Qu`arrivera-T-Il Après l`essor du Crédit en Chine

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Repères économiques
Vue d’ensemble pour les investisseurs
NUMÉRO 23 • JUIN 2013
POINTS
POINTS
SAILLANTS
SAILLANTS
ƒƒ En Chine, le crédit a probablement augmenté trop rapidement au cours des cinq dernières
années.
ƒƒ En plein essor, le financement parallèle devrait ralentir en raison des efforts des autorités pour
réprimer les excès des produits de gestion de patrimoine.
Eric Lascelles
Économiste en chef
Eric
RBC Lascelles
Gestion mondiale d’actifs Inc.
Économiste en chef
RBC Gestion mondiale d’actifs Inc.
ƒƒ L’endettement des gouvernements locaux continue de croître dans la foulée des projets
d’infrastructure, mais cette progression devrait être freinée par les nouvelles limites imposées au
crédit bancaire.
ƒƒ La surchauffe du marché du logement n’est pas aussi grande qu’il n’y paraît, mais un
refroidissement est néanmoins nécessaire.
ƒƒ La Chine s’est montrée très habile à surmonter les embûches, mais les risques de baisse liés au
crédit auxquels elle sera confrontée au cours de la prochaine année ne sont pas négligeables.
ƒƒ À l’avenir, une expansion moins fulgurante du crédit devrait ralentir la croissance.
QU’ARRIVERA-T-IL APRÈS L’ESSOR DU CRÉDIT EN CHINE ?
Deuxièmement, la Chine a lutté contre la crise mondiale en
déclenchant un véritable tsunami de crédit. Il est très difficile
d’évaluer l’effet de ces mesures, mais nous estimons que sans
elles, la progression de l’économie chinoise aurait pu se limiter
à 2 % en 2009, comparativement au taux de 7 % réellement
atteint (figure 2).
Dans ce rapport, nous examinons les répercussions éventuelles
de l’essor du crédit en Chine. Nous ferons une première
évaluation du niveau global du crédit en Chine, puis un
examen plus approfondi du marché du logement de la Chine,
Différentiel de croissance du PIB
réel de la Chine et des É.-U.
(en points de pourcentage)
Premièrement, le fait que le système financier de la Chine
soit encore à l’étape de l’adolescence lui a été profitable.
Quand le système financier mondial s’est enrayé à la fin
de 2008, la Chine a été moins touchée que d’autres pays
parce que son système financier est relativement petit,
moins élaboré et moins intégré sur le plan mondial. De
plus, ses banques avaient déjà été restructurées avec
succès avant que la crise mondiale ne commence.
Figure 1 : Croissance spectaculaire du PIB de la Chine
15
12
La Chine dépasse
les É.-U. grâce au
crédit
9
6
3
0
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
Nota : Écart entre la croissance annuelle du PIB réel de la Chine et celle du PIB
réel des États-Unis. Sources : CNBS, BEA, Haver Analytics, RBC GMA
Figure 2 : La croissance de la Chine serait moins rapide
sans les emprunts
16
Croissance annuelle du PIB (%)
L’économie de la Chine a fait preuve d’une résistance
enviable tout au long de la crise financière mondiale,
surpassant le reste du monde (figure 1). Ce résultat a donné
du poids à l’opinion selon laquelle le capitalisme d’État
de la Chine, unique en son genre, est d’une certaine façon
plus robuste que le capitalisme de libre marché qui a cours
en Occident. D’après nous, cette explication est beaucoup
trop simpliste1. Nous croyons que deux autres facteurs
contribuent bien davantage au succès relatif de la Chine.
14
Avec emprunts
Sans emprunts
12
10
8
6
4
2
0
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
1
Le capitalisme d’État a l’avantage d’offrir de nombreux leviers politiques, mais il
peut devenir difficile à manier quand le pays s’enrichit.
Nota : Pour déterminer la croissance du PIB sans les emprunts, on suppose
qu’une augmentation d’un point de pourcentage du ratio crédit/PIB se traduit
par une croissance d’un quart de point de pourcentage du PIB.
Sources : Haver Analytics, RBC GMA
du financement parallèle au pays, et de l’endettement des
gouvernements locaux et du gouvernement central.
Notre conclusion la plus surprenante est que la situation
du crédit est étonnamment nuancée. Il est plus difficile que
nous l’avions prévu d’affirmer que la Chine a accordé trop
de crédit, que le secteur du logement est en surchauffe, que
les produits de gestion de patrimoine sont une mauvaise
idée ou que les gouvernements locaux seront bientôt en
défaut. Chaque aspect présente des problèmes réels,
mais dans une moindre mesure que ce qu’on imagine
couramment. De plus, ce qui est tout à leur honneur, les
autorités chinoises répriment maintenant les excès.
Bien sûr, cette répression a accentué le risque d’un
atterrissage brutal au cours de la prochaine année.
Même si l’atterrissage brutal pourra vraisemblablement
être évité, la préoccupation n’est pas négligeable. D’une
façon ou d’une autre, une croissance future moins
fulgurante du crédit se traduira fort probablement par
une croissance économique plus faible à l’avenir.
Figure 3 : Le crédit privé de la Chine est élevé par rapport aux
marchés émergents
R.-U.
344
Corée du Sud
210
É.-U.
171
Japon
165
Chine
161
Allemagne
156
Malaisie
137
Thaïlande
116
Inde
58
Indonésie
34
Philippines
6
0
40
80
120 160 200 240
Crédit privé en % du PIB nominal
Nota : Graphique établi selon les plus récentes données disponibles. Le crédit
privé comprend les prêts accordés aux secteurs non financiers et les titres de
créance émis par les secteurs financiers et non financiers.
Sources : Haver Analytics, RBC GMA
Figure 4 : Le financement social total de la Chine ne semble pas
excessif à première vue
R.-U.
Crédit privé en Chine
Nous commençons cette analyse par un aperçu de la situation
globale du crédit dans le secteur privé chinois. La tâche
n’est pas aisée : les données sont difficiles à obtenir, car
elles sont scindées de façon peu pratique et correspondent
imparfaitement à celles des autres pays.
Selon les données de la Banque des règlements internationaux
(BRI)2, le niveau du crédit privé en Chine a maintenant atteint
celui du monde développé – ce qui est un signe inquiétant
puisque les pays pauvres sont généralement beaucoup
moins endettés (figure 3). À 161 % du PIB, cette mesure
de l’endettement est maintenant bien supérieure à celles
des autres pays asiatiques et présente une ressemblance
inquiétante avec les excès de 1997, qui ont contribué à
déclencher la crise financière asiatique3.
Une définition plus large du crédit privé est ce que la Chine
appelle le « financement social total ». Grosso modo, cette
mesure ajoute le financement parallèle (y compris l’émission
d’actions) à la définition précédente du crédit privé4. D’après
cette mesure, le financement social total de la Chine est de
183 % du PIB. Bien que supérieur à celui de la première
définition, ce résultat semble en fait assez faible par rapport à
2
Correspond aux obligations de sociétés en circulation plus les prêts consentis
aux ménages et aux sociétés non financières.
3
Cela dit, on note l’absence d’autres déclencheurs importants en Chine, comme
des emprunts étrangers élevés ou une forte dépendance des banques envers le
financement de gros
4
Pour les pays autres que la Chine, notre calcul s’appuie sur les données de
l’OCDE.
2 REPÈRES ÉCONOMIQUES Numéro 23 • Juin 2013
350
280
498
É.-U.
