Position de thèse - Université Paris

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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE
ÉCOLE DOCTORALE I – Mondes anciens et médiévaux
UMR 8167 Orient & Méditerranée – Monde byzantin
THÈSE
pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE
Discipline/Spécialité : histoire médiévale
Présentée et soutenue par :
Marie GUÉRIN
le : 27 novembre 2014
LES DAMES DE LA MORÉE FRANQUE (XIIIE-XVE SIÈCLE)
Représentation, rôle et pouvoir des femmes de l’élite latine en Grèce
médiévale
Sous la direction de :
Monsieur Jean-Claude CHEYNET
Professeur, Université ParisSorbonne – Paris IV
JURY :
Madame Maria DOUROU-ÉLIOPOULOU
Madame Annick PETERS-CUSTOT
Monsieur Vincent DÉROCHE
Monsieur Didier LETT
Professeur, Université d’Athènes
Professeur, Université de Nantes
Directeur de recherche, CNRS
Professeur, Université Paris-Diderot
– Paris VII
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POSITION DE THÈSE
La présente thèse de doctorat porte sur les dames de la Morée franque du XIIIe au
e
XV siècle. S’inspirant des nouvelles tendances de la recherche telles que l’étude des
individus par la prosopographie, l’histoire des représentations et du pouvoir des femmes,
elle s’attache tout particulièrement à mettre en évidence la place, le rôle et le pouvoir des
femmes de l’élite latine implantée en Grèce médiévale, dans la principauté d’Achaïe fondée
à la suite de la quatrième croisade. Si depuis plusieurs décennies, les femmes ont fait l’objet
d’études approfondies par les historiens médiévistes, tant occidentalistes que byzantinistes,
aucune monographie n’a jusqu’alors été consacrée aux femmes de la Morée franque.
L’analyse de sources variées narratives, juridiques, archivistiques, archéologiques (le plus
souvent éditées, parfois inédites) a alors permis de mettre au jour les représentations et les
pratiques liées au sexe féminin, mais encore de répertorier 127 femmes dont les données,
classées de façon systématique et uniforme grâce à l’outil prosopographique, constituent la
base de notre enquête socio-historique.
Empruntant aux travaux déjà menés sur l’histoire des femmes et du genre à Byzance
et en Occident, cette thèse s’inscrit dans le renouveau des études sur la domination latine
en Méditerranée orientale et offre une réflexion inédite sur les femmes de la noblesse
moréote, s’interrogeant sur les relations entre Orient et Occident ou les rapports entre
hommes et femmes. Au-delà des lieux communs fournis par la pensée médiévale,
essentiellement masculine, nous avons cherché à analyser l’implication des dames dans les
alliances familiales, dans la transmission et la gestion du patrimoine féodal ou encore dans
la vie politique, économique et sociale de la principauté. Organisé en trois parties, ce travail
examine d’abord la représentation du féminin dans les sources latines et byzantines, tente
de définir l’identité culturelle, familiale et sociale des dames de Morée et cherche à
appréhender le regard des hommes ainsi que le poids de l’Église sur ces femmes. La
seconde partie considère la place des dames au sein des familles et des stratégies
matrimoniales. Les conditions du mariage, les différentes étapes du processus matrimonial
ainsi que les initiatives masculines et seigneuriales dans les alliances des femmes sont
minutieusement analysées. Il s’agit de voir comment les dames, par leur origine, leur
position sociale et familiale, leur apport féodal et économique se placent au cœur des
alliances de la principauté de Morée. Enfin, la troisième partie de notre thèse étudie le rôle
et le pouvoir des dames dans la féodalité moréote et le gouvernement de la principauté,
tant à travers leurs droits à posséder des fiefs que par leur rôle de feudataire sur le plan
militaire, économique et politique.
