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É ditorial
L’accueil d’embryon : jouonsnous aux apprentis sorciers ?
Directeur de la publication : Claudie Damour-Terrasson
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Claudie Damour-Terrasson
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Secrétaire de rédaction : Brigitte Hulin
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 J.
Éditorial
La Lettre du Gynécologue
Belaïsch-Allart*
A
près les tentatives de FIV ou d’ICSI couronnées de succès, certains
couples ont la chance (ou la malchance) d’avoir encore des embryons congelés alors qu’ils ont obtenu tous les enfants souhaités. Se
pose alors le problème du devenir de ces embryons. La loi, dite de Bioéthique,
de 2004 nous autorise à mettre fin à leur conservation (autrement dit à les détruire), mais il est également possible aux couples de les donner à la recherche
ou à un couple infertile. Bien que les décrets relatifs au don d’embryons (appelé
par la loi “accueil d’embryons”) datent de 1999, peu de centres en France se
sont lancés dans cette aventure puisque l’enquête du BLEFCO de novembre
2006 avait recensé… huit centres le pratiquant sur les dix-huit… ayant obtenu
l’agrément.
L’accueil d’embryon peut se définir comme une sorte d’adoption prénatale avec,
par rapport à l’adoption, pour la femme receveuse, l’opportunité de vivre une
grossesse et un accouchement et donc de nouer des liens prénatals avec son enfant
et d’être la mère au sens légal du terme puisque, selon la loi française, la femme
qui accouche est la mère. Alors que l’on manque de donneuses d’ovocytes, ces
embryons congelés disponibles semblaient donc une alternative extrêmement
séduisante. Après un début enthousiaste, il est difficile de ne pas se poser des
questions sur la pratique de l’accueil d’embryon. Les couples, qui donnent leurs
embryons, sont clairement des couples exceptionnels dans tous les sens du
terme. Tout le problème est que pour nous, médecins cliniciens et (peut-être
plus encore) biologistes, ces embryons sont certes un humain potentiel, mais
ne sont en fait que quelques cellules, tandis que dans l’imaginaire des patients
qui donnent, cet embryon congelé est le petit frère ou la petite sœur des enfants
qu’ils ont déjà. Il est difficile (quasi surréaliste) pour un clinicien de recevoir les
couples donneurs, d’établir la fiche d’appariement physique (ethnie, couleur
de la peau, taille, poids, groupe sanguin, couleur des yeux et des cheveux) et
d’entendre en même temps la demande des couples : “Vous les donnerez à
des gens ‘bien’, n’est-ce pas docteur ? Ils aimeront la musique (variante : la
littérature)”. Sous-entendu les futurs parents seront “comme nous, ils vont
l’élever dans le même environnement que nous”. Quelque temps plus tard, au
staff “accueil d’embryons”, le même clinicien assiste – parfois impuissant – à
un appariement des fiches de donneurs et de receveurs exclusivement fondé sur
les caractéristiques physiques, groupe sanguin, couleur des cheveux, couleurs
des yeux.
Nous ne sommes pas loin du fameux film “La vie est un long fleuve tranquille”.
À défaut d’échanger un enfant à la naissance, c’est aux embryons que nous
faisons connaître une vie différente de celle pour laquelle ils ont été conçus. À
quoi jouons-nous ?…
* Service de gynécologie obstétrique et reproduction humaine, centre hospitalier des Quatre-Villes, site de Sèvres, 141,
Grande-Rue, 92318 Sèvres Cedex.
La Lettre du Gynécologue - n° 324 - septembre 2007
Éditorial
É ditorial
On peut rétorquer que, dans l’adoption, la situation est
identique. Ce n’est pas tout à fait vrai. Dans l’adoption, une
femme qui ne peut pas assumer son enfant a le courage de
le donner à un couple adoptant pour qu’il connaisse une vie
meilleure que celle quelle aurait pu lui donner. Accoucher
sous X, acte d’amour, avait écrit Catherine Bonnet. Le sort
social de l’enfant ne peut qu’être amélioré. Dans l’accueil
d’embryon, les couples qui ont déjà deux ou trois enfants,
et n’ont plus, pour de multiples raisons, de projet d’enfant,
donnent leurs embryons congelés restant, mais ils voudraient,
comme le montrent les entretiens avec ces couples, pouvoir
continuer à le protéger de loin. Comme le disent certains, si
les parents d’accueil meurent, nous aimerions être là pour
pouvoir nous en occuper.
Bien entendu, au premier degré, l’appariement social
des embryons est profondément choquant, mais en y
réfléchissant bien, nous devons nous interroger. Le nombre
de couples qui donnent leurs embryons est extrêmement
restreint. Il est évident que les couples donneurs voudraient,
pour l’enfant potentiel qu’ils donnent, une qualité de vie égale
à celle qu’ils offrent à leurs enfants. Bien entendu, en France,
nous vivons dans le dogme de l’anonymat et de la gratuité.
Mais si, inquiets du sort de ces embryons sur lesquels aucune
assurance ne peut leur être donnée, plus aucun couple ne
donne leurs embryons. L’accueil d’embryon va s’arrêter.
Est-ce réellement le but du législateur ? À l’issue d’un staff
“accueil d’embryon” animé à Sèvres, à propos d’un éventuel
“appariement social”, nous nous sommes aperçus qu’aucun
des participants n’accepterait de donner ses propres
embryons dans de telles conditions !
Enfin, nous vivons désormais dans l’ère du droit aux origines.
Que répondrions-nous si, un jour, un homme ou une femme,
issu d’un don d’embryon, venait reprocher aux médecins ou
aux parents biologiques la vie qui lui est échue ?
Il y a de moins en moins d’enfant à adopter en France, et on
ne peut que s’en féliciter. Pour accoucher sous X, il faut ne
pas avoir pris de contraception, ne pas connaître la pilule du
lendemain, ne pas avoir fait d’IVG avant quatorze semaines
d’aménorrhée, ne pas savoir que l’on peut faire des IVG plus
tardives à l’étranger !
L’accueil d’embryon est une alternative fantastique à
l’adoption. Pour le préserver, ne doit-on pas accepter l’idée
de pouvoir assurer aux couples donneurs un appariement
autre que physique ?
La question n’est pas “politiquement” correcte, mais il serait
n
hypocrite de ne pas se la poser en 2007.
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La Lettre du Gynécologue - n° 324 - septembre 2007
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