chroniques non-microbiennes sont probablement des maladies auto-inflammatoires polygéniques. IMAGERIE La radiographie standard reste l’examen de 1ère intention Peut être normale initialement Lésions non spécifiques, polymorphes Si un seul site douloureux, diagnostic différentiel difficile avec ostéomyélite, sarcome d’Ewing, lymphome, histiocytose Langerhansienne L’identification d’autres localisations facilite le diagnostic, surtout lorsqu’il existe une atteinte typique de la paroi thoracique antérieure ou une distribution symétrique des lésions L’IRM corps entier et la scintigraphie permettent de détecter des lésions asymptomatiques ou infra radiologiques Cartographie IRM Scintigraphie Meilleure sensibilité Description anatomique des lésions osseuses Atteinte épiphysaire, synoviale, des parties molles Accessible< Anesthésie générale < 6 ans Irradiant Fixation physiologique des cartilages de croissance Accessible> + rapide, pas de sédation Scanner: Particulièrement utile pour localiser précisément les atteintes de la paroi thoracique antérieure, l’étendue des lésions Atteinte rachidienne Confirme la lyse et l’ostéocondensation Accès facile mais irradiation l’IRM: Visualise l’oedème médullaire mal limité: hyposignal T1, hypersignal T2, hypersignal STIR, réhaussement après IV Précise la localisation: (série de Fritz et al) ○ Atteinte métaphysaire (86%), ○ épiphysaire (67%), à travers la physe, sous- estimé à la Rx, intérêt pronostique des déformations (fusion prématurée des cartilages de croissance) ○ diaphyse (14%) ○ apophyse (3%) Détecte l’atteinte articulaire cliniquement occulte: épanchement, épaississement synovial, destruction cartilage articulaire, os souschondral Aide au diagnostic différentiel d’ostéomyélite: épanchement important, abcès, trajets fistuleux, séquestres Intérêt dans le suivi: détection de nouvelles lésions notamment quand hyperostose marquée à la Rx REVUE DE LA LITTERATURE Epidémiologie Présentation clinique Biologie/histologie Physiopathologie Imagerie des localisations les plus fréquentes à l’aide de l’iconographie de notre série) Os longs Clavicule Rachis Bassin Autres localisations Séquelles Diagnostics différentiels Traitement Conclusion OS LONGS Localisation métaphysaire, adjacente au cartilage de croissance Membres inférieurs Le tibia est l’os le plus touché Caractère cyclique, contours flous Ostéolytique pure au début, puis fine sclérose périphérique, hyperostose réactionnelle, appositions périostées Mais aussi formes mixtes, condensantes La réaction périostée dépend de la durée d’évolution mais aussi du site ○ Os de petit diamètre (fibula, métatarsiens): extensive et atteinte parties molles ○ Fémur: peu de réaction périostée, processus ostélolytique/sclérotique Pas d’abcès ni de séquestres Cas 2: Fille de 11 ans, tuméfaction sus malléolaire interne G, douleurs face antérieure cuisse D et hanche droite entraînant une boîterie évoluant depuis 8 j Pics fébriles à 38,5 C Radios initiales normales Scintigraphie: hyperfixation du tarse, de l’extrémité inférieure du tibia G et de la hanche D Suspicion d’ostéomyélite aigüe: Bi-antibiothérapie parentérale , obtention de l’apyréxie mais accentuation douleurs et tuméfaction cheville Apparition d’une lyse osseuse métaphysaire au niveau de l’extrémité inférieure du tibia, appositions périostées Biopsie: ostéite aigüe non spécifique sans signe de malignité Prélèvements bactério stériles Amélioration sous AINS Psoriasis cuir chevelu Comblement quasi complet de la lacune à 1 an Fille de 8 ans, douleurs d’horaire inflammatoire de la Cas 4 cheville droite depuis 5 mois, AEG et pics fébriles depuis 1 semaine Radio: lésion ostéolytique épiphyso-métaphysaire Bi-ATB pour suspicion d’ostéomyélite aigüe Scintigraphie Hyperfixation significative des cartilages de conjugaison fémoral inférieur, tibial supérieur et inférieur droits Prélèvements bactério négatifs Obtention de l’apyréxie sous AINS Cas 6 Fille de 9 ans, douleurs insomniantes de la cheville g et de la hanche D, contexte fébrile Radio: plage d’ostéolyse métaphysaire interne, entourée d’une ostéeocondensation avec réaction périostée fine, unilamellaire Scanner