H é p a t o l o g i e
303
Evidence-based medicine
La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. IX - n° 7 - décembre 2006
Chimiotrapie intra-artérielle
dans le carcinome
hépatocellulaire inopérable
L
es deux dernières études randomisées ont évalué la chimio-
thérapie intra-artérielle chez des malades rigoureusement
sélectionnés en termes d’insuffisance hépatocellulaire et de
caractéristiques tumorales. Dans la première étude de Lo et al.,
80 malades ont été randomisés en deux groupes : a) un groupe
chimiothérapie intra-artérielle avec embolisation réalisée en
moyenne au cours de 4,5 sessions (extrêmes : 1-15) ; b) un groupe
contrôle sans traitement (5). La survie était significativement
supérieure dans le groupe chimiothérapie intra-artérielle (57 %
à 1 an, 31 % à 2 ans ; 26 % à 3 ans) que dans le groupe contrôle
(32 % à 1 an, 11 % à 2 ans et 3 % à 3 ans ; p = 0,002). En analyse
multivariée, le traitement par chimiotrapie intra-artérielle était
une variable pronostique indépendante avec une diminution
du risque relatif de décès de 0,49 (IC95 : 0,29-0,81 ; p = 0,006).
Dans l’autre étude de Llovet et al., 112 patients ont été rando-
misés en trois groupes : groupe chimiothérapie intra-artérielle
avec embolisation (n = 40), groupe embolisation seule (n = 37)
et groupe contrôle (n = 35). La survie des patients traités par
chimiothérapie intra-artérielle avec embolisation était signi-
ficativement supérieure (82 % et 63 % à 1 et 2 ans) à celle des
patients traités par embolisation seule (75 % et 50 % à 1 et 2 ans)
et des patients contrôles (63 % et 27 % à 1 et 2 ans ; p = 0,009).
En analyse multivariée, le traitement par chimiothérapie intra-
artérielle était la seule variable prédictive indépendante de survie
(odds-ratio : 0,45 ; IC95 : 0,25-0,81 ; p = 0,02) [4].
Dans la méta-analyse de Llovet et al., sept études randomisées
incluant 545 malades ont été analysées (3). La chimiothérapie
artérielle améliorait la survie à 2 ans (OR : 0,53 ; IC95 : 0,32-0,89 ;
p = 0,02). Une réponse tumorale objective était observée chez
35 % des malades traités par CEL (extrêmes : 16-62 %). Après
stratification selon le type de procédure, les auteurs observaient
que la chimiothérapie avec embolisation améliorait la survie
(OR : 0,42 ; IC
95
: 0,2-0,88 ; p = 0,02), sans qu’il soit obser
de bénéfice de survie chez les patients traités uniquement par
embolisation artérielle (OR : 0,59 ; IC95 : 0,29-1,2).
RÉFÉRENCES
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6. Llovet JM, Burroughs A, Bruix J. Hepatocellular carcinoma. Lancet
2003;362:1907-17.
Ce qu’il faut retenir
Le pronostic des malades atteints de carcinome
hépatocellulaire inopérable est très péjoratif.
À l’exception peut-être de la chimiothérapie intra-
artérielle, aucune modalité thérapeutique n’amé-
liore la survie. En eet, trois méta-analyses ayant
évalué les études randomisées sur la chimiothé-
rapie administrée par voie systémique, le tamoxi-
fène et les dérivés de la somatostatine ont conclu
à leur inecacité
(1-3)
.
Le bénéce de survie de la chimiothérapie intra-arté-
rielle a été et reste encore, pour certaines équipes,
un sujet de controverse, ce dautant que deux méta-
analyses indépendantes
(1 , 2)
avaient conclu à
labsence de diérence signicative de survie chez
les patients trais. Il est important de noter que
l’rogénéi des études, avec des survies de
groupes contles uctuant entre 10 et 40 %, a
été un obstacle majeur pour lanalyse des résultats.