Chapitre 1
DES FEMMES, DES HOMMES ET DES SOURCES
La première partie de notre thèse débute par un chapitre introductif qui s’applique à
dresser un état des lieux des sources utiles à l’étude des dames de la Morée franque et à
présenter le corpus (non exhaustif) de plus d’une centaine de femmes, parfois anonymes
mais souvent dénommées, à partir duquel nous avons mené nos analyses. Ainsi, les sources
propres à l’histoire de la Morée franque, possédant un intérêt pour l’histoire des femmes,
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sont successivement présentées. Si elles sont absentes des récits relatifs aux événements de
la quatrième croisade et de la conquête de Constantinople, les femmes apparaissent dans la
Chronique de Morée, surtout à partir des événements de la seconde moitié du XIIIe siècle.
Cependant, bien qu’elle constitue une des sources principales de l’histoire de la principauté
d’Achaïe, la chronique reste une relation de faits d’armes et d’accords politiques ; les
références aux femmes de l’élite latine de Morée servent avant tout à la reconstitution des
lignages et de quelques personnalités féminines. Par ailleurs, parmi les sources de la
Romanie latine, les chroniqueurs Ramon Muntaner et Marino Sanudo Torsello
mentionnent plusieurs noms de dames, principalement dans le cadre d’unions
matrimoniales et de liens familiaux, et apportent parfois un témoignage détaillé de
personnage féminin, tandis que seules quelques références, notamment aux filles grecques
épouses de chevaliers moréotes, se trouvent parmi les auteurs byzantins. Les sources
normatives, telles que les Assises de Romanie, constituent également une importante
documentation utile à l’étude de la condition juridique des dames de Morée. Leur analyse
doit se faire conjointement à celle des actes de la pratique, présents dans les archives
angevines de Naples ou des archives du Hainaut, où les femmes apparaissent dans des
situations plus concrètes. Enfin, si peu de vestiges archéologiques se rapportent aux
femmes, quelques éléments tels que la pierre tombale d’Anne Comnène Doukas, épouse du
prince Guillaume de Villehardouin, participent à éclairer la question des mariages mixtes ou
la place des dames grecques au sein de la domination latine. L’analyse de ces sources, bien
qu’il s’agisse d’une production essentiellement masculine, a permis de mettre au jour
127 femmes que nous avons classées dans une prosopographie analytique, retraçant leurs
parcours et procédant parfois à quelques révisions. L’exploitation de ces données
prosopographiques (dénomination, origine familiale, unions matrimoniales, descendance,
niveau économique, vie publique, vie privée, etc.) a alors servi de base à l’étude de la place,
du rôle et du pouvoir des dames de la Morée franque.
Chapitre 2
DÉSIGNER LES FEMMES
L’étude des dénominations et des désignations met en évidence l’origine occidentale
des dames de la Morée franque, d’abord issues du royaume de France et de ses régions
alentours au XIIIe siècle, puis de la péninsule italienne à partir du XIVe siècle. Leurs noms
évoquent ceux des femmes de leur famille, des princesses de Morée ou se réfèrent à la
tradition chrétienne. Certaines portent également des surnoms patronymiques qui les
rattachent à un lignage paternel ou marital, tandis que d’autres possèdent des surnoms
faisant référence aux toponymes moréotes, révélant ainsi leurs liens et ceux de leurs
familles avec la péninsule grecque. Ce phénomène de dénomination locale, déjà connu
pour les hommes, illustre l’assimilation et l’attachement des dames aux territoires d’Achaïe.
Il reflète leur volonté d’être identifiées, au sein du Péloponnèse mais également au-delà des
frontières de la péninsule, en tant que feudataire de la principauté. Par ailleurs, lorsque ces
dames sont désignées dans les sources, c’est le plus souvent par rapport à un homme : leur
père, leur époux, leur frère, etc. Cette désignation par la parenté masculine (consanguine ou
affine) souligne qu’au Moyen Âge les femmes sont d’abord considérées comme des
mineures et qu’elles doivent être placées sous tutelle masculine. Cependant, certaines
comme la princesse Isabelle de Villehardouin, jouissent d’une plus grande autonomie et
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s’affranchissent parfois des références masculines. De même, lorsque l’honneur et la
réputation sont en jeu, l’onomastique montre que tous les individus, indépendamment de
leur sexe, peuvent être désignés par rapport à une dame, notamment lorsque celle-ci
incarne un lignage illustre ou occupe une place notable dans la hiérarchie nobiliaire.
