En conclusion, on rappellera que la continence anale fait inter-
venir plusieurs mécanismes : le releveur de l’anus, le sphincter
externe et interne, le pouvoir de discrimination rectale, la com-
pliance rectale et plusieurs arcs réflexes.
On doit se garder de tirer des déductions hâtives d’un défect
sphinctérien échographique. En effet, la lésion du sphincter
pourra être compensée par un bon releveur, alors qu’à
l’inverse, un sphincter étiqueté “normal” à l’échographie pour-
rait faussement rassurer le médecin chez une patiente aux rele-
veurs insuffisants. Dans le domaine de la continence anale,
l’échographie ne doit pas se substituer à la clinique. C’est bien
une patiente que l’on traite, et non un sphincter !
Les primipares présentant après leur accouchement une lésion
sphinctérienne échographique asymptomatique doivent être
informées des risques liés aux grossesses suivantes et de ceux
liés à l’accouchement par voie basse. Pour ces patientes, une
étude prospective randomisée comparant césarienne prophy-
lactique et accouchement par voie basse est souhaitable.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Chaliha C et al. Obstet Gynecol 1999 ; 94 : 689-94.
2. Abramowitz L et al. Dis Colon Rectum 2000 ; 43 : 590-6.
3. Fitzpatrick M et al. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 2000 ; 89 : 159-63.
4. Faltin DL et al. Obstet Gynecol 2000 ; 95 : 643-7.
5. Varma A et al. Dis Colon Rectum 1999 ; 42 : 1537-44.
6. Faltin DL et al. BJOG 2001 ; 108 : 684-8.
•
•Étude pronostique prospective du
climat hormonal au moment de la
chirurgie chez des patientes en pré-
ménopause ayant un carcinome
mammaire
Ch. Poncelet
Pujol P, Daures JP, Brouillet JP, Chang S, Rouanet P,
Bringer J, Grenier J, Maudelonde T. A prospective prognos-
tic study of the hormonal milieu at the time of surgery in pre-
menopausal breast carcinoma. Cancer 2001 ; 91 : 1854-61.
Résumé
Malgré de nombreuses études, l’influence sur le pronostic du
carcinome mammaire de la programmation de la chirurgie en
relation avec le cycle menstruel demeure controversée. La
majorité des études sont rétrospectives, et la fiabilité des don-
nées concernant le cycle menstruel est limitée du fait de
l’absence d’une évaluation hormonale précise au moment de la
chirurgie. Les auteurs ont étudié de façon prospective
l’influence de la phase du cycle menstruel, déterminée par la
mesure du taux d’hormones circulant au moment de la chirur-
gie, sur l’issue du carcinome mammaire.
Trois cent soixante femmes en préménopause ayant un carcinome
mammaire non métastatique, opérées de 1992 à 1995, ont été
incluses dans l’étude. Les taux sériques d’estradiol, de progesté-
rone, de FSH et de LH ont été dosés le jour de la chirurgie afin de
définir la phase du cycle menstruel (folliculaire n = 186, ovula-
toire n = 24, lutéale n = 150). Le suivi moyen était de 48 mois.
Aucune corrélation entre la phase menstruelle au moment de la
chirurgie et la taille tumorale, le taux de cathepsine D, le grade de
Scarf-Bloom-Richardson, le taux de récepteur à la progestérone
et le nombre de ganglions envahis n’a été mise en évidence. Le
taux moyen de récepteur aux estrogènes était plus élevé durant la
phase folliculaire que durant les phases ovulatoires et lutéales
(p < 0,02). L’analyse univariée de la survie sans récurrence et de
la survie globale ne montrait pas de relation avec la phase du
cycle menstruel ou le taux d’estradiol et de progestérone au
moment de la chirurgie. Des taux élevés de LH ou de FSH (supé-
rieurs à la médiane) étaient associés à une diminution de la survie
sans récurrence (p = 0,02 et p = 0,04, respectivement) ou de la
survie globale (p < 0,01 et p = 0,01, respectivement).
En analyse multivariée, le statut ganglionnaire, le statut de
récepteur à la progestérone et le taux de LH étaient les para-
mètres les plus significatifs pour prédire la survie globale. Il
n’existait pas de différence de survie entre les différents
groupes après stratification en fonction du statut ganglionnaire.
Cette étude prospective a démontré l’absence de valeur pro-
nostique de l’instant de la chirurgie en fonction de la phase du
cycle menstruel ou des taux d’estrogène et de progestérone
chez des patientes ayant un carcinome mammaire en préméno-
pause. À l’inverse, des taux élevés de gonadotrophines pour-
raient prédire la survie globale indépendamment des autres
facteurs pronostiques déjà identifiés.
Commentaire
Des données expérimentales et cliniques ont révélé que les
estrogènes jouaient un rôle important dans la croissance des cel-
lules carcinomateuses mammaires. La question du moment de la
chirurgie pour carcinome mammaire en fonction du cycle mens-
truel se pose donc chez les femmes préménopausiques. Plusieurs
études ont rapporté que les femmes qui avaient bénéficié d’une
chirurgie en phase folliculaire avaient une diminution de la sur-
vie globale. Toutefois, aucune étude ne rapportait ces résultats
au taux d’estradiol, les données cliniques concernant la phase du
cycle, ainsi que leur recueil, étaient critiquables et rétrospec-
tives, et, enfin, les protocoles thérapeutiques étaient très variés.
Dans l’étude rapportée ici, le dosage des taux hormonaux per-
mettait de classer correctement les patientes en fonction des dif-
férentes phases du cycle. Ainsi, si les auteurs s’étaient basés uni-
quement sur les données anamnestiques, 16 % des patientes
auraient été classées à tort en phase folliculaire et 36 % à tort en
phase lutéale. Ces résultats remettent donc en cause la détermi-
nation de la phase du cycle sur les simples données cliniques, et
également les résultats des études ayant utilisé ce critère.
D’autres biais peuvent être identifiés. Certaines études ne
montrant pas de différence entre les différentes phases du
cycle n’ont pas été publiées, selon toute vraisemblance, ce qui
aurait également pu modifier les conclusions des méta-ana-
lyses entreprises sur ce sujet (1, 2).
9
La Lettre du Gynécologue - n° 266 - novembre 2001