
La Lettre du Pneumologue • Vol. XV - n° 1-2 - janvier-février-mars-avril 2012 | 7
ÉDITORIAL
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sont très liées, et que la tuberculose est une cause importante de décès chez les patients
atteints par le VIH. Depuis 5 à 10ans, desmoyens considérables, par rapport à ceux
quiexistaient auparavant, ont pu être dégagés pour la lutte contre la tuberculose,
etl’épidémie régresse dans le monde. Comme pourlesida, le fait de traiter lesmalades
les plus sévèrement affectés (positifs à l’examen microscopique) nonseulement
lesguérit, mais diminue leur contagiosité très rapidement. Le traitement d’uncas
est à la fois un acte curatif – pour le patient – et un acte de prévention – pour son
entourage. L’initiative Stop TB, financée en particulier parunetaxe sur lesbillets d’avion,
a permis de lancer de nouveaux médicaments, que les laboratoires pharmaceutiques
n’auraient pas développés sans aide ; ce modèle économique leurpermet des’engager
dans le développement d’un antituberculeux avec une bonne sécurité financière.
Les pays en développement bénéficient maintenant des avancées de la science.
Ainsi,letestXpert® MTB/RIF permet, en déposant un crachat dans une coupelle
et en l’introduisant dans son système, de détecter dans l’heure la présence du bacille
deKoch, ainsi qu’une éventuelle résistance à la rifampicine. Beaucoup de médecins
français n’ont pas cette réponse rapide alors que la technologie le permet.
L’antibiogramme moléculaire n’est pas encore totalement validé, mais le devient
pourdes antibiotiques deplus en plus nombreux (voir article en ligne de Valérie
Lalande, www. edimark.fr). Ilreste anormal que près de la moitié des patients chezqui
on isole en France des bacilles acido-alcoolorésistants ne bénéficient pas
de ces techniques ou de techniques équivalentes quidonnent immédiatement
la confirmation qu’il s’agit de bacilles de Koch, la résistance ounon à la rifampicine
etune bonne orientation thérapeutique. De nouveaux antituberculeux sont développés,
comme le prouve l’autorisation temporaire d’utilisation (ATU) que le TMC207,
unediarylquinoline, a obtenue en 2011, ou la généralisation de l’utilisation
des quinolones, en particulier en cas d’intolérance ou de résistance aux traitements
depremière ligne (cf. l’article “Place des fluoroquinolones dans le traitement
des tuberculoses à bacilles résistants”, p. 12). Letraitementstandard avec4antitubercu-
leux pendant 2mois et 2 pendant 4mois est maintenant lanorme pour toutes les formes
detuberculose, comme le rappelle O. Fain dans ces pages. La démarche mondiale
desInternational Standards for Tuberculosis Care (ISTC), maintenant adaptée au niveau
européen (European Standards for Tuberculosis Care [ESTC]), permet d’unifier
laréflexion sur la prise en charge de la tuberculose en gardant les spécificités régionales
et nationales. Une adaptation française des ESTC s’impose cependant
pour certains points.
Dans la pratique clinique, l’infection tuberculose mobilise beaucoup plus de forces
etdetemps de travail de la part des professionnels de santé que la tuberculose maladie.
Degrands progrès ont été faits dans ce domaine avec la réorganisation desCLAT
et la mise à disposition de nouveaux outils : les tests IGRA (Interferon Gamma Release
Assay) nenécessitent pas de lecture à 72heures comme l’intradermoréaction (IDR),
etils sont plus spécifiques et sensibles pourlediagnostic de l’infection. Cependant,
cestests n’ont pas plus que l’IDR une place validée dans le diagnostic de la tuberculose
maladie. En effet, ces tests ne mesurent pas l’infection mais la façon dont l’organisme
sedéfend contre cetteinfection. Quandles défenses immunitaires sont bonnes,
la tuberculose reste le plus souvent au stade de l’infection, alors que, lorsqu’elles
diminuent, la tuberculose maladie s’installe. Expliquer que plus la maladie tuberculeuse
est grave, plus le risque d’avoir des tests IGRA négatifs estélevé, comme le développe
l’équipe de Montpellier dans ce numéro, montre lavitalité ducombat pour le contrôle
de la tuberculose enFrance.