cheville -Lacune de la métaphyse tibiale inférieure entourée d’une discrète condensation, corticale irrégulière, amincie -réaction périostée unilamellaire fine, au dessus de la lésion, épaississement localisé des parties molles La biopsie d’une lésion iliaque concomitante retrouve une ostéite aspécifique et les cultures sont négatives Amélioration par AINS Cas 8 Fille de 10 ans, hospitalisée en 2010 pour tuméfaction claviculaire Radio: réalisée en 2009 pour douleur des genoux , spontanément résolutives, retrouvant une lésion métaphysaire tibiale supérieure droite et métaphysaire fémorale inférieure droite Cas 10 Garçon de 17 ans, douleur du genou droit et de l’épaule droite évoluant depuis 2 mois, AEG avec – 5 Kg, éruption maculopapuleuse face d’extension des coudes, genoux, chevilles, acné Radio: apposition périostée en regard de la métaphyse tibiale supérieure, hétérogénéité médullaire Suspicion d’ostéosarcome IRM jambe Infiltration en hyposignal T1, hyperT2 de la métaphyse et de l’épiphyse tibiale D, prenant le contraste, s’étendant vers la diaphyse, avec rupture corticale et anomalies de signal des parties molles adjacentes 3 plans T1 FS après IV SCINTIGRAPHIE Hyperfixation épiphyso-métaphysaire droite et humérale droite La biopsie de la lésion tibiale retrouve une ostéite aspécifique , les cultures sont négatives Hyperfixation humérale droite, Épaississement cortical, réaction périostée IRM humérus Hypersignal médullaire en T2 FS de la diaphyse humérale, se réhaussant après IV, ainsi que de la corticale à la jonction 1/3 sup-1/3 moyen Infiltration des parties molles autour des 2/3 sup de la diaphyse , se réhaussant après IV REVUE DE LA LITTERATURE Epidémiologie Présentation clinique Biologie/histologie Physiopathologie Imagerie des localisations les plus fréquentes à l’aide de l’iconographie de notre série) Os longs Clavicule Rachis Bassin Autres localisations Séquelles Diagnostics différentiels Traitement Conclusion CLAVICULE 20% à 30% des localisations d’OCMR contre 63% dans le SAPHO de l’adulte Doit faire évoquer le diagnostic: l’OCMR est la pathologie non néoplasique la plus fréquente de la clavicule avant 20 ans La 1ère cause d’atteinte du tiers médial de la clavicule tous âges confondus N’est pas un site d’ostéomyélite à la différence des autres localisations des OCMR Absence d’atteinte de l’articulation sterno-claviculaire, de la 1ère art. sterno-costale, ni d’ossifications des ligaments costo-claviculaires, contrairement au SAPHO Radiographie: processus lytique entouré d’une réaction périostée sclérose progressive, hyperostose lors des rémissions, persistant plusieurs années et responsable de « thoracic outlet syndrome » extension latérale lors des exacerbations mais la partie externe de la clavicule reste généralement intacte Scintigraphie: la fixation du traceur sur le manubrium et les articulations sterno-claviculaires chez l’adulte est caractéristique en « tête de taureau » Diagnostic différentiel: syndrome de Tietze, l'ostéonécrose épiphysaire (maladie de Friedrich), la séparation traumatique du noyau épiphysaire interne (Salter-Harris I ou II), les infections et les tumeurs. Cas 5 Fille , 10 ans, douleurs de la clavicule droite, boiterie , contexte fébrile, pas de syndrome inflammatoire biologique Radio hanche/cheville: normales Radio clavicule: augmentation de volume de l’extrémité médiale de la clavicule droite, contours irréguliers Scanner : lésion lytique de contours irréguliers du bord interne de la clavicule droite, appositions périostées, discrète infiltration des parties molles Scintigraphie: hyperfixation clavicule D, cotyle G, extrémité distale du tibia Biopsie clavicule: ostéite aspécifique Amélioration des douleurs sous AINS et diminution progressive de la tuméfaction claviculaire jusqu’à disparition complète Cas 8 Fille de 10 ans Tuméfaction claviculaire droite non douloureuse Pas d’AEG, pas de fièvre, syndrome inflammatoire biologique modéré ATCD familial au 1er degré de SPA B27 Hypertrophie importante de -l’extrémité interne de la clavicule droite -de l’arc antérieur de la 3e côte gauche -de l’arc postérieur de la 4e côte en regard de