389
Corée du Sud
335
Japon
296
Chili
246
Japon (1980)
246
Allemagne
223
Chine
183
Mexique
58
0
100
200
300
400
Financement privé en % du PIB nominal
500
Nota : Le financement privé représente les emprunts effectués par le secteur
privé, hors banques, au moyen de prêts et d’émissions d’obligations et d’actions.
Les données pour la Chine correspondent au financement social total pour
mars 2013. Les autres données proviennent de l’OCDE, en date de 2009 pour le
Mexique et de 2011 pour tous les autres pays, à moins d’avis contraire.
Sources : Haver Analytics, Banque populaire de Chine, OCDE, RBC GMA
ceux d’autres pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni, qui
sont deux fois plus élevés (figure 4). En outre, il est rassurant de
voir la Chine afficher un financement social total inférieur à celui
enregistré par le Japon pendant son propre envol économique.
L’écart entre ces deux variables pourrait être en partie
attribuable à la petite taille relative du marché boursier chinois,
qui oblige le pays à recourir davantage au financement par
emprunt. Du fait de cette particularité, le résultat relatif de la
Chine est plus faible selon la mesure de la BRI, mais il semble
plus normal une fois l’ensemble des sources de financement
incluses dans le financement social total.
Une question de croissance, et non d’ampleur
Peu importe, les deux mesures du crédit convergent vers
un même point essentiel : la Chine a connu une croissance
Repères économiques
du crédit considérable depuis la crise financière. Le crédit a
enregistré un bond allant de 47 % à 70 % du PIB au cours des
cinq dernières années (figures 5 et 6). Ce rythme effréné est
supérieur à celui de tout autre pays que nous avons examiné.
Cet enthousiasme est inquiétant. Les bulles du crédit ont
souvent moins à voir avec le niveau absolu du crédit qu’avec le
taux d’accroissement du crédit. Selon une règle pratique, une
bulle du crédit est à prévoir quand le ratio crédit/PIB dépasse
40 % du PIB pendant cinq ans. La Chine a accompli cet exploit
discutable d’après les deux mesures du crédit.
Le crédit a mauvaise presse
Précisons qu’un levier modeste – quand la croissance du crédit
est à peine supérieure à la croissance économique – est normal.
Lorsque les pays s’enrichissent, ils peuvent généralement
soutenir un élargissement des marchés financiers et octroyer
davantage de crédit. Cette causalité peut aussi aller dans
le sens inverse : la hausse du crédit – dans des proportions
raisonnables – est l’un des moyens qu’utilisent les pays pour
s’enrichir (figure 7).
De plus, le crédit ne doit pas être envisagé seulement dans le
contexte du fardeau qu’il représente pour les emprunteurs. Les
emprunteurs cherchent activement du crédit. Et pour chaque
emprunteur, il y a un épargnant diligent. Le marché du crédit est
un remarquable mécanisme d’appariement des épargnants et
des emprunteurs, qui offre un environnement plus productif aux
fonds excédentaires.
Figure 5 : Le crédit privé de la Chine s’accroît à un rythme inégalé
Chine
R.-U.
Corée du Sud
Thaïlande
Malaisie
Indonésie
Inde
Japon
Philippines
Allemagne
É.-U.
47
39
37
20
15
9
7
4
0
0
-17
-25
0
25
50
Variation sur 5 ans du crédit privé en % du PIB nominal
(en points de pourcentage)
Nota : Graphique établi selon les plus récentes données disponibles. Le crédit
privé comprend les prêts accordés aux secteurs non financiers et les titres de
créance émis par les secteurs financiers et non financiers.
Sources : Haver Analytics, RBC GMA
Figure 6 : Le financement social total de la Chine augmente de
façon alarmante
Chine
70
Corée du Sud
44
Mexique
20
Chili
1
É.-U.
1
Allemagne
-6
R.-U.
-25
Japon -69
Contrepoids propres à la Chine
Premièrement, on note peu de signes de tensions évidentes
sur les marchés du crédit chinois. Les prêts bancaires non
rentables ont beaucoup diminué pendant la période même
où la croissance du crédit s’est accélérée (figure 8). De
façon générale, les ratios d’adéquation des fonds propres
des banques s’améliorent (même s’ils restent faibles
d’après les normes mondiales). Il est vrai que récemment,
quelques emprunteurs ont manqué à leurs engagements
liés à des obligations de sociétés ou des produits de gestion
de patrimoine, que quelques banques ont soi-disant été
incapables de rembourser leurs prêts et que les taux des prêts
interbancaires ont augmenté. Cependant, nous ne prévoyons
pas de véritable déluge.
Deuxièmement, en raison de moyens de contrôle efficaces sur
les mouvements de capitaux, la majeure partie des emprunts de
la Chine sont libellés dans sa propre monnaie et sont financés
au pays. Par conséquent, la Chine est moins exposée que bien
d’autres marchés émergents au risque que l’agitation du marché
-80
-40
0
40
80
Variation sur 5 ans du financement privé en % du PIB nominal
(en points de pourcentage)
Nota : Le financement privé représente les emprunts effectués par le secteur
privé, hors banques, au moyen de prêts et d’émissions d’obligations et
d’actions. Les données pour la Chine correspondent au financement social total
pour mars 2013. Les autres données proviennent de l’OCDE, en date de 2009
pour le Mexique et de 2011 pour tous les autres pays, à moins d’indication
contraire. Sources : Haver Analytics, Banque populaire de Chine, OCDE, RBC GMA
Figure 7 : Les pays peuvent s’endetter davantage à mesure qu’ils
s’enrichissent
60 000
50 000
PIB réel par habitant
(2005, en $ US)
Il y a aussi certains facteurs importants qui réduisent le risque
de crédit en Chine.
40 000
30 000
20 000
10 000
0
0
200
400
Ratio dette/PIB (%)
600
800
Nota : Graphique à nuage de points des données longitudinales de 32 pays.
Sources : Haver Analytics, RBC GMA
3
Troisièmement, la Chine est un épargnant net, et non un
emprunteur. Grâce à des années d’excédent du compte courant,
le pays affiche une position extérieure globale positive de
1 800 milliards de dollars US. En dépit de ses emprunts
excessifs, la Chine s’est montrée encore plus obsédée par
l’épargne (figure 9), ce qui assure un minimum de protection.
Quatrièmement, les banques chinoises et les sociétés d’État
sont extrêmement malléables. Si le crédit venait à subir un
gel soudain, le gouvernement pourrait en atténuer l’impact
en ordonnant aux institutions financières de poursuivre les
prêts, de rééchelonner la dette et d’acheter plus d’obligations
gouvernementales.
Prudence à l’égard du crédit
Au final, chose étonnante, il n’est pas certain que la dette privée
de la Chine soit trop élevée, mais sa croissance a manifestement
été trop rapide. Même si plusieurs facteurs atténuaient le coup
porté par un ralentissement du crédit, les risques de recul
sont anormalement élevés et le fait est que le crédit ne peut
continuer d’augmenter au rythme actuel en Chine.
Afin de mieux comprendre ces risques, nous examinons
maintenant plusieurs des principales composantes du marché
chinois du crédit.
Figure 8 : Les prêts non productifs ont fortement baissé en Chine
14
Ratio des prêts non productifs (%)
mondial incite les étrangers à cesser leurs prêts, faisant bondir
le coût de la dette libellée en devises.
12
10
8
6
4
2
0
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
Turquie -52
Mexique
-40
Indonésie
-38
R.-U.
-36
Brésil
-30
É.-U.