Cette hétérogénéi était principalement le à
la grande variabili de sérité de l’insusance
patocellulaire et de l’extension tumorale. Les
deux dernières études randomisées publes après
ces deux ta-analyses ont observé une meilleure
survie chez les patients traités par CEL
(4, 5)
. La
dernière ta-analyse ayant inclus ces deux études
randomisées a conclu au bénéce de survie l à la
chimiothérapie intra-artérielle avec embolisation
(3)
.
Les associations européenne et américaine de létude
des maladies du foie (EASL et ASLD) ont recom-
mandé le traitement par chimiothérapie intra-ar-
rielle des malades atteints dune forme intermédiaire
de carcinome hépatocellulaire inopérable en l’absence
dinsusance hépatocellulaire sévère
(6)
. La technique
recommandée par les experts est la chimiotrapie
intra-artérielle avec embolisation.
Niveau de preuve
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Evidence-based medicine
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Traitement de l’hépatite aiguë virale C
Ce qu’il faut retenir
Aps contamination, lARN-VHC devient détectable dans
le sérum entre le 7
e
et le 21
e
jour, la sérologie virale C
entre le 20e et le 150e jour (50 jours en moyenne) et la
cytolyse débute vers la 4e semaine
(1 )
. Son caractère le
plus souvent asymptomatique rend dicile le diagnostic
d’patite virale aig C. Les modes de contamination
retrouvés sont principalement l’usage de drogues, la
contamination sexuelle, les piqûres accidentelles chez
les professionnels de san, l’acupuncture, le tatouage,
le piercing et le partage familial de rasoir ou d’objets
coupants
(2)
. Dans les études les pluscentes, deux
faits importants peuvent être reles : 1 ) la contami-
nation par transfusion sanguine n’est plus noe depuis
l’éviction des donneurs de sang séropositifs pour le
virus de l’hépatite C ; 2) le mode de contamination
reste inconnu dans 10 à 20 % des cas en dépit d’un
interrogatoire approfondi.
Le diagnostic d’hépatite aiguë est retenu chez des
patients ayant un ARN du virus C décelable en
présence d’un des trois critères suivants : 1 ) une
exposition au virus C dans les 4 mois ; 2) une sérocon-
version documentée ; 3) un taux d’ALAT ≥ 20 N.
En l’absence de traitement, les études randomi-
sées, les études de cohorte et les méta-analyses ont
observé une guérison dans 30 à 40 % des cas
(3-5)
.
Les variables prédictives de guérison spontanée sont
la présence des symptômes, notamment un ictère et
un taux élevé de transaminases
(6, 7)
.
En 2002, les réunions française et américaine de
consensus ont recommanle traitement par inter-
ron des malades atteints d’hépatite aig virale C. Un
traitement par interféron 3 millions d’unités pendant
3 mois était considéré comme un schéma minimal. À
l’inverse, ces deux conférences notaient que le schéma
optimal et le délai à partir duquel on initiait le trai-
tement antiviral restaient controversés. Une méta-
analyse récente a observé qu’il existait une relation
étroite entre la probabilité de guérison et la poso-
logie d’interron, et que d’attendre 2 à 3 mois avant
d’instaurer le traitement n’aectait pas son ecaci
(3)
. Les auteurs consiraient que le schéma idéal de
traitement serait celui de l’étude de E. Jaeckel
(1 1 )
:
5 millions d’unités d’interféron standard tous les jours
pendant 1 mois, puis 3 fois par semaine pendant
20 semaines. Trois études centes ont obserque
l’interféron pégylé pourrait être aussi ecace que
ce schéma idéal
(2, 8, 9)
. Dans la dernière étude de
89 patients traités par 1,5 µg/kg/sem. d’interféron
gylé alpha-2b pendant 6 mois, 73 % ont été obser-
vants, et dans 89 % des cas, une éradication a été
obtenue
(2)
. À l’inverse, une guérison n’était observée
que dans 50 % des cas chez les patients ayant inter-
rompu prématurément le traitement antiviral. Ces
études montrent que l’interféron pegylé peut être
utilisé dans l’hépatite aig virale C et soulignent l’im-
portance de l’observance
(2)
.