l’articulation costovertébrale IRM: Hypertrophie et anomalie de signal du 1/3 médial de la clavicule D, associée à des appositions périostées réalisant un manchon, et importante réaction inflammatoire des parties molles Cas 9 Adolescente de 15 ans, tuméfaction clavicule droite évoluant depuis 1 an, douleurs d’horaire inflammatoire, pas de syndrome inflammatoire biologique Scanner En mai 2009, un scanner thoracique avait été réalisé dans le cadre d’un torticolis, retrouvant déjà un remaniement de l’extrémité interne de la clavicule Sept 2010: Augmentation de volume, corticale épaissie, aspect « pseudopagétique » IRM Coupes axiales T1, ax T1 FS après IV Sagittales T2, Sag T1 FS après IV Fixation mandibulaire droite à la scintigraphie , faisant retenir le diagnostic d’OCMR Biopsie non réalisée, actuellement sous AINS REVUE DE LA LITTERATURE Epidémiologie Présentation clinique Biologie/histologie Physiopathologie Imagerie des localisations les plus fréquentes à l’aide de l’iconographie de notre série) Os longs Clavicule Rachis Bassin Autres localisations Séquelles Diagnostics différentiels Traitement Conclusion RACHIS La fréquence de l’atteinte vertébrale est variable selon les séries (3 à 25%) Atteinte préférentielle du rachis thoracique, puis lombaire, plus rarement du rachis cervical et du sacrum Localisation asymptomatique découverte à l’imagerie ou mode de présentation initial: Douleur dorsale Scoliose, cyphose Rarement compression médullaire (1 seul cas décrit) Plusieurs aspects radiographiques: Lésion lytique entourée de sclérose Lésion condensante avec ou sans atteinte du pédicule : vertèbre ivoire Vertebra plana (diagnostic différentiel avec sarcome et histiocytose Langerhansienne) Spondylite du corps vertébral, parfois étagée, sans atteinte discale « migratory or saltatory spondylitis » à la différence de l’ostéomyélite infectieuse. Aspect de spondylodiscite non spécifique Cas 7 Fille, 9 ans, douleurs du rachis et de la hanche G depuis 9 mois, d’horaire inflammatoire, anteflexion antalgique du tronc Radio: Tassement de D10, fuseau paravertébral Scintigraphie corps entier couplée à la tomographie : hyperfixation du sternum (épaississement des corticales), des vertèbres D6, D9, D10, D12, du cotyle G et de l’extrémité inférieure du fémur droit Douleurs soulagées par AINS et corset Cyphose séquellaire Cas 1 Présentation initiale: torticolis douloureux, fébrile, contexte angine Scanner (mai 2001): lyse de la masse latérale gauche de C2, infiltration des parties molles pré et latérovertébrales adjacentes ainsi que de la région épidurale attenante Biologie: pas de syndrome inflammatoire Biopsie: bactério- et histo non contributive Scintigraphie: pas d’autre zone d’hyperfixation Bilan dans l’hypothèse d’une métastase de neuroblastome négatif Scanner de contrôle sept 2001: Reconstruction osseuse de la masse latérale G de C2 après 3 mois d’Antibiothérapie et immobilisation par minerve Nov 2001: Douleur costale suite à une chute, Lésion lytique de la 9ème côte Avril 2002: boiterie et douleur hanche D Radios: 3 zones lytiques -portion supérieure du cotyle droit -petit trochanter D -aile iliaque G Scintigraphie: Fixation des 3 zones lytiques du bassin, de la 9e côte G, du tarse D et de C2 Biopsie de la crête iliaque: ostéomyélite aspécifique Amélioration sous AINS Evolution: Août 2002: Tassement vertébral de T8 au cours d’un traumatisme, lésion préexistante? Corset antalgique et reprise AINS Platyspondylie séquellaire et gibbosité dorsale droite de 5 mm REVUE DE LA LITTERATURE Epidémiologie Présentation clinique Biologie/histologie Physiopathologie Imagerie des localisations les plus fréquentes à l’aide de l’iconographie de notre série) Os longs Clavicule Rachis Bassin Autres localisations Séquelles Diagnostics différentiels Traitement Conclusion BASSIN Localisation au niveau d’équivalents métaphysaires comme la synchondrose ischio-pubienne, ilio-ischiale,les articulations sacro-iliaques, à proximité du cartilage Aile iliaque (2 cas dans notre série) Sacro-iléite rare chez l’enfant La symphyse pubienne est atteinte dans moins de 10% des cas, principalement chez l'adulte Parfois difficiles