L’identité des dames de Morée se manifeste également à travers la position hiérarchique,
révélée à la fois par le titre, les marques de noblesse, l’entourage et les vêtements. Le titre,
hérité du père ou obtenu par mariage, se décline au féminin. Il permet à la dame d’être
identifiée et reconnue au sein de la principauté et parfois au-delà de ses frontières. Ces
éléments participent autant à la construction du prestige des dames qu’à la manifestation de
leur pouvoir et leur rang au sein de l’aristocratie. Le nom, la parenté et la position sociale
sont ainsi trois éléments constitutifs de l’identité des dames de la principauté.
Chapitre 3
VERTUS ET VICES DES DAMES DE MORÉE : PORTRAITS ET MORALE CHRÉTIENNE
Le dernier chapitre de notre première partie se propose de rendre compte des
portraits des dames de Morée dépeints par les chroniqueurs masculins. Reprenant les lieux
communs propres à la littérature médiévale et à la morale chrétienne, les auteurs médiévaux
représentent les dames de la principauté à la fois vertueuses et vicieuses. D’une part, belles,
emplies de sagesse et obéissantes, elles sont aussi faibles, jalouses, mauvaises et incitent les
hommes à la luxure. À travers ces images, c’est le portrait de ce que doivent être ou ne pas
être la bonne épouse et la bonne feudataire qui est alors dressé. De même, ces
représentations servent à mettre en valeur la renommée des chevaliers de la principauté et à
souligner leurs actions. Les portraits des dames présents notamment dans la Chronique de
Morée reflètent donc bien moins une littérature misogyne qu’ils ne constituent des exemples
de comportements à suivre ou, à l’inverse, à éviter. La morale chrétienne y apparaît donc
moins incriminante pour les femmes qu’en Occident médiéval, peut-être en raison de la
présence limitée de l’Église latine au sein de la principauté d’Achaïe. Dès lors, si les actes de
dévotions et les pratiques pieuses sont attestés, les dames latines de Grèce médiévale
semblent moins exposées aux dépréciations cléricales et monastiques et paraissent jouir
d’une plus grande liberté de mouvement.
Chapitre 4
LES CONDITIONS DU MARIAGE : ENTRE NORMES ET PRATIQUES
La seconde partie de notre thèse, et en premier lieu le chapitre 4, s’attache à analyser
la place et le rôle des dames au sein de la famille. Le mariage médiéval, comme norme de
relation entre deux conjoints répond à un certain nombre de règles fixées par le droit
canonique, telles que le libre consentement des époux, la célébration de l’union devant
témoins, l’interdiction des mariages consanguins, l’indissolubilité, etc. En outre, l’Église
considère les remariages comme de la bigamie, même s’ils n’ont pas été consommés.
Toutefois, dans la pratique, les alliances s’émancipent des recommandations édictées par
l’Église. Non seulement les remariages sont fréquents dans la principauté de Morée, mais
encore les jeunes filles sont le plus souvent mariées très jeunes et leurs unions parfois
contractées par procuration afin d’éviter qu’elles ne s’y opposent. Le libre consentement
promu par le droit canonique reste donc théorique ; les alliances des dames procèdent
rarement d’un choix autonome et personnel. Les unions conjugales, temps forts de la vie
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des dames de la Morée franque, résultent ainsi de décisions familiales généralement initiées
par le père, le frère, parfois la mère (veuve et déjà âgée) et souvent corroborées par
l’approbation du seigneur. Si les négociations matrimoniales se tiennent le plus souvent
parmi l’entourage masculin des épousées, quelques dames possèdent néanmoins le droit de
décider librement de leurs alliances ou de celles de leurs filles, sans requérir l’autorisation de
leur suzerain ; il s’agit des veuves, déjà âgées d’une trentaine d’années, et des dames
feudataires liges. Ces particularités rapportées par les Assises de Romanie attestent la
confiance accordée aux vassales liges ainsi que la volonté des autorités locales d’associer les
femmes d’expérience aux affaires familiales de la principauté de Morée. Le choix de l’époux
constitue en effet une décision importante, dont dépendent les stratégies matrimoniales.
