R ev u e de presse Coordination : Estelle Louiset (Rouen) Épigénétique : nouvelle donne au début de la puberté L’initiation de la puberté est gouvernée par une augmentation de l’activité des neurones hypothalamiques à gonadotropin-releasing hormone (GnRH) qui libèrent cette hormone de manière pulsatile, ce qui stimule la libération hypophysaire d’hormone lutéinisante (LH) et la stéroïdogenèse gonadique. Toutes les composantes de l’axe gonadotrope sont fonctionnelles très tôt au cours de la vie. Avant la puberté, la libération pulsatile de GnRH est freinée à la fois par une inhibition GABAergique tonique et enképhalinergique locale, dont la levée toutefois ne suffit pas à induire l’activité des neurones à GnRH. Un contrôle excitateur est requis, exercé par le couple kisspeptine-GPR54 et les transmissions glutamatergiques. Le contrôle de la puberté est probablement encore plus complexe que cela, puisqu’une étude a montré que l’âge des premières règles est corrélé à la présence de polymorphismes dans 30 gènes différents. Le déclenchement de la puberté est aussi dépendant de contraintes environnementales, ce qui est bien illustré par l’avancement de l’âge de la puberté au cours du XXe siècle. Comment les données génétiques et environnementales sont-elles intégrées pour aboutir à la régulation coordonnée et à la plasticité des neurones à GnRH ? A. Lomniczi et ses collaborateurs s’intéressent à la régulation épigénétique qui permettrait d’intégrer les données génétiques et environnementales impliquées dans la régulation dynamique de l’expression génique, la coordination et la plasticité de l’axe gonadotrope. Leur hypothèse de départ est que le contrôle du début de la puberté résulte d’une répression transcriptionnelle liée à des modifications épigénétiques. Leur démonstration passe tout d’abord par l’utilisation, dans le modèle animal de la rate prépubère, d’un inhibiteur de méthylation de l’ADN qui bloque l’apparition de la puberté tout en préservant la fonctionnalité de l’axe gonadotrope. Une analyse du méthylome d’hypothalamus de rates à différents stades de développement pubertaire met en exergue un groupe de gènes appartenant au complexe inhibiteur Polycomb (PcG) impliqués dans la modification de la chromatine et des histones, complexe qui, par ailleurs, joue un rôle clé au cours du développement. L’expression de ces gènes diminue dans l’hypothalamus avant la puberté, en lien avec une augmentation de la méthylation de leur promoteur. Il s’avère que Kiss1 est une cible des gènes du groupe PcG, en particulier EED (Embryonic ectoderm development). Les auteurs montrent que l’éviction d’EED du promoteur du gène Kiss1 permet l’activation de Kiss1. À l’inverse, si cette éviction est empêchée par une approche lentivirale visant à surexprimer EED, la libération pulsatile de GnRH est bloquée, la puberté retardée et la fécondité compromise. Ces travaux montrent que le contrôle neuroendocrine de la puberté chez la femelle implique une répression épigénétique inhibitrice qui est régulée au cours du développement et en fonction du contexte environnemental. I. Lihrmann (Rouen) • Lomniczi A. et al. Nat Neurosci 2013;16(3):281-9. L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. L’acidocétose diabétique inaugurale prédit-elle les valeurs des HbA1c ultérieures chez des enfants diabétiques de type 1 ? La prévalence du diabète de type 1 dans la population pédiatrique est en augmentation dans de nombreux pays. Un des modes de révélation est l’acidocétose, complication métabolique sévère témoin d’un diabète décompensé. Après la prise en charge initiale, l’évolution du diabète de type 1 au cours de la 1re année de suivi est fréquemment marquée par une phase de “lune de miel” avec de faibles besoins en insuline du fait d’une sécrétion résiduelle endogène persistante. Cependant, les facteurs influençant cet état sont peu connus, et il existe dans la littérature une controverse sur l’implication ou non de l’acidocétose inaugurale. Le but de l’étude de Fredheim et al. était de mesurer la prévalence de l’acidocétose dans la population pédiatrique danoise et d’évaluer le lien potentiel entre acidocétose au diagnostic et sécrétion ultérieure résiduelle d’insuline. Dans cette étude rétrospective, 2 964 patients de moins de 18 ans issus de la base de données nationale danoise DiabKids ont été inclus. Tous les sujets étaient atteints d’un diabète de type 1 diagnostiqué entre 1996 et 2009, et avaient bénéficié d’un suivi jusqu’au 1er janvier 2012. L’acidocétose était définie selon les critères ISPAD (International Society for Pediatric and Adolescent Diabetes). La