REVUE DE PRESSE dirigée par le Dr M. François Adénopathies cervicales à mycobactéries atypiques chez l’enfant Les auteurs présentent une série de 23 enfants âgés de 1 à 7 ans (3 ans en moyenne) qui ont bénéficié d’un geste chirurgical pour une adénopathie à mycobactéries atypiques. Le diagnostic avait été confirmé dans tous les cas par l’examen microbiologique avec culture. Dans 21 cas, il s’agissait d’un Mycobacterium avium. Ces enfants ont été opérés en moyenne 6 semaines après l’apparition de l’adénopathie, sans tentative de traitement médicamenteux préalable. Douze patients ont eu une adénectomie et 11, une incision-drainage. Dans 16 cas, ces gestes chirurgicaux se sont compliqués d’une fistulisation qui a duré en moyenne 4 mois et demi (de 2 à 14 mois). La fistulisation était beaucoup plus fréquente en cas d’incision (91 %) qu’en cas d’adénectomie (50 %). Treize enfants ont été traités par antibiothérapie postopératoire pendant une durée moyenne de 3 mois et demi (1 à 9 mois). Dr Martine François Commentaire Les mycobactéries atypiques sont des germes ubiquitaires que l’on peut retrouver dans l’eau potable et dans les sols. La plupart des infections à mycobactéries atypiques surviennent chez de jeunes enfants immunocompétents et se manifestent par des adénopathies cervicales chroniques qui peuvent évoluer vers la fistulisation, sans signes généraux. Le problème est diagnostique, mais surtout thérapeutique. Trois attitudes sont possibles, en fonction de la taille de l’adénopathie, de l’aspect de la peau et de l’évolution : l’abstention, un traitement antibiotique prolongé par macrolides associés à de la rifampicine ou à de l’éthambutol, ou l’exérèse chirurgicale. L’incision est déconseillée du fait du risque de fistulisation, ce que confirme la série présentée par les auteurs. Référence bibliographique Iversen RH, Illum P. Cervicofacial nontuberculous mycobacterial lymphadenitis in children. Dan Med J 2012;59:A4349. Imagerie en urgence pour les infections cervicales profondes Le but de l’imagerie dans les abcès profonds du cou est de confirmer la suspicion clinique, de préciser l’extension de l’infection, de rechercher des complications et de guider le traitement en faisant la différence entre les formes collectées, qui peuvent bénéficier d’une ponction ou d’un drainage, et les formes non collectées. Trois types d’examens sont à notre disposition : l’échographie, le scanner et l’IRM. L’échographie fait bien la différence entre abcès et cellulite, ce qui est particulièrement intéressant en cas d’adénite, et elle peut faire le diagnostic d’une thrombose de la jugulaire interne. Mais elle donne peu de précisions sur les rapports anatomiques et est inadéquate pour explorer certaines régions (base du crâne). Elle a donc surtout un intérêt pour les infections cervicales superficielles ou pour guider une ponction. Le scanner peut explorer complètement le cou, il permet de dépister les complications intracrâniennes et médiastinales et donne des informations précises sur les rapports anatomiques. L’injection d’un produit de contraste sensibilise l’examen pour faire la différence entre cellulite et abcès, et permet de visualiser les complications vasculaires. L’IRM a l’inconvénient d’avoir une acquisition plus lente que le scanner. Elle reste cependant la technique de choix pour diagnostiquer des lésions épidurales dues aux infections des espaces pré- et paravertébral. Enfin, elle complète utilement le scanner pour l’évaluation des infections atteignant la base du crâne. M.F. Empyèmes et abcès intracrâniens chez l’enfant africain : une complication grave, que l’on peut cependant prévenir Les auteurs rapportent une série de 35 empyèmes et abcès intracrâniens observés chez des enfants (26 garçons et 9 filles, âgés en moyenne de 8 ans [1 mois-17 ans]). Les symptômes les plus fréquents étaient de la fièvre (89 %), des céphalées (81 %) et des convulsions (89 %) ; 31 % avaient un déficit moteur unilatéral, 28 % des vomissements incoercibles, 20 % une 6 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 331 - octobre-novembre-décembre 2012 Commentaire Les abcès profonds du cou doivent être pris en charge rapidement, et éventuellement de manière agressive, car ils peuvent menacer le pronostic vital s’ils se compliquent d’une obstruction des voies aériennes supérieures, d’une médiastinite, d’emboles septiques, d’une thrombose des veines intracrâniennes, et d’abcès intracrâniens. L’imagerie est essentielle au moment du diagnostic, mais aussi lors du suivi pour dépister à temps des complications secondaires. Référence bibliographique Maroldi R, Farina D, Ravanelli M, Lombardi D, Nicolai P. Emergency imaging assessment of deep neck space infections. Semin Ultrasound CT MR 2012;33:432-42. dirigée par le Dr M. François altération de la conscience et 12 % des troubles du langage. Ces infections intracrâniennes étaient dues à une méningite dans 8 cas, à une sinusite dans 6 cas, à un