Il n’existe aucune donnée supportant l’utilisation de la
bithérapie interféron-ribavirine dans l’hépatite aiguë.
Il est, par ailleurs, peu vraisemblable que l’adjonction
de la ribavirine puisse permettre d’augmenter une
ecacité déjà très élevée des schémas optimaux de
monothérapie interféron
(5, 10)
.
Niveau de preuve
Q
uatre méta-analyses de l’patite aigayant inclus
un total de 18 études contrôlées ont été publiées.
Ces 4 méta-analyses ont conclu à la supériorité du
traitement par interféron standard par rapport à l’absence de
traitement. Dans la dernière méta-analyse publiée, la différence
moyenne de réponse virologique entre le groupe interféron et
le groupe contrôle était de 49 % (IC95 : 33-65 % ; p < 0,0001)
[3]. La différence moyenne de réponse virologique était plus
importante dans les études avec un taux éle de guérison
spontanée dans les groupes contrôles (> 15 %) que dans celles
avec un taux faible de guérison spontanée (< 15 %) : 64,5 %
(IC95 : 52,9-76 %) versus 40,1 % (IC95 : 18,6-61,5 %). Le bénéfice
du traitement était plus important dans les études comportant
une période d’induction et des posologies élevées d’interféron
par rapport aux études sans induction et avec des posologies
plus faibles : 66,6 % (IC
95
: 54,4-78,8 %) versus 29,9 % (IC
95
:
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Evidence-based medicine
La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. IX - n° 7 - décembre 2006
16,4-43,3 %). Il nétait pas observé de différence entre les études
ayant initié le traitement dans les 2 mois suivant l’hépatite
aiguë et celles l’ayant différé de plus de 2 mois : 46,9 % (IC95 :
7,6-93,3 %) versus 29,9 % (IC
95
: 25,4-65,4 %). Les informations
importantes de cette étude étaient : 1) l’interféron est plus effi-
cace chez les patients ayant des facteurs prédictifs de guérison
virologique ; 2) les schémas trapeutiques comportant des
doses élevées et une période d’induction sont les plus effica-
ces ; 3) l’initiation du traitement antiviral peut être différée de
2 mois après le début de l’hépatite aiguë, ce qui permettrait
d’éviter le traitement des patients ayant une probabilité élevée
de guérison spontanée (3).
Des informations importantes sur le schéma thérapeutique ont
été fournies par les études récentes non randomies. Quatre
semaines d’interféron quotidien à la dose de 5 MU par jour,
poursuivi à la dose de 5 MU trois fois par semaine pendant
une durée complémentaire de 20 semaines permettaient d’ob-
tenir une réponse virale prolongée dans 98 % des cas (11). Plus
récemment, trois études récentes ont démontré qu’une réponse
virologique était obtenue dans approximativement 90 % des
cas chez les patients ayant é trais par l’interféron gy
administré pendant 6 mois. En conséquence, l’interféron pégylé
pendant 6 mois constitue une alternative thérapeutique au
schéma idéal d’interféron standard avec période d’induction
et doses élevées.
Syndrome de dysfonction circulatoire : prévention
indispensable chez le patient atteint de cirrhose
.
RÉFÉRENCES
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Ce qu’il faut retenir
Le syndrome de dysfonction circulatoire peut survenir fréquem-
ment au cours de la cirrhose, soit à l’occasion d’une diminution
de la vomie, soit en cas d’augmentation de la vasodilatation.
Une fois l’activation des sysmes neuro-humoraux vasocons-
tricteurs déclence, celle-ci va se pérenniser et pouvoir aboutir
au développement d’une insusance rénale et d’une augmen-
tation de la mortali. Le traitement pventif est donc indis-
pensable. Il passe par l’administration d’albumine au cours des
ponctions d’ascite évacuatrices, associée aux antibiotiques au
cours de l’infection du liquide d’ascite. D’autres circonstances
sont également probablement en cause : morragie digestive,
diarrhée, vomissements, etc. L’administration de vasocons-
tricteurs, telle la terlipressine, pourrait être une alternative à
l’albumine dans certaines circonstances.