-28
Zone euro
-12
Emprunteur
net
Inde
Corée du Sud
Épargnant
net
-11
-9
Par exemple, même si le nombre de maisons neuves est, de
fait, probablement supérieur à des niveaux durables, nous ne
pouvons l’affirmer catégoriquement. La privatisation massive
des maisons a commencé il y a seulement 15 ans. Avant cela,
5
Comprend tant la construction résidentielle que non résidentielle.
4 REPÈRES ÉCONOMIQUES Numéro 23 • Juin 2013
21
Japon
Surchauffe du logement
Justification de la construction
2013
Figure 9 : Globalement, l’économie chinoise affiche une épargne
(et non une dette) nette
Chine
60
-60
-40
-20
0
20
40
Position extérieure globale nette en % du PIB
60
Nota : Graphique fondé sur la dernière année pour laquelle des données
existent. Sources : Haver Analytics, FMI, RBC GMA
Figure 10 : Mises en chantier en milieu urbain de la Chine
21
Logements achevés (en millions)
Le marché chinois du logement a connu un prodigieux essor,
contribuant considérablement à la croissance du crédit
par le truchement du financement des constructeurs et
des hypothèques. Un examen sommaire laisse croire qu’il
y a matière à s’inquiéter. Nous estimons la construction
de logements en zone urbaine à environ 20 millions de
nouvelles unités par année, ce qui dépasse de loin la demande
démographique, qui est de l’ordre de 9 à 16 millions d’unités
(figure 10). La construction5 a augmenté de façon considérable
par rapport au PIB. Les prix des maisons sont de nouveau en
hausse (figure 11) et s’élèvent déjà à 22 fois le revenu annuel
des ménages dans la ville où les excès sont les pires, comme le
montre la figure 12. Les histoires de spéculation effrénée sont
nombreuses. Cependant, il faut faire une nuance importante
pour chacun de ces excès.
2012
Sources : Commission chinoise de réglementation des banques,
Haver Analytics, RBC GMA
18
Offre
(20,3)
Les mises en chantier ont
presque doublé en 5 ans
et semblent excéder la
demande
Demande C
(16,4)
15
12
Demande B
(12,2)
9
Demande A
(9,1)
6
3
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
Nota : La « Demande A » correspond à une augmentation nécessaire du nombre
de logements en milieu urbain de 5,6 % (en tenant compte d’une augmentation
de la population urbaine de 3 %, d’un déclin de la taille des ménages de 0,6 %
et d’un taux de démolition de 2 %). La « Demande B » est calculée en tenant
compte d’une croissance identique de 5,6 %, mais en supposant que le ratio
nouveaux ménages/nouveaux logements est de 1 pour 1 (plus que le taux actuel).
La « Demande C » étend l’hypothèse précédente en supposant que l’écart actuel
entre les ménages et les logements sera comblé d’ici 20 ans. Le nombre de
logements achevés est calculé sur la base de 100 m2 par logement.
Sources : Haver Analytics, RBC GMA
Repères économiques
Enfin, nous trouvons une certaine consolation dans plusieurs
autres observations. Tout d’abord, les données officielles sur
les logements inoccupés demeurent assez faibles en termes
absolus, ce qui enlève un peu de poids à l’argument selon
lequel la spéculation effrénée gonfle considérablement la
demande (figure 13). En fait, moins de 10 % des ménages qui se
situent dans les quatre derniers quintiles de l’échelle du revenu
possèdent plus d’une maison, et c’est le cas de seulement la
moitié des ménages dans le premier quintile.
6
La Chine s’est récemment fixé un objectif de 250 millions de nouveaux citoyens
urbains pour les 12 prochaines années, soit environ 125 millions de nouveaux
ménages. Dans ce cas, la croissance des ménages urbains serait de 3,4 % par an,
un peu au-dessus de notre hypothèse de 3 %.
Indice du prix moyen des logements
dans 70 villes (var. d'une année sur
l'autre en %)
6
5
4
3
2
1
0
-1
-2
janv. 2011
oct. 2011
juill. 2012
avr. 2013
Nota : Indice fondé sur la moyenne des variations du prix des logements dans les
immeubles résidentiels nouvellement construits de 70 villes chinoises.
Sources : CNBS, Haver Analytics, RBC GMA
Figure 12 : Le ratio prix des logements/revenu en Chine figure
en tête de liste
22
24
20
16
16
13 13
Beijing
Londres
Shanghai
New York
Chongqing
0
Shenzhen
Toronto
Los Angeles
4
Hong Kong
6
Tokyo
6
Tianjin
6
10
9 10
Sydney
6
8
7
Guangzhou
4
5
7
Wellington
12
Singapour
Indépendamment de la demande, le niveau auquel le nombre
de logements achevés peut fléchir est également limité. Le
plus récent plan quinquennal de la Chine prévoit 36 millions de
nouveaux logements abordables entre 2011 et 2015. Près de
10 millions de logements abordables devront donc être
construits chaque année d’ici la fin de la période pour que la
cible soit atteinte. Cette activité stimulerait considérablement le
secteur de la construction.
7
Ratio prix des logements/revenu
annuel
En outre, la demande reste artificiellement limitée. Des
restrictions sont imposées aux citoyens chinois quant à l’endroit
où ils peuvent choisir de vivre ou de détenir une propriété.
Les citoyens ruraux peuvent travailler dans les villes en tant
que travailleurs migrants, mais ils ne peuvent s’y établir, car
ils n’ont pas le droit de posséder une maison et n’ont pas
accès à l’éducation publique, aux soins de santé et aux autres
services sociaux locaux. Par conséquent, environ 125 millions
de travailleurs migrants vivent dans des dortoirs d’entreprises.
C’est peut-être la raison pour laquelle il y a 86 millions de
ménages urbains de plus que de logements urbains. Des
réformes à venir dans le secteur immobilier pourraient ouvrir
la porte à un accroissement de la demande de logements.
Notre scénario le plus optimiste, présenté à la figure 10,
prévoit une correction graduelle de ce déséquilibre au cours
des 20 prochaines années, mais il est possible que l’écart se
résorbe plus rapidement, ou que le processus d’urbanisation
s’accélère, rendant notre hypothèse d’un taux de croissance de
la population urbaine de 3 % trop prudente6.
Figure 11 : Les prix des logements montent de nouveau en Chine
Nota : Graphique établi à l’aide des données de 2011. Sources : Rapport sur la
stabilité financière dans le monde (FMI, avril 2012), RBC GMA
Figure 13 : Les logements vacants augmentent rapidement en
Chine, mais pas de manière excessive
% de logements vacants en milieu urbain
le parc immobilier a essentiellement stagné pendant une
génération, la construction résidentielle accusant un net retard
sur la demande marginale jusqu’à il y a environ sept ans. Il y
a donc un important retard à rattraper. De plus, étant donné
l’enrichissement du pays, il est normal que les ménages chinois
améliorent la qualité de leurs maisons. Ainsi, alors que le taux
de démolition annuel des maisons dans le monde développé est
de seulement 0,3 %, il pourrait bien être supérieur au taux de
2 % que nous avons estimé pour la Chine.
1,4
1,3
1,2
1,1
1,0
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
Nota : Les stocks de logements et le nombre d’unités vacantes sont calculés sur
la base de 100 m2 par logement. Sources : Haver Analytics, RBC GMA
5
L’accès au logement pourrait également être moins
inquiétant qu’il n’y paraît. Même si les prix des maisons
équivalent à plusieurs fois le revenu moyen, le phénomène
est courant et apparemment durable dans les pays
émergents. Ce fait pourrait s’expliquer comme suit :
lorsque les salaires triplent tous les dix ans, le ratio prix
des maisons/revenu n’est élevé que lorsque l’hypothèque
est contractée, étant beaucoup plus faible par la suite.