Chapitre 5
LES DAMES DE MORÉE AU CŒUR DES STRATÉGIES MATRIMONIALES
POLITIQUES, ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
Les unions conjugales des dames de la Morée franque sont le plus souvent arrangées
à des fins territoriales, dans le but de permettre l’implantation durable des lignages
occidentaux dans les territoires byzantins, mais aussi de renforcer les réseaux de solidarité
et d’échange sur lesquels repose l’aristocratie moréote. Parallèlement, sur le plan défensif,
les alliances coïncident avec le besoin de s’assurer de nouveaux appuis, notamment
militaires, pour lutter contre la reconquête byzantine de l’Empire nicéen. Les stratégies
matrimoniales répondent donc à la volonté des Francs d’asseoir et de maintenir leur
domination en Grèce médiévale. Quant aux lignages extérieurs à la principauté, s’unir à un
membre de l’aristocratie moréote, constitue l’opportunité d’étendre son influence et son
pouvoir en Méditerranée. En Achaïe, les mariages de type isogamique dominent, mais une
tendance à l’hypergamie masculine se profile au sein du groupe nobiliaire. Épouser une
dame d’un rang social supérieur est facteur de mobilité verticale. La prédominance de cette
tendance procède d’une quête de l’honneur, de la renommée et du prestige au sein de la
noblesse médiévale. Seuls quelques cas d’alliances hypogamiques existent, attestant de la
notoriété dont jouissent les dames de la noblesse moréote en dépit de leur condition sociale
alors inférieure à celle de leurs époux. En outre, les femmes sont considérées comme des
vecteurs d’enrichissement. Leurs dots se composent en effet le plus souvent de fiefs et de
forteresses, quelquefois d’importantes sommes numéraires, auxquels viennent s’ajouter
leurs trousseaux. Cet apport économique notable permet à l’époux d’acquérir des terres en
Orient latin ou d’y accroître ses possessions territoriales. À la fois instruments de la paix,
monnaies d’échange politique et militaire, ascenseurs sociaux ou vecteurs de transmission
patrimoniale, les dames figurent ainsi au cœur des stratégies matrimoniales, bien qu’elles
n’en soient pas toujours à l’initiative. Seules les plus puissantes, telles les princesses Isabelle
de Villehardouin et Mahaut de Hainaut, tentent de s’opposer aux décisions masculines.
Chapitre 6
TENIR LES FIEFS : DES DAMES FEUDATAIRES
La troisième partie de notre thèse porte sur l’étude du pouvoir des femmes au sein de
la féodalité moréote. Le chapitre 6 s’intéresse alors tout particulièrement aux dames
feudataires ainsi qu’à leur capacité à tenir des fiefs en propre ou en jouissance – par le biais
de la dot ou du douaire –, à acheter et vendre des terres, ou encore à administrer les biens
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de leurs héritiers mineurs. Leur statut de dame feudataire ne les libère toutefois pas de la
tutelle et des pressions masculines. Dès lors qu’elles se marient, leurs fiefs passent en effet
dans l’avouerie de leurs époux. En outre, les feudataires sont non seulement astreintes au
contrôle seigneurial, notamment si elles sont vassales de simple hommage, mais encore
elles subissent parfois l’influence masculine, les tentatives d’intimidation ou d’usurpation.
Les sources témoignent effectivement des revendications féodales, de la vente ou de la
cession de biens par les dames, du faible nombre de testaments féminins, ou encore de
l’éviction de la princesse Isabelle de Villehardouin et de l’emprisonnement de Mahaut de
Hainaut, toutes deux héritières de la principauté de Morée.
