>Principe de la délivrance auto-régulée d’insuline par des
nanogels sensibles au glucose. Lorsque le taux de glucose
dans le sang augmente, les nanogels gonflent et libèrent
l’insuline. Cette libération provoque la chute du taux de
glucose, ce qui entraîne l’arrêt de la libération d’insuline.
© Valérie Ravaine / ENSCPB
LE DIABÈTE |REPORTAGE |09 |
programme de recherche repose sur une
convergence pluridisciplinaire qui
s’appuie sur diverses compétences :
l’Institut des sciences moléculaires (UB
1, CNRS et IPB*), pour la fabrication d’un
nanogel capable de “libérer” de l’insu-
line dans le sang ; le laboratoire de
biologie de l’IECB (UB 1 et CNRS) et le
laboratoire de microélectronique de
l’IMS** (IPB, UB 1 et CNRS) pour la fabri-
cation de capteurs bioélectroniques
capables de mesurer le taux de glucose
et d’hormones dans le sang ; l’université
Bordeaux Segalen pour la biocompatibi-
lité des matériaux et la pharmacociné-
tique.
L’évolution nous a fourni un biocapteur
idéal, à ce jour inégalé : la cellule β-pan-
créatique. Elle réagit aux variations du
taux de glucose et d’hormones par des
comportements électriques oscillatoires
et potentiels d’action qui sont directe-
ment corrélés à la sécrétion d’une dose
adaptée d’insuline. « En fixant ce type de
cellules sur une puce électronique, nous
étions les premiers capables de mesurer
ces variations électriques pendant de
longues périodes. L’idée est de fabriquer
un biocapteur qui enregistre tous les
paramètres physiologiques, et pas seule-
ment le glucose, et traduit le signal cellu-
laire en information électronique », déve-
loppe Jochen Lang, spécialiste des
cellules β-pancréatiques.
De son côté, Valérie Ravaine, chimiste à
l’ISM, a élaboré une deuxième approche
originale : « Mettre au point un nanogel
intelligent qui réagit au glucose et libère
de l’insuline en fonction du taux de sucre
dans le sang », explique-t-elle.
* Institut polytechnique de Bordeaux
** Laboratoire de l'intégration du matériau au
système
***Ecole nationale supérieure d'électronique,
informatique, télécommunications, mathéma-
tiques et mécanique de Bordeaux
Bien que ce programme de recherche
n’en soit encore qu’à ses débuts, le
chemin est tracé. De l’aveu des cher-
cheurs, il faudra sans doute plusieurs
années de recherche avant d’aboutir à
une vraie solution thérapeutique.
Cependant, un prototype de nanogel
pour la délivrance d’insuline a été fabri-
qué. Le principe du biocapteur électro-
nique est aussi sur la bonne voie,
puisqu’un brevet international a été
déposé. « Mais c’est un long travail qui se
fera aussi autour de la mise au point des
algorithmes et des circuits de traitement
des signaux cellulaires », constate le pro-
fesseur Sylvie Renaud, du laboratoire
Intégration des matériaux système
(IMS/ENSEIRB-MATMECA***).
Si DELIVReR bénéficie d’ores et déjà du
soutien de certains industriels, comme
Sanofi-aventis, la Région Aquitaine a été
la première à croire au projet. Elle a déjà
injecté 500 000 € en 3 ans dans ce
travail. L’Agence nationale de la
recherche vient de débloquer 250 000 €
dans un projet dédié à la valorisation. Il
faut dire que ce projet peut conduire à
des nouveaux brevets à moyen et long
termes, et surtout rendre service aux
patients.
Didier Dubrana
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