Une autre explication pourrait avoir trait à la qualité des
statistiques sur le ratio prix des maisons/revenu. Bon nombre
de Chinois achètent ou habitent des logements abordables,
et non pas les maisons au prix du marché sur lesquelles
portent les statistiques officielles. Par ailleurs, il se peut que
les statistiques sur le revenu ne tiennent pas compte du fait
que plusieurs familles partagent parfois un logement, ou du
nombre considérable d’« emplois informels » en Chine qui peut
entraîner une sous-estimation du revenu.
Corroborant aussi cet argument de façon indirecte, les coûts
réels des logements chinois représentent une part faible et
décroissante du revenu personnel. De plus, notre propre
estimation de l’accessibilité au logement – fondée sur le coût de
détention d’une hypothèque par rapport au revenu d’un ménage
– indique que l’accessibilité s’est en réalité améliorée depuis le
début de l’essor de la construction (figure 16).
Évaluation du secteur du logement
Ainsi, l’essor du secteur du logement en Chine présente bel
et bien deux facettes, et nous restons fort perplexes quant à
l’ampleur de tout excès. Il semble plus prudent de dire que
l’investissement immobilier ne peut continuer de croître à
son rythme récent. Il est passé de 2 % du PIB dans les années
6 REPÈRES ÉCONOMIQUES Numéro 23 • Juin 2013
9,9
9,8
8,8
8,7
15,5
13,9
13,8
13,5
12,9
21,4
20,0
5,9
5,4
0
4
8
12
16
20
24
Investissements immobiliers en % du PIB nominal
Nota : Graphique établi à l’aide des données de 2012, à moins d’indication
contraire. Les investissements immobiliers comprennent les investissements
résidentiels et non résidentiels. Sources : Haver Analytics, RBC GMA
Figure 15 : Le risque que présente le secteur immobilier pour les
banques augmente, mais reste raisonnable
21
20
19
18
17
16
15
14
13
12
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Nota : Les prêts liés aux logements regroupent les prêts accordés aux
promoteurs immobiliers et les prêts hypothécaires.
Sources : Haver Analytics, RBC GMA
Figure 16 : L’accessibilité à la propriété s’améliore en Chine
12
Part du logement dans les dépenses (g.)
Indice d'accessibilité à la propriété (d.)
11
Pire
accessibilité
10
120
110
100
90
80
9
8
2001
Meilleure
accessibilité
2003
2005
2007
2009
2011
70
Indice d'accessibilité à la propriété
(2001=100)
Amélioration de l’accessibilité
Corée du Sud (1990)
Japon (1980)
Corée du Sud
Australie
Chine
Canada
Inde (2011)
Allemagne
Japon
R.-U.
Mexique
Turquie
É.-U.
Prêts liés aux logements en % des
prêts totaux
Enfin, les banques chinoises semblent raisonnablement
exposées au risque que posent les constructeurs et les
hypothèques, qui représentent seulement 20 % de l’ensemble
de leurs prêts (figure 15). Ce niveau correspond à seulement
la moitié de celui des États-Unis, et est nettement inférieur à
ceux de la Thaïlande et de l’Indonésie pendant la période qui a
précédé la crise financière asiatique.
Figure 14 : Les investissements immobiliers en Chine ne sont pas
exceptionnels
Dépenses de logement en % des
dépenses de consommation totales
De plus, la part qu’occupe la construction dans le PIB de
la Chine n’est pas manifestement trop élevée par rapport
aux autres pays, ni en regard des envolées qu’ont connues
le Japon et la Corée du Sud à une étape de développement
similaire (figure 14). Il existe certes des exemples de projets
de construction inutiles : les villes dites « fantômes », telles
qu’Ordos et Zhengzhou, ont été allègrement dépeintes dans
la presse occidentale et illustrent crûment le danger qu’il y a
à investir sans discipline de marché. Ces villes sont toutefois
l’exception, et non la règle.
60
Nota : Dépenses établies à l’aide des données par habitant. L’indice
d’accessibilité correspond à la partie du revenu disponible moyen des ménages
nécessaire pour faire les versements sur prêt hypothécaire dans le cas d’un
logement moyen, en supposant un prêt sur 20 ans avec mise de fonds de 30 %.
Sources : Haver Analytics, RBC GMA
Repères économiques
Industrie parallèle
En Chine, l’industrie du financement parallèle a pris son essor
pratiquement du jour au lendemain, fournissant une source de
financement considérable et en pleine croissance aux agents
économiques (figure 19). Selon une estimation prudente, le
financement parallèle a bondi à un niveau colossal de
23 000 milliards de yuans (3 800 milliards de dollars US), ce
qui équivaut à 43 % du PIB de la Chine. D’après une définition
plus large8, ce niveau pourrait atteindre jusqu’à 63 % du PIB.
Après un départ au pied levé il y a quelques années seulement,
le financement parallèle représente maintenant près d’un tiers
du total des crédits privés et plus de la moitié des récents
mouvements de fonds (figure 20). Bien évidemment, cette
croissance ininterrompue suscite des doutes.
Les vertus du financement parallèle
Malgré son nom inquiétant, le financement parallèle présente
plusieurs aspects positifs.
L’attrait du financement parallèle découle en grande partie
d’une inadéquation fondamentale au sein du système financier
restrictif de la Chine. Les entrées et sorties de capitaux
étrangers sont limitées, les prêts bancaires sont restreints
par une combinaison de quotas et de réserves obligatoires,
les taux d’intérêt sont réprimés à des niveaux anormalement
bas et la majeure partie des sociétés inscrites en bourse sont
majoritairement détenues par l’État.
Inv. imm. dans la promotion
immobilière en % du PIB
14
12
10
8
6
4
2
0
1986
1991
1996
2001
2006
2011
Nota : « Inv. imm. » signifie investissements en immobilisations.
Sources : CNBS, Haver Analytics, RBC GMA
Figure 18 : Les ménages chinois sont fortement endettés
100
É.-U.
Légèrement inférieur aux É.-U.
Chine en % des É.-U.
Après l’épreuve de l’effondrement du marché boursier chinois
en 2007, le secteur du logement a été populaire auprès des
investisseurs chinois. Cependant, étant donné que les autorités
continuent de réprimer les excès de ville en ville en accentuant
les barrières à l’entrée et en décourageant la spéculation7,
le secteur du logement devrait cesser de contribuer aussi
fortement à la croissance économique et pourrait commencer à
constituer un frein.
Figure 17 : Les investissements immobiliers augmentent
régulièrement
80
60
86 %
Les ménages
chinois sont plus
endettés qu'il n'y
paraît
Dette des ménages/RD
40
20
0
2000
25 %
Dette des ménages/PIB
La mesure
traditionnelle minimise l'endettement
2002
2004
2006
2008
2010
2012
Nota : Comparaison entre le ratio dette des ménages/revenu disponible (RD) et le
ratio dette des ménages/PIB de la Chine et ceux des États-Unis. Chaque ratio de
la Chine est exprimé en % du ratio des États-Unis correspondant.
