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LIBÉRALE
Un malade atteint d’une affection invali-
dante neurologique, par exemple, dé-
stabilise le noyau familial : la famille,
voire le voisinage proche, sont plus ou au moins
inquiets. Devant l’insuffisance du nombre de
travailleurs sociaux sur le terrain, c’est souvent
l’équipe médicale qui doit se “débrouiller” et or-
ganiser à domicile une vie aussi “normale” que
possible. Ainsi, en cas de maladie d’Alzheimer ou
de Parkinson, une fois le diagnostic établi et le
traitement institué par le neurologue libéral ou
hospitalier, l’articulation des soins incombe bien
souvent au médecin traitant. Sans que la nomen-
clature prévoit quoi que ce soit pour ce faire, il
doit organiser le passage régulier du kinésithéra-
peute, de l’orthophoniste, des auxiliaires de vie et
des infirmières. Sans que des réunions, pourtant
nécessaires, soient possibles, sans connaissance
du dossier médical dans la majorité des cas, c’est
encore aux paramédicaux de trouver le temps et
les moyens pour assurer l’hygiène de la personne
malade et les soins : pansements, injections, pré-
vention de l’apparition d’escarres.
De nombreuses questions sans réponse
Aussi formée soit-elle, l’infirmière libérale est
confrontée à certaines formes de soins qui exige-
raient davantage d’informations et de communi-
cation. En pratique : comment mobiliser un ma-
lade, seule, sans aucune aide physique ?
comment effectuer les toilettes de personnes de
forte corpulence (l’infirmière a le droit d’être en-
ceinte !) ? Autre interrogation : qui achète et qui
distribue les médicaments en cas d’absence de la
famille ? Comment répondre aussi à des de-
mandes parfois excessives d’un entourage tou-
ché par ce drame et qui voudrait être davantage
déchargé ? Comment assurer la coordination des
soins : coordination avec l’auxiliaire de vie, avec
les autres intervenants médicaux et paramédi-
caux ? Qui est habilité à le faire (car il n’y a au-
cune reconnaissance du travail effectué) ?
Comment obtenir un matériel médical pas tou-
jours adapté aux besoins, ou pas pris en charge
par les organismes de la Sécurité sociale ?
Comment, lorsqu’on travaille en libéral, s’orga-
niser comme un système de HAD ou de soins à
domicile ?
Autant de questions qui se posent au quotidien
et devant lesquelles «seul le “système D”, hélas,
permet souvent de fonctionner », nous confie
Madame Condamine, infirmière libérale. Même
le nouveau PMSI n’a, semble-t-il, pas prévu cette
aide au maintien à domicile. Le temps pris par des
tâches administratives se substitue alors au temps
qui devrait être consacré au patient : or, celui-ci,
atteint dans son corps, a encore plus besoin de ré-
confort moral », conclut-elle. L’idéal est bien sûr
de conserver le plus longtemps possible le pa-
tient dans son cadre de vie, mais encore faut-il
que les organismes s’en donnent les moyens ou
en donnent les moyens aux membres des pro-
fessions de santé dont les actes gagneraient à être
mieux reconnus et revalorisés.
Dr Michel Farge
avec la collaboration de Madame Condamine,
infirmière libérale à Nogent-sur-Marne (94).
Une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, par
exemple, passera 80 % de sa vie de malade chez elle et
20 % en institution spécialisée. C’est dire l’importance
de la prise en charge à domicile des patients atteints par
des pathologies invalidantes. Mais qui doit faire quoi ?
Pathologies invalidantes
Un rôle déterminant pour l’infirmière
Des infirmières divisées
Alors que la FNI a signé le projet de PMSI agréé par la
CNAM, Convergence infirmière exprime son désaccord.
Selon ce groupement de quatre syndicats, le PMSI
remettrait en cause le rôle propre de l’infirmière. «Selon
ce projet, lorsque l’état du malade est déclaré stabilisé, nous
avons 15 jours pour former une aide-ménagère, une auxi-
liaire de vie, afin qu’elle prodigue des soins d’hygiène néces-
saires au malade. Nous refusons de confier un malade à une
personne non qualifiée ». La crainte exprimée concerne
aussi une subordination incontournable au médecin
prescripteur.