traumatisme crânien dans 5 cas, à une cellulite faciale dans 3 cas et à une otite moyenne aiguë dans 1 cas. Le diagnostic a été fait sur l’imagerie : échographie transfontanellaire chez les nourrissons, scanner chez les autres. Les lésions étaient multiples dans un tiers des cas. Le traitement a été médico-chirurgical. Dans le pus recueilli par ponction ou par aspiration, il a été retrouvé un Staphylococcus aureus dans 4 cas, un Klebsiella pneumoniae dans 4 cas, un streptocoque du groupe B dans 2 cas, un Proteus mirabilis dans 2 cas, un Enterobacter cloacae dans 2 cas et un Citrobacter dans 2 cas. Aucun germe n’a été retrouvé dans la collection dans la moitié des cas. Six enfants sont morts, 9 enfants ont guéri avec des séquelles (épilepsie, déficit moteur, troubles du langage) et 21 enfants ont guéri sans séquelles (avec un recul de 1 mois à 7 ans). M.F. REVUE DE PRESSE Commentaire La morbidité et la mortalité des abcès intracrâniens sont très élevées. Ces abcès sont devenus rares dans les pays développés où l’accès aux soins est facile, mais il faut rester vigilant et ne pas hésiter à demander une imagerie en cas de céphalées fébriles chez un enfant, en particulier s’il présente des vomissements, des signes déficitaires ou des troubles de la conscience. Référence bibliographique Djientcheu VP, Mouafo TF, Esiene A et al. Intracranial suppurations in the African child: a severe but preventable complication. Childs Nerv Syst 2012;doi:10.1007/s00381-012-1930-6. Efficacité des irrigations nasales dans la rhinite allergique Il s’agit d’un essai clinique comparant l’évolution des symptômes de rhinosinusite aiguë chez l’enfant allergique, avec ou sans irrigations nasales au sérum physiologique. Le groupe témoin comportait 31 enfants et le groupe traité, 29. À l’inclusion, les enfants ont bénéficié d’une mesure de leur débit expiratoire nasal (nPEFR), d’un prélèvement des sécrétions nasales pour étude cytologique, d’une radiographie standard en incidence de Waters, et ils ont rempli un questionnaire de qualité de vie validé pour les enfants ayant une rhinoconjonctivite allergique : le Pediatric Rhinoconjunctivitis Quality-of-Life Questionnaire (PRQLQ). Ils ont été revus toutes les semaines pour un examen clinique, un examen des sécrétions nasales et une mesure du nPEFR. À la fin du traitement, au bout de 3 semaines, ils ont eu à nouveau une radiographie des sinus et ont rempli le questionnaire PRQLQ. Les irrigations nasales répétées au sérum physiologique n’ont pas amélioré la rougeur conjonctivale, ni la rhinorrhée, ni le prurit nasal, ni les éternuements, ni la toux. L’évolution des images radiologiques était sensiblement la même dans les 2 groupes. Mais les enfants étaient contents d’avoir été traités, comme en témoignent les questionnaires, et leur débit expiratoire nasal s’est amélioré. M.F. Commentaire Cet essai illustre bien les difficultés rencontrées pour apprécier le bénéfice des thérapeutiques proposées dans le traitement des rhinosinusites aiguës allergiques. Référence bibliographique Wang YH, Ku MS, Sun HL, Lue KH. Efficacy of nasal irrigation in the treatment of acute sinusitis in atopic children. J Microbiol Immunol Infect 2012 Sept 30. pii: S16841182(12)00179-X. doi: 10.1016/j.jmii.2012.08.018. Rhinosinusite et toux chroniques chez l’enfant Les auteurs présentent une série de 86 enfants âgés de plus de 2 ans (5 ans et demi en moyenne) qui avaient une toux chronique depuis au moins 4 semaines. Ils leur ont fait faire une radiographie standard des sinus qu’ils ont considérée comme évocatrice de rhinosinusite en cas d’opacité complète des sinus, de niveau liquide ou d’épaississement muqueux d’au moins 6 mm. Chez 30 enfants, la radiographie était normale. Parmi ceux-ci, 13 avaient finalement un asthme, 7 une rhinite allergique, 2 un tic et 2 un reflux gastro-œsophagien : la toux de ces enfants a cessé avec le traitement étiologique approprié. Chez les 56 autres enfants, la radiographie des sinus était anormale. Ils ont reçu 15 jours d’antibiotiques p.o., ce qui a entraîné la cessation de la toux chez 46 d’entre eux. Les 10 autres enfants ont été adressés en consultation ORL. La probabilité d’avoir des radiographies anormales était plus importante chez les enfants qui avaient une toux émétisante, une rhinorrhée postérieure et une rhinorrhée antérieure purulente. En revanche, l’accentuation de la toux la nuit ou à l’effort n’était pas corrélée à des images radiologiques évocatrices de rhinosinusite. M.F. Commentaire La toux chronique est un motif fréquent de consultation chez l’enfant. Elle peut être due à une rhinosinusite chronique. Ce diagnostic n’est cependant pas éliminé par un traitement anti­b iotique, inefficace s’il a été (trop) court. Référence bibliographique Wilson NW, Hogan MB, Harper CB et al. Sinusitis and chronic cough in children. J Asthma Allerg 2012;5:27-32. La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 331 - octobre-novembre-décembre 2012 | 7