Sources : Haver Analytics, RBC GMA
Figure 19 : Le système financier parallèle de la Chine affiche une
expansion rapide
190
170
% du PIB
1980 à 14 % aujourd’hui (figure 17). Le taux d’inoccupation est
peut-être bas, mais il augmente manifestement. La façon qu’ont
les constructeurs de se financer eux-mêmes sur le marché des
produits de gestion de patrimoine n’est pas durable. En outre,
l’endettement des ménages – bien qu’encore faible par rapport
au PIB – n’est pas de beaucoup inférieur à celui des États-Unis
en regard d’une mesure plus pertinente : le revenu disponible
(figure 18).
150
Financement parallèle
Financement privé total
Prêts bancaires traditionnels
130
110
90
7
Les obstacles pourraient être, par exemple, des limites hypothécaires strictes
sur les deuxièmes propriétés, des taxes foncières qui haussent le coût de
détention d’un logement et des frais qui accentuent le coût d’achat-revente d’un
logement.
8
La principale différence est l’inclusion des actions.
70
2002
2004
2006
2008
2010
2012
Nota : Le financement privé total s’aligne sur le « financement social total », qui
comprend les prêts bancaires et une définition large du financement parallèle
incluant les actions. Sources : CNBS, Banque populaire de Chine,
Haver Analytics, RBC GMA
7
Inévitablement, l’appât du gain fait qu’on tente de
contourner de tels obstacles artificiels. Les déposants
insatisfaits et les emprunteurs éconduits ont naturellement
fait bon ménage et se sont rejoints dans la sphère du
financement parallèle. Les premiers sont prêts à prêter leur
argent en échange d’un taux de rendement supérieur (un
produit de gestion de patrimoine standard peut offrir un
taux de 4 à 8 %). Les seconds sont prêts à payer ce taux
d’emprunt supérieur en échange d’un accès au crédit.
En prime, le financement parallèle offre vraisemblablement un
système d’attribution des capitaux plus efficace. Contrairement
à ce qui se produit dans le système bancaire traditionnel, ce
sont les forces du marché qui déterminent avant tout où le
financement parallèle sera dirigé. Et parce que le secteur privé
obtient une partie disproportionnée de ces fonds, on peut dire
que les capitaux sont probablement affectés plus efficacement
(figure 22).
Les différents types de financement parallèle
L’expression « financement parallèle » englobe à peu près
tout ce qui n’est pas un prêt bancaire conventionnel (figure
23). Ainsi, la définition inclut des instruments assez simples
(bien qu’ils ne soient pas sans risque) comme des acceptations
bancaires et des obligations de sociétés. La définition la plus
large inclut même des actions. Ces produits, qui sont monnaie
courante partout dans le monde, sont raisonnablement bien
réglementés et reconnus pour remplir une fonction importante
et incontestable.
Il existe une poignée d’autres instruments, plus exotiques,
plus dangereux et plus propres à la Chine, dont les principaux
9
Au moins 98 % des obligations chinoises en circulation sont émises par le
gouvernement ou par des sociétés d’État.
8 REPÈRES ÉCONOMIQUES Numéro 23 • Juin 2013
Ratio prêts bancaires/financement total
De plus, les sociétés privées sont dépourvues de crédit. Le
crédit bancaire est difficile à obtenir, car des limites sont
imposées aux banques quant au montant qu’elles peuvent
offrir et aux taux d’intérêt qu’elles peuvent appliquer. Compte
tenu de ces contraintes, les institutions financières préfèrent
bien entendu la sûreté et la reconnaissance politique qui
s’obtiennent en consentant des prêts au gouvernement et à des
emprunteurs détenus par l’État. Par ailleurs, les marchés des
actions et des obligations ont beau croître, ils restent fermés à
la plupart des sociétés qui cherchent à obtenir des capitaux9.
Figure 20 : Les emprunteurs se tournent vers d’autres sources de
financement
1,0
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
2003
2005
2007
2009
2011
2013
Nota : Part des nouveaux prêts en renminbi dans le financement social total créé.
Sources : Banque populaire de Chine, Haver Analytics, RBC GMA
Figure 21 : Les taux d’intérêt sont largement réprimés en Chine
Chine
Inde
Indonésie
É.-U.
Mexique
R.-U.
Brésil
Zone euro
Japon
-12
-9
-6
-3
0
3
Différentiel de croissance entre les taux d'intérêt et le PIB
nominal (en points de pourcentage)
Nota : Graphique établi selon les plus récentes données disponibles. Le
différentiel correspond au taux d’intérêt de référence moyen de la banque
centrale sur 5 ans moins le taux de croissance du PIB nominal sur 5 ans.
Sources : Haver Analytics, RBC GMA
Figure 22 : Les entreprises privées utilisent leurs capitaux plus
efficacement
14
12
Rendement de l'actif
Deux grandes sources de tensions émergent de ces
caractéristiques. Tout d’abord, les investisseurs sont
mécontents de la rareté des occasions d’investissement
(70 % des actifs des ménages sont composés de dépôts et de
liquidités) et de la faiblesse des taux d’intérêt prescrits pour
leurs dépôts bancaires (figure 21).
Entreprises privées
Ensemble des entreprises
Entreprises contrôlées par l'État
10
8
6
Le RDA des entreprises
contrôlées par l'État est
environ la moitié de
celui des entreprises
privées
4
2
0
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
Nota : Le rendement de l’actif (RDA) des entreprises industrielles chinoises
correspond au ratio bénéfice/actif total. Sources : Haver Analytics, RBC GMA
Repères économiques
sont les produits de gestion de patrimoine (PGP)10. Les PGP
apparient un groupe d’investisseurs avec des occasions
d’investissement précises. En très grande majorité, ils offrent
un taux de rendement fixe et ont une échéance de moins d’un
an. Cependant, au-delà de ces points communs, les PGP sont
extrêmement variés (encadré A).
L’agence de notation Fitch estime que les PGP ont grimpé d’un
niveau presque nul au début de 2009 à près de
12 000 milliards de yuans à la fin de 2012, ce qui représente
une part impressionnante de 50 % du financement parallèle
actuellement en cours (figure 24).
Les dangers des PGP
Ici, le profil du financement parallèle passe de positif à négatif.
À la fin de 2012, Xiao Gang, alors président de l’une des quatre
plus grandes banques de la Chine, a affirmé sans ambages que
les PGP sont fondamentalement des combines à la Ponzi. Peu
après, des pertes majeures au titre d’un produit de gestion de
patrimoine ont été annoncées publiquement. D’autres pertes de
ce genre semblent inévitables.
Les PGP entraînent plusieurs problèmes importants :
10
Contournement des quotas de prêts : Les PGP (tout comme
d’autres formes de financement parallèle) compromettent
les efforts du gouvernement pour contrôler la circulation du
crédit au moyen de quotas de prêts. L’économie est donc
inondée d’une quantité de crédit plus élevée que souhaité.
ENCADRÉ A : DONNÉES SUR LES PGP
Type d’investisseur : Les investisseurs sont très souvent des
particuliers fortunés. Cependant, le seuil d’investissement
minimal est régulièrement contourné au moyen de la mise en
commun des ressources d’une famille ou d’une communauté,
qui offre un accès aux ménages ordinaires. De plus, il n’est
pas rare que les entreprises, y compris les grandes sociétés
d’État, placent leur excédent de trésorerie dans des PGP.
Destination des investissements : L’argent est investi de
différentes façons. Une partie importante va aux promoteurs
immobiliers et aux projets d’infrastructure, et le reste à
un large éventail d’entreprises commerciales. Une partie
est même investie directement dans des actions et des
obligations (comme dans un fonds commun de placement).