Niveau de preuve
DÉFINITION
La cirrhose compensée est un état déquilibre circula-
toire précaire. En effet, le syndrome hyperkinétique,
associant vasodilatation systémique et splanchnique,
augmentation du débit cardiaque et augmentation de
la volémie, se traduit au niveau rénal par une diminu-
tion de la volémie efficace. Autrement dit, malgré la
vomie augmentée (contenu) chez le patient atteint de
cirrhose, la vasodilatation (contenant), et notamment
au niveau prérénal, est telle que les barorécepteurs
vont pouvoir être facilement activés. Soit une aug-
mentation de la vasodilatation, soit une baisse de la
volémie, vont donc pouvoir stimuler ces barorécepteurs
et activer les systèmes vasoconstricteurs, et notamment
le système rénine-angiotensine ainsi que le système
antinatriurétique.
306
Evidence-based medicine
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15
ARP (ng/ml.h)
Basal 2 jours 6 jours 1 mois 6 mois
*
*
*
*
10
5
0
*: p < 0,05 par rapport aux valeurs basales.
Figure 1.
Évolution de l’activité rénine plasmatique (ARP)
moyenne mesurée chez 5 patients avec syndrome de dys-
fonction circulatoire après ponction d’ascite évacuatrice
(d’après Gines et al. [1]).
1,0
Survie actuarielle (%)
0 4 8 12
Mois de suivi
16
p = 0,01
A
B
20
0,8
0,6
0,4
0,2
0
Figure 2.
Survie des patients atteints de cirrhose décompensée
en fonction de la survenue (A) ou non (B) d’un syndrome de
dysfonction circulatoire après ponction d’ascite évacuatrice
(d’après Gines et al. [1]).
La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. IX - n° 7 - décembre 2006
QUAND ET COMMENT LE MESURER ?
En recherche clinique, il est habituel de mesurer la dysfonction
circulatoire par l’augmentation de plus de 50 % de l’activi
rénine plasmatique (ARP) chez un patient sous régime contrôlé
en sodium. D’un point de vue physiopathologique, le point
important est la cinétique de la dysfonction circulatoire par
rapport à lévénement déclenchant (1). En effet, l’augmentation
de l’ARP apparaît décalée (de 2 à 6 jours) par rapport à l’événe-
ment déclenchant, et une fois le système stimulé, il va le rester
pendant plusieurs semaines (figure 1). Une façon plus simple
en clinique de suivre cette stimulation est de voir diminuer la
diurèse et la natrémie (< 130 mmol/l), puis augmenter la créa-
tininémie (baisse de la clairance de la créatininémie).
QUELLES CONSÉQUENCES ?
Les conséquences rénales de la stimulation de ces sysmes vaso-
constricteurs consistent en une hypoperfusion nale due à une
vasoconstriction préglomérulaire, associée à la diminution de
la pression de perfusion. Cette insuffisance nale fonctionnelle
(sans lésion glorulaire ni tubulaire) peut conduire au syndrome
patonal (SHR) (tableaux I et II). La survenue dun syndrome
de dysfonction circulatoire au cours de ponctions dascite de grand
volume est donc associée à une augmentation du risque de récidive
de lascite, d’hyponatrémie de dilution, de SHR, et finalement à
une augmentation de la mortalité (1) [figure 2].
QUELS SONT LES FACTEURS DÉCLENCHANTS ?
Le facteur clenchant le plus abondamment crit est la
ponction dascite évacuatrice. La fréquence du syndrome de
dysfonction circulatoire dépend notamment du volume évacué
et devient significative au-delà de 5 litres (figure 3). Les autres
facteurs clenchants sont le sepsis (notamment l’infection
Tableau I.
Critères diagnostiques du syndrome hépatorénal (2).
