La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 322 - juillet-août-septembre 2010 | 9
CONGRÈS
RÉUNION
la durée de l’anesthésie générale et du temps
opératoire, double le risque de complications, en
particulier vestibulaires, et de panne, augmente
les coûts et complique la gestion du matériel par
les parents.
L’implant bilatéral est reconnu utile en cas de
maladie d’Usher, de surdité post-traumatique ou
secondaire à une méningite, ainsi que, chez l’adulte,
en cas de perte du bénéfice de la prothèse contro-
latérale avec un retentissement socioprofessionnel
ou une perte d’autonomie.
Plusieurs études ont montré que l’implantation
bilatérale améliore l’intelligibilité, surtout avec
plusieurs locuteurs, ainsi que la localisation spatiale.
Les scores tonaux, mais aussi la perception de la
parole, sont meilleurs avec deux implants qu’avec
chacun des deux implants utilisé séparément. Cet
effet est d’autant plus net que le délai séparant les
deux implantations a été court.
La fonction vestibulaire
et ses implications
D’après la communication du Pr T. Van Den Abbeele
(Paris)
La mise en place d’un porte-électrode dans la
cochlée peut s’accompagner, dans un tiers des cas,
de vertiges postopératoires et d’une modification
des réponses vestibulaires caloriques et des tests
subjectifs de l’équilibre. Les études histopatho-
logiques ont montré des lésions dans le saccule,
plus rarement dans l’utricule ou les canaux
semi-circulaires, probablement liées au trauma-
tisme chirurgical et à la stimulation par l’implant
cochléaire.
Sur 89 enfants implantés, examinés avant puis après
implantation cochléaire à l’hôpital Robert-Debré, la
moitié avaient une anomalie canalaire et la moitié
avaient une anomalie otolitique avant l’opération,
dont 20 aréflexies bilatérales. Dans la moitié des
cas, il n’y a pas eu de modification de la fonction
vestibulaire après l’opération, mais 10 % des enfants
sont devenus complètement aréflexiques (aréflexie
canalaire et otolithique). Or, il n’existe aucun critère
prédictif de l’aréflexie post-implantation, et les
conséquences d’une aréflexie vestibulaire bilatérale
survenant chez un enfant de moins de 2 ans sont
encore mal connues.
Il semble prudent de tenir compte du résultat du
bilan vestibulaire préopératoire (test d’Halmagyi,
calorique eau chaude et froide, et potentiels évoqués
otolithiques myogéniques) pour le choix du côté à
implanter. Il importe également d’être prudent avant
de proposer un implant bilatéral et, dans la mesure
du possible, de prévoir un délai de 2 à 3 mois entre
les deux côtés, l’indication du deuxième implant
devant être rediscutée s’il survient une aréflexie du
côté opéré en premier.
Les résultats de l’implant cochléaire
bilatéral
D’après la communication du Pr C. Vincent (Lille)
L’auteur a présenté les résultats de 11 enfants
implantés des deux côtés, 8 en simultané et 3 en
séquentiel, suivis entre 12 et 52 mois (moyenne
de 22 mois).
Le protocole a été simplifié par rapport à celui utilisé
chez l’adulte : seuils tonaux avec l’implant cochléaire
droit, le gauche et les deux à la fois, seuils d’intel-
ligibilité vocale dans le bruit (bruit stationnaire)
sans lecture labiale, avec l’implant droit, le gauche
puis les deux à la fois, localisation sonore dans trois
directions ou plus. La localisation spatiale des sons
et l’intelligibilité vocale sont moins bonnes chez les
enfants implantés de manière séquentielle que chez
ceux implantés de manière simultanée.
Les particularités du réglage
de l’implant bilatéral
D’après la communication de C. Silhol
(Marseille)
Il faut, à chaque séance de réglage, vérifier la peau
et le matériel (des deux côtés), tester les deux
côtés séparément, et, enfin, régler les processeurs
séparément, puis ensemble.
En cas d’implantation séquentielle, l’activation du
deuxième implant peut être laborieuse, surtout s’il
y a eu un délai important entre les deux implanta-
tions. Le patient peut avoir du mal à reconnaître
la sensation auditive, ce qui est déstabilisant pour
l’enfant mais aussi pour ses parents. Il faut alors
proposer un entraînement auditif sur la deuxième
oreille seule, et reprendre les examens d’analyse
perceptive.
L’implantation bilatérale apporte un grand confort,
avec une écoute plus naturelle, demandant moins
de concentration et moins de lecture labiale, mais
le temps d’adaptation est très variable. Longtemps,
la première oreille implantée est ressentie comme
la meilleure subjectivement ; cependant l’enfant
préfère porter ses deux implants.