Garantie : Certains PGP protègent le capital de l’investisseur
contre les pertes, mais d’autres ne le font pas. Parmi ceux
qui sont garantis, certains sont appuyés par l’institution
facilitatrice et d’autres, par une société de garantie des
investissements externe.
Facilitateur : Plus de la moitié des PGP offerts sont négociés
et commercialisés par des banques, les autres étant gérés
par des sociétés de fiducie.
Les prêts fiduciaires et les prêts informels en sont d’autres exemples.
Figure 24 : Les produits de gestion de patrimoine affichent une
forte croissance depuis quelques années
Figure 23 : Portrait du système financier parallèle
Financement
parallèle
Marché obligataire
traditionnel
 Risque modéré
 Concordance des
échéances
 Assez transparent

Source : RBC GMA
Produits de gestion
de patrimoine
 Risque modéré
 Divergences des échéances
 Opaque

Prêts privés
 Risque élevé
 Assez transparents
 Risques compris et assortis
d'une compensation
satisfaisante

Produits de gestion de patrimoine
émis par les banques (nombre par mois)
3200
2800
2400
2000
1600
1200
800
400
0
2009
2010
2011
2012
2013
Sources : CASS, Haver Analytics, RBC GMA
9
Opacité : Lors d’une analyse récente, Reuters a pu
déterminer la destination d’investissement ultime de
seulement deux des 50 produits de gestion de patrimoine
examinés par le service de nouvelles. Les investissements
risqués ont certes leur place, mais seulement s’il est
possible d’évaluer le niveau de risque.
Combine à la Ponzi : Les fournisseurs de PGP semblent
couramment dissimuler des pertes antérieures en émettant
des tranches subséquentes de PGP et en utilisant ces
injections de nouveaux capitaux pour rembourser les
anciennes pertes, plutôt que pour financer de nouveaux
investissements. De fait, cette pratique n’est rien d’autre
qu’une combine à la Ponzi.
Risque de l’investisseur : Les PGP ne sont pas les « comptes
d’épargne à intérêts élevés » imaginés par bon nombre
d’investisseurs. L’argent est prêté à des sociétés pour
des projets qui présentent évidemment un certain risque
d’échec. Même parmi les PGP offrant une garantie du
capital, un risque important demeure, car plusieurs des
protections sont fournies par des sociétés de garantie
des investissements qui seraient, selon la rumeur,
insuffisamment capitalisées pour faire face à des pertes
multiples.
Risque du facilitateur : Certains PGP sont explicitement
garantis par la banque ou la fiducie qui les négocie, plutôt
que par une société de garantie des investissements.
Les pertes potentielles pourraient donc être imputées
au facilitateur dans ces cas. Même parmi les PGP sans
garantie, on croit généralement qu’il y a une garantie
implicite du facilitateur. Selon la réaction des responsables
de la réglementation, il pourrait en résulter des pertes
inattendues pour les facilitateurs.
Risque de l’emprunteur : Les PGP souffrent d’une
inadéquation considérable des échéances. La vaste
majorité des PGP ont une échéance de moins d’un an et
sont pourtant largement utilisés pour financer des projets
de construction et d’infrastructure dont le remboursement
prend des décennies. S’il devait arriver que les investisseurs
se désintéressent soudainement des PGP, les emprunteurs
connaîtraient une crise de liquidité qui pourrait provoquer la
faillite de plusieurs et qui, par ricochet, pénaliserait aussi les
investisseurs et les facilitateurs.
La rectification des PGP
Heureusement, la plupart des lacunes des PGP peuvent être
corrigées et sont, de fait, pour la plupart en train de l’être.
Par exemple, la Chine commence à reconnaître que les quotas
de prêts ne sont plus un moyen infaillible de contrôler la
10 REPÈRES ÉCONOMIQUES Numéro 23 • Juin 2013
circulation du crédit, puisque les prêts bancaires ne sont plus la
seule source de crédit. Les responsables de la politique devront
compter davantage sur le niveau auquel ils établissent les taux
s’ils veulent influencer à la fois les circuits de prêts bancaires et
non bancaires.
Plus précisément, la sous-réglementation considérable des
PGP commence à être prise en charge, des règles ayant été
récemment modifiées pour créer des produits plus sûrs et
plus transparents. Les banques ont reçu l’ordre d’utiliser avec
prudence l’argent amassé au moyen de PGP, et sont maintenant
tenues d’enregistrer tous les PGP auprès du gouvernement.
Elles doivent aussi dorénavant lier chaque produit à un
investissement sous-jacent précis, plutôt qu’à un groupe
d’investissements indifférenciés. Cette exigence signifie que les
PGP ne peuvent plus fonctionner comme une combine à la
Ponzi déguisée.
Il a également été demandé aux banques de limiter les
placements non inscrits en bourse à 35 % de l’ensemble
des actifs des PGP qu’ils émettent, et de veiller à ce qu’ils ne
dépassent pas 4 % des actifs de la banque. Les institutions
financières ont aussi reçu pour instruction d’éviter d’offrir
des garanties du capital et pourraient finir par être obligées
de prévoir des provisions pour d’éventuelles pertes. D’une
opacité notoire, les ventes de produits tiers (quand une banque
commercialise un PGP créé par un tiers fiduciaire) pourraient
être interdites. Les banques de petite taille pourraient aussi
complètement perdre le droit d’émettre des PGP, ce qui
faciliterait la réglementation de l’industrie. Ces modifications,
ainsi que d’autres modifications proposées, ne garantissent
pas que tous les PGP seront sûrs, mais ils devraient être plus
sûrs qu’ils ne l’étaient. De plus, en raison d’une plus grande
transparence, il sera possible d’établir plus adéquatement le
prix du risque qui demeure.
Ces modifications réglementaires font partie d’un processus
en cours, mais les intentions du gouvernement laissent
peu de place au doute. Il cherche non pas à éradiquer les
PGP – ces produits et ceux du même acabit jouent un rôle
trop important dans le financement des infrastructures
et des sociétés privées dépourvues de capitaux – mais
plutôt à corriger leurs lacunes les plus flagrantes et à
réduire le risque systémique qu’ils ont engendré.
Un problème important subsiste cependant, soit l’inadéquation
des échéances. À première vue, il semblerait y avoir un moyen
de le résoudre : exiger des émetteurs qu’ils prolongent
l’échéance des nouveaux PGP afin qu’elles correspondent
à la longue période de remboursement de l’investissement
sous-jacent. Mais les choses ne se passent pas ainsi et de
telles mesures sont plus difficiles à mettre en œuvre qu’il n’y
Repères économiques
paraît11. D’ici à ce que ce soit chose faite, un risque de baisse
considérable demeure. S’il advenait que les investisseurs
prennent peur, l’industrie de PGP pourrait quand même être
durement touchée, ce qui aurait des conséquences majeures
pour les investisseurs, les facilitateurs et les emprunteurs12.
Figure 25 : Avantages et inconvénients des produits de
gestion de patrimoine
AVANTAGES
L’avenir du financement parallèle
Cependant, les produits de gestion de patrimoine ont
de bons et de mauvais côtés (figure 25). Parmi les
aspects positifs, ils réalisent un objectif essentiel en
acheminant le crédit au secteur privé et en offrant un
taux de rendement raisonnable aux investisseurs chinois
dépourvus de rendements. Ils jouent également un rôle
utile d’incubateur du capitalisme de libre marché au sein
d’un système chinois principalement axé sur l’État.
Endettement des gouvernements locaux
Jusqu’à tout récemment, les gouvernements locaux n’avaient
pas le droit d’émettre de titres de créance. Il peut donc sembler
étrange qu’ils aient réussi à accumuler une dette aussi élevée.
