Mise au point
Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 5, septembre-octobre 2001
e diabète est une affection chronique
caractérisée par une insuffisance, absolue
ou relative, de la sécrétion d’insuline par les
cellules βdu pancréas. Le diabète de type 1,
ou diabète insulino-dépendant, est dû à une
carence en insuline du fait de la destruction
des cellules βdu pancréas. Dans le diabète de
type 2, ou diabète non insulino-dépendant, le
pancréas ne sécrète plus suffisamment d'in-
suline et/ou l’insuline libérée est mal utilisée
par ces récepteurs : il y a une carence relative
en insuline. Dans tous les cas, les thérapies
standards ne suffisent pas toujours à normali-
ser les concentrations plasmatiques de gluco-
se et les problèmes cliniques majeurs associés
au diabète résultent des effets à long terme de
l’hyperglycémie. Les principales complica-
tions observées sont le réarrangement chi-
mique de certaines molécules, ou advanced
glycation end-products (AGE) à l’origine de
pathologies vasculaire, rénale et de neuropa-
thie (1). Un traitement insulinique intensif
permet de réduire ces risques avec malheu-
reusement, dans certain cas, la survenue
d’épisodes hypoglycémiques. Ainsi, le traite-
ment idéal du diabète serait, comme le font
les cellules β,de normaliser la concentration
plasmatique de glucose en utilisant cette gly-
cémie comme détecteur et déclencheur de la
sécrétion rapide et adaptée d’insuline (1, 2).
Le diabète de type 1 est une maladie
auto-immune caractérisée par la destruction
complète des cellules β. Ce phénomène,
encore mal compris, fait vraisemblablement
intervenir les cellules T, qui induisent la mort
des cellules βpar apoptose via des
mécanismes dans lesquels l’interleukine-1β
et le monoxyde d’azote (NO) jouent des rôles
importants. Différentes approches expéri-
mentales ont été envisagées afin de suppléer
au déficit de production d’insuline et sont
présentées schématiquement sur la
figure 1
.
L’objet de cet article est de faire le point sur
quelques réussites récentes en matière de
technologies nouvelles appliquées au
traitement du diabète. Au cours de l’année
2000, plusieurs travaux rapportent en effet
des avancées importantes dans ce domaine,
concernant soit la transplantation des îlots de
Langerhans, soit la modification génique de
cellules autres que les cellules β.
Transplantation des îlots
de Langerhans
Depuis une vingtaine d’années, la trans-
plantation des îlots de Langerhans est
envisagée dans le traitement du diabète de
type 1 avec, il faut bien le reconnaître, assez
peu de succès. En effet, les données montrent
que 92 % des patients qui ont subi une
transplantation des îlots de Langerhans ont
recours à un traitement à l’insuline un an
après l’intervention (3). De nombreux
Le traitement du diabète de type 1 au XXIesiècle :
transplantation des îlots de Langerhans
et thérapie génique
V. Contesse *
207
* Institut fédératif de recherches multidiscipli-
naires sur les peptides (IFRMP 23), laboratoi-
re de neuroendocrinologie cellulaire et molé-
culaire, INSERM U413, UA CNRS,
Université de Rouen.
L
✎
L’apport de nouvelles technologies
en termes de transplantation des îlots
de Langerhans et de thérapie génique
laisse entrevoir de nouveaux espoirs
dans le traitement du diabète de type 1.
✎
Une nouvelle technique d’isolation
et de transplantation des îlots a permis
d’obtenir chez tous les patients traités
une indépendance à l’insuline exogène
plus d’un an après l’intervention.
✎
Les objectifs de la thérapie génique
sont de faire produire de l’insuline à
une cellule autre que la cellule β; cette
production d’insuline doit, en outre,
être régulée par les taux de glucose
circulant.
✎
Chez l’animal, le transfert de gènes
spécifiques du tissu pancréatique à des
hépatocytes permet de faire produire
de l’insuline à ces cellules.
✎
De la même manière, les cellules K,
présentes dans le tractus gastro-intestinal,
sont d’excellentes cibles pour le traite-
ment génique du diabète de type 1.