Critères majeurs Critères mineurs
Réduction de la ltration glomérulaire :
créatininémie > 130 mmol/l
ou clairance de la créatinine < 40 ml/min.
diurèse < 500 ml/j
natriurèse < 10 mEq/l
osmolalité urinaire > plasmatique
natrémie < 130 mEq/l
hématurie < 50 cellules/champ
Absence d’autre cause :
choc, sepsis, hypovolémie
médicaments néphrotoxiques
néphropathie organique
(protéinurie < 0,5 g/l et échographie
rénale normale)
Absence de réponse à une expansion
volémique après arrêt des diurétiques :
albumine 20 % : 200 ml
ou sérum physiologique 1 500 ml
Tableau II.
Les diérents types de syndrome hépatorénal (2).
Syndrome hépatorénal de type 1 Syndrome hépatorénal de type 2
Insusance rénale aiguë évolutive
(créatininémie > 230 mmol/l,
ou clairance de la créatinine
< 20 ml/min.) en moins de 2 semaines.
Médiane de survie spontanée d’environ
2 semaines à partir du diagnostic.
Insusance rénale moins sévère
et dévolution plus lente (médiane
de survie spontanée d’environ 6 mois).
Le passage à un SHR de type 1 peut
survenir à l’occasion d’un facteur préci-
pitant nutritionnel, de la dégradation
de la fonction hépatique
ou de la perméabilité du tronc porte.
du liquide d’ascite), l’hémorragie digestive et toutes les causes
de déshydratation éventuelle (vomissements, diarrhée). Ces
facteurs déclenchants peuvent donc être divisés en facteurs qui
diminuent la volémie et en facteurs qui augmentent la vasodila-
tation, certaines circonstances telles que l’hémorragie digestive
participant probablement de ces deux mécanismes.
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307
Evidence-based medicine
60
Pourcentage de patients
< 5
Dextran ou polygénine
Albumine
5-9
*
**
Litres ponctionnés
*: p < 0,05 versus albumine; **: p < 0,01 versus albumine
> 9
29/52
35/112
4/24
5/21
11/64
1/7
50
40
30
10
20
0
Figure 3.
Incidence du syndrome de dysfonction circulatoire
après ponction d’ascite évacuatrice en fonction du volume
évacué et du soluté de remplissage utilisé (d’après Gines et
al. [1]).
La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. IX - n° 7 - décembre 2006
QUELS TRAITEMENTS PRÉVENTIFS ?
À partir des deux mécanismes décrits ci-dessus (diminution de
la volémie et/ou augmentation de la vasodilatation), les deux
traitements préventifs testés correspondent soit à une expansion
volémique soit à l’administration dun vasoconstricteur et visent
tous les deux à une augmentation de la volémie efficace.
Lalbumine à 20 % (100 ml pour 2 litres d’ascite évacués) s’est
révélée plus efficace que les autres solutions de remplissage dans
la prévention du syndrome de dysfonction circulatoire, non
seulement dans la ponction dascite évacuatrice (1, 2) [figure 3],
mais aussi en association avec des antibiotiques, dans linfection
du liquide d’ascite (2-4). Dans cette dernière indication, l’asso-
ciation albumine (1,5 g/kg à J1 et 1 g/kg à J3) + céfotaxime a
montré un bénéfice en termes de survenue d’une insuffisance
rénale et de mortalité hospitalière et à 3 mois par rapport à la
céfotaxime seule (2, 3).
À l’inverse, l’utilisation d’un puissant vasoconstricteur analogue
de la vasopressine tel que la terlipressine a montré des résultats
comparables, en termes de survenue du syndrome de dysfonction
circulatoire, à ceux obtenus avec la perfusion d’albumine après
ponction d’ascite évacuatrice de grand volume (5).
RÉFÉRENCES
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peritonitis. N Engl J Med 1999;341:403-9.
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treated by paracentesis: a randomized pilot study. Gut 2002;50:90-4.
Existe-t-il un sous-groupe de malades qui ne
nécessite pas de perfusions d’albumine associées
à l’antibiothérapie au cours de l’infection du liquide
d’ascite ?
Existe-t-il un bénéce pour un sous-groupe
de malades à l’utilisation conjointe d’albumine
et de terlipressine en traitement préventif
du syndrome de dysfonction circulatoire ?
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