Les ratios d’endettement des gouvernements locaux ont
11
L’attrait des PGP tient en grande partie au fait que ce sont des investissements
à court terme offrant un rendement élevé. S’ils devenaient des investissements
à long terme offrant un rendement élevé, ils cesseraient d’être bien différents
des obligations de sociétés, qui n’ont suscité qu’un appétit limité chez les
investisseurs chinois.
12
En toute justice, la Chine tire parti d’un compte de capital fermé qui limite
les dommages d’une brusque correction de l’industrie des PGP. Comme l’argent
ne peut facilement quitter le pays, les sommes retirées des PGP finiraient
par retourner dans le système bancaire, et les banques pourraient avoir pour
instruction de continuer de prêter aux emprunteurs délaissés.
Rendements supérieurs
pour l’investisseur
Incubateur du capitalisme
de libre marché
Réduit l’importance des
banques
Crédit excédentaire
possible
Risques pour
l’investisseur, le
facilitateur et l’emprunteur
Placements opaques
Divergences des échéances
Source : RBC GMA
Figure 26 : Les taux d’intérêt sont largement réprimés en Chine
Cependant, même si plusieurs des problèmes commencent
à être corrigés, l’industrie des PGP est confrontée
à sa période de risque maximal alors que les PGP
problématiques arrivent à échéance et seront ensuite
soumis au nouveau régime de réglementation. Il est fort
probable que des défaillances additionnelles de PGP
seront révélées au cours de la prochaine année.
Si l’industrie des PGP réussit à franchir ces obstacles, le
secteur pourrait même poursuivre sa croissance par la suite.
Cependant, une fois que les investisseurs, les facilitateurs et
les emprunteurs comprendront mieux les risques, l’appétit
gargantuesque pour ce marché devrait finir par diminuer,
l’appétit des investisseurs étant partiellement détourné vers des
produits plus appropriés, comme les obligations de sociétés et
les fonds communs de placement.
Dirige le crédit vers
le secteur privé, dont
l’efficacité est meilleure
Encours de la dette des
gouvernements locaux en % du PIB
De nombreux aspects du financement parallèle peuvent et
continueront de s’épanouir en Chine. Par exemple, il n’y a
absolument rien de mal à une expansion du marché obligataire
ou du marché boursier.
INCONVÉNIENTS
40
35
30
25
20
15
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Nota : Projections de RBC après 2010. La partie en couleur représente la
fourchette des estimations. Sources : Bureau de contrôle national de la Chine,
Haver Analytics, RBC GMA
doublé au cours des six dernières années pour atteindre un
niveau considérable de 30 à 40 % du PIB (figure 26). Ce chiffre
est supérieur aux statistiques du gouvernement central. La
principale menace n’est toutefois pas tant le niveau actuel de la
dette – qui est quand même assez bas selon diverses mesures –
que le fait qu’elle continue de croître aussi rapidement.
Comment les gouvernements locaux ont-ils réussi cet
exploit malheureux ? C’est le fruit d’un vide juridique, d’une
inadéquation structurelle persistante et d’un décret du
gouvernement central.
Grâce à un vide juridique, les gouvernements locaux peuvent
créer des sociétés tierces de financement. À leur tour, ces
sociétés peuvent emprunter auprès des banques, au moyen de
PGP et sur le marché obligataire13.
13
Les prêts bancaires représentaient 79 % de la dette des gouvernements locaux
en 2010, mais ce chiffre a probablement beaucoup diminué depuis.
11
Enfin, le gouvernement central, redoutant un effondrement de la
production économique, a entrepris un programme de relance
géant en 2008. Il a adopté un décret pour que les banques
prêtent aux gouvernements locaux et que les gouvernements
locaux entreprennent des investissements en infrastructures
massifs. Les banques et les gouvernements locaux ont
fidèlement suivi ces directives. Par conséquent, le niveau
d’endettement des gouvernements locaux a monté en flèche.
Le problème des gouvernements locaux risque de devenir
encore plus préoccupant au moment où le marché du logement
de la Chine vacille. Les ventes de terrains et les projets de
construction représentent une part nettement démesurée de
l’ensemble des revenus limités que les gouvernements locaux
réussissent à générer eux-mêmes. Ces périodes de prospérité
ne dureront pas toujours.
Pour que les gouvernements locaux évitent
la catastrophe
Heureusement, il existe quelques moyens pour les
gouvernements locaux d’éviter la catastrophe.
Premièrement, une part massive de leur dette qui devait
échoir à la fin de 2012 a été refinancée de force sur l’ordre
du gouvernement central14, ce qui a repoussé l’échéance au
moins jusqu’en 2016. À tout le moins, cette mesure reporte une
prise en compte complexe, et en atténue peut-être même en
partie la complexité puisque bon nombre des nouveaux projets
d’infrastructure devraient générer des revenus d’ici là.
Deuxièmement, il est modérément réconfortant qu’une part
aussi importante des dépenses publiques locales vise les
infrastructures15. Les infrastructures offrent au moins un certain
avantage tangible et durable. À la limite, les gouvernements
locaux pourraient toujours réduire leurs dépenses en
infrastructures ou même en vendre certaines.
Figure 27 : Désendettement du gouvernement central de la Chine
à la suite de la crise financière
20
Encours de la dette du
gouvernement central en % du PIB
L’inadéquation persistante découle du fait que les
gouvernements locaux ont des obligations de dépenses
structurelles qui dépassent de loin leur accès aux recettes
fiscales. Ce problème a été en partie corrigé par le gouvernement
central, qui a effectué d’importants transferts représentant près
de la moitié des revenus des gouvernements locaux, mais même
ces sommes additionnelles ont été insuffisantes. L’écart restant
a été financé au moyen de créances.
19
18
17
16
15
14
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Sources : Ministère des Finances de la Chine, Haver Analytics, RBC GMA
Troisièmement, et plus important encore, le gouvernement
central appuie implicitement les gouvernements locaux16.
Advenant une défaillance en masse des gouvernements
locaux, les banques de la Chine encaisseraient d’abord le
coup. Cependant, il y a un précédent de longue date quant
à l’intervention du gouvernement central de la Chine pour
renflouer les banques lorsque les prêts non rentables montent
en flèche17. Ce précédent serait doublement important étant
donné que le gouvernement central a ordonné aux banques
d’accorder les prêts et aux gouvernements locaux de lancer
leurs projets d’infrastructure.
Perspectives locales
Certes, la situation des gouvernements locaux est inquiétante
et pourrait finir par nécessiter l’aide du gouvernement central
à mesure que les profits du marché du logement diminuent
et que les prêts arrivent à échéance. De nouveaux systèmes
pour surveiller la dette des gouvernements locaux et de
nouvelles limites de prêts bancaires pour les sociétés tierces de
financement sont mis en place. Même si ces mesures atténuent
les risques à long terme, elles les accentuent vraisemblablement
à court terme. Par conséquent, comme c’est le cas pour les PGP,
la prochaine année sera possiblement une période de risque
maximal. Néanmoins, la catastrophe est loin d’être assurée,
et l’important est que le gouvernement central reste prêt et
disposé à agir.
16
14
La Chine a l’habitude d’imposer le renouvellement des créances venant à
échéance qui pourraient être douteuses afin de rassurer les acheteurs. Cette
tactique pourrait bien être utilisée de nouveau à l’avenir.
15
Il serait beaucoup plus difficile de réduire les dépenses publiques si elles
étaient surtout concentrées dans les programmes sociaux.