fonction endocrine résiduelle des cellules β pancréatiques était estimée par l’HbA1c ajustée à la dose d’insuline (IDAA1C) calculée par la formule suivante : HbA1c (%) + (4 × dose d’insuline) [U/ kg/j]. Cinq cent vingt-neuf enfants (17,9 %) présentaient une acidocétose initiale, avec une répartition de sévérité telle que 8,3 % étaient de forme légère, 7,9 % de forme modérée et 1,7 % de forme sévère. Chez les moins de Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 7 - septembre 2013 Épigénétique : nouvelle donne au début de la puberté L’acidocétose diabétique inaugurale préditelle les valeurs des HbA1c ultérieures chez des enfants diabétiques de type 1 ? Le dosage de l’estradiol nécessite des améliorations 195 R ev u e 2 ans, la prévalence de l’acidocétose atteignait les 48,3 %. Il existait une augmentation significative de l’IDAA1C entre 6 et 18 mois de suivi (0,51 ; IC95 : 0,32-0,70 ; p < 0,0001) traduisant une diminution de la sécrétion résiduelle d’insuline chez les patients ayant présenté une acidocétose modérée ou sévère comparés au reste de la population. Cette étude établit donc une relation entre acidocétose initiale et sécrétion d’insuline résiduelle. Il est cependant difficile de conclure si la relation établie est une cause ou une conséquence. L’acidocétose sévère est-elle le reflet d’une sécrétion d’insuline endogène déjà très altérée ou bien la sévérité de l’acidocétose et la durée de l’hyperglycémie majeure entraînentelles un certain degré de toxicité envers les cellules β pancréatiques ? A. Naccache (Rouen) • Fredheim S, Johannesen J, Johansen A et al. Diabetologia 2013;56(5):995-1003. L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. de presse Le dosage de l’estradiol nécessite des améliorations L’Endocrine Society a proposé récemment un état des lieux des dosages d’estradiol en pratique clinique. W. Rosner et al. ont passé en revue les différentes méthodes analytiques en rapport avec chaque indication clinique de dosage d’estradiol. Un facteur de 104 sépare les concentrations d’estradiol plasmatique minimales, correspondant à la période prépubertaire (entre 0,1 et 10 pg/ml), et les concentrations maximales observées au cours de traitements de stimulation ovarienne (aux alentours de 1 000 pg/ml). La méthode analytique de référence de dosage d’estradiol est la chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de masse, qui est contraignante et non transférable en pratique quotidienne, à l’inverse des immunodosages et de la chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse. Malgré les progrès technologiques, plusieurs difficultés analytiques perdurent. Les auteurs fixent 3 objectifs. La mesure doit être fiable, que ce soit pour des concentra- tions faibles (traitement par inhibiteurs de l’aromatase dans les cancers du sein) ou très élevées. Les dosages doivent être spécifiques de la molécule dosée. En effet, l’estradiol est converti en plus de 100 métabolites conjugués et non conjugués qui présentent un risque de réaction croisée. Ce risque existe pour les molécules endogènes mais également pour les exogènes (traitements estrogéniques). Enfin, il est nécessaire d’avoir des résultats comparables, quelle que soit la trousse de dosage ou le laboratoire, et ce aussi bien pour un patient donné que pour l’élaboration de recommandations de pratique clinique. Les améliorations attendues visent à augmenter la sensibilité analytique du dosage pour atteindre une limite de quantification aux alentours de 0,2-2 pg/ml et la création d’un matériel de référence pour l’estradiol, comme cela existe déjà pour d’autres stéroïdes. J. Wils (Rouen) • Rosner W et al. J Clin Endocrinol Metab 2013;98:1376-87. L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. E-journal en direct de l’ EASD 2013 European Association for the Study of Diabetes RETROUVEZ-NOUS À PARTIR DU 25 SEPT. SUR : www.edimark.fr/ejournaux/EASD/2013 BARCELONE 23-27 SEPT. 2013 Site réservé aux professionnels de santé MERCREDI JEUDI VENDREDI 25 SEPT. 26 SEPT. 27 SEPT. Avec le soutien institutionnel de Attention, ceci est un compte-rendu de congrès et/ou un recueil de résumés de communications de congrès dont l’objectif est de fournir des informations sur l’état actuel de la recherche ; ainsi les données présentées sont susceptibles de ne pas être validées par les autorités de santé françaises et ne doivent donc pas être mises en pratique. Sous l’égide de Correspondances en MHDN - Directeur de la publication : Claudie Damour-Terrasson - Rédacteur en chef : Pr Pierre Gourdy 196 Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 7 - septembre 2013 ap