Chapitre 7
DE L’INVESTITURE SEIGNEURIALE AU GOUVERNEMENT DE LA PRINCIPAUTÉ :
LE POUVOIR DES DAMES
Les dames de la noblesse moréote, par leur capacité à succéder dans les fiefs, seules
ou en association avec leurs époux, y sont investies selon les règles fixées par les Assises de
Romanie (délais, âge, déroulement de la cérémonie). Puis, établies dans leur pouvoir féodal,
elles reçoivent à leur tour l’hommage de leurs vassaux, tandis que certaines s’affirment en
s’opposant à leurs suzerains. En tant que feudataires, les dames de la Morée franque
possèdent des droits et des prérogatives, mais elles sont également soumises, comme les
feudataires masculins, aux obligations féodo-vassaliques. Ainsi, bien qu’elles
n’accomplissent pas physiquement le service armé, les dames feudataires n’en restent pas
moins redevables par le biais d’un intermédiaire, leur époux le plus souvent. Mais leur
implication dans la défense du pays s’illustre au-delà du service militaire. Confrontées à la
reprise du territoire par les Grecs, aux incursions catalanes, navarraises, turques ainsi qu’aux
prétentions vénitiennes et aux revendications individuelles, les dames sollicitent des aides
humaines et financières, hors des frontières du Péloponnèse et notamment en Occident, ou
décident de l’édification de places fortes. Comme tous les vassaux de la principauté, les
dames feudataires s’acquittent également d’un certain nombre de taxes, parmi lesquelles le
droit de relief. Cette imposition portant sur la mutation des fiefs maternels ainsi que sur les
alliances matrimoniales des dames liges, s’applique avant tout aux terres détenues par les
femmes, tel un moyen de limiter le nombre de possessions féodales féminines, celles-ci ne
pouvant en assurer seule la défense par les armes. En outre, à travers la gestion de leurs
seigneuries, les dames de la Morée franque participent à l’économie locale ainsi qu’aux
échanges marchands internationaux, soutenus par ailleurs par la frappe de deniers tournois
aux noms des princesses de Morée et de la duchesse d’Athènes. Enfin, dans le cadre de
l’exercice du pouvoir et du gouvernement des territoires, les vassales sont tenues de
conseiller leur suzerain, devoir dont elles s’acquittent assidûment en l’absence de leurs
époux. L’épisode du parlement des dames illustre parfaitement cette implication des
femmes feudataires dans les décisions politiques de la Morée franque. Quant aux
princesses, elles s’entourent de conseillers dont elles s’assurent la fidélité par l’octroi de
charges et de dignités. Les dames de l’aristocratie moréote, en tant que feudataires et
épouses de feudataires, apparaissent ainsi pleinement investies dans la vie économique,
politique et militaire de la principauté, en raison notamment des fréquentes et longues
absences des chevaliers.
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Au terme de cette thèse, il apparaît que la principauté de Morée, créée par quelques
chevaliers francs dans les régions de l’empire byzantin à la suite de la quatrième croisade,
n’est pas seulement le théâtre d’opérations militaires, de négociations politiques, d’échanges
économiques et sociaux ou d’arrangements lignagers dont les acteurs sont essentiellement
masculins. Les dames de l’élite franque y tiennent également une place importante, qu’elles
aient constitué de simples chaînons des liens familiaux, qu’elles aient participé aux relations
féodo-vassaliques structurant la société moréote ou qu’elles se soient impliquées dans son
organisation économique et politique. Les rapports entre féminin et masculin y
apparaissent complémentaires, le rôle des femmes s’articulant avec celui des hommes. Cette
étude, entièrement consacrée aux dames de la Morée franque, contribue ainsi à enrichir
notre vision de la société moréote du XIIIe au XVe siècle, participe à redéfinir la place et le
rôle des femmes dans le maintien de la domination franque en Grèce médiévale, et enfin
concourt à reconsidérer les relations des dames de la principauté avec l’Occident.
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