12 REPÈRES ÉCONOMIQUES Numéro 23 • Juin 2013
Les marchés croient manifestement que la dette des gouvernements locaux est
garantie par le gouvernement central, puisque le taux de l’obligation à 5 ans de
Shanghai est très similaire à celui du gouvernement central.
17
Les banques ont été renflouées au début des années 1990 et de nouveau au
début des années 2000 à hauteur de 45 milliards de dollars. Récemment, en
2010, la banque centrale a réduit la dette au bilan des gouvernements locaux
d’environ 400 milliards de dollars en vue d’alléger leur fardeau.
Repères économiques
Dette du gouvernement central
L’élément salvateur de la Chine dans le contexte de tous ces
excès de crédit est la situation financière de son gouvernement
central. Même si tout un chacun semble avoir fait le plein
de crédit au buffet à volonté, le gouvernement central s’est
prudemment retenu, affichant un ratio dette/PIB très bas
de seulement 15 % en 2012 (figure 27). En toute franchise,
une comptabilisation exhaustive inclurait aussi la dette des
gouvernements locaux et quelques autres garanties implicites
(comme la dette des sociétés ferroviaires et les obligations
financières des banques « politiques »), ce qui porterait la dette
à un niveau plus élevé de 72 % du PIB (figure 28)18. Ce chiffre
est encore inférieur à celui de la plupart des pays développés,
mais n’est plus véritablement bas.
Les actifs comptent également
En revanche, la plupart des gouvernements ont peu d’actifs
vendables à leur nom, alors que la Chine en a littéralement une
multitude. Le gouvernement chinois possède des réserves de
devises de quelque 3 000 milliards de dollars US – ou 40 % du
PIB – qui suffiraient à éliminer toute la dette des gouvernements
locaux s’il le désirait19. Par ailleurs, la participation du
gouvernement central dans de nombreuses sociétés d’État
s’élève, selon une estimation très prudente, à près de
5 000 milliards de dollars20, ou 55 % du PIB.
En outre, comme nous l’avons déjà mentionné, la Chine est
très peu dépendante des investisseurs étrangers, et il n’est pas
facile pour les investisseurs chinois de retirer leur argent du
système fermé de la Chine.
Reconnaissant ces nuances, le Fonds monétaire international
(FMI) classe la vulnérabilité budgétaire de la Chine à un niveau
« moyen », alors que seulement deux de 33 pays sont classés à
un niveau « bas » et que plusieurs autres grands pays – dont le
Japon et les États-Unis – sont classés à un niveau
« élevé ». Nous sommes également de cet avis, même si nous
reconnaissons que la situation budgétaire de la Chine risque de
se détériorer quelque peu pendant que les autorités remédient
au désordre.
18
Soulignons que le FMI donne une estimation beaucoup plus généreuse de la
dette publique brute, soit seulement 21 % du PIB.
19
Les réserves de devises offrent de toute évidence une protection moins grande
qu’il n’y paraît au départ. Même si elles constituent une source importante
d’actifs liquides, elles sont essentiellement financées elles-mêmes par des
emprunts.
20
Selon une estimation très approximative établissant la valeur de l’actif
des sociétés d’État à 12 000 milliards de dollars, 75 % étant détenus par le
gouvernement, dont 50 % par le gouvernement central.
Figure 28 : Dette publique totale de la Chine en 2012
En % du PIB
Dette du gouvernement central
15
Dette des gouvernements locaux
37
Obligations des banques politiques en circulation
15
Dette de la compagnie de chemin de fer chinoise
Total
5
72
Nota : Des projections sont utilisées quand aucune donnée n’est disponible.
Sources : Credit Suisse, ministère des Finances, Bureau de contrôle national,
Bureau national de la statistique, Haver Analytics, RBC GMA
Conclusion
En conclusion, la situation du crédit de la Chine n’est pas aussi
mauvaise qu’il n’y paraît à première vue et pas aussi mauvaise
que nous l’avions craint. Cependant, elle n’est pas non plus
bonne. L’Empire du Milieu a manifestement été propulsé
dans une certaine mesure par des excès de crédit au cours
des dernières années. Maintenant que les responsables de la
réglementation répriment les excès et que, par conséquent, la
marée redescend, nous verrons si – pour paraphraser Warren
Buffett – la Chine nageait toute nue.
En ce qui concerne la dette des gouvernements locaux
et les produits de gestion de patrimoine, la réponse est
vraisemblablement « oui », même s’il y a des circonstances
atténuantes. Quant au marché du logement, la réponse est un
« peut-être » plus prudent.
Il est peu probable que les excès d’endettement des
gouvernements locaux disparaissent, mais les nouvelles limites
de prêts pourraient ralentir la croissance et le secteur devrait
finir par être renfloué par le gouvernement central.
En matière de PGP, les excès devraient être tempérés par
l’assaut réglementaire au cours de la prochaine année, mais la
période pourrait être agitée et malgré tout, une inadéquation
des échéances persistera.
Le marché du logement pourrait être plus résistant que la
plupart des gens ne l’imaginent, mais il devrait assurément
ralentir lui aussi au fil du temps.
L’une des raisons pour lesquelles il est si difficile de prévoir le
résultat précis est que les problèmes sont tous inextricablement
liés (figure 29). Les constructeurs résidentiels et les
gouvernements locaux sont tributaires des PGP, qui sont une
source importante de leur financement. Par ailleurs, les revenus
des gouvernements locaux dépendent grandement du marché
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du logement. Si un problème devait prendre de l’ampleur, les
autres pourraient aussi s’aggraver.
Malgré cette incertitude, il est raisonnable de conclure qu’il est
peu probable que l’économie chinoise affiche une croissance
du crédit aussi forte à l’avenir. Le taux de croissance du crédit
a déjà fléchi au cours des derniers mois, et les autorités ont
déployé peu d’efforts pour contrecarrer ce ralentissement.
Jusqu’à maintenant, la Chine s’est montrée très habile à
surmonter les embûches. On peut sûrement croire qu’il en
demeurera ainsi. Toutefois, la Chine a maintenant devant elle
une route anormalement parsemée d’embûches. On note
déjà un ralentissement du taux de croissance de l’économie,
malgré une accélération du taux de croissance du crédit. Si
la croissance du crédit devait retomber au niveau de celle du
PIB, la croissance économique pourrait diminuer de pas moins
de 4 points de pourcentage (revoir la figure 2). Ce scénario
est loin d’être extrême, mais il génère néanmoins un résultat
économique extrême.
Il est particulièrement important d’évaluer ce risque de façon
précise, non seulement pour la Chine, mais aussi pour le reste
du monde. La Chine est désormais la deuxième économie
mondiale, ce qui signifie qu’un ralentissement marqué dans ce
pays aurait des répercussions mondiales. C’est pourquoi les
excès de crédit de la Chine restent pour nous le deuxième risque
le plus important qui menace l’économie mondiale, devancé
seulement par l’instabilité fondamentale dans la zone euro.
Au cours des prochaines semaines, nous publierons un autre
rapport axé cette fois-ci sur le potentiel de croissance à long
terme de la Chine.
14 REPÈRES ÉCONOMIQUES Numéro 23 • Juin 2013
Figure 29 : Des excès interreliés
La vente de terrains
procure des
revenus importants
aux gouvernements locaux
MARCHÉ DU
LOGEMENT
GOUVERNEMENTS
LOCAUX
Finance les
constructeurs
Finance les
gouvernements locaux
FINANCEMENT
PARALLÈLE
Source : RBC GMA
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