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REPÈRES ÉCONOMIQUES Numéro 23 • Juin 2013
ceux d’autres pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni, qui
sont deux fois plus élevés (figure 4). En outre, il est rassurant de
voir la Chine afficher un financement social total inférieur à celui
enregistré par le Japon pendant son propre envol économique.
L’écart entre ces deux variables pourrait être en partie
attribuable à la petite taille relative du marché boursier chinois,
qui oblige le pays à recourir davantage au financement par
emprunt. Du fait de cette particularité, le résultat relatif de la
Chine est plus faible selon la mesure de la BRI, mais il semble
plus normal une fois l’ensemble des sources de financement
incluses dans le financement social total.
Une question de croissance, et non d’ampleur
Peu importe, les deux mesures du crédit convergent vers
un même point essentiel : la Chine a connu une croissance
Nota : Graphique établi selon les plus récentes données disponibles. Le crédit
privé comprend les prêts accordés aux secteurs non financiers et les titres de
créance émis par les secteurs financiers et non financiers.
Sources : Haver Analytics, RBC GMA
du financement parallèle au pays, et de l’endettement des
gouvernements locaux et du gouvernement central.
Notre conclusion la plus surprenante est que la situation
du crédit est étonnamment nuancée. Il est plus difficile que
nous l’avions prévu d’affirmer que la Chine a accordé trop
de crédit, que le secteur du logement est en surchauffe, que
les produits de gestion de patrimoine sont une mauvaise
idée ou que les gouvernements locaux seront bientôt en
défaut. Chaque aspect présente des problèmes réels,
mais dans une moindre mesure que ce qu’on imagine
couramment. De plus, ce qui est tout à leur honneur, les
autorités chinoises répriment maintenant les excès.
Bien sûr, cette répression a accentué le risque d’un
atterrissage brutal au cours de la prochaine année.
Même si l’atterrissage brutal pourra vraisemblablement
être évité, la préoccupation n’est pas négligeable. D’une
façon ou d’une autre, une croissance future moins
fulgurante du crédit se traduira fort probablement par
une croissance économique plus faible à l’avenir.
Crédit privé en Chine
Nous commençons cette analyse par un aperçu de la situation
globale du crédit dans le secteur privé chinois. La tâche
n’est pas aisée : les données sont difficiles à obtenir, car
elles sont scindées de façon peu pratique et correspondent
imparfaitement à celles des autres pays.
Selon les données de la Banque des règlements internationaux
(BRI)2, le niveau du crédit privé en Chine a maintenant atteint
celui du monde développé – ce qui est un signe inquiétant
puisque les pays pauvres sont généralement beaucoup
moins endettés (figure 3). À 161 % du PIB, cette mesure
de l’endettement est maintenant bien supérieure à celles
des autres pays asiatiques et présente une ressemblance
inquiétante avec les excès de 1997, qui ont contribué à
déclencher la crise financière asiatique3.
Une définition plus large du crédit privé est ce que la Chine
appelle le « financement social total ». Grosso modo, cette
mesure ajoute le financement parallèle (y compris l’émission
d’actions) à la définition précédente du crédit privé4. D’après
cette mesure, le financement social total de la Chine est de
183 % du PIB. Bien que supérieur à celui de la première
définition, ce résultat semble en fait assez faible par rapport à
2 Correspond aux obligations de sociétés en circulation plus les prêts consentis
aux ménages et aux sociétés non financières.
3 Cela dit, on note l’absence d’autres déclencheurs importants en Chine, comme
des emprunts étrangers élevés ou une forte dépendance des banques envers le
financement de gros
4 Pour les pays autres que la Chine, notre calcul s’appuie sur les données de
l’OCDE.
Figure 3 : Le crédit privé de la Chine est élevé par rapport aux
marchés émergents
6
34
58
116
137
156
161
165
171
210
344
0 40 80 120 160 200 240 280
Philippines
Indonésie
Inde
Thaïlande
Malaisie
Allemagne
Chine
Japon
É.-U.
Corée du Sud
R.-U.
Crédit privé en % du PIB nominal
350
58
183
223
246
246
296
335
389
498
0100200300 400 500
Mexique
Chine
Allemagne
Japon (1980)
Chili
Japon
Corée du Sud
É.-U.
R.-U.
Financement privé en % du PIB nominal
Figure 4 : Le financement social total de la Chine ne semble pas
excessif à première vue
Nota : Le financement privé représente les emprunts effectués par le secteur
privé, hors banques, au moyen de prêts et d’émissions d’obligations et d’actions.
Les données pour la Chine correspondent au financement social total pour
mars 2013. Les autres données proviennent de l’OCDE, en date de 2009 pour le
Mexique et de 2011 pour tous les autres pays, à moins d’avis contraire.
Sources : Haver Analytics, Banque populaire de Chine, OCDE, RBC GMA