à détecter en radio standard, fixation physiologique des synchondroses à la scintigraphie, intérêt du scanner/IRM Guérison sans séquelle en général au niveau des synchondroses, risque accru de développer une spondylarthropathie avec sacro-iléite à l’âge adulte Cas 6 Fille , 8 ans, douleurs insomniantes depuis 1 semaine hanche droite et cheville G Radio: ostéolyse épine iliaque antéro-supérieure D Scanner bassin: Lacune osseuse polycyclique homogène et réaction périostée de la crête iliaque sur les versants endo et exo pelviens, unilamellaire, non interrompue IRM Lésion ovalaire de l'épine iliaque antéro-supérieure droite , intermédiaire en T1, hyperintense en T2 et rehaussée par l'injection de gadolinium, appositions périostées lamellaires. Anomalie de signal périlésionnelle étendue à la médullaire de l'os iliaque, suivie jusqu'au cotyle, du grand trochanter, du col et d'une partie de la tête fémorale droite. Importante extension de l'anomalie de signal au muscle petit fessier Scintigraphie: hyperfixation de ces localisations, ainsi que de la métaphyse radiale droite et de la métaphyse tibiale inférieure gauche Biopsie: ostéite non spécifique Amélioration sous AINS Apparition un an après de maculo-papules prurigineuses des membres inférieurs, persistance de douleurs de la crête iliaque et du sternum REVUE DE LA LITTERATURE Epidémiologie Présentation clinique Biologie/histologie Physiopathologie Imagerie des localisations les plus fréquentes à l’aide de l’iconographie de notre série) Os longs Clavicule Rachis Bassin Autres localisations Evolution/séquelles Diagnostics différentiels Traitement Conclusion MANDIBULE Douleurs et œdème local, parfois hypoesthésie du nerf alvéolaire inférieur , adénopathies locales et perte dentaire prématurée Extension possible à l'articulation temporo-mandibulaire, responsable d'une limitation de l'ouverture buccale L'atteinte mandibulaire survient dans 10 à 11% des cas de syndrome SAPHO , 5% des OCMR. L’aspect radiographique est le même que pour les autres localisations, aboutissant à un élargissement de la mandibule,problème esthétique. Diagnostic différentiel: dysplasie fibreuse, fibrome (ossifiant ou non) OS DU CRANE Atteinte rare, 3 cas décrits dans la littérature CAS 4 Petite fille de 10 ans, OCMR connue avec localisation initiale au niveau du membre inférieur droit (métaphyse fémorale inférieure, tibiale supérieure et inférieure) Douleurs occipitales ,18 mois après le début de la maladie, résistantes aux AINS, tuméfaction palpable 1ère radio normale puis apparition de lésions ostéolytiques corticales externes TDM Ostéolyse de l’écaille occipitale IRM Localisation d’ostéite au niveau de l’os occipital prise de contraste de la méninge au contact, infiltration des parties molles Scintigraphie Foyers d’hyperfixation de l’os occipital droit et de la partie antérolatérale droite d’une vertèbre thoracique supérieure Répartition physiologique du traceur sur le reste du squelette en particulier au niveau du membre inférieur droit Confirmation de localisation d’OCMR par biopsie -curetage qui amène une sédation rapide des douleurs PIEDS et MAINS Os du tarse surtout, calcaneus et talus qui sont des équivalents métaphysaires (2 cas dans notre série) Au niveau des métatarses et des phalanges, l’OCMR est responsable de fusion prématurée des cartilages de croissance REVUE DE LA LITTERATURE Epidémiologie Présentation clinique Biologie/histologie Physiopathologie Imagerie des localisations les plus fréquentes à l’aide de l’iconographie de notre série) Os longs Clavicule Rachis Bassin Autres localisations Séquelles Diagnostics différentiels Traitement A RETENIR SEQUELLES Clavicule: compression par l'hypertrophie osseuse de la paroi thoracique antérieure des veines axillaires ou sousclavières associée ou non à une thrombose Os longs: inégalité de longueur des membres inférieurs due à la fusion prématurée des cartilages de croissance déformations métaphyso-épiphysaires prédisposant à des arthropathies dégénératives précoces Vertèbre: cyphose et scoliose secondaire au tassement vertébral Fractures de fatigue sur un os déminéralisé par l’inflammation chronique DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS Ostéomyélite bactérienne Histiocytose Langerhansienne Tumeur maligne/métastase (Ostéosarcome, sarcome d'Ewing, neuroblastome, rhabdomyosarcome) Leucémie/lymphome Tumeur osseuse bénigne (ostéome ostéoïde, ostéoblastome, chondroblastome) Fracture de fatigue, Ostéonécrose, Ostéoporose Spondylarthropathie ou arthrite psoriasique Arthrite Juvénile Idiopathique Hypophosphatasie 1ère décade Prédominance féminine plus nette Les lésions cutanées peuvent apparaitre plusieurs années après la 1ère lésion osseuse Métaphyse des os longs Ostéite, arthrites possibles Sacro-iléite rare OCMR 28 ans Pustulose palmo-plantaire plus fréquente Atteinte de la paroi thoracique antérieure et du pelvis Atteinte des art.sternoclaviculaire et 1ère sternocostale, ossifications des ligaments costo-claviculaires Atteinte des os longs rare Ostéite,arthrites, enthésites Ossification des ligaments et enthèses SAPHO TRAITEMENT Efficacité des AINS, parfois spectaculaire Un traitement discontinu permet d'écourter les poussées et semble aussi efficace qu'un traitement au long cours, avec de surcroit moins d’effets indésirables, en particulier digestifs il peut être nécessaire d’interchanger les AINS en cas d’inefficacité Les effets indésirables des corticoïdes limitent leur utilisation chez l’enfant une injection intra-articulaire de corticoïde retard lors d'atteintes oligo- articulaires résistantes au traitement est parfois très utile topiques locaux pour traiter les manifestations cutanées Il est actuellement admis que le traitement antibiotique est inefficace. Les biphosphonates et les anti-TNFα sont des thérapeutiques de 2ème ligne. A RETENIR L’OCMR, considérée comme la forme juvénile du Sapho, est une ostéite non bactérienne qui atteint la fille de 10 ans La localisation préférentielle est la métaphyse des os longs des membres inférieurs, avec une distribution symétrique des lésions L’atteinte claviculaire est fortement évocatrice du diagnostic et permet parfois d’éviter la biopsie (3 cas dans notre série) L’atteinte cutanée facilite le diagnostic quand elle est présente Le diagnostic d’OCMR repose sur un faisceau d’arguments positifs et négatifs, le radiologue peut être le premier à l’évoquer, évitant des biopsies et des antibiothérapies de longue durée. Les signes radiologiques étant peu spécifiques au début de la maladie, une biopsie reste souvent nécessaire surtout pour éliminer la malignité et l’infection. L’IRM corps entier, comme la scintigraphie osseuse, est une aide au diagnostic; non invasive, elle démontre la multifocalité et la symétrie, souvent infra-cliniques L’antibiothérapie est en général inutile et les symptômes régressent sous AINS L’évolution est faite d’exacerbations et de rémissions Le pronostic est bon, mais les poussées durent souvent plusieurs mois à années, cause d’absentéisme scolaire, avec des séquelles parfois invalidantes Des formes de passage vers un syndrome SAPHO ou une spondylarthropathie à l’âge adulte existent. QCM 1 1-L’OCMR et le SAPHO sont probablement 2 entités de la même maladie se révélant à des âges différents 2-Des auto-Ac spécifiques sont retrouvés chez les patients attients de CNO 3-Il existe des atteintes unifocales non récurrentes qui ont les même caractéristiques histologiques que les OCMR, c’est pourquoi le terme de CNO est préféré 4-Les ATB sont efficaces du fait de la présence de Propionibacterium acnes dans certaines prélèvements Réponses vraies: 1, 3 QCM 2 1-Il n’y a jamais d’AEG au cours des OCMR 2-l’OCMR peut mimer cliniquement et à l’imagerie une ostéomyélite aigüe bactérienne 3-L’atteinte cutanée peut apparaître plusieurs années après la 1ère poussée d’ostéite 4-L’OCMR a un mauvais pronostic Réponses vraies: 2, 3 QCM 3 1-Toutes les localisations d’ostéite sont symptomatiques 2-La localisation la plus fréquente de l’OCMR de l’enfant est la clavicule 3-L’atteinte des os longs prédomine au niveau de l’épiphyse 4-L’atteinte du squelette axial prédomine dans le SAPHO de l’adulte Réponse vraie: 4 BIBLIOGRAPHIE 1-Catalano-Pons C, Comte A, Wipff J et al. 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