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A
près les réunions de Paris en 1997 et
celles de Strasbourg en 1999, les
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Journées francophones de nutri-
tion organisées à Tours ont été l’occasion de
faire le point sur les connaissances les plus ré-
centes en nutrition. Ces Journées ont l’avan-
tage de réunir aussi bien des chercheurs que
des cliniciens, des diététiciens, des infirmiers
ou des industriels des secteurs agroalimentaire
et pharmaceutique. Elles permettent surtout de
nombreux échanges entre les différents parte-
naires de la nutrition française. La réunion des
trois sociétés principales de nutrition repré-
sentées par l’AFN (Association française de
nutrition), la SNDLF (Société de nutrition et
de diététique de langue française) et la SFNEP
(Société nationale de nutrition entérale et pa-
rentérale) permet de couvrir les champs de la
nutrition animale, humaine, fondamentale,
métabolique ou clinique.
Parmi les thèmes abordés lors des séances
plénières communes, la question du stress et
du comportement alimentaire a été dévelop-
pée par le Dr Pierre Barbe (Toulouse). Cette
problématique est extrêmement importante
puisque la conduite face à un agent stressant
est un processus fréquemment générateur de
troubles du comportement alimentaire. Ce-
pendant, les mécanismes de réponses à la per-
ception d’une menace sont encore largement
méconnus. Dans cette approche comporte-
mentale, la capacité à faire face au stress est
déterminante dans le développement des per-
turbations des conduites alimentaires. Cela
est bien connu dans le domaine de l’obésité et
des troubles du comportement alimentaire,
lorsque les sensations de frustration et de ten-
sion interne entraînent une perte de contrôle
de type compulsif, éventuellement entretenue
et renforcées par un effet de culpabilité. Sur le
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Le Courrier de l’Arcol et de la SFA (3), n° 1, janv./févr./mars 2001
plan thérapeutique, ces troubles de comporte-
ment alimentaire doivent être dépistés afin
d’introduire une approche spécifique cogni-
tivo-comportementale, c’est-à-dire préciser les
relations entre les facteurs stressants et la ré-
action comportementale, faire l’inventaire des
solutions et choisir une modalité de réponse
pour agir efficacement dans la prise en charge
des désordres du comportement alimentaire.
Parmi les événements de ces Journées, no-
tons une table ronde sur les limites et les pers-
pectives des apports nutritionnels conseillés
(ANC). En effet, la parution de l’édition 2001
des apports nutritionnels conseillés sous la di-
rection du Pr Ambroise Martin (Lyon) est im-
minente. Par rapport à l’édition de 1992, l’en-
semble des chapitres sur les macro ou les
micronutriments a été complètement révisé par
de nombreux experts. L’utilité de ces recom-
mandations nutritionnelles a été rappelée par
le Pr Jean Rey. Elles fournissent en effet des
références de consommation à l’échelle de la
population et, par conséquent, elles doivent être
utilisées par des personnes impliquées dans le
domaine de la nutrition pour une application
individuelle rationnelle. L’ouvrage des apports
nutritionnels conseillés est donc un document
de référence devant être régulièrement mis à
jour en fonction des résultats des progrès scien-
tifiques dans le domaine de la nutrition.
Lors d’un autre symposium, ont été débat-
tus les besoins en protéines et en acides aminés
indispensables chez le sujet âgé. En effet, si le
niveau d’apport permettant d’éviter les carences
(c’est-à-dire d’équilibrer le bilan protéique) est
relativement facile à définir chez le sujet jeune,
il est plus difficile à déterminer chez le sujet âgé.
Le vieillissement s’accompagne de particulari-
tés métaboliques, mais aussi de changements
importants du comportement alimentaire de-
vant être prévenus par un apport suffisant en
protéines. C’est la raison pour laquelle les va-
leurs des ANC retenues actuellement pour les
sujets âgés se situent entre 1 et 1,2 g/kg/j, soit
des valeurs légèrement supérieures au besoin
du jeune, et une plus grande contribution des
protéines à la ration énergétique journalière est
conseillée. De la même manière, le concept
d’acides aminés indispensables doit être redé-
fini en fonction des situations physiopatholo-
giques puisque certaines situations cliniques
s’accompagnent d’un besoin augmenté en cer-
tains acides aminés.
Le métabolisme des autres macronutriments
comme les glucides et, en particulier, leur in-
térêt dans la prise en charge nutritionnelle de
l’obésité ont été discutés. Brièvement : il ap-
paraît que la consommation de lipides, géné-
ralement mis en cause dans le développement
de l’obésité du fait de leurs caractéristiques
(densité, palatabilité, satiété), n’est pas la seule
coupable, notamment vis-à-vis des anomalies
de la tolérance au glucose. Lors de la mise en
place d’un régime hypocalorique, la restriction
calorique, qu’elle porte sur les calories d’ori-
gine glucidique ou lipidique, reste l’objectif
prioritaire.
De nombreuses communications ont porté
sur l’évaluation nutritionnelle des patients dans
plusieurs situations cliniques (patients dialy-
sés, atteints du sida, porteurs d’une sclérose la-
térale amyotrophique) et l’utilisation optimale
de la nutrition artificielle. Le contenu des com-
munications reflète la préoccupation des nu-
tritionnistes vis-à-vis de la place de la nutrition
au sein des services hospitaliers. En effet, la
dénutrition en milieu hospitalier a fait l’objet
de nombreuses discussions et la sensibilisation
encore lente de l’ensemble des acteurs de soin
à la situation nutritionnelle des patients hospi-
talisés a été évoquée à travers les résultats des
CLAN (Comité de liaison alimentation et nu-
trition) qui se développent progressivement.
À côté des communications sur les travaux
cliniques, la nutrition animale a été aussi lar-
gement représentée par les travaux de nom-
breuses équipes de diverses origines, indiquant
le souci des organismes de recherche de main-
tenir la qualité et la maîtrise des techniques de
production tout en développant les connais-
sances à travers divers modèles animaux.
Par ailleurs, des sessions spécifiques aux
diététiciennes et infirmières ont également
été associées à ce programme.
Les prochaines Journées francophones de nu-
trition auront lieu en 2002, après l’organisa-
tion, en 2001, à Paris, de réunions spécifiques
de l’AFN/SNDLF et de la SFNEP.
* Laboratoire de nutrition humaine, Clermont-Ferrand.
Journées francophones
de nutrition
Tours, 13-16 décembre 